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Antibiotiques plus chers : inefficace, socialement injuste et... illégal

L'augmentation du prix des antibiotiques par la ministre de la Santé publique Maggie De Block a coûté jusqu'ici 24 millions d'euros aux patients. Cette mesure est inefficace pour réduire la surconsommation de ces médicaments, et elle est en outre illégale. Ce que Maggie De Block savait parfaitement.

Mardi 9 avril 2019

« Les chiffres que vient de publier la Mutualité chrétienne montrent ce qu'avec Médecine pour le Peuple nous avions déjà prévu il y a deux ans : augmenter le prix des antibiotiques est inefficace pour réduire leur surconsommation et constitue juste une pure économie sur le dos des patients », observe le président du PTB Peter Mertens.

La ministre De Block avait justifié l'instauration de sa mesure en déclarant que la diminution du remboursement de ces médicaments était « dans l'intérêt de la santé publique ». La consommation d'antibiotiques doit en effet baisser et « avec l'augmentation du prix de ceux-ci, le patient y réfléchira à deux fois avant d'en prendre », avait alors affirmé la ministre. « Mais, dès le départ, il était clair qu'il s'agissait plutôt d'une pure mesure d’austérité permettant, sous prétexte de santé publique, d'aller chercher de l'argent supplémentaire dans la poche du patient, commente Anne Delespaul », médecin et spécialiste de la santé au PTB.

La ministre rassurait l’industrie que sa mesure n’aurait aucune incidence sur la consommation

Début février, la ministre De Block avait envoyé une lettre à l'industrie pharmaceutique pour annoncer sa mesure. Et là, elle parlait sans détour, évoquant une "mesure d'économie" – mesure qui, en plus, avait reçu un avis négatif de la Commission de remboursement des médicaments (CRM). Dans ses projections sur l'économie réalisée, la ministre part du principe que la consommation d'antibiotiques ne va pas baisser. »

Les chiffres de la MC confirment les prévisions de la ministre : l'augmentation du prix des antibiotiques n'a pour ainsi dire pas fait baisser leur consommation (à peine 1 %). Mais, pour les patients, le résultat est dramatique : en un an de temps, ils ont dû payer 24 millions d'euros supplémentaires de leur propre poche. « Ce qui est encore plus scandaleux, poursuit Anne Delespaul, c'est que ce sont les patients les plus vulnérables qui sont le plus touchés. Pour les personnes bénéficiant d'une intervention majorée, le ticket modérateur a grimpé jusqu'à 14,10 euros, ce qui est plus du triple de ce que cela leur coûtait auparavant. »

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Le PTB s'est opposé dès le début à cette mesure. « Outre le fait qu'elle est inefficace et injuste, cette mesure est également illégale, souligne Anne Delespaul. La Belgique est en effet liée par des traités européens qui fixent le ticket modérateur sur les médicaments essentiels à un maximum de 25% de leur coût. Or, par sa mesure, la ministre De Block a augmenté le ticket modérateur de 50% pour tout le monde. »

Le PTB demande donc que le remboursement des antibiotiques soit à nouveau augmenté pour revenir à son ancien niveau. « La consommation d'antibiotiques doit bien sûr diminuer, mais pour ce faire, il faut avant tout une sensibilisation ciblée des médecins prescripteurs et des patients, conclut Peter Mertens. Et, si on appliquait le modèle Kiwi aux antibiotiques, comme nous le préconisons, cela réduirait considérablement le coût pour l'assurance-maladie, sans que les patients doivent débourser un centime de plus. »