La résolution de l'Arizona sur la Palestine : beaucoup de mots pour ne rien faire
Les partis au gouvernement ont finalement déposé une résolution sur la Palestine après près de 20 mois de génocide à Gaza. Mais elle montre surtout... qu'ils ne veulent rien faire. Pas d'embargo militaire contre Israël, pas de rupture avec l'économie israélienne. Au contraire, les partis de l'Arizona parviennent même à rejeter la faute sur les Palestiniens.

Le texte final de la résolution tant débattue sur la Palestine n’est pas encore disponible, mais d’après la version qui est actuellement en circulation, une chose est évidente : ce texte use d’une multitude de mots pour annoncer une stagnation totale.
La résolution rate surtout sa cible en dépeignant un univers parallèle où il n’y a ni occupant ni peuple opprimé : « Comme si Israël ne rasait pas méthodiquement des quartiers et villes entiers de la bande de Gaza tout en assassinant froidement des travailleurs humanitaires ; comme si aucun appareil militaire gigantesque ne forçait consciemment un peuple entier à fuir, ne le parquait sur un minuscule territoire et ne privait des civils innocents de nourriture et de médicaments », réagit notre secrétaire général, Peter Mertens.
Pourtant, Israël a été condamné d’innombrables fois et n’a jamais respecté plus d’une centaine de résolutions des Nations Unies traitant de l’occupation.
Il est révélateur, par exemple, que la résolution de la majorité cite une mesure spécifique issue de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 18 juillet 2024, mais refuse de mentionner l’objet réel de cet arrêt. L’organe judiciaire suprême de l’ONU y statue que l’occupation israélienne des territoires palestiniens viole le droit international, qu’Israël doit y mettre fin, retirer tous les colons, et prendre des mesures pour réparer les dommages causés.
Les partis de la majorité semblent ignorer jusqu’à l’existence des « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Le mot « génocide » ne ressort pas de leur plume
Secrétaire général
« Aujourd’hui, nous assistons quotidiennement aux pires attrocités dans ce qui est le premier génocide diffusé en direct, ajoute Peter Mertens. Quelqu’un doit tout de même être responsable des 52 000 victimes palestiniennes ? Quelqu’un a bien rompu le cessez-le-feu le 18 mars ? Les partis de la majorité semblent ignorer jusqu’à l’existence des "crimes de guerre" et "crimes contre l’humanité". Le mot "génocide" ne ressort pas de leur plume, sauf lorsqu’il figure dans le titre d’un document auquel ils doivent se référer. »
Le résultat de ce parti pris, c’est que la résolution s’épuise en mots pour surtout... ne rien décider.
« Oui, on promet de "s’inscrire dans une initiative diplomatique pour reconnaître l’État palestinien", mais on y ajoute aussitôt suffisamment de conditions pour repousser le processus aux calendes grecques, poursuit notre secrétaire général. Ils promettent de faire des choses qui relèvent simplement de l’évidence, comme soutenir la Cour pénale internationale et exécuter ses mandats d’arrêt. Il ne manquerait plus que ça. On répète de vieux engagements sur le contrôle douanier des exportations d’armes, et malgré leur inefficacité prouvée dans la pratique, aucune initiative supplémentaire n'est prise. »
Au final, plus d’exigences sont imposées aux Palestiniens qu’à Israël. C’est le monde à l’envers.
Secrétaire général
Pire, les partis au pouvoir parviennent même à imputer la faute principalement aux Palestiniens.
« La résolution devient ainsi un exercice de culpabilisation des victimes et d’ingérence néocoloniale, explique Peter Mertens. Ils veulent déterminer ce qu’est une bonne gouvernance du côté palestinien, sans émettre une seule critique à l’encontre du régime israélien d’apartheid corrompu. Ils estiment que l’Autorité palestinienne doit désarmer et poursuivre certains groupes, sans demander la même chose pour les colons israéliens armés. Au final, plus d’exigences sont imposées aux Palestiniens qu’à Israël. C’est le monde à l’envers. »
Il n'y a aucun sentiment d’urgence : « Il y a déjà eu au moins 52 000 morts, mais en 5 000 mots, il n'y a aucune mesure concrète pour réellement mettre fin au génocide et à la souffrance du peuple palestinien. »
« Israël dépend du soutien militaire américain et de ses relations économiques privilégiées avec l’Europe pour maintenir son agression. Un embargo total sur les armes et une rupture radicale avec l’économie israélienne, voilà des mesures que nous pouvons prendre dès maintenant. Elles bénéficient d’un large soutien populaire, pour lesquelles il n’est pas nécessaire d’attendre. Et surtout... elles auraient un impact réel sur le terrain », conclut Peter Mertens.
Qu’est-ce que le « plan de Macron » pour la Palestine et va-t-il stopper le génocide ?
Quand on suit l’actualité, on peut difficilement passer à côté : les partis au pouvoir semblent tous favorables à la reconnaissance de la Palestine. Le président français, Emmanuel Macron, aurait apparemment lancé un plan brillant à cette fin. Mais est-ce là la réponse au génocide qui se déroule à Gaza ?