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Que se passe-t-il à Cuba ?

Cuba est en crise. La crise économique mondiale qui sévit depuis l'apparition du Covid-19 a touché l'île de plein fouet. Cette situation est principalement due au blocus illégal imposé par les États-Unis, qui prive Cuba d’échanges commerciaux normaux. Cela entraîne une pénurie de produits de base sur l'île. Et suscite un sentiment de désespoir chez les gens. Ainsi, des protestations éclatent çà et là. Les puissances occidentales les attisent dans l'espoir de mettre un terme à la révolution cubaine. Les Cubains n'ont pas besoin de ce genre d'ingérence, mais plutôt de solidarité internationale.

Lundi 19 juillet 2021

En 2019, cela faisait 60 ans que le peuple cubain s’était débarrassé du dictateur Batista. Cet événement a mis fin à la domination américaine sur l'île. Pour la première fois, Cuba est devenue vraiment indépendante. Cet anniversaire a été célébré il y a deux ans par un référendum sur une nouvelle constitution, amendée au cours des mois précédents par le peuple lui-même dans des assemblées publiques. La participation active des citoyens à la vie politique est l'une des réalisations les plus marquantes de la révolution cubaine, tout comme la gratuité des soins de santé et de l’enseignement, l'attention portée au développement culturel et l’immense solidarité internationale déployée par Cuba. Bien que l’île soit toujours un pays en voie de développement sur le plan économique, ses résultats en matière de bien-être de la population sont meilleurs que ceux de son voisin, les États-Unis.

L’optimisme n’est pas au rendez-vous aujourd’hui. La pandémie de coronavirus frappe durement Cuba, notamment sur le plan économique. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, des manifestations contre les autorités ont éclaté. Mais elles sont mineures comparé aux manifestations contre l’establishment que nous connaissons chez nous : ce sont de petites actions de quelques centaines à quelques milliers de personnes, tout au plus. Pour Cuba, qui fonde son modèle de société sur base du consensus politique, c'est toutefois une situation sans précédent.

Les médias occidentaux ont immédiatement présenté la situation comme un « soulèvement contre le régime ». Cependant, la plupart des gens sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement face aux nombreuses coupures d'électricité, ou parce qu'ils réclament de toute urgence un vaccin contre le coronavirus.

Les manifestants ne sont pas non plus nécessairement opposés au socialisme cubain, qui est unique en son genre. Il ressort clairement des vidéos que certains scandent également : « Nous sommes des révolutionnaires ! ». Ce qui indique qu'ils ne demandent pas tant un changement de régime qu'une solution aux graves problèmes qu’ils connaissent aujourd’hui.

Enfin, les contre-manifestations de soutien au gouvernement et à ses politiques mobilisent toujours de nombreux Cubains.

Le président cubain Miguel Díaz-Canel s'est lui-même rendu aux manifestations pour écouter les participants. Il communique de manière transparente et autocritique, mais souligne également que le gouvernement cubain est très limité dans ses options. C’est la conséquence blocus économique illégal que les États-Unis imposent à Cuba depuis près de 60 ans. El bloqueo, comme l'appellent les Cubains, est plus qu'un embargo, puisqu'il pousse non seulement les banques et les entreprises américaines à ne pas faire d'affaires avec Cuba, mais aussi les banques et les entreprises étrangères.

Avec le blocus, les États-Unis veulent empêcher Cuba de participer au commerce international au même titre que n'importe quel autre pays. Washington se retrouve ainsi complètement isolé au sein de la communauté internationale. Le 23 juin, pour la 29e (!) fois, la quasi-totalité des pays de l'Assemblée générale des Nations unies a voté la levée du blocus. Seuls les États-Unis et Israël ont voté contre.

Le 23 juin, l'Assemblée générale de l'ONU votait sur la levée du blocus contre Cuba. Seuls deux pays s'y sont opposés : les États-Unis et Israël.

La situation est grave

Afin de pouvoir acheter des biens sur le marché international malgré le blocus économique, l'île des Caraïbes investit massivement dans le tourisme depuis les années 1990. Les touristes paient en dollars ou en euros, et avec ces devises étrangères, Cuba peut importer de la nourriture, du carburant et d'autres produits. Le gouvernement est bien conscient de la fragilité de ce système et, depuis des années, tente de produire lui-même au maximum, lentement mais sûrement, davantage de nourriture. Toutefois, ce processus est difficile, car le blocus est très strict pour les machines (agricoles). En outre, il y a quelques années, le pétrole que les Cubains pouvaient obtenir à bon prix en provenance du Venezuela s'est tari, en partie parce que les États-Unis prennent également des sanctions économiques croissantes contre ce pays.

Dans ce contexte, la pandémie du coronavirus a fait l'effet d'une bombe. Du jour au lendemain, le secteur du tourisme (10 % de l'économie) s'est effondré. En 2019, Cuba a encore reçu 4,2 millions de touristes, en 2020 plus qu'un million, et presque tous avant le premier confinement en mars. Ainsi, d'un seul coup, la plus importante source de devises étrangères a disparu.

Dans le même temps, la crise du coronavirus a provoqué une flambée des prix des denrées alimentaires sur le marché international. En mai 2021, leur coût avait déjà augmenté de pas moins de 40 %. De nombreux pays d'Amérique latine se retrouvent ainsi en difficulté, car ils sont largement tributaires des importations pour leur approvisionnement alimentaire.

Au cours de l'année écoulée, Cuba a donc sombré dans la crise économique la plus grave qu’elle a connue depuis la chute de l'Union soviétique, au début des années 1990. La nourriture, le carburant et les médicaments sont rares car on ne peut en importer suffisamment. Les files d’attente sont longues et, parfois, les magasins sont tout simplement vides. Pour économiser de l'argent, la farine de blé pour le pain est désormais allongée avec de la farine de maïs et de nombreux citoyens se plaignent que le pain a désormais mauvais goût.

Être jeune à Cuba

La nouvelle génération est celle qui est née pendant l'une des périodes économiques les plus difficiles du pays : la Période Spéciale. Il s'agit de la période juste après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, quand Cuba s’est soudainement retrouvée dans une profonde crise économique et que les États-Unis ont durci leur blocus sur l'île. Les Cubains parlent d'une « période spéciale en temps de paix » parce que le pays s'est retrouvé à devoir survivre dans une véritable économie de guerre.

Cette génération tente aujourd’hui de se construire une vie indépendante au beau milieu d’une deuxième période très complexe : la crise sanitaire et économique due à la pandémie.

Bien que tous les jeunes ont accès à l'enseignement supérieur, les emplois hautement qualifiés, en particulier les emplois bien rémunérés, sont plutôt rares. De nombreux jeunes cherchent activement des solutions, souvent de manière individuelle. Pour beaucoup d'entre eux, cela implique de quitter le pays.

Les nouvelles opportunités pour l'entrepreneuriat privé depuis les années 2010, et l'assouplissement du blocus sous le président américain Barack Obama, ont suscité beaucoup d'enthousiasme. L’apparition d’établissements horeca indépendants a permis le développement et la diversification des loisirs. Le monde artistique a connu un nouvel élan sous l'impulsion de clubs de musique, de marques de mode, de galeries, d'imprimeries, de graphistes…

Mais avec le renforcement du blocus, la crise au Venezuela et la pandémie, cette période d’euphorie semble aujourd’hui révolue.

L'accès plus large à Internet via le wifi en 2015 a apporté de nouvelles formes d'organisation et de débat social, qui se traduisent également dans la vie réelle. Les groupes Telegram ont donné naissance à leurs propres formes de médias, comme les podcasts. Le fait d’y être présent permet aux jeunes de s'organiser en projets sociaux autonomes, qui existent parallèlement aux mouvements de jeunesse officiels. Par exemple, les jeunes se sont organisés pour apporter du matériel de secours et effectuer des réparations après l'ouragan dévastateur Irma en 2019.

Grâce aux réseaux sociaux, les jeunes s'expriment sur des questions sur l’environnement telles que le bien-être des animaux et les déchets sur les plages. Même pendant la pandémie, des appels à l'aide concrète sont lancés. Mais ces canaux donnent aussi libre cours à la diffusion de fausses informations, qu'elles soient ou non délibérément dirigées par les organisations des États-Unis qui veulent faire échouer la révolution cubaine. Pour de nombreux Cubains, et surtout pour les jeunes désenchantés qui connaissent bien les tendances culturelles actuelles en matière de mode, de musique et de danse, la vie de la communauté cubano-américaine du sud de la Floride est devenue une référence majeure. Grâce aux réseaux sociaux, ils se font souvent une fausse idée des opportunités (et des difficultés) économiques de celles et ceux qui ont migré dans les pays occidentaux.

Les mesures corona, telles que les lockdowns et la distanciation sociale, tapent également sur le système de nombreux Cubains, habitués à vivre de manière très sociale, dans les rues et sur les places. Pas par choix, mais parce que les maisons cubaines sont trop étroites pour les familles. L'impact sur la santé mentale est très important.

En outre, une crise sanitaire commence à poindre. Cuba a très bien résisté à la première vague de la pandémie, mieux que la plupart des pays occidentaux. Mais le manque de matériel médical, comme les seringues de vaccination, met cet équilibre en péril. Au début du mois de juillet, la province de Matanzas, au nord du pays, a connu un quasi-effondrement de son système de soins de santé. En raison des pénuries d'énergie, il y a des coupures de courant quotidiennes dans les zones résidentielles pour assurer l'approvisionnement en électricité des hôpitaux. Le fait que la brigade médicale internationale « Henry Reeve », qui n'est normalement déployée que pour des urgences internationales, se soit rendue à Matanzas a été un grand choc pour le peuple cubain. Les soins de santé excellents et gratuits sont l'une des réalisations les plus précieuses de leur révolution.

Le gouvernement a dû faire face à l'urgence économique et prendre un certain nombre de mesures qui n'ont pas facilité la vie quotidienne de nombreux Cubains. Le système de double monnaie (1) à la valeur de l'euro et le carnet de rationnement, qui permettait aux Cubains d'acheter des denrées alimentaires de base à bas prix, ont été supprimés début 2021. Les augmentations de prix sur de nombreux produits de base étaient prévisibles, mais dans une période de pandémie aussi difficile, elles sont très difficiles à digérer. De nombreux produits ne peuvent être achetés qu'avec des devises étrangères, dans le but d'activer l'argent des familles cubaines à l'étranger. Parallèlement à une hausse nette de nombreux salaires, les prix de l'énergie et des denrées alimentaires ont également augmenté. Bien que les recettes supplémentaires soient réinvesties dans les services publics, à court terme, cela reste un problème difficile à résoudre.

Les États-Unis tentent de tirer parti de la crise

La stratégie derrière le blocus américain a toujours été de pousser la population au désespoir et de déstabiliser ainsi le régime de l'intérieur. La classe politique de Washington ne manque aucune occasion de pousser à l'extrême la souffrance du peuple cubain dans l'espoir de déclencher un soulèvement contre le gouvernement. Lorsque l'Union soviétique a disparu au début des années 1990 et, avec elle, le principal partenaire commercial de Cuba, l'économie cubaine s'est effondrée. Les États-Unis ont eu deux réactions : d'une part, le parlement américain a renforcé le blocus afin de frapper encore plus durement l'économie cubaine ; d'autre part, la CIA (les services de renseignement américain) a aidé des groupes terroristes à mener des attaques sur le territoire cubain depuis Miami.

Que l'ancien président américain Donald Trump profite de la crise du coronavirus pour resserrer au maximum l'étau autour du cou des Cubains était prévisible. Trump a activé pour la première fois le titre III de la loi Helms-Burton. Celui-ci stipule que des pressions doivent être exercées sur les investisseurs européens pour qu'ils se retirent de Cuba. Auparavant déjà, Trump avait ajouté Cuba à une liste américaine douteuse de « pays qui soutiennent le terrorisme ». L'affirmation selon laquelle Cuba soutiendrait des terroristes est une pure invention, mais elle a permis à Trump de prendre des sanctions supplémentaires contre Cuba.

Le président cubain, Miguel Díaz-Canel, s’est rendu dans les quartiers pour aller à la rencontre des manifestants.

Le président cubain, Miguel Díaz-Canel, s’est rendu dans les quartiers pour aller à la rencontre des manifestants.

Le successeur de Trump, Joe Biden, continue pour l'instant sur la même voie. Depuis les États-Unis, les Cubains sont encouragés en ligne, tant par le gouvernement que la communauté cubaine de Miami, à descendre dans la rue pour protester. Les réseaux sociaux sont un phénomène relativement nouveau à Cuba, l'infrastructure permettant à chacun de surfer sur Internet n'ayant été largement déployée qu'en 2018. Via Facebook, Twitter et WhatsApp, les Cubains sont désormais bombardés en masse de propagande américaine. Des comptes d'extrême droite sur les réseaux sociaux ont lancé des hashtags comme #SOSMatanzas et #SOSCuba. Ces derniers ont également atteint la jeunesse cubaine via certains artistes cubains. Les appels à l'action utilisaient ces hashtags. Pendant le mandat de Trump, nous avons vu exactement la même méthode utilisée pour déstabiliser les gouvernements progressistes du Nicaragua et du Honduras, avec les mêmes hashtags « SOS ».

Guerre des tweets et fake news

« Des manifestations spontanées à Cuba » ont titré de nombreux grands médias ces derniers jours. L'analyste informatique espagnol Julián Macías Tovar a examiné la campagne menées sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Celle-ci a été lancée depuis l'étranger par des personnes comme l'Argentin Agustín Antonelli, un homme politique de droite qui avait auparavant mené plusieurs opérations sur Twitter contre des personnalités politiques de gauche en Amérique latine. Le premier compte à avoir utilisé le hashtag #SOSCuba en regard de la situation sanitaire dans le pays était basé en Espagne. Les 10 et 11 juillet, plus de mille tweets sont partis du même compte, avec un rythme de cinq retweets par seconde.

Dans ses recherches approfondies, Tovar souligne que des tweets ont été envoyés à des artistes à Cuba et à Miami en utilisant le hashtag #SOSCuba pour les inviter à participer aux protestations contre les décès causés par le covid et le manque de ressources médicales. Ce premier tweet a suscité plus de 1 100 réponses. Ce qui est frappant, c'est que pratiquement tous proviennent de comptes qui venaient d'être créés ou existaient depuis moins d'un an. Plus de 1 500 des comptes ayant participé à l'opération avec le hashtag #SOSCuba ont été créés entre le 10 et le 11 juillet. Toute cette opération a été menée en faisant usage intensif de robots, d'algorithmes et de comptes créés spécialement pour l'occasion.

Un message qui a été retweeté des centaines de fois montre une foule de dix mille personnes défilant prétendument sur le Malecón, le principal boulevard côtier de La Havane. Des fact checkers de l’agence Reuters ont découvert qu'il s'agit en fait d'une photo (en faible résolution) d'une manifestation massive qui a eu lieu à Alexandrie, en Égypte, en février 2011, pendant le printemps arabe. Des fragments agrandis montrent d’ailleurs des drapeaux égyptiens…

Le président Biden et le département d'État américain ont immédiatement répondu aux protestations par des menaces à l’attention du gouvernement cubain. Plusieurs voix de droite (et d'extrême droite) à Washington appellent même ouvertement à une intervention militaire. Ceux qui connaissent l'histoire du continent latino-américain savent que ces propos ne sont pas à prendre à la légère.

Le peuple cubain a besoin de notre solidarité

Si le président américain Joe Biden se préoccupait vraiment du peuple cubain, comme il le prétend dans ses déclarations, il aurait depuis longtemps supprimé la principale cause de ses souffrances : le blocus illégal contre Cuba. C'est le principal obstacle au développement économique de Cuba depuis 60 ans et la cause directe de ses pénuries aujourd’hui. Instrumentaliser la situation pour transformer la crise économique en crise politique est irresponsable et constitue une violation flagrante de la souveraineté cubaine. La violence dans la rue ne résoudra pas le problème des prix élevés des denrées alimentaires au niveau international, ou du manque d'équipement médical pour lutter contre la pandémie.

Les Cubains ont toujours excellé dans la solidarité internationale. L'année dernière encore, dans le feu de la bataille contre le coronavirus dans le nord de l'Italie, les fameuses brigades médicales de Cuba étaient présentes pour aider le peuple italien. Aujourd'hui, le peuple cubain a besoin de notre solidarité. Le mouvement de solidarité belgo-cubain Cubanismo.be appelle à des dons de matériel médical à Cuba. Sur leur site web, vous pouvez faire don de votre propre matériel médical ou apporter une contribution financière.

Le blocus américain de Cuba au temps du Covid-19

Saviez-vous que 12 heures de blocus coûtent au gouvernement cubain autant que l'équivalent d'une année d'insuline pour les 64 000 diabétiques cubains ? Comment cela se fait-il ?

Tout d'abord, parce que le blocus américain sur Cuba n'affecte pas seulement les relations commerciales et financières entre les États-Unis et Cuba. Les États-Unis interdisent également à tous les autres pays tiers de faire des affaires avec Cuba. S'ils le font, ils courent de grands risques. L'Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor des États-Unis n’hésite pas à prendre des mesures sévères s'il constate une violation, même si elle n'est pas intentionnelle. Et en fait, presque toutes les grandes sociétés commerciales/multinationales appartiennent à des actionnaires ou des investisseurs américains. Ce n'est donc pas une légende : Même les banques européennes bloquent les transferts d’argent entre deux comptes européens si le mot « Cuba » apparaît dans la communication, y compris quand il n’y a aucun aucun lien direct avec l'île elle-même.

Le gouvernement cubain doit donc acheter les marchandises qu'il importe beaucoup plus loin et beaucoup plus cher. Il doit souvent payer d’avance (et en espèces), ce que les autres pays ne sont pas obligés de faire. Cela coûte une énorme quantité d'argent supplémentaire, argent qui n'est certainement pas disponible aujourd'hui. Dans certains secteurs, comme les produits pharmaceutiques, où les multinationales américaines dominent, certains produits de haute qualité ne sont tout simplement pas disponibles et les Cubains doivent se contenter de produits de moindre qualité. Même si Cuba dispose d'une biopharmacie très développée, le pays ne dispose pas de toutes les matières premières nécessaires pour produire les médicaments en continu à grande échelle.

Sous le gouvernement Trump, le blocus a été renforcé. Ainsi, une partie de la loi sur le blocus a été activée alors qu’elle ne l’avait jamais été parce qu’elle viole fondamentalement le droit international et la souveraineté des pays. Aujourd'hui, ceux qui investissent depuis des pays tiers dans les infrastructures touristiques cubaines sont même menacés sur le plan juridique par des descendants de Cubains qui ont émigré aux États-Unis au début de la révolution et qui en revendiquent aujourd’hui la propriété.

Trump a également paralysé presque totalement le tourisme en provenance des États-Unis (avant même la pandémie) en limitant les croisières, en supprimant de nombreux permis de voyage touristique, etc. Les États-Unis ont également étendu la liste noire des entreprises du gouvernement cubain : la Havana International Bank à Londres (qui fait autorité pour les achats en Europe) a été visée, Western Union a décidé de fermer ses 400 bureaux à Cuba, etc.

« Aucun impact sur la situation du peuple cubain, mais seulement sur 'le régime' », entend-on invariablement de la bouche des gouvernements américains successifs. Ce n'est pas vrai du tout. Au cours des cinq premiers mois de l'année 2021, Cuba a reçu environ 470 millions de transferts de fonds en espèces de moins que pendant la même période l'année précédente, en raison de la fermeture de Western Union, soit une diminution de 30,4 %. Cela pèse dans la balance, surtout en pleine pandémie, alors que de nombreux emplois dans le tourisme ont disparu et que et qu’une aide financière des familles à l'étranger serait le bienvenu.

Le blocus affecte également l'aide corona. En mars 2020, Jack Ma, le fondateur du géant du commerce en ligne Alibaba, a envoyé des fournitures médicales à 24 pays d'Amérique latine. Toutefois, le navire transportant la cargaison n'était pas autorisé par les États-Unis à acheminer des marchandises et des équipements à Cuba. Cuba a ainsi été privé d’un don d'une valeur de plus d’1,5 million de dollars.

En novembre 2020, le ministère américain des Transports a rejeté la demande des compagnies aériennes charter Skyway Enterprises, Inc. et IBC d'effectuer des vols de fret humanitaire vers Cuba.

Le Dr Dagmar García Rivera, directrice de la recherche du Finlay Vaccine Institute, a témoigné qu'entre avril 2019 et mars 2020, l'institut a effectué 15 transactions impliquant l'importation de marchandises originaires des États-Unis par l'intermédiaire de fournisseurs de pays tiers. Cela a coûté 894 693 dollars. L'institution cubaine aurait économisé environ 178 938 dollars si elle avait pu réaliser ces opérations avec une entreprise américaine. (Dagmar García Rivera sera l'invitée de ManiFiesta en septembre.)

1 A Cuba, deux monnaies ont été utilisées entre 1994 et 2021 : le peso cubain, utilisé par les Cubains pour acheter la plupart des produits de première nécessité, et le CUC, la devise échangeable contre des devises étrangères, dont la valeur est plus ou moins égale à celle de l'euro et qui est utilisée principalement dans les circuits touristiques. Le but du gouvernement cubain était de faire entrer davantage de devises étrangères (devises fortes comme le dollar, l'euro).

Pour en savoir plus sur le blocus, regardez le docuementaire The War on Cuba, en trois épisodes :