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La transparence sur les vaccins n'est pas le problème : c'est la solution

Dans le monde entier, des acteurs engagés dans le secteur de la santé ont applaudi la publication des tableaux montrant les budgets belges alloués par dose de vaccin. La transparence ne relève pas seulement du droit du citoyen de savoir à quoi servent ses impôts. Elle est également cruciale pour la disponibilité du vaccin.

Jeudi 24 décembre 2020

Bien que la Commission européenne et l'industrie pharmaceutique ne soient pas de cet avis, la révélation de la secrétaire d'État Eva De Bleeker est une très bonne chose, en réalité. En effet, il est inadmissible que nous devions payer des vaccins sans pouvoir en connaître le prix.

D'ailleurs, que la Commission européenne refuse même aux députés européens tout droit de regard sur ces contrats à plusieurs milliards pose vraiment la question de sa responsabilité vis-à-vis du public. La Commission n'a-t-elle vraiment aucun compte à rendre au citoyen ? La question est d'autant plus pertinente maintenant que le département fédéral de la Santé américain se met, de son côté, à publier au compte-gouttes les contrats sur les vaccins. En ce compris leur coût.

Mais ce n'est pas seulement une question de démocratie. Davantage de transparence permettrait aussi de faire baisser les prix. D'après les montants divulgués, le vaccin Moderna coûte jusqu’à huit fois plus cher que le vaccin AstraZeneca. Pfizer/BioNTech demande également beaucoup plus d'argent. Pour faire du profit, comme l'a expliqué leur CEO.
Des prix transparents permettraient aux autorités de faire jouer la concurrence entre les producteurs. Le tout premier contrat sur les vaccins que la Commission a conclu était de loin le meilleur marché. Pourquoi la Commission européenne n'utiliserait-elle pas le prix du vaccin le plus bas pour faire baisser le prix des plus chers ? La pression de l'opinion publique en faveur de médicaments accessibles permettrait sans aucun doute de renforcer sa position dans les négociations.

Le prix d'achat tweeté par Eva De Bleeker n'est que le sommet de l'iceberg. En réalité, le prix total du vaccin Pfizer/BioNTech n’est pas celui de la livraison repris dans les tableaux publiés (12 euros) : il est de 15,50 euros, comme le montrent des documents internes de la Commission européenne. Le vaccin d'AstraZeneca pourrait quant à lui devenir beaucoup plus cher à partir de juillet 2021.

Pour pratiquement tous les vaccins contre le Covid, la recherche, le développement, l'augmentation de la capacité de production et le risque financier (y compris pour les vices cachés) ont été couverts en grande partie par de l'argent public. Au moment où le contribuable achète son vaccin, il est donc très probable qu'il le paie déjà pour la troisième ou la quatrième fois.

Officiellement, la Commission européenne appelle cela une stratégie de « de-risking » : les risques d'investissement de l’entreprise sont transférés vers les pouvoirs publics. L'industrie pharmaceutique n'est pas seulement l'une des plus lucratives du monde, c'est aussi l'une de celles qui tirent le plus de profit de l'argent public.

Voilà la vraie raison pour laquelle l'industrie pharmaceutique s'oppose à la transparence dans la fixation des prix, dans les coûts de la recherche et du développement. Si les pouvoirs publics assument la plupart des frais et des risques, on est en droit de se demander pourquoi un vaccin, à la fin du parcours, devrait être la propriété du privé.

Cette question devient d'autant plus pressante que les brevets limitent et ralentissent la disponibilité du vaccin. Des entreprises pharmaceutiques comme Pfizer ne disposent pas d'une capacité de production suffisante, mais refusent de partager leur technologie avec des entreprises d'Inde ou d'Afrique du Sud, par exemple. Les pays occidentaux ont donc acheté rapidement les stocks disponibles. Pour beaucoup de gens des pays plus pauvres, il n'y aurait pas de vaccin disponible avant la fin 2022, selon le British Medical Journal.

La transparence n'est pas un problème. C'est la solution. Plus il y aura de transparence sur la manière dont ce vaccin est arrivé sur le marché, plus on aura d'arguments pour en faire un bien public, exempt de brevet. C'est ainsi qu'on garantira les prix les plus bas, qu'on évitera de payer trois fois pour le même vaccin, et que beaucoup plus d'entreprises pourront le produire. Ce qui augmentera considérablement la disponibilité du vaccin.

Que l'industrie pharmaceutique veuille faire du profit sur une nouvelle crème hydratante, personne ne s'y oppose. Mais quand il s'agit de choisir entre le profit de quelques-uns ou la protection de tous, il ne doit pas y avoir d'hésitation.

Le PTB soutient l'Initiative citoyenne européenne pour faire du vaccin un bien public. Celle-ci a pour but de contraindre la Commission européenne à retirer le vaccin contre le COVID-19 des mains des multinationales pharmaceutiques. Elle vise aussi à ce que que le vaccin soit disponible et accessible pour tout le monde, et plaide pour une transparence totale ainsi qu’un contrôle public. L'initiative est également soutenue par des syndicats, des associations, des ONG et des militants de dix pays européens. Signez-la ici : « Pas de profit sur la pandémie. »