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Guerre en Israël et à Gaza : le nouveau chapitre d'une interminable tragédie

Les images de Gaza sont terrifiantes. Les bombardements impitoyables pourraient être suivis d'une invasion encore plus sanglante et d'une guerre à Gaza. Il est temps de tirer des leçons.... Parce qu'en fin de compte, il faut une paix juste et la fin de l'occupation qui opprime les Palestiniens depuis des générations.

Vendredi 13 octobre 2023

L'attaque a surpris tout le monde. Des commandos armés se sont tout à coup retrouvés de l'autre côté du mur, des grillages et de la zone de sécurité. Samedi 7 octobre, des militants du Hamas ont réussi à pénétrer sur plusieurs kilomètres en territoire israélien à partir de Gaza. Ils ont non seulement attaqué les postes militaires sur place, mais ont également causé la mort et la destruction parmi la population civile. Les images du festival de musique étaient choquantes. Au total, le nombre de morts s'élèverait à au moins 1 200 personnes. Au final, il aura fallu plus de deux jours à l'armée israélienne pour reprendre le contrôle de la région.

Depuis, l'attention s'est déplacée vers Gaza, actuellement bombardée de manière ininterrompue par Israël. La situation humanitaire dans cette région est extrêmement préoccupante. Le bilan des bombardements a dépassé les 1 500 morts, dont des centaines d'enfants. L'approvisionnement en eau, en nourriture et en électricité a été coupé. Le seul poste frontière avec l'Égypte a également été mis hors service par les bombardements. Les gens n'ont nulle part où aller. Les hôpitaux ne peuvent pas faire face au nombre de victimes. C’est l’enfer.

Gaza, sous haute pression

Bien que personne n'ait vu venir l'attaque du 7 octobre, on pouvait s'attendre à des incidents. Gaza est un territoire palestinien situé à la frontière avec l'Égypte. Sa superficie est à peine deux fois plus grande que celle de la région bruxelloise. Avec plus de 2 millions d'habitants, c'est l'une des zones les plus densément peuplées du monde. Cette population est constituée quasiment à moitié d'enfants. Le mouvement islamiste radical Hamas y est au pouvoir depuis 2006. Depuis, Israël a enfermé toute la région, en la cernant de murs, de clôtures, de tours de guet et d'un no man's land sous haute surveillance. Seul un petit nombre de gens étaient autorisés à y entrer ou en sortir, via un poste de passage armé jusqu'aux dents vers Israël ou vers le désert égyptien du Sinaï. C'est ce qui a valu à Gaza son surnom de plus grande prison à ciel ouvert du monde.

Gaza est devenue une bombe à retardement. Elle souffre sur le plan socio-économique. 60 % de la population se compose de descendants de réfugiés dont les ancêtres vivaient sur un territoire aujourd'hui sous contrôle israélien. Ils vivent dans de vastes camps de réfugiés à Gaza. Avec 45 % de la population au chômage, la pauvreté est généralisée. Selon l'Unicef, avant la guerre actuelle, la moitié des enfants dépendaient de l'aide des Nations unies. Ces conditions constituent un terreau idéal pour des mouvements radicaux comme le Hamas et d'autres groupes armés. 

La tension n'a cessé d'augmenter jusqu'à ce que la situation explose. Le Hamas et d'autres groupes ont envoyé des roquettes artisanales sur les cibles israéliennes. Israël, de son côté, a régulièrement bombardé Gaza et procédé à des invasions militaires de grande envergure. Les jeunes âgés de 15 ans vivent déjà leur cinquième guerre : en 2008-2009 pendant 23 jours ; en 2012 pendant 8 jours ; en 2014 pendant 50 jours et en 2021 pendant 11 jours. Au total, la violence israélienne a fait 5 365 morts au cours de cette période, dont un tiers de femmes et d'enfants.

Il n'est donc pas surprenant que les tensions soient de nouveau arrivéees à leur comble. « Les combattants du Hamas ont reproduit ce qu’ils subissent depuis 56 ans, explique Leïla Sahid, ex-ambassadrice de la Palestine dans notre pays. Pour comprendre, il faut de la psychanalyse, pas uniquement de la science politique ou du droit international. » Elle souligne la déshumanisation de l'ennemi résultant de la frustration, de la colère, de la haine, de la violence et des atrocités engendrées par des décennies d'occupation.

Leila Sahid évoque ainsi la réalité dans laquelle vivent les Palestiniens depuis des générations, chassés de leurs villages d'origine. À ce sujet, les dizaines de résolutions des Nations unies constituent à peine un soutien moral. Dans la pratique, ce ne sont que des morceaux de papier, car la force d'occupation que représente Israël peut compter sur le soutien des États-Unis et de l'Europe.

De plus, les Palestiniens de Gaza, de Jérusalem et de Cisjordanie subissent l'oppression quotidienne de la vie sous occupation militaire. Checkpoints, menaces, violences, arrestations, violations des droits humains... Telle est leur réalité quotidienne depuis 75 ans. 

En même temps, les Palestiniens ont vu la communauté internationale réduire à néant leurs espoirs d'un État palestinien. La surface qui leur est allouée se réduit à vue d'œil. De la Palestine d'origine, il ne reste plus que 12 %. Pire, le gouvernement d'extrême droite du Premier ministre israëlien Netanyahou n'a jamais caché son souhait de voir la Palestine totalement rayée de la carte. Il y a quelques semaines, il a montré à l'Assemblée générale des Nations unies une carte intitulée Le nouveau Moyen-Orient où Israël s'est emparé de tous les territoires palestiniens, y compris la Cisjordanie et la bande de Gaza. Une telle provocation ne peut qu'accentuer les tensions.

De l’huile sur le feu

En Belgique, nous avons été choqués par les images de violence brutale. Les populations israélienne et palestinienne ressentent évidemment encore bien plus le choc de ces événements. Pour eux, le 7 octobre 2023 va être déterminant pour leur avenir et celui du Moyen-Orient.

Aujourd'hui, dans la classe politique en Israël, c'est avant tout un désir de vengeance, de réaction impitoyable au Hamas et à Gaza, qui prédomine. Les rivaux politiques israéliens se sont donc retrouvés au sein d'un gouvernement d'unité, avec un cabinet de guerre composé du Premier ministre Netanyahou, du chef de l'opposition Gantz et de l'implacable ministre de la Défense Gallant, qui a qualifié les Palestiniens de « bêtes humaines » et annoncé un siège total de Gaza. Netanyahou prétend vouloir faire de Gaza une « île déserte ».

La réaction israélienne se transforme donc en une punition collective de tous les Palestiniens de Gaza. L'approvisionnement en eau, en nourriture et en électricité ont été coupés. Les maisons des civils sont bombardés. Des familles entières ont été décimées. Des centaines de milliers de personnes ont fui.

Et Israël peut compter sur la bénédiction de l'Union européenne et des États-Unis. L'Europe s'est empressée de projeter le drapeau israélien sur le bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles. Alors que les bombes pleuvaient déjà sur Gaza, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, avec plusieurs autres dirigeants européens, ont réaffirmé qu'Israël avait le droit de se défendre et qu'il pouvait compter sur le soutien de l'Europe pour ce faire. Von der Leyen n'a même pas dit que cela devait se faire dans le respect du droit humanitaire international. 

Les États-Unis sont allés plus loin en envoyant immédiatement un porte-avions sur les côtes israéliennes. Le ministre des Affaires étrangères des États-Unis, Antony Blinken, s'est précipité à Tel-Aviv pour assurer Netanyahu du soutien de son pays.

Israël s'est immédiatement vu promettre un soutien militaire supplémentaire, alors que le pays ne manque pas d'équipements militaires. Au contraire, il dispose de loin de l'armée la mieux équipée de toute la région et d'un arsenal nucléaire secret.

Le soutien unilatéral de l'Europe et des États-Unis, ainsi que le renforcement massif d'armement militaire risque de jeter de l'huile sur le feu dans une région hautement inflammable. La nervosité est extrême aussi à la frontière entre Israël et le Liban, par exemple. Si la situation s'embrase là-bas, elle pourrait entraîner d'autres pays dans une spirale de violence.

Une alternative est-elle possible ?

À contre-courant, l'intellectuel israélien progressiste Gideon Levi réfléchit aux causes de cette escalade. Il critique ce qu'il appelle l'arrogance de son pays, l'idée qu'Israël peut faire ce qu'il veut sans jamais avoir à rendre des compte, sans jamais être puni. L'idée d'être invincible aussi. « Nous construisons un obstacle terrifiant autour de Gaza - le mur souterrain a coûté à lui seul 3 milliards de shekels (730 millions d'euros) - et nous nous croyons en sécurité. Nous faisons confiance aux génies du renseignement cybernétique de l'armée et aux agents de sécurité du Shin Bet, qui savent tout et qui nous alerteront à temps », écrit Levi pour décrire le sentiment de sécurité des Israéliens. 

La désillusion est grande, ajoute-t-il : « Il s'avère aujourd'hui que même l'obstacle le plus moderne et le plus coûteux au monde peut être franchi avec un vieux bulldozer pour autant que la volonté y soit. Cette barrière arrogante peut désormais être franchie à vélo ou à pied, malgré les milliards qui y ont été injectés et malgré tous ces experts et entrepreneurs de premier plan. »

En effet, dans le sillage des combattants du Hamas, des civils ordinaires se sont également aventurés brièvement au-delà des barrières de Gaza. Certains ont pleuré d'émotion. Il y en a qui n'avaient jamais mis les pieds en dehors de Gaza. Qui aurait pu imaginer qu'ils goûteraient à cette liberté ? Ils se tenaient là, sur les terres dont leurs grands-parents avaient été chassés. Pendant des générations, ils n'ont fait qu'encaisser des coups et aujourd'hui, pour la première fois depuis longtemps, ils voient que l'initiative est de leur côté pour une fois. Pour les Palestiniens de Gaza, l'idée de ne pas être obligés de vivre éternellement dans une prison à ciel ouvert peut également donner du courage et de l'espoir.

Tirer des leçons

Que faire maintenant ? L'escalade du bain de sang est-elle inéluctable ? C'est ce qui se passe actuellement. Les images de Gaza sont terrifiantes. Ces bombardements impitoyables pourraient être suivis d'une invasion encore plus sanglante et d'une guerre terrestre à Gaza. Dans une zone densément peuplée où la population n'a aucun moyen de se déplacer, elle fera inévitablement de nombreuses victimes innocentes.

Nous devons faire en sorte que les émotions cèdent la place à la raison. Comme le dit Levi dans les articles parus dans le quotidien israélien Haaretz, Israël doit aussi tirer des leçons de ce drame. 16 ans de blocus total de Gaza et des investissements sans fin en matériel militaire n'ont manifestement pas garanti la sécurité. Seule la justice peut garantir la sécurité. C'est la raison pour laquelle, à terme, il faut une paix juste et la fin de l'occupation qui opprime les Palestiniens depuis des générations.

C'est la perspective. À court terme, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir un cessez-le-feu rapide afin d'éviter de nouvelles effusions de sang. Dans le même temps, il faut aussi mettre en place l'aide humanitaire pour la population de Gaza. Les Nations unies peuvent jouer un rôle en renouant le dialogue. Il faut stopper la guerre immédiatement si l'on veut donner une chance à la paix dans le futur. L'Europe et la Belgique doivent maintenant s'engager pleinement dans cette voie, afin de sauver des vies civiles.