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Voici les « job killers » qui tirent les ficelles à la tête de Proximus

Raoul Hedebouw (PTB) a réagi immédiatement à l’annonce d’un plan (anti) social annoncé chez Proximus : « Il est inacceptable. La digitalisation doit servir à soulager le travail, pas à en priver 2000 personnes. » Vu les bénéfices, on peut parler de licenciement boursier. Et les questions fusent sur le rôle des représentants politiques de l'État dans Proximus.

Jeudi 10 janvier 2019

Un licenciement boursier

« Proximus va très bien et verse énormément de dividendes. En 2018, Proximus a distribué 487,7 millions € aux actionnaires », explique Raoul Hedebouw. « On est dans un cas de licenciement boursier » lié à la privatisation de l’entreprise.

Le rapport financier 2017 du Conseil d'administration de Proximus l'indique clairement : « Proximus a l’intention de verser un dividende stable de 1,50 EUR par action (dividende intérimaire de 0.50 EUR et ordinaire de 1,00 EUR) pour les années 2017, 2018 et 2019, pour autant que les performances financières soient en ligne avec le plan stratégique. »

On coupe dans l’emploi pour garantir ces dividendes

« On coupe dans l’emploi pour garantir ces dividendes, poursuit Raoul Hedebouw dans la Dernière Heure du 10 janvier. C’est la preuve de la faillite de ce système ultraconcurrentiel. On a un nivellement par le bas du service et de la qualité de l’emploi. La numérisation, c’est de moins en moins d’êtres humains au bout du fil. On nous avait promis que la libéralisation allait améliorer le service et on se retrouve dans des labyrinthes où l’on appuye sur 1, 2,3, etc. Pour in fine espérer avoir quelqu’un au bout du fil, dont on ne sait pas dans quel pays il se trouve. Tout cela au profit de qui ? De l’État, mais surtout des 47 % d’actionnaires privés. »

Proximus était auparavant une entreprise 100% publique. De sa privatisation en 1996 à son introduction en Bourse en 2004, les actionnaires ont engrangé 4,25 milliards d'euros en dividendes et plus-values. Cette privatisation a été un des dossiers emblématiques de la Commission européenne des années 1990, sous influence de la Table ronde des industriels européens (le principal lobby des plus grandes entreprises européennes sur les orientations de l'Union européenne). À noter : on retrouve dans ce dossier l'intervention du commissaire européen Étienne Davignon qui sera plus tard administrateur de la Sofina, le holding de la famille Boël, qui a fait partie des actionnaires privés qui vont se sucrer sur les dividendes et plus-values réalisés par Proximus.

Consolidation ?

En 21 ans, Proximus a supprimé 12.421 emplois.

En Belgique, c'est le ministre Di Rupo qui a (partiellement) privatisé l'entreprise en inventant le célèbre euphémisme de « consolidation stratégique ». « Une erreur historique du PS. Ce n’était pas une politique de gauche ... », réagit Raoul Hedebouw. Proximus est aujourd’hui une entreprise semi-publique qui se comporte comme n'importe quelle entreprise privée.

La conséquence immédiate de cette « consolidation stratégique » a été la chute vertigineuse de l'emploi dans l'entreprise. En 21 ans, Proximus a supprimé 12.421 emplois. « La privatisation de Belgacom, c'est 3 Renault Vilvorde », en déduit Raoul Hedebouw. En 1996, l'entreprise comprenant 25 600 travailleurs en 1996. Ils passeront à 18.500 en 2004 avant de progressivement arriver à 13.179 travailleurs.

Quel rôle ont joué les administrateurs de l'Etat ?

Les administrateurs « désignés par l'État » ont-ils consenti à ce plan de licenciement ?

Le PTB a réclamé l'audition des administrateurs de Proximus sensés représentés l'Etat belge. L’État est en effet l’actionnaire principal de Proximus. Il a à ce titre des relais politiques au CA. 

Les représentants de l’État belge sont notamment :

  1. Pour le CD&V : Stefaan De Clerck
  2. Pour l’Open Vld : Karel De Gucht
  3. Pour le PS : Martine Durez
  4. Pour le CD&V : Isabelle Santens
  5. Pour le MR : Laurent Levaux

Ces administrateurs « désignés par l'État » ont-ils consenti à ce plan de licenciement ? Et comme ils ont tous également une couleur politique, les partis traditionnels l'ont-ils également approuvé?

Pour Raoul Hedebouw, il paraît impossible que les différents partis traditionnels n'aient pas été au courant du contenu de ce plan.

Relation incestueuse privé-public

« Entre les mondes politique et économique, il y a une vraie relation incestueuse », note Raoul Hedebouw. La patronne de Proximus, Dominique Leroy, est également au CA de Ahold Delhaize, mais aussi chez Saint-Gobain qui, en France, est à la pointe en matière de casse sociale. Elle est aussi administratrice depuis 9 ans chez Lotus Bakeries, qui appartient à la 27e fortune belge. « Dominique Leroy avait des exigences au niveau de son salaire dont elle n’était pas contente : elle gagne 937 000€ par an... Ce sont des gens qui vivent dans un autre monde », poursuit le porte-parole du PTB.

Les dirigeants de Proximus ont tous des mandats dans des multinationales connues pour être des « job killers »

Elle n'est pas la seule. Des recherches effectuées par Geoffrey Geuens, professeur à l'ULiège, le montre : les représentants politiques de l’État sont aussi bien présents dans d’autres multinationales. Le président du CA de Proximus, Stefaan De Clerck, est certes un ancien ministre de la Justice et président du CD&V mais il est également membre du CA du Voka (l'organisation du patronat flamand dont on connait la vision ultralibérale). L'ex-ministre des Affaires étrangères et commissaire européen, Karel De Gucht (Open-VLD), fait aujourd'hui partie du CA d’ArcelorMittal. Martine Durez a été chef de cabinet d’Elio Di Rupo - elle a d'ailleurs été chargée de la privatisation de Belgacom lorsque ce dernier était ministre des Communications et des Entreprises publiques -, mais elle a également été présidente de Bpost. Laurent Levaux, étiqueté MR, est, entre autre, président d’Aviapartner, l'entreprise des bagagistes de l'aéroport national, qui a connu un conflit social important à l'automne dernier en raison des mauvaises conditions de travail imposées aux travailleurs.

« C’est une vraie passoire », réagit Raoul Hedebouw. Ces dirigeants de Proximus ont tous des mandats dans des multinationales connues pour être des « job killers » ou, à tout le moins, des exemples de l’exploitation des travailleurs et de la dégradation croissante de leurs conditions de travail (AviaPartner, Ahold Delhaize, ArcelorMittal…).

Pour le PTB, il faut mettre fin aux relations incestueuses des mondes politique et économique. C'est d'ailleurs pour cela que le PTB veut interdire aux politiques pendant 5 ans après la fin de leur mandat d’entrer au CA d’une banque ou d’une multinationale.

L’emploi doit passer avant le profit

Ce dossier est également emblématique de la politique en matière d’emploi de ce gouvernement. « Le gouvernement parle de ‘Jobs, jobs, jobs’, mais il est en train de détruire de l’emploi de qualité pour en faire des emplois plus précaires et flexibles », a réagi Raoul Hedebouw.

Les nouvelles technologies doivent servir à soulager les gens et à réduire le temps de travail 

« Il n’est pas normal que les nouvelles technologies servent à mettre des gens à la porte. Elles doivent servir à soulager les gens et à réduire le temps de travail : c’est le sens de l’histoire. Là, on presse les travailleurs comme des citrons. Ma boîte e-mail est en train d’exploser : je reçois des témoignages de travailleurs de Proximus qui ne savent pas comment ils vont bosser avec 2 000 personnes en moins. Ils sont déjà flexibles à mourir, dans la sous-traitance très poussée », note le porte-parole du PTB dans la Dernière Heure.

« L’emploi doit passer avant les profits, certainement dans une entreprise comme Proximus, où les pouvoir publics sont impliqués », poursuit Raoul Hedebouw. C’est la raison pour laquelle le PTB désire savoir la position prise par les représentants de l’actionnaire public au sein de l’entreprise.

Pour le PTB, c’est un nouvel épisode qui démontre la faillite de la politique des derniers gouvernements. « Voilà où mène la privatisation progressive des entreprises publiques, et la logique de les gérer comme des entreprises privées, déclare encore Raoul Hedebouw. La politique du "Jobs, jobs, jobs" révèle aussi ce qu’elle est réellement : des cadeaux aux grands actionnaires qui n’entraînent aucune perspective d’emplois durables. »