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Pension

Tout le monde a droit au repos et à la liberté après une vie de travail intense. C’est une question de progrès social et de répartition équitable. Les gouvernements précédents ont décidé de nous faire travailler plus longtemps, jusqu'à 67 ans. Nous ne l’acceptons pas. Pour nous, le droit à une pension digne, c’est : le retour de l'âge de la pension à 65 ans, la diminution de la durée de carrière pour les métiers pénibles et une pension minimum de 1 850 euros net.

Relever l'âge de la pension, qu'est-ce que cela apporte ? Est-ce que cela rend le travail plus réalisable ? Non. Est-ce que cela crée davantage d'emplois pour les jeunes ? Non plus. L'augmentation de l'âge de la pension rabote tout simplement notre pension de ses meilleures années. C'est surtout le cas chez les ouvriers et les travailleurs et travailleuses de l'industrie, des soins de santé, de la construction, du ramassage des ordures, des transports... Bref, de toutes celles et ceux qui ont permis au pays de continuer à tourner pendant la crise du coronavirus. En France, la réforme des retraites du président Macron, qui impose aux Français de travailler deux ans de plus, a déclenché une véritable révolte. De nombreux ouvriers français meurent avant l'âge de 62 ans. En Belgique, c'est pareil. L'idée qu'il faut toujours travailler plus longtemps est une vision simpliste qui a plongé énormément de gens dans la misère.

 

Un premier pas a été opéré en ce sens en 2005, avec le Pacte des générations, imaginé par les ministres Bruno Tobback et Frank Vandenbroucke (sp.a à l’époque, Vooruit aujourd’hui). Puis, en 2012, le gouvernement Di Rupo s'est attaqué aux pensions anticipées et aux périodes assimilées. Le gouvernement Michel (MR), avec la N-VA, a relevé l'âge légal de la pension et a continué à détricoter la pension anticipée, jusqu'à pratiquement la supprimer. Enfin, il a reporté l'accès aux aménagements de fin de carrière à 60 ans plutôt qu'à 55 ans.

 

En instaurant le concept d'« années de travail effectif », l'actuel gouvernement De Croo a ouvert la voie à la suppression des périodes assimilées. Ce système de périodes assimilées garantit pourtant que les travailleurs ne soient pas pénalisés par des événements tels qu'une maladie, un accident du travail, une pension anticipée, la nécessité de s'occuper d'un proche ou un chômage involontaire. Cela fait longtemps que la droite tente de supprimer ces périodes. Dans leur vision du monde, il n'y a pas de coups durs, seulement des corps et des esprits faibles. Le gouvernement composé des socialistes et des écolos est resté dans la même logique, instaurant la condition d'« années de travail effectif » pour la pension minimum. Le 15 juillet 2023, le ministre Vooruit Frank Vandenbroucke a qualifié cette réforme de « fondamentale ». Il a fièrement déclaré que le gouvernement « s'attaquait » au principe des périodes assimilées. Vooruit veut aller encore plus loin avec le prochain gouvernement : augmenter le nombre d'années requises et l'intégrer dans le principe de la pension anticipée.

 

Tout cela pour augmenter le soi-disant taux d'emploi. Ils veulent que davantage de gens travaillent plus longtemps, ce qui complique aussi l'accès à la pension anticipée. Imaginez-vous : vous êtes un travailleur usé, vous frappez à la porte du service des Pensions pour prendre un repos bien mérité et, là, on vous dit que vous n'avez pas assez d'« années de travail effectif » au compteur, « revenez dans quelques années ». Ce gouvernement oblige les gens à travailler plus longtemps. Ainsi, le droit au repos et à la liberté pour ses vieux jours redevient un privilège réservé aux ministres, aux parlementaires et aux PDG, bref, à ceux qui peuvent finalement tout se permettre.

 

Lors des élections de 2014, tous les partis avaient explicitement promis de maintenir l'âge de la pension à 65 ans. « L'âge légal de la pension n'augmentera pas », promettait le programme de tous les partis. Des slogans creux, uniquement destinés à jeter de la poudre aux yeux de l'électorat, comme on l'a vu par après. L'âge de la pension a été porté à 67 ans. Cela a suscité une grande indignation et les syndicats ont lancé une lutte massive contre cette décision.

 

Les partis traditionnels ont, eux, réagi de deux manières. Pour la N-VA, 67 ans, ce n'est encore pas assez. Son président, Bart De Wever, a déclaré sans ambages qu'il faudra encore augmenter l'âge de la pension, jusqu'à 70 ans. D'autres partis de droite, tels que l'Open Vld, le cd&v et le Vlaams Belang veulent tous se débarrasser de la pension anticipée (aujourd'hui appelée RCC), qui permet aux travailleurs de quitter le marché du travail un peu plus tôt. Tom Vandendriessche, député Vlaams Belang, est très clair à ce sujet : « L'abandon progressif du RCC est une position que partage le Vlaams Belang. »

 

De plus, le VB veut « une pension basée sur le nombre d'heures effectivement prestées ». Cela limiterait fortement les périodes assimilées. Dans leur plan antisocial, il n'y a pas d'assimilation pour les emplois de fin de carrière, les interruptions de carrière pour les fonctionnaires et les congés parentaux, entre autres. Tout le monde doit travailler 40 ans (ou 66 000 heures). Les métiers pénibles et le travail à temps partiel ne sont pas pris en compte. Les gens devront donc travailler plus longtemps ou perdre une partie de leur pension.

 

Des partis comme le PS et Vooruit ont promis de faire du retour de la pension à 65 ans un « point de rupture » pour entrer dans un futur gouvernement. « Ramener l'âge de la pension à 65 ans est un point de rupture pour nous. Il n'y a pas de soutien pour travailler jusqu'à 67 ans », a déclaré Meryame Kitir, alors cheffe de groupe Vooruit au fédéral, le 24 avril 2019. Elio Di Rupo, président du PS à l'époque, se ralliait à ce point de vue le 16 mai 2019 : « C'est une condition sine qua non pour que les socialistes entrent dans un gouvernement ». Toutefois, le gouvernement De Croo, où siègent aussi les socialistes, maintient l'âge de la pension à 67 ans. Les « points de rupture » ont donc été rapidement mis à la poubelle.

 

On attend toujours l'exception promise pour les métiers pénibles. Au-delà du symbole, l'âge de la pension à 67 ans est un choix politique qui a avant tout entraîné un recul social. Depuis que la prépension a été sévèrement rabotée sous l'impulsion du gouvernement Di Rupo, puis du gouvernement Michel, le nombre de prépensionnés a fortement diminué. L'objectif était de maintenir les gens au travail plus longtemps, et de payer moins de pensions. Mais cela n'a en rien rendu le travail plus faisable pour les travailleurs plus âgés.

 

Les résultats désastreux de cette mesure se reflètent dans le nombre de malades de longue durée. Ainsi, pour chaque prépensionné en moins depuis 2012, il y a au moins un malade de longue durée âgé de plus. On ne change pas la réalité sociale en supprimant un droit social. Lorsque l'on est complètement usé ou épuisé par le travail, on ne peut tout simplement pas continuer. On s'effondre autrement. Les différents secteurs de la sécurité sociale sont des vases communicants. C'est pour cela qu'il est si important de ramener l'âge de la pension à 65 ans et d'investir dans des systèmes qui rendent le travail plus faisable, comme des aménagements de fin de carrière à partir de 55 ans.

 

Nous ne sommes pas égaux devant la mort. Les études montrent qu'un ministre, un commissaire européen, un banquier ou un cadre vivent en moyenne 10 ans de plus qu'un ouvrier du bâtiment, une aide-ménagère, un intérimaire ou une infirmière. En bref, les travailleurs qui effectuent un métier pénible vivent moins longtemps. En ce qui concerne l'espérance de vie en bonne santé, cette différence atteint même 10,5 ans pour les hommes et 13,4 ans pour les femmes.

 

Les différences en matière d'espérance de vie se sont réduites par le passé, mais se creusent à nouveau aujourd'hui. Tandis que l'espérance de vie augmente en haut de l'échelle sociale, elle diminue en bas de l'échelle. Les personnes exerçant un métier pénible sont plus susceptibles d'être usées ou épuisées, ce que refusent d'admettre les employeurs et les dirigeants des partis de droite. Selon eux, « il n'y a plus de métiers pénibles, seulement des corps faibles ». Cela fait froid dans le dos, surtout lorsque l'on sait que près d'un travailleur sur trois dans les métiers les plus pénibles meurt avant d'avoir atteint l'âge légal de la pension, soit avant 67 ans.

 

Un peu de paix et de liberté à l'automne de notre vie n'est pas un privilège, mais un droit humain. Les personnes qui vivent moins longtemps ou qui sont en moins bonne santé doivent avoir le droit de prendre leur pension plus tôt. En France, la classe travailleuse est descendue en masse dans la rue car le président Emmanuel Macron veut obliger les Français à travailler deux ans de plus, ce qui les priverait des meilleures années de leur pension. Ce relèvement de l'âge de la pension suscite une telle opposition que le gouvernement a dû s'arroger des pouvoirs extraordinaires pour faire passer cette réforme antisociale. Les responsables politiques n'ont aucune idée de ce que de telles mesures représentent pour la majorité de la population. Comment le pourraient-ils ? La pension qu'ils touchent représente plusieurs fois celle d'un salarié ou d'un indépendant.

 

Dans notre pays, les suppléments de pension illégaux ont fait grand bruit. Tout a commencé avec la révélation que les anciens présidents de la Chambre Herman De Croo (Open Vld) et Siegfried Bracke (N-VA) ont empoché pendant des années des suppléments de pension illégaux en plus de leurs 7 813 euros de pension, soit le maximum autorisé. Tous les partis, y compris le Vlaams Belang, étaient au courant et n'ont rien fait. Et tous les partis, y compris le Vlaams Belang, ont rejeté la proposition du député PTB Marco Van Hees d'abolir ces suppléments de pension illégaux. Le PTB a donc été le seul à s'opposer à ce système et a exigé dès le départ le remboursement de ces sommes indues, jusqu'au dernier euro.

 

C'est également le PTB qui a révélé qu'une lacune permettait à tous les députés d'accumuler jusqu'à 1 500 euros de pension supplémentaires, en plus du maximum. Tout comme les indemnités illégales octroyées aux anciens présidents de la Chambre, il s'agit d'une règle élaborée par nos dirigeants politiques eux-mêmes. Cela illustre une fois de plus cette culture du self-service de nos politiques. Tandis que les salariés et les indépendants voient leur pension diminuer, les députés s'octroient des privilèges pour dépasser le plafond. Si un travailleur ordinaire faisait cela, il devrait immédiatement rembourser chaque euro versé en trop. Mais, pour eux-mêmes, les députés ont décidé de maintenir leur système jusqu'en 2024 et de ne pas réclamer un seul centime du trop-payé.

 

Ce deux poids, deux mesures doit cesser. Par conséquent, nous limiterons la pension maximum à 3 700 euros net par mois, soit le double de la pension minimum. Les ministres, les parlementaires, les gouverneurs, les hauts magistrats et les diplomates devront s'incliner et les travailleurs et les petits indépendants toucheront davantage de pension.

 

Nous ne voulons pas de privilèges, mais un système de pension juste. Par conséquent, nous supprimerons le reste des privilèges de pension des ministres et des parlementaires et reviendrons aux âges de 65-60-55 ans, c’est-à-dire que :

  • Nous ramènerons l’âge légal de la pension à 65 ans.
  • Nous ouvrirons le droit à la pension anticipée à partir de l'âge de 60 ans, au bout d'une carrière de 40 ans.
  • Les plus de 55 ans pourront à nouveau bénéficier d'aménagements de fin de carrière assortis d'indemnités afin que le travail reste faisable pour les travailleurs plus âgés.
  • Les personnes qui ont exercé 35 ans un métier pénible devraient pouvoir prendre leur retraite plus tôt.

« Les pensions ne sont pas un coût budgétaire », a déclaré la ministre Karine Lalieux (PS) en annonçant les premiers projets du gouvernement en matière de pensions. Sous la pression de l'Europe et de ses partenaires de coalition, la ministre a dû revenir sur ses propos. Elle a annoncé des coupes de trois milliards d'euros. Alors que le PS et Vooruit clament haut et fort qu'aucun gouvernement n'a jamais investi autant dans les pensions, la réalité est que l'on économise, aujourd'hui encore, des milliards. S'attaquer aux pensions légales fait aussi partie de l'ADN libéral du gouvernement De Croo. L'objectif principal de l'accord de coalition est d'inciter davantage de personnes à travailler plus longtemps. Les pensions sont donc devenues une variable budgétaire. Presque toutes les mesures des gouvernements précédents visant à détricoter celles-ci ont été maintenues. Le droit à la pension minimum a été limité en remettant en cause les périodes assimilées. L'adaptation au bien-être des pensions de la fonction publique (ce que l'on appelle la « péréquation ») a été violemment attaquée. En outre, l'augmentation prévue de la pension minimum a été partiellement bridée, ce qui a entraîné 126 millions d'euros d'économies sur les pensions.

 

Bien que composé de socialistes et de verts, le gouvernement ne remet pas en question les dogmes européens, à savoir la suppression progressive du premier pilier de pension légal au profit de pensions privées dans les deuxième et troisième piliers. Cela oblige les gens à travailler plus longtemps, mais ce n'est pas tout. L'Union européenne souhaite également utiliser ces fonds de pension privés pour lever des capitaux afin de servir les intérêts des multinationales. Selon la Commission européenne, la part que représente la pension légale par rapport au salaire moyen continuera de baisser, passant de 44 % en 2013 à 34,9 % en 2060. C'est un cinquième de moins. Alors que la productivité ne cesse d'augmenter, il est tabou de rendre une partie de cette richesse supplémentaire à la population vieillissante. Pourtant, ces pensions sont payables. Aujourd'hui, des pays tels que la France, l'Autriche et le Portugal consacrent déjà une part plus importante de leur richesse nationale aux pensions que ne le fera la Belgique au pic de son vieillissement.

 

Les pensions légales belges restent parmi les plus basses d'Europe occidentale. L'une des principales raisons est que la pension maximum des travailleurs indépendants, des ouvriers et des employés représente 60 % de leur salaire moyen s'ils ont travaillé pendant 45 ans. La pension d'un travailleur français est égale à 75 % de son salaire au cours des 25 meilleures années. En Autriche, elle s'élève même à 80 % du salaire des 15 meilleures années. En Belgique, seuls 10 % des gens atteignent une carrière complète. Avec le PTB, nous voulons porter les pensions légales des salariés et des indépendants à 75 % du salaire moyen.

 

Le bonus de pension instauré par le gouvernement bénéficie principalement à un petit groupe de personnes. Pour bénéficier de ce bonus, il faut travailler au-delà de l'âge de la pension anticipée, qui est de 63 ans au bout de 42 années de travail. Près de la moitié des femmes ne remplissent pas ce critère de carrière. Le bonus de pension est une carotte avec laquelle le gouvernement veut nous inciter à travailler plus longtemps. La réalité est qu'à cet âge-là, la plupart des gens sont épuisés. L'impact physique et mental de nombreux emplois ne permet tout simplement pas de travailler plus longtemps. Pour la plupart des gens, ce supplément relève donc de la science-fiction. Ce sont surtout les personnes ayant un niveau d'éducation très élevé qui seront en mesure de travailler plus longtemps, ce qui accentuera les inégalités au niveau des pensions légales.

 

En 2017, le PTB a proposé de fixer la pension minimum à 1 500 euros. Pour cela, nous avons recueilli plus de 180 000 signatures et, avec les syndicats, nous avons fait de ce débat une priorité politique. L'augmentation de la pension minimum est devenue l'un des thèmes centraux des élections de 2019. Le gouvernement De Croo s'est donc vu contraint d'augmenter la pension minimum. Pourtant, il y a beaucoup à dire sur la manière dont cela a été fait.

 

Premièrement, près de la moitié de l'augmentation de la pension minimum sous ce gouvernement est due à l'inflation. La vie devient de plus en plus chère. Compte tenu de l'inflation élevée, le montant de 1 500 euros est largement atteint, mais il offre un pouvoir d'achat bien moins élevé qu'en 2019. Cependant, en 2019, le montant de 1 500 euros n'était pas un symbole. C'était le pouvoir d'achat minimum dont les gens avaient besoin pour joindre les deux bouts. Aujourd'hui, la pension minimum devrait être de 1 850 euros pour répondre aux mêmes besoins. On en est loin. Dans notre pays, la pension minimum reste trop faible. Près d'un pensionné sur cinq est menacé de pauvreté ou d'exclusion sociale.

 

Un autre sixième de l'augmentation provient de l'enveloppe Bien-être, un montant octroyé aux partenaires sociaux pour augmenter les allocations et les pensions. Cela fait en tout 126 millions d'euros d'économies sur la partie que le gouvernement était censé financer lui-même. On pourrait donc dire que le gouvernement a fait moins de la moitié de ce qui était nécessaire, mais qu'il se vante d'avoir tout fait.

 

Ce que les partis au pouvoir ne disent pas non plus, c'est qu'en grande majorité, les gens ne peuvent même pas prétendre au montant total de la pension minimum. Pour y avoir droit, il faut en effet avoir travaillé pendant 45 ans. La plupart des gens ne touchent donc qu'une fraction du montant. 

 

Enfin, le gouvernement a restreint l'accès à la pension minimum. Ceux qui n'ont pas « travaillé effectivement » pendant 20 ans ne percevront même pas une partie de cette pension minimum. En pratique, cette nouvelle condition revient à démanteler le principe des périodes assimilées.

 

Par contre, le gouvernement a décidé de généraliser les pensions d’entreprise. L'accord de coalition prévoit que trois pour cent du salaire brut de tous les travailleurs soient versés dans un deuxième pilier. Ces pensions privées sont les plus inégales. Vingt pour cent de toutes les pensions d'entreprises versées en Belgique finissent dans les poches de seulement 1 % des travailleurs. Les 10 % les plus riches, y compris les cadres supérieurs des sociétés cotées en bourse, peuvent compter sur une pension complémentaire de 200 000 à 8 millions d'euros. Ils déduisent également indûment de leurs impôts les versements effectués au titre du deuxième pilier de pension, ce qui prive le gouvernement de 866 millions d'euros de recettes. Les 10 % qui sont au bas de l'échelle doivent se contenter, pour leurs vieux jours, d'un maximum de 443,8 euros par an.

 

Les pensions d’entreprise viennent avant tout gonfler les bénéfices des assureurs privés. Le travailleur, quant à lui, perd jusqu'à 20 % de son épargne pension en raison de nombreux frais. Le premier pilier légal est bien moins cher. Et bien plus sûr. En effet, une nouvelle crise bancaire est loin d'être exclue. Si la bourse et les banques s’effondrent à nouveau, des milliers de travailleurs verraient alors leur pension partir en fumée. La faillite de la Silicon Valley Bank a coûté 140 millions d'euros aux fonds de pension néerlandais. Alecta, le plus grand fonds de pension suédois, a perdu jusqu'à 1,3 milliard d'euros. En outre, le deuxième pilier affaiblit les pensions légales, dans la mesure où les employeurs ne paient pratiquement pas de cotisations sociales dessus. C'est autant d'argent qui ne vient pas alimenter la sécurité sociale.

 

En conclusion, les pensions légales coûtent moins cher et nous protègent mieux contre les pertes et les dévaluations. Le gouvernement doit cesser de soutenir le deuxième pilier.

 

Les travailleurs qui gagnent beaucoup pourront aussi accumuler des droits à la pension plus élevés dans le cadre du premier pilier légal. C'est pourquoi nous souhaitons, à terme, relever également le plafond salarial pour le calcul de la pension légale.

Nous voulons une bonne pension, y compris pour les jeunes qui commencent leur carrière aujourd’hui. Notre pays a à peu près les pensions les plus basses d'Europe occidentale et, même cela, on ne sait pas le payer ? Oui, nous vivons plus longtemps. Non, cela ne rend pas les pensions impossibles à financer. Parce que nous sommes également toujours plus productifs. Nous faisons de plus en plus de choses et avec moins de gens.

 

L'augmentation de la productivité est principalement liée à l'innovation. De nouvelles machines et techniques s'emparent du travail à réaliser. L'esprit humain continue d'innover. Après les machines à vapeur, le moteur à explosion et l'ordinateur, voici aujourd'hui l'intelligence artificielle des robots et des machines. Nous sommes dans la quatrième révolution industrielle. Elle fait aussi augmenter la productivité de notre main-d'œuvre.

 

La question est donc : allons-nous convertir cette hausse de la productivité du travail en paix et en liberté après la carrière ? Ou bien allons-nous tout soumettre à la compétitivité, au chiffre d'affaires, aux profits des actionnaires ? C'est tout l'enjeu du débat sur les pensions. Nous voulons ensemble faire le choix de répartir plus équitablement les fruits de l'augmentation de la productivité de la main-d'œuvre.

 

Des pays comme l'Autriche, le Danemark, la France et le Portugal investissent 25 à 50 % de plus que la Belgique dans les pensions de leur population. Alors, comment se fait-il que nos pensions soient si difficiles à financer ?

 

L'Union européenne s'apprête à imposer de nouvelles mesures budgétaires. Dans le cadre de la proposition actuelle, la Belgique est contrainte à un effort budgétaire annuel de 1 % du PIB. Cela signifie que le prochain gouvernement devra économiser 6 milliards d'euros chaque année. Et cet effort doit être soutenu pendant quatre ans. Cela représente des économies cumulées de 24 milliards d'euros. Des coupes aussi considérables sont irresponsables et indésirables à une époque où les gens ordinaires ont du mal à joindre les deux bouts. Nous sommes opposés à une nouvelle série de mesures d'austérité européennes qui visent nos dépenses sociales (et les dépenses en matière de pensions en particulier).

 

Le vieillissement est un processus. Nous voulons y associer une vision à long terme qui répartisse différemment les richesses, à une redistribution de la solidarité. Cette redistribution repose sur quatre piliers. 

 

Le pilier principal est l'élargissement du socle de la sécurité sociale grâce à des emplois plus stables et mieux rémunérés. Cela, à condition bien sûr qu'il s'agisse d'emplois bénéficiant d'un bon statut social, et non de pseudo-emplois précaires sur lesquels aucune cotisation sociale n'est payée.

 

Le deuxième pilier est la taxe des millionnaires. L’immense majorité des Belges est favorable à un impôt sur la fortune. Notre proposition de taxe sur les millionnaires ne concerne que les 1 % les plus riches. Le Conseil consultatif fédéral des aînés propose également de cofinancer les pensions au moyen d'un impôt sur la fortune. La Commission de réforme des pensions va également dans ce sens. Alors, pourquoi cette proposition reste-t-elle encore et toujours exclue du débat sur les pensions ?

 

Le troisième pilier est la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales à grande échelle. Selon des évaluations nationales et internationales, la fraude et l’évasion fiscales représentent 9 % du PIB de notre pays, soit presque autant que ce que nous dépensons aujourd'hui pour les pensions. Après les LuxLeaks, les SwissLeaks, les Panama Papers et les Paradise Papers, nous savons que la fraude et l'évasion sont le sport favori de l'élite financière. Nous pouvons récupérer au moins une partie de cet argent en levant complètement le secret bancaire, en rendant publiques toutes les transactions financières et en punissant sévèrement la fraude fiscale à grande échelle. La loi sur la transaction pénale fait à l’heure actuelle exactement l'inverse. Les auteurs de grosses fraudes fiscales s'en tirent avec des amendes administratives. Cette loi rend même la fraude fiscale rentable.

 

Nous devons donc aussi nous attaquer à ce qui ronge le système. C'est l’objet de notre quatrième pilier. Selon nous, la réduction systématique des cotisations patronales qui alimentent la sécurité sociale gangrène le système depuis des années. Cela continue à être favorisé grâce à toutes sortes d'avantages sociaux, d'exemptions et de subventions salariales. La sécurité sociale y a perdu 16 milliards d'euros en 2022. C'est environs le montant dont nous avons besoin pour payer les pensions.

 

Les pensions sont l'aboutissement de la sécurité sociale. Au bout de toute une vie de travail, on peut enfin profiter d'un repos bien mérité. Nous défendons une bonne pension, à 65 ans, avec un minimum de 1 850 euros. Ce n'est pas gratuit, mais c'est tout à fait possible à financer. Si c’est possible en Autriche, au Danemark et au Luxembourg, pourquoi pas chez nous ?

Après une vie de dur labeur, les femmes sont traitées comme des moins que rien. À la pension, elles perçoivent en moyenne 23 % de moins que les hommes. Aujourd'hui, presque une pensionnée sur deux ne touche même pas 1 500 euros de pension par mois, presque une sur trois ne touchant même pas 1 000 euros.

 

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel : 42 % en Belgique. Pas nécessairement parce qu'elles le souhaitent ou le choisissent. Notre pays compte 102 500 personnes qui travaillent involontairement à temps partiel, et par « personnes », il faut entendre « femmes ». Travailler à temps partiel est souvent le seul moyen de concilier vie de famille et travail, surtout lorsque le « prix » d'un emploi à temps plein est trop élevé, en raison des coûts supplémentaires liés à la garde des enfants.

 

Les femmes sont également beaucoup plus susceptibles d'interrompre leur carrière, pour consacrer davantage de temps à l’éducation ou aux soins, par exemple. Sept femmes sur dix prennent un congé pour s’occuper d’un proche malade ou âgé, contre trois hommes sur dix. En raison de ces interruptions, les femmes ont des carrières plus courtes que les hommes. Moins de 40 % des femmes atteignent le nombre d'années de carrière requis, y compris les périodes assimilées, pour toucher une pension complète. Elles le paient cash avec une pension plus faible.

 

Ajouter une condition supplémentaire d'emploi « effectif » en plus de la condition d'âge et de durée de carrière exclut les périodes assimilées du calcul de la pension. C'est le cheval de bataille du Premier ministre De Croo et des libéraux. Ils veulent que davantage de gens travaillent plus longtemps et rendent donc plus difficile l'accès à la prépension et à la pension minimum.

 

Dans le passé, il fallait aux femmes 40 ans de carrière pour accéder à une pension complète. Chaque année comptait donc un peu plus pour elles. Le gouvernement Dehaene (avec le cd&v et les socialistes) l'a portée à 45 ans dans les années 1990, sans rien changer aux inégalités sur le marché du travail, au coût des services de garde d'enfants ou à la charge des parents âgés. Une carrière de 45 ans est loin d'être la norme partout en Europe, et ce n'est pas une fatalité. C'est en fait complètement dépassé. Le monde du travail a bien changé. Les carrières des femmes et des hommes sont de plus en plus instables, moins continues et souvent précaires.

 

Les gouvernements Di Rupo et Michel ont progressivement supprimé les périodes assimilées pour les soins et le chômage et ont rendu les conditions d'accès à la pension anticipée beaucoup plus strictes : 42 ans de travail effectif pour prendre sa pension à 63 ans. Près de la moitié des femmes n'atteignent pas 42 ans de travail effectif. Non pas parce qu'elles ne travaillent pas, mais parce qu'elles prennent davantage en charge les soins et les tâches parentales et ménagères. La ministre Lalieux a demandé un test de genre pour chacune de ses mesures et Ecolo et Groen ont également demandé à ce que les femmes ne soient pas désavantagées en termes d'accès à la pension minimum. Pourtant, le gouvernement Vivaldi a introduit une nouvelle condition d'accès particulièrement désavantageuse pour les femmes.

 

Notre vision de la pension de demain suppose des carrières plus courtes et une assimilation complète des tâches de soins et d’éducation. Nous voulons rétablir les mesures antérieures dans ce sens :

 

  • Nous assimilons les périodes de crédit-temps ou d'interruption de carrière aux périodes de travail dans le calcul de la retraite, comme c'était le cas jusqu'à récemment. Ces périodes sont souvent utilisées par les femmes pour s'occuper d'enfants en bas âge ou de parents très âgés.
  • Nous nous engageons à créer des aménagements de fin de carrière avec réduction du temps de travail à partir de 55 ans. En Autriche, par exemple, les femmes âgées de 53 ans et plus peuvent commencer à travailler à mi-temps tout en conservant 75 % de leur salaire ; c'est le fameux « Altersteilzeit ». De telles mesures rendent le travail concrètement faisable. 
  • Nous insistons pour qu'il y ait beaucoup plus de crèches afin que les femmes soient moins poussées à s'occuper de jeunes enfants. Au Danemark, 8 enfants de moins de trois ans sur 10 sont accueillis dans des crèches : c'est deux fois plus que dans notre pays. C'est cela, proposer des alternatives.

 

À long terme, nous visons un travail faisable pour tout le monde, une semaine de travail plus courte pour les femmes comme pour les hommes, des places d'accueil moins coûteuses pour les enfants et les personnes âgées, une revalorisation du travail de soins et une stratégie déterminée pour résoudre l'écart salarial sur le marché du travail.