13 milliards en moins pour les salaires, 13 milliards en plus pour les profits
Au cours des dix dernières années, la part de la richesse créée par les travailleurs (la « valeur ajoutée ») allouée aux salaires a fortement diminué pendant que la part pour les actionnaires a explosé. C'est ce que démontre la dernière analyse du service d’études du PTB.
Le bilan est clair : il y a eu 13 milliards de moins pour les salaires, et 13 milliards de plus pour les profits des entreprises. Ces chiffres, issus de la Banque nationale (BNB) et analysés par le service d’études du PTB, montrent comment la valeur ajoutée d’entreprises non financières est répartie entre le travail (salaires bruts et les cotisations patronales à la sécurité sociale) et le capital (bénéfices de l’entreprise avant diverses déductions).
Ce déséquilibre a des conséquences directes sur la vie des gens. Le service d’études du PTB estime que « si les travailleurs recevaient aujourd’hui la même part du gâteau qu’il y a dix ans, 12,8 milliards d’euros seraient libérés pour financer les pensions et les augmentations de salaire ».
Les politiciens qui nous disent qu’il n’y a pas d’argent pour nos pensions sont ceux-là mêmes qui ont démantelé méthodiquement la sécurité sociale ces dix dernières années
Président du PTB
Raoul Hedebouw, président du PTB : « Les politiciens qui nous disent qu’il n’y a pas d’argent pour nos pensions sont ceux-là mêmes qui ont démantelé méthodiquement la sécurité sociale ces dix dernières années. » La redistribution de ces 12,8 milliards d’euros rendrait non seulement le système de pension parfaitement payable, mais permettrait également d’augmenter le salaire des travailleurs.
Transfert du travail vers le capital
Ce transfert n’est pas le fruit du hasard. Il s’agit d’un transfert structurel de valeur ajoutée du travail vers le capital, méthodiquement orchestré par les gouvernements successifs. Les gouvernements N-VA-MR de la Suédoise, puis la Vivaldi, ont pris des mesures menant à ce résultat : sauts d’index, blocages des salaires, réductions importantes des cotisations patronales à la sécurité sociale – dont le fameux tax-shift... Cette stratégie de casse sociale est poursuivie par le gouvernement Arizona actuel.
La classe travailleuse a besoin d’un virage à 180°. Le malus pension, la suppression des prépensions, la suppression des primes sont toutes des mesures qui vont aggraver encore la situation
Président du PTB
Raoul Hedebouw poursuit : « La réalité est que la classe travailleuse a besoin d’un virage à 180°. Le malus pension, la suppression des prépensions, la suppression des primes sont toutes des mesures qui vont aggraver encore la situation. Reprendre notre part du gâteau ne pourra se faire qu’en révisant la loi sur le blocage des salaires pour permettre aux syndicats de négocier des augmentations collectives au-delà de l’indexation ; et en arrêtant de biberonner les grandes entreprises à coups de subsides, de diminution de cotisations patronales et de cadeaux fiscaux sans aucune forme de contrepartie en matière d’emploi. »
Face à cette réalité, il est temps que la classe travailleuse reçoive à nouveau la part du gâteau qui lui revient. La question du partage de la richesse créée par le travail demeure au centre des enjeux économiques et sociaux actuels.