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Trump veut entraîner la Belgique dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient

Le gouvernement examine la possibilité d'un déploiement d'avions de chasse belges en Irak et en Syrie à la demande du président américain Donald Trump. « Notre pays traverse la pire crise économique de son histoire depuis les années 1930. Envisager de se lancer dans une guerre est le comble du cynisme », réagit la députée du PTB Nadia Moscufo.

Mardi 2 juin 2020

Ce mercredi 27 mai, la Commission de la défense a examiné la question d'un redéploiement d'avions de chasse F-16 belges en Syrie et en Irak à la demande du gouvernement des États-Unis. Durant une période d'un an, dans le cadre de l' Opération Inherent Resolve (OIR), des F-16 belges seraient déployés pour des opérations de reconnaissance, d'assaut et de soutien aux troupes au sol. L'ensemble de l'opération coûterait 20 millions d'euros pour l'année 2020.

S'agit-il de lutter contre le terrorisme ? Non. En novembre 2019, M. Trump a expliqué clairement pourquoi ses troupes sont toujours présentes en Syrie et en Irak : pour le pétrole.1 Les alliés de la Syrie, à savoir la Russie et l'Iran, sont une épine dans le pied des États-Unis. D'autre part, les deux superpuissances régionales sont des alliées de la Chine, l'ennemi juré des États-Unis. La véritable raison du retour de Trump dans la région est une démonstration de force.

C'est une intervention militaire en violation de la Charte des Nations Unies. Il n'y a pas de demande officielle du gouvernement syrien pour une opération militaire. En outre, depuis novembre de l'année dernière, les Nations Unies tentent de trouver une issue politique au conflit syrien et; en mars, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a appelé à un « cessez-le-feu mondial immédiat » afin que toute l'attention puisse être concentrée sur la lutte contre la pandémie de coronavirus. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, l'a rejoint dans cet appel.

Des milliers de victimes civiles

L'Afghanistan en 2003, la Libye en 2011, l'Irak et la Syrie en 2014. Les frappes de la coalition internationale contre Daech auraient causé entre 8 200 et 13 100 morts parmi la population civile.2 En Afghanistan, la guerre fait rage depuis des décennies. La Libye est un État en faillite où les clans se battent pour le pouvoir, où la traite des esclaves est à nouveau d'actualité et où les milices sèment la terreur. La Syrie et l'Irak ont été anéantis. Des millions de personnes ont dû fuir. Une partie d'entre elles sont venues en Europe à la recherche d'une vie meilleure.

« Aucun des pays membres de la coalition internationale contre Daech n'assume la responsabilité des milliers de victimes civiles », a déclaré Nadia Moscufo, députée du PTB, à la Commission de la défense nationale. « Nous ne devons pas envoyer un seul F-16 de plus, mais bien suspendre les combats pendant cette pandémie. Notre pays traverse la pire crise économique de son histoire depuis les années 1930. Aussi, décider de se lancer dans une nouvelle guerre relève du cynisme le plus abject. »

La population de la Syrie souffre également des conséquences du coronavirus, et ce, au milieu de circonstances extrêmement difficiles. Un plan de confinement a été décrété à la fin du mois de mars, avec des mesures extrêmement strictes. L'infrastructure sanitaire de la Syrie a été détruite après presque une décennie de guerre. En raison de l'embargo des pays occidentaux, les transactions financières sont limitées et le pays a des difficultés à importer des fournitures médicales. Les masques et les gels désinfectants sont fabriqués sur place. Les respirateurs artificiels sont pratiquement inexistants. Entre 100 et 150 tests sont effectués par jour sur une population de 25 millions de personnes. « Plus de 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La dernière chose dont la population a besoin maintenant, c'est d'une nouvelle pluie de bombes », réagit Nadia Moscufo.

Engagement en faveur d'une paix négociée

« Ce dont les peuples de Syrie et d'Irak ont besoin, c'est d'une perspective de paix. D'un plan de paix qui prenne en compte à la fois la stabilité politique et la reconstruction socio-économique. Car le bilan des interventions militaires auxquelles notre pays a participé est clair : le Moyen-Orient se trouve dans un chaos bien plus terrible qu'auparavant. Nous n'avons aucunement contribué à "la paix, à la stabilité et à la démocratie". Notre pays ne peut pas céder aux pressions des États-Unis pour entrer en guerre. »

« Si nous sommes vraiment préoccupés par la stabilité de la région, car Daech profite du coronavirus pour revenir à la charge, nous devons nous engager en faveur d'une paix négociée. La résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies pose les jalons d'un processus de paix en Syrie. Elle stipule que ce processus de paix doit être mené dans le respect de la souveraineté, de l'indépendance, de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Syrie. La Belgique peut utiliser sa position au sein du Conseil de sécurité pour parvenir à une paix négociée et préconiser une solution similaire en Irak. »

Le PTB appelle le gouvernement à ne pas se lancer dans un redéploiement des F-16, et d'endosser un rôle diplomatique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous devons promouvoir une politique de paix active, et non une politique d'intervention agressive.

 

1. https://www.theguardian.com/us-news/live/2019/nov/13/trump-news-today-live-impeachment-hearings-bill-taylor-george-kent-ukraine-democrats-latest-updates • 2. https://airwars.org/conflict/coalition-in-iraq-and-syria/

 

 

Pour aller plus loin :

Lettre du mouvement pour la paix aux membres de la Commission de la défense : https://www.intal.be/nl/pas-de-f16-en-syrie/

Défense : https://defencebelgium.com/2020/04/09/apres-trois-semaines-darret-la-composante-air-reprend-ses-vols-dentrainement-pour-les-f-16/

La position du PTB sur les interventions en Syrie et en Irak : https://www.solidaire.org/articles/le-ptb-s-oppose-une-intervention-militaire-en-syrie-et-en-irak