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Protection contre le coronavirus au travail : « L'employeur se moque de nous »

Selon les inspecteurs sociaux, plus de la moitié des entreprises contrôlées ne respectent pas les mesures de sécurité. C’est ce qu’a révélé l’émission flamande VTM Nieuws dans un reportage pour le moins interpellant. Dans cette séquence, un travailleur témoigne : « Il n'y a pas de masques, pas de sens de circulation, pas de plexiglas. » Le PTB demande un renforcement de l’inspection sociale pour plus de contrôles.

Vendredi 13 novembre 2020

« Notre patron ne porte pas de masque. À la cantine, nous sommes 12 à table, et on ne désinfecte pas suffisemment. » Ce témoignage anonyme sur VTM Nieuws interpelle. D’autant qu’on sait que 20 % des infections se produisent au travail, et que plus de la moitié des entreprises contrôlées ne respectent pas les mesures de lutte contre le coronavirus.

Un autre témoignage est également alarmant. Celui, anonyme, d’un inspecteur social, qui n'a appris qu'en septembre qu'il était aussi en charge du contrôle des mesures « coronavirus » depuis juillet. « Ça s’est ajouté à nos tâches habituelles, comme le contrôle du respect des conditions de rémunération et de travail, ou le suivi des travaux des conseils d'entreprise, déplore-t-il. Dans notre service, nous avons reçu en tout et pour tout une heure de formation pour ça. »

Témoignage d’un travailleur

Chez nous, on n’utilise pas de masque. Mon collègue et moi sommes les seuls à en porter. Notre patron, par exemple, n’en porte pas. Il n'y a pas non plus de sens de circulation, ni de plexiglas entre ma collègue et moi, ou entre elle et les autres. À la cantine, tout le monde est assis là, à huit autour d’une table, les uns à côté des autres. Autour d’une table comme celle-ci, on est à douze. On ne désinfecte pas suffisamment.

À côté de ça, l'employeur interdit le télétravail, qu’il serait pourtant possible d’instaurer.

Vous aussi, vous êtes confronté à des situations dangereuses au travail ? Faites-le nous savoir via le groupe Facebook Contact Corona : sécurité au travail.

Témoignage d'un inspecteur social

Le gouvernement prétend augmenter le nombre d'inspecteurs sociaux pour vérifier le respect des mesures de lutte contre le coronavirus dans les entreprises. Mais ce n'est qu’en partie vrai. Le nombre d'inspecteurs de la Direction générale du Contrôle du bien-être au travail (l'inspection cruciale en question) n'a pas du tout été augmenté. Il n'y a que 140 inspecteurs pour l'ensemble de la Belgique. Au lieu de développer ce service de manière significative, d'autres services d’inspection sociale ont simplement été chargés, sur papier, de réaliser des contrôles « coronavirus ».

Comme tous ces services sont déjà surchargé par ailleurs, et qu’ils ne connaissent pas du tout la législation sur le bien-être au travail, ce n'est pas surprenant que la mise en œuvre des contrôles « coronavirus » supplémentaires ait été lente et compliquée. Et que ces contrôles aient été délaissés ou effectués de manière plutôt rudimentaire. En tant qu'inspecteur social, par exemple, je n'ai appris que début septembre que j'étais aussi chargé du contrôle des mesures « coronavirus » depuis le début du mois de juillet.

Ça s’est ajouté à nos tâches habituelles, comme le contrôle du respect des conditions de rémunération et de travail, le suivi des travaux des conseils d'entreprise, le contrôle du fonctionnement du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail, etc. Pour nous apprendre à contrôler le respect des mesures « coronavirus » dans les entreprises, nous avons reçu en tout et pour tout une heure de formation en ligne dans notre service. Ce n’est pas beaucoup mieux dans les autres services d’inspection sociale. Il suffit de penser à l'ONEM, qui croule sous les demandes liées au chômage « coronavirus ».

Il n'est donc pas surprenant que ces services d’inspection sociale soient contraints de se limiter, dans la plupart des cas, à des avertissements, rédigés sur base d’une checklist sommaire : les installations sanitaires dans les toilettes (eau, savon, serviettes en papier) et les mesures de distance sociale dans la cantine, les vestiaires, les salles de réunion et les espaces de travail.

Pour les aspects plus complexes, comme la vérification de l’installation d’un système de renouvellement de l’air, ou les mesures à prendre en cas de foyer d’infection, seuls les 140 inspecteurs du Contrôle du bien-être au travail ont l'expertise nécessaire. Même pour avoir des équipements de protection individuelle tels que des masques FFP, pour pouvoir effectuer des contrôles dans les abattoirs, par exemple, on a dû compter sur nos collègues du département de Contrôle du bien-être au travail pour en obtenir.

Ajoutez à cela l'absence de poursuites pénales sur base des procès-verbaux dressés par le Contrôle du bien-être au travail (un point sensible depuis longtemps)… Les poursuites sont limitées aux cas très graves, tels que les accidents de travail mortels. On comprend vite pourquoi presque tous les employeurs pris en flagrant délit s'en sortent avec un avertissement, tandis que cinq jeunes qui mangent un sandwich ensemble dans la rue se voient infliger une lourde amende dans le cadre des sanctions administratives communales (SAC).

Pourtant, le lieu de travail est le principal moteur des infections au coronavirus. Sans contrôles spécifiques ni sanctions efficaces, aucune mesure ne fonctionnera. Il faut doubler le nombre d'inspecteurs sociaux du Contrôle du bien-être au travail, et il faut que les parquets mènent une politique de poursuites effective, si on veut stopper le coronavirus sur le lieu de travail.

Le PTB appelle à un renforcement de l'inspection sociale. En plus d’une augmentation du nombre d’effectifs, le parti de gauche demande également que l'inspection sociale puisse imposer des mesures contraignantes, telles que des sanctions ou la fermeture immédiate de l'entreprise. « Sans contrôles spécifiques ni sanctions efficaces, aucune mesure ne fonctionnera », a déclaré le député PTB Gaby Colebunders.