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Peter Mertens : « La manipulation des chiffres face à l'une des plus grandes manifestations auxquelles j'aie jamais participé »

Dans les médias, nous avons lu des chiffres absurdement bas sur la participation à la grande manifestation syndicale du 14 octobre. « La question se pose de savoir si la sous-estimation du nombre de manifestants n’a pas été délibérément utilisée pour minimiser l’ampleur du mouvement », écrit notre secrétaire général Peter Mertens.

Mercredi 15 octobre 2025

Photo de la foule lors de la grande manifestation syndicale du 14 octobre

« Je milite depuis près de quarante ans et, durant cette période, j’ai participé à de nombreuses manifestations. Celle d’aujourd’hui fait sans aucun doute partie des très grandes.

Ma première manifestation remonte à mai 1986, contre les plans d’austérité du gouvernement Martens. Plus de 200 000 personnes étaient descendues dans la rue. La célèbre « Marche blanche » de l’automne 1996 était encore plus imposante. Ce sont les deux seules mobilisations qui dépassent clairement celle d’aujourd’hui.

Les autres grands moments — comme la manifestation de novembre 2014 contre les économies de Jan Jambon et du gouvernement Michel, avec environ 120 000 participants — s’en approchaient, mais restaient moins importants.

Les syndicats estiment aujourd’hui le nombre de participants à environ 140 000. Ce chiffre n’est en rien exagéré, surtout si l’on prend en compte plusieurs paramètres concrets : les données des transports en commun, l’ampleur de la manifestation et les témoignages en provenance de tout le pays.

Il est particulièrement étonnant que la hiérarchie de la police ait tout d’un coup diffusé le chiffre de 80 000 participants, un nombre totalement sorti de nulle part. Il est tout aussi étonnant que ce chiffre absurde ait ensuite été repris sans esprit critique par les médias traditionnels du Nord du pays. Chaque indicateur objectif et matériel montre une participation bien plus importante.

La question se pose alors de savoir quel rôle le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), a joué dans la communication de ces chiffres, puisqu’il était lui-même présent dans le centre de contrôle d’où étaient coordonnés le décompte et la diffusion des informations. M. Quintin fait partie, pour rappel, de la majorité gouvernementale contre laquelle la manifestation était dirigée.

Pour mieux comprendre la situation, il est utile de passer en revue quelques faits.

Fait 1 : Des trains bondés en direction de Bruxelles

Partout dans le pays, les trains à destination de Bruxelles étaient complets ce matin. À Liège, les médias rapportaient déjà à 9 h 28 : "Affluence massive à Liège-Guillemins ce mardi. La SNCB avait mis en place plusieurs trains supplémentaires, mais cela s’avère insuffisant. Il est incertain que tout le monde puisse encore se rendre à la manifestation à Bruxelles." Plusieurs voyageurs confirment n’avoir pas pu monter dans les trains. La même situation a été observée depuis Charleroi et de nombreux autres endroits.

Fait 2 : 75 000 billets réservés à l’avance

Les syndicats avaient réservé 75 000 billets. Il s’agit de personnes qui s’étaient inscrites à l’avance, un chiffre bien plus élevé que d’habitude. À ce nombre, il faut ajouter les milliers de personnes inscrites le jour même, les dizaines de milliers venues de leur propre initiative, ainsi que les dizaines de milliers de Bruxellois, issus de la plus grande région économique du pays.

Fait 3 : Une mobilisation large dans les entreprises et la société

Selon la quasi-totalité des témoignages, la mobilisation était plus large qu’en février. Des secteurs entiers étaient à l’arrêt : aéroports, industrie, écoles, crèches et transports en commun. Les associations, les organisations de jeunesse et les citoyens ont également participé massivement.

Fait 4 : Une marche de plusieurs kilomètres entre Nord et Midi

À 11 h 46, la police bruxelloise a annoncé sur X que la tête de la manifestation était déjà arrivée à la gare du Midi, tandis que la queue du cortège n’avait pas encore quitté la gare du Nord. Le journaliste Rob Van Herck a résumé la situation dans le journal de VTM à 13 h 18 : "Une grande manifestation, où la tête est déjà arrivée à la fin, à la gare du Midi, alors que les derniers participants n’ont pas encore quitté la gare du Nord. Beaucoup de monde dans la rue pour soutenir le message de M. Engelaar."

Fait 5 : Une deuxième manifestation spontanée

Vers 12 h 20, des groupes n’avaient toujours pas quitté la gare du Nord. Une partie d’entre eux a spontanément entamé une deuxième marche dans la rue Adolphe Max, en parallèle du parcours officiel. Ces rues aussi étaient remplies.

Fait 6 : Présence politique dans le centre de contrôle 

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), a suivi la situation depuis le quartier général, aux côtés des responsables policiers chargés du décompte des participants et de la surveillance du déroulement de la manifestation.

Fait 7 : Plus de monde qu’en 2014

Les témoins présents lors de la grande manifestation de 2014 — où environ 120 000 personnes avaient défilé — affirment à l’unanimité qu’il y avait encore plus de monde aujourd’hui. "En 37 ans, je n’ai jamais vu une mobilisation syndicale d’une telle ampleur", ont déclaré beaucoup d’entre eux.

Fait 8 : Les chiffres sont instrumentalisés politiquement

Le fait de chercher à minimiser et à discréditer cette manifestation de 140 000 participants a aussi une signification politique. Sur la VRT (la chaine publique de la télévision flamande), il a été répété toute la journée, de manière "subtile", que les syndicats tablaient sur 100 000 participants, mais que ce chiffre n’avait pas été atteint. Alors qu’en réalité, tous les indicateurs montrent qu’il y avait bien plus de monde.

Conclusion

Le chiffre de 80 000 participants provenant de la hiérarchie de la police ne résiste pas à l’épreuve des nombreux signaux en provenance du terrain. Selon plusieurs observateurs, la réalité dépasse les 140 000 participants. La question se pose de savoir si la sous-estimation du nombre de manifestants n’a pas été délibérément utilisée pour minimiser l’ampleur du mouvement.

Il est probable que les grands intérêts financiers à Bruxelles commencent à s’inquiéter sérieusement face à cette résistance syndicale large et déterminée contre l’un des gouvernements les plus antisociaux des dernières décennies. Cela ne signifie qu’une chose : il faut poursuivre et amplifier ce mouvement de résistance, toujours plus large et plus profond. »