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Suivi des contacts : hors de question que des entreprises privées profitent de la crise sanitaire pour s’enrichir sur le dos des finances publiques

« Il serait inacceptable que des entreprises privées profitent de la crise sanitaire pour faire un maximum de profit, s’inquiète Germain Mugemangango, chef du groupe PTB au Parlement Wallon. Nous voulons que toute la clarté soit faite sur les contrats qui ont été signés avec les sociétés qui vont se charger du suivi des contacts. Christie Morreale (PS), la ministre wallonne de la Santé, a évoqué un coût de 47 millions d’euros pour une mission de 6 mois. Nous entendons maintenant qu’en Flandre, il est avéré que les contrats signés l’ont été à un prix supérieur au prix du marché. Le ministre flamand Wouter Beke (CD&V) dit que c’est la même chose dans les autres régions du pays. Qu’en est-il en Wallonie ? »

Mardi 12 mai 2020

Cette transparence est d’autant plus importante au vu des sociétés qui ont été choisies par le gouvernement wallon PS-MR-Ecolo, selon le député du PTB : « Ce sont des sociétés qui n’ont pas forcément pour habitude d’agir pour un intérêt autre que celui de leurs bénéfices. CallExcell et LEM Interim ont réalisé à deux un bénéfice de près de 2,7 millions d’euros en 2018. Dans le CA de CallExcell, on retrouve une personnalité comme Roland Duchâtelet, qui n'est pas devenu l'un des hommes les plus riches de Belgique - 1,2 milliard de fortune - en mettant en priorité l'intérêt général. »

Par ailleurs, Germain Mugemangango pointe le fait que les 47 millions versés par le gouvernement wallon n’iront pas remplir les poches des travailleurs : « Sur le site de l’équivalent flamand du Forem, le VDAB, on parle d’un contrat corona rémunéré à 11,33 euros brut de l’heure. Or tout le monde a pu entendre Paul Magnette, président du Parti Socialiste, expliquer pendant des semaines qu’il voulait se battre pour un salaire minimum de 14 euros brut de l’heure. Il serait évidemment inacceptable que les enquêteurs du suivi des contacts soient payés à un salaire inférieur. »

En plus d’être des emplois mal payés, les contrats s’annoncent précaires. « En effet, poursuit Germain Mugemangango, au regard de ce que l’on peut trouver sur des sites comme celui de LEM Interim, qui est aussi dans le consortium des sociétés choisies par le gouvernement wallon, les personnes qui feront le suivi des contacts auront des contrats intérimaires. Il s’agit pourtant d’un secteur où la flexibilité est déjà importante. »

Si le PTB reconnaît qu’il y a urgence, Germain Mugemangango invite la ministre Morreale et son gouvernement à « ne pas confondre vitesse et précipitation ». Pour le député PTB, plusieurs questions restent sans réponse : « Nous voulons connaître les conditions salariales et les conditions de travail des futurs enquêteurs. Nous voulons la transparence la plus complète sur la ventilation des 47 millions de dépenses publiques prévues pour cette mission. »

Une autre question se pose : « Lorsqu’on voit la longue expérience de la cellule maladies infectieuses de l’Aviq et que 200 fonctionnaires wallons on marqué leur intérêt pour se joindre au projet de suivi des contacts, pour quelle raison le gouvernement wallon s’est-il précipité dans les bras du secteur privé au lieu d’engager le personnel nécessaire pour que les pouvoirs publics se chargent de cette mission ? »

Cela pourrait contribuer à rassurer certains citoyens quant à la gestion de leurs données privées selon le député du PTB : « Si la notion de confidentialité se retrouve effectivement sur la description de fonction mise en ligne par la Région Wallonne elle disparaît complètement sur les candidatures mises en ligne par les sociétés qui ont reçu le marché du suivi des contacts. C’est peu rassurant. »

Dossier: qu’est-ce qui se cache derrière les sociétés choisies par le gouvernement wallon pour la mise en place de suivi des contacts ?

Le marché wallon du « suivi des contacts » a été entre autres accordé à deux sociétés spécialisées dans les call-center et à une société intérimaire : iKanbi, CallExcell et LEM Interim. Mais qui sont exactement ces acteurs qui seront importants dans la phase du suivi des contacts ? À quelles conditions de travail peut-on s’attendre pour les 570 enquêteurs ?

iKanbi

- Le nom de cette entreprise est inspiré du mot zoulou pour dire « solution ». C’est une filiale du holding iKanbi Group. Cette société est active depuis plus de 28 ans dans le secteur des call-centers et a vu son chiffre d'affaires s'envoler de 12,8 millions à 27 millions d'euros entre 2011 et 2015. Il est de 33 millions d’euros pour l’année 2019. 341 personnes au total travaillent pour cette entreprise.

- Cette société est devenue la troisième société de call-center la plus importante en Belgique après l’absorption de son concurrent flamand Harvest. En région liégeoise, iKanbi Belgium (Herstal) emploierait bien trop d’intérimaires. C’est ce qu’a dénoncé la CSC de Liège Huy Waremme en juin 2017. En 2017, cette société était nr 2 d’un palmarès édité par le PTB à propos des entreprises qui abusent le plus de contrats intérimaires, avec 69 % de son personnel dans ce type de contrat. Chez eux, le travail précaire est la norme.

- En principe, la Région Wallonne a mis comme condition que les enquêteurs « travaillent tous à partir de la Belgique », mais il est à noter que cette société dispose de bureaux au Maroc et en Albanie depuis 2017. « Pour répondre à l’ambition de nos clients de réduire les coûts », explique sa manager.

CallExcell

- Cette société, qui réalise un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros en 2018 et un bénéfice de plus d’1 million d’euros, est impliquée dans le suivi des contacts au niveau national, car elle est aussi responsable de trouver 150 enquêteurs pour la Région flamande. Cette société existe depuis 1999 et dispose de 450 collaborateurs.

- En mai 2018, cette entreprise est au cœur d’un scandale, car la direction tente d’imposer aux membres de son personnel l’obligation de demander l’autorisation avant d’aller aux toilettes en les prévenant que ce temps sera décompté de leur temps de pause. En 2017, elle a aussi été dénoncée pour un recours trop fréquent à l’intérim1. 60 % du personnel de CallExcell était sous contrat intérimaire.

- Karin Vandevelde, CEO et fondatrice de CallExcell, est aussi présidente de la Chambre de commerce du VOKA (fédération patronale flamande) au Limbourg depuis le 1er janvier de cette année.

- En 2010, Roland Duchâtelet, un des hommes les plus riches de Belgique, à la tête d'une fortune d'1,2 milliard d'euros, est devenu administrateur de la société CallExcell.

LEM Intérim

- Cette société est un des leaders liégeois du secteur de l’intérim et appartient à un groupe français : le groupe Proman. Elle a généré en 2018 un chiffre d’affaires de 32 millions d’euros et un bénéfice de 1,6 million d’euros. Elle emploie plus de 700 personnes.

- Le groupe Proman est présent dans 13 pays et a généré en 2019 un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros. C’est le 4e acteur européen du travail temporaire.

- Sur son site, LEM Intérim précise que le contrat des enquêteurs « sera intérimaire, voir intérimaire de longue durée ».