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Vredebetogers met bordjes waar 'peace' op staat. Jonge vredesactivist

Ukraine : comment arrêter les bombes par la négociation

Lʼinvasion illégale russe en Ukraine cause une catastrophe humanitaire. Après un an de guerre, on estime à environ 200 000 le nombre de morts. Des quartiers entiers sont détruits. Des infrastructures centrales du pays, dévastées. Chaque jour de guerre supplémentaire aggrave ce bilan inhumain. Il faut arrêter les bombes, et lancer des négociations de paix. Avec la ligne du front gelée depuis des mois, c’est le moment.

Écrit par

Marc Botenga Marc Botenga

Vendredi 17 février 2023

L’impasse militaire crée une opportunité

La probabilité que la Russie gagne la guerre en occupant toute l’Ukraine militairement est désormais proche de zéro. Mais militairement, une victoire ukrainienne, entendue comme la libération totale du territoire ukrainien de l’occupation russe, est aussi peu probable. Il peut toutefois y avoir une solution politique portant à ce résultat. C’est l’analyse non pas d’un militant pacifiste, mais du chef des armées américaines Mark Milley. « Livrons davantage d’armes ! L’Ukraine doit gagner la guerre ! » Ce nouveau slogan des politiciens traditionnels semble particulièrement déconnecté par rapport à cette sobre analyse militaire qui avance même l’option politique. Logique, pas de meilleur moment pour lancer des négociations que lors d’une impasse totale sur le champ de bataille.

Le grand mensonge des négociations impossibles

Une solution politique à travers des négociations ? Des personnalités aussi différentes que le Pape François ou le secrétaire-général des Nations unies la défendent. « On ne peut pas négocier avec Poutine », rétorquent alors en Europe les plus jusqu’au-boutistes. Leur unique objectif ? Fermer la porte à toute négociation. Là aussi, ils choisissent délibérément de fermer les yeux face à la réalité sur le terrain. Depuis la guerre, plusieurs négociations entre Ukraine et Russie ont abouti. Comme les négociations entre les deux gouvernements qui ont permis de continuer en toute sécurité l’exportation de céréales via la mer Noire. Un résultat important pour de nombreux pays. Mais il y a aussi eu les négociations afin de garantir la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia, ou encore les négociations régulières sur l’échange de prisonniers. Prétendre que les négociations sont impossibles est donc tout simplement faux.

Plus fort encore, récemment l’ancien premier ministre israélien Naftali Bennett a dévoilé que grâce aux efforts diplomatiques dans lesquels il était impliqué, la guerre aurait pu être arrêtée dès les premières semaines. Une esquisse d’accord avait été négociée entre les deux pays, basée sur un retrait russe et un statut de neutralité pour l’Ukraine. Mais, dit Bennett, les États-Unis et leurs alliés l’ont sabotée. Bennett n’était pas le premier à le dire. Fin 2022, le colonel américain Douglas MacGregor – soucieux de masquer le rôle des États-Unis – accusait Boris Johnson d’avoir torpillé les négociations. En mai 2022, un journal ukrainien avait en effet relevé que la visite de celui qui était alors le Premier ministre britannique avait signifié la fin des pourparlers de paix. Quelques semaines plus tard, le ministre américain de la Défense déclarait que cette guerre devait porter à un affaiblissement durable de la Russie. C’est évidemment un tout autre objectif que de ramener la paix au plus vite et garantir la souveraineté ukrainienne.

La guerre illimitée comme alternative

L’option la plus probable désormais est un enlisement, une guerre d’usure interminable, sur 15 à 20 % du territoire ukrainien. Devant le Parlement européen, Josep Borrell, ministre européen des Affaires étrangères, l’avoue et affirme haut et fort que la guerre sera longue. Des sources militaires pointent que les livraisons prévues d’armes n’y changeront pas grand-chose. D’ailleurs, où cela finira ? Après les chars, les avions de chasse ? Et ensuite ? Des navires de guerre ? Des soldats européens ?

Certes, une telle guerre d’usure affaiblira davantage la Russie comme le désire Washington, mais elle coûterait aussi d’innombrables victimes. Et, entre-temps, la guerre affaiblit aussi l’Europe. Le continent européen s'enfonce dans la crise sociale avec de nombreuses entreprises en difficultés à cause de la spirale de guerre, sanctions et contre-sanctions. Les États-Unis, notre soi-disant allié, en profite pour lancer un programme économique spécial pour encourager les entreprises européennes à délocaliser. Le prix du gaz de schiste qu’ils nous vendent est exorbitant. Et toutes les armes envoyées des stocks militaires européens seront remplacées par des achats de nouvelles armes, bien souvent aux États-Unis. La Commission européenne a déjà lancé un programme à cette fin. Chaque euro qui ira là-bas ne sera pas investi en Europe pour le climat et le social.

L’apocalypse nucléaire comme ligne d’arrivée ?

Dans un rapport récent, la RAND Corporation, un influent think tank américain, souligne un autre risque plus grave encore. Plus la guerre dure, plus des accidents pourraient entraîner une entrée en guerre directe de l’Otan contre la Russie. La chute accidentelle de deux missiles sur le territoire polonais fin 2022 le montre. En plus, si la Russie se sent vraiment dos au mur, la très mesurée RAND Corporation n’exclut pas un recours à l’arme nucléaire par Poutine.

Ce serait alors un affrontement direct entre les deux principales puissances nucléaires : les États-Unis et la Russie. C’est une des raisons pour lesquelles les scientifiques du « Bulletin of the Atomic Scientists » ont avancé l'Horloge de l'Apocalypse, qui affiche désormais 90 secondes avant minuit. Qui aurait cru qu’après la Guerre Froide entre les États-Unis et l’Union soviétique l’épouvantail d’une guerre nucléaire se représenterait si concrètement sur le continent européen ?

Changer de cap, c’est sauver des vies

Dans ce contexte, ne pas tenter l’option diplomatique est gravement irresponsable. Si même des militaires voient une issue diplomatique, l’Europe doit y mettre son poids. Comme l’a essayé la Turquie. Prenons en main la proposition du président brésilien Lula da Silva pour un sommet G-20 pour la paix. Ou aidons le président mexicain Lopez Obrador qui veut prendre l’initiative d’une initiative diplomatique de différents pays.

Le menu des négociations pour une paix juste est connu : respect pour la souveraineté ukrainienne et garanties sécuritaires pour les deux pays, tout comme pour le reste de l’Europe. C’était possible pendant la Guerre froide avec le processus d’Helsinki de 1975. C’est possible aujourd’hui et, pour les gens de là-bas et dʼici, nous avons le devoir d’essayer. Créons une perspective de paix.

Regardez l'interview de Marc Botenga par le média français L'Humanité