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Pourquoi l'Otan ne fait pas partie de la solution

L’intervention militaire de la Russie contre l’Ukraine est une violation flagrante de la souveraineté de l’Ukraine, de la Charte des Nations unies et du droit international. On ne peut pas légitimer ces violations. C’est pourquoi le PTB a dès le départ condamné cette attaque, de façon inconditionnelle et sans ambiguïté. Certaines forces plaident aujourd’hui pour une intervention forte de l’Otan dans la guerre en Ukraine. Ceux-là disent que l’Otan a tout fait pour éviter le conflit. Ces déclarations ne correspondent pas aux faits, comme l’expliquent plusieurs spécialistes. Ces dernières années, l’Otan elle-même a poursuivi une stratégie de tension croissante en Ukraine. Ça, c’est un fait. 

Nous nous opposons à la politique d’escalade graduelle qui rend toute paix impossible. La stratégie de la tension que l’Otan poursuit ne fait pas partie de la solution. Certaines forces souhaitent une guerre de longue durée. La stratégie de confrontation totale implique par ailleurs aussi un risque nucléaire et serait dramatique pour les gens en Ukraine ainsi que pour tous les peuples d’Europe.

Rien n'est plus important que la paix

Le PTB est un parti pacifiste et s'est toujours opposé à la guerre. Rien n'est plus important que la paix. Dès la première seconde, le PTB a condamné de manière inconditionnelle et sans équivoque la guerre criminelle de la Russie contre l'Ukraine. L'intervention militaire en Ukraine constitue une violation flagrante de la souveraineté ukrainienne, de la Charte des Nations unies et du droit international.

« Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous » : en temps de guerre, un tel raisonnement est monnaie courante. Lorsque le mouvement pour la paix s'est opposé à la guerre en Afghanistan en 2001, certains l’ont accusé d’être de mèche avec les talibans. Lorsque le mouvement s’est opposé à l'invasion de l'Irak, il a été accusé de soutenir Saddam Hussein. Aujourd'hui, quiconque critique l'Otan est catalogué comme un partisan de Poutine. Ce raisonnement vise à affaiblir et à discréditer le mouvement pour la paix. Ces mêmes arguments sont utilisés contre Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne, contre Die Linke en Allemagne, contre Izquierda Unida en Espagne, et contre le PTB dans notre pays.

Cependant, les réserves qu’avait exprimées le mouvement pour la paix dans le passé se sont toujours avérées justifiées. Des pays comme l'Afghanistan et l'Irak ont été réduits en cendres, et les armes restées sur place ont fini dans les mains de Daesh ou des talibans. Si nous voulons faire preuve de solidarité avec le peuple ukrainien aujourd'hui, il est important de tirer les leçons de ces erreurs.

Qu'est-ce que l'Otan ?

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) est une alliance militaire de pays occidentaux qui regroupe les États-Unis, le Canada et plusieurs pays européens. Elle a été fondée en 1949 en réponse à l'influence croissante de l'Union soviétique, et à l’expansion des mouvements indépendantistes dans les colonies.

Son premier secrétaire général, Lord Ismay, a résumé la mission de l'Otan comme suit : « Keep the Russians out, the Americans in, and the Germans down » (garder les Russes à distance, les Américains à l’intérieur, et les Allemands à carreau). L'objectif était de lier l'Europe aux États-Unis dans la lutte contre l'Union soviétique et le communisme. Grâce à l'Otan, les États-Unis pouvaient assurer leur présence militaire sur le continent européen. C'est pour cette raison que des ogives nucléaires sont stockées en Belgique, à Kleine Brogel.

Après la chute du mur de Berlin en 1989 et l'implosion de l'Union soviétique en 1991, le grand ennemi a été vaincu. À ce moment-là, selon de nombreux experts, une occasion de mettre un terme à l’escalade militaire a été manquée. « Ils avaient la possibilité de faire les choses autrement, mais ils ne l'ont pas saisie, estime Katlijn Malfliet, experte de l'Europe de l'Est et professeure émérite à l'Université catholique de Louvain. Le fait que l'Otan ait continué à exister n'a fait qu'accroître la surenchère militaire. »

Depuis longtemps, Tom Sauer, professeur de politique internationale à l'université d'Anvers, affirme que « le maintien de l'Otan après la fin de la guerre froide est une aberration dans la politique internationale ». Le Premier ministre Alexander De Croo a beau dire que l'Otan n’est qu’un organisme de défense, la réalité est tout autre. La première fois que l’Otan a fait la guerre, c'était en Yougoslavie (1994-2001). Ensuite, les guerres se sont succédé de plus en plus vite : en Afghanistan (2001), en Irak (2003, avec des pays de l'Otan comme noyau de ce qu'on a appelé à l'époque la « coalition of the willing », la coalition des volontaires), en Libye (2011), et indirectement en Syrie (2014). À chaque fois, de nombreux civils innocents ont perdu la vie. En outre, les pays de l'Otan soutiennent la terrible guerre contre le Yémen, et bombardent la Somalie.

Le résultat de toutes ces guerres est désastreux. Dominique de Villepin, ex-ministre français des Affaires étrangères qui s’est opposé à la guerre contre l'Irak au Conseil de sécurité de l'ONU en 2003, l'a exprimé en ces termes : « Il est temps pour les pays occidentaux, l'Europe et les États-Unis, de tirer les leçons de l'expérience acquise depuis l'Afghanistan il y a 15 ans. Nous avons réalisé de nombreuses interventions militaires. Afghanistan, Irak, Libye, Mali... Avec quel résultat ? En 2001, il existait un unique foyer central du terrorisme. Aujourd'hui, on en compte près de quinze. Cela signifie que nous les avons multipliés. »

Quel rôle l'Otan a-t-elle joué en Ukraine ? 

Après la chute du mur de Berlin, l'Otan a promis à la Russie de ne pas s’étendre davantage en direction de ses frontières. Dans le journal de la VRT, le grand reporter Bert De Vroey a expliqué comment cela s'est passé, étape par étape. Les années 2000 ont été marquées par les « révolutions de couleur » (révoltes soutenues par lʼOccident et visant un changement de régime) dans les pays voisins de la Russie, après quoi ces pays ont rejoint l'Otan, l'un après l'autre.

Presque tous les experts en stratégie ont averti que cela augmenterait le risque de guerre. Imaginez que la Russie installe des bases militaires et des missiles au Mexique, à la frontière avec les États-Unis. Washington y verrait une menace. Il suffit de se rappeler la crise des missiles de 1962, lorsque le dirigeant soviétique Khrouchtchev avait placé des missiles russes à Cuba. On avait alors atteint l'apogée des tensions à l’échelle mondiale, et beaucoup craignaient une troisième guerre mondiale.

Contrairement à l'ex-Yougoslavie, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, l'Ukraine avait opté pour une position intermédiaire après la chute du mur. C'est logique. « Une Ukraine prospère devrait avoir accès tant aux marchés de l'Union européenne que de l'Union économique eurasienne », explique M. Criekemans dans le quotidien De Tijd. Pourtant, les deux parties continuent d'essayer d'étendre leur influence au détriment de l'autre. « En 2010, une trentaine de programmes de donateurs étrangers étaient déjà actifs en Ukraine, la plupart provenant des États-Unis », indique Bruno Decordier, expert de la région eurasiatique à l'université de Gand.

Lorsque le peuple ukrainien est descendu dans la rue en 2014, l'ingérence de l'Otan est également devenue manifeste. À l’époque, la secrétaire d'État américaine adjointe Victoria Nuland, l'homme politique républicain John McCain, Guy Verhofstadt (Open Vld) et Mark Demesmaeker (N-VA), notamment, s’étaient rendus en Ukraine pour y soutenir explicitement le soulèvement. Une telle intervention a évidemment jeté de l'huile sur le feu. C’est un peu comme si des politiciens russes s’étaient rendus à Paris pour s'adresser aux gilets jaunes.

« Ce que Guy Verhofstadt fait maintenant est soit très pervers, soit stupide », avait alors déclaré le professeur de lʼUniversité de Louvain Idesbald Goddeeris. Surtout quand on sait que des milices d'extrême droite étaient en train de détourner le soulèvement populaire. « Verhofstadt adopte une ligne particulièrement dure contre les fascistes au Parlement européen, et pourtant, il va maintenant les encourager à Kiev », avait souligné IdesbaldGoddeeris.

Le soulèvement de 2014 a donné lieu à un changement de régime et à l’instauration d'un gouvernement pro-européen en Ukraine, mais ce dernier s’est heurté à une forte résistance dans l'est du pays. Il s'en est suivi une guerre civile sanglante, et un extrémisme croissant des deux côtés : le nouveau gouvernement ira jusqu’à bombarder des hôpitaux de sa propre population.

Heureusement, en 2014 et 2015, sous la supervision de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les accords de Minsk ont été signés par l'Ukraine, la Russie, la France et l'Allemagne. Ces accords lient un cessez-le-feu à une réforme de l'État fédéral, qui doit accorder aux régions russophones leur propre statut au sein de l'ensemble ukrainien, un peu à l’instar du modèle belge.

Cependant, les accords de Minsk sont restés lettre morte. Le cessez-le-feu a été constamment rompu, et cette réforme de l'État n’aboutira pas.

Une alternative existe-t-elle ?

L'invasion récente de l’Ukraine par la Russie ne constitue pas seulement une violation flagrante de la souveraineté ukrainienne. Elle augmente également le risque d'un conflit ouvert entre deux puissances nucléaires. L'ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique, Ignacio Ramonet, a averti que la situation « aura des conséquences pour le monde entier ».

Se rallier maintenant à la rhétorique guerrière de l'Otan serait totalement irresponsable. C'est également ce qu’affirme l'ancien rédacteur en chef du magazine MO, Gie Goris. « Je reste incrédule quand je vois avec quelle certitude et quel aplomb d’aucuns concluent [qu’une Otan agressive est nécessaire], alors que des années de politique de confrontation mutuelle donne lieu aujourd'hui à une invasion, des bombardements meurtriers et qui sait combien de victimes, dans un conflit qui durera on ne sait combien de temps », écrit-il dans le journal De Standaard. « Il n'y a pas d'autre alternative que de négocier », déclare Ludo De Brabander, porte-parole de l’asbl Vrede (« Paix »).

Gagner la guerre, c’est toujours une illusion. L’objectif est d’éviter la guerre. Cela ne signifie pas que nous devons abandonner le peuple ukrainien à son sort. Le PTB demande des sanctions ciblées, qui frapperont en premier lieu les oligarques, les grandes entreprises capitalistes et les financiers de la guerre en Russie. Nous avons également déposé des amendements à cet effet au Parlement européen.

Nous sommes du côté du mouvement pour la paix, et nous plaidons pour un cessez-le-feu immédiat. Une conférence pour la paix, la sécurité et la coopération en Europe doit se réunir au plus vite, afin d’amener toutes les parties autour de la table, pour permettre une désescalade et une solution diplomatique au conflit. C'est ce que réclament ceux qui défendent la paix, y compris en Ukraine.

Ces négociations peuvent se fonder sur les principes de l'Acte final d'Helsinki de 1975 et de la Charte de Paris de 1990. Il s'agit des deux traités les plus importants qui visent à façonner la coopération et la sécurité commune entre l'Europe et la Russie. (Lire Pourquoi une paix durable en Europe est possible)

L'espoir réside dans les forces unies de ceux qui, dans des circonstances difficiles, ont le courage de lutter pour la paix, en Russie, en Ukraine et chez nous.