Sommaire
- Manque de concertation (et ce n’est pas les réunions Zoom qui ont réglé l’affaire).
- Manque d’alternatives au niveau de la mobilité
- La transposition du modèle des « mailles apaisées » s’est faite sans l’adapter à la situation de Bruxelles
- Les quartiers populaires, les travailleurs et les commerçants subissent le plus les problèmes
- Le plan Good Move vient s’ajouter aux politiques anti-sociales de LEZ, d’augmentation des prix du parking et de projet de taxe kilométrique
- L’efficacité des politiques de mobilité à Bruxelles est plus que discutable
- Les recherches académiques critiques sur l’approche du gouvernement bruxellois
1. Manque de concertation (et ce n’est pas les réunions Zoom qui ont réglé l’affaire).
Pour la mise en place du plan de circulation, les communes se sont engagées à aller voir les gens pour connaître leurs attentes pour le quartier et leur présenter les propositions d’aménagement. Plus globalement, la participation citoyenne était un cheval de bataille notamment des écologistes. Mais dans les faits, quand on regarde ce qui s’est passé, on est loin du compte. Voici les faits pour deux des quartiers où il y a eu le plus de contestation :
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à Schaerbeek, les séances de concertation (où les habitants pouvaient donner leur avis pour qu’il soit pris en compte pour la réalisation du plan) ont été faites uniquement par Zoom (voir ici p.7) ;
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à Cureghem, seules 30 personnes ont été consultées lors d’une seule sortie de terrain le vendredi 25 juin 2021 et 19 à une séance Zoom le 30 juin pour présenter les différents scénarios de transformation de la mobilité.
Se contenter de ces quelques consultations Zoom dans ces quartiers populaires revient en fait à dire qu’on veut pas vraiment consulter les habitants1. Le premier problème majeur de Good Move est donc l’absence de consultation, l’aspect démocratique.
Pour beaucoup d’habitants ou de visiteurs de la capitale, le plan régional de mobilité Good Move n’est devenu une réalité que lorsque des blocs de béton et une nouvelle signalisation sont apparus dans leur quartier. Et ce ne sont pas les toutes-boîtes mélangés à la publicité qui ont comblé ce manque d’information.
C’est aussi ce que dit le sociologue David Jamar à propos de la concertation à Schaerbeek : « Pas de doute, il y a bien eu une consultation officielle mais le nombre de participants était très faible par rapport à l’ampleur des transformations annoncées. La diversité des profils sociologiques du quartier était aussi peu représentée. Même le diagnostic de départ, qui était un processus participatif de quartier n’a rassemblé que quelques dizaines de personnes. C’est très peu, d’autant qu’on ne s’est pas inquiété de la composition sociale de ces rencontres, et donc des besoins de mobilité (par exemple qui travaille, où et à quelle heure ?). Cela expliquerait aujourd’hui, ce sentiment de ne pas avoir été consulté. »2
Alors que la mobilité concerne notre quotidien à toutes et tous, ce sont des bureaux d’étude privés, qui connaissent mal les quartiers en question et ont très peu été confrontés aux réalités du terrain qui ont pris l’essentiel des décisions. Exemple frappant : alors que tout habitant ou travailleur de Cureghem connaît l’existence des abattoirs d’Anderlecht, il a fallu une intervention en catastrophe la veille de la mise en place du plan Good Move pour changer les sens de circulation prévus et maintenir l’accès au site pour les bouchers et leur véhicule…
Un plan mal communiqué et peu concerté, mis en place par des gens qui ne connaissent pas les quartiers… Pas étonnant qu’il suscite la surprise et la colère des habitants. Du jour au lendemain, des gens se sont retrouvés « enfermés » dans leur quartiers, avec des blocs en béton, des « boucles de circulation » incompréhensibles, une signalisation illisible, des embouteillages supplémentaires qui augmentent le bruit et la pollution, et surtout - peut être le plus important - le sentiment de n’être pas écouté et respecté. Qui peut leur donner tort ?