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Investir dans l’avenir

Les factures s’accumulent, la crise climatique s’aggrave et la guerre fait rage. Seul un petit groupe de milliardaires en bénéficie. Quant aux dirigeants politiques, ils restent les bras croisés et préfèrent laisser la population tirer son plan. Cela doit changer. Nous avons besoin d’investissements publics à grande échelle dans les domaines de l’énergie, du logement, des transports, de la santé et de la technologie. C’est pourquoi nous proposons de faire le Switch : pour la baisse des coûts énergétiques, pour des logements abordables, pour une énergie durable, pour l’isolation et pour l’accès aux avancées technologiques pour tous. En unissant nos forces, nous pouvons construire un avenir véritablement porteur d’espoir.

Le retour de l’investissement

 

Investir ou ne pas investir dans l'avenir ? C'est toute la question. Au cours des dernières décennies, la réponse des gouvernements successifs a été claire : il n'y a pas d'argent pour investir car il faut faire des économies. Après la crise bancaire de 2008, la Commission européenne a aussi commencé à s'en mêler. Les États membres ont été soumis à des règles budgétaires strictes, ce qui a rendu impossible tout investissement. Les coupes dans les services publics ont été nombreuses. Ces économies étaient censées combler les trous créés lors de la crise financière pour renflouer les banques le plus rapidement possible. Les partis au pouvoir se sont contentés de laisser faire. « Nous vivons au-dessus de nos moyens », résumait Kris Peeters (cd&v), vice-Premier ministre de l'époque. Entre-temps, il a été nommé vice-président de la Banque européenne d'investissement, où il gagne 22 000 euros par mois.

En 2020, le vent a tourné. Le monde s'est retrouvé confiné et, cette fois, sortir de la crise en coupant dans les budgets n'était plus de mise. Ensuite, la guerre en Ukraine et la crise de l'énergie sont venues renforcer les appels à l'investissement. Une nouvelle question se pose désormais : à qui vont profiter ces investissements ?

À l'été 2020, les chefs d'État européens et la Commission européenne ont proposé en grande pompe un fonds de relance de 750 milliards d'euros. Cette mesure visait à aider l'économie et les ménages à se remettre le plus rapidement possible du choc du coronavirus et des confinements. Mais lorsque les plans d'investissement ont été annoncés en juin 2021, il ne restait plus grand-chose des promesses sociales initiales.

Il s'est avéré que le fonds de relance européen était avant tout un moyen de canaliser les subventions aux multinationales européennes pour les aider à concurrencer les grands acteurs étrangers, en particulier chinois et étasuniens. Et ce, surtout par rapport aux technologies numériques et vertes. Le journal économique The Financial Times parle de « guerre mondiale des subventions ». Les montants sont vertigineux. Le gouvernement allemand injecte 9,9 milliards d'euros de fonds publics dans deux nouvelles usines du fabricant de puces Intel. La construction de nouvelles infrastructures se fait principalement en fonction des besoins de ces multinationales. En débloquant de tels subsides, le gouvernement prend le risque à la place des actionnaires.

Des entreprises comme ArcelorMittal, Engie ou les multinationales pétrochimiques d’Anvers en bénéficient elles aussi. Les investissements qu’elles auraient normalement dû assumer elles-mêmes sont désormais financés par les autorités. Elles peuvent même conserver les bénéfices réalisés grâce aux nouvelles installations. Elles aiment par ailleurs semer la division entre les États-Unis et l’Union européenne. Même au sein de l’Union européenne, les pays sont montés les uns contre les autres, comme nous avons encore pu le voir en février 2024 avec ArcelorMittal. « Les multinationales sont devenues des acheteurs de subventions », explique le directeur du Kiel Institute, célèbre groupe de recherche économique allemand.

 

La Belgique est devenue le royaume des subventions aux entreprises

 

La Belgique suit résolument cette mode des subventions. Sous le gouvernement Jambon, la Flandre est devenue championne des subventions aux entreprises. La Wallonie, quant à elle, n'est pas en reste avec ses versions successives du plan Marshall. De tous les pays de l'Union européenne, la Belgique est celui qui octroie le plus de subventions aux entreprises. Le service d'études de la FGTB appelle cela « la charité du politique aux entreprises, avec l'argent des citoyens ».

Pas étonnant, dans ce cas, que l'argent du fonds de relance aboutisse avant tout dans les poches des entreprises. Mais, comme nous sommes en Belgique, les plans d'investissement sont répartis entre les différents gouvernements. Les différents niveaux politiques ont tous leurs propres priorités, au détriment de la cohérence et de la coopération. Quant aux chasseurs de subsides, ils font des affaires en or en mettant en concurrence les différents gouvernements, engrangeant des sommes encore plus importantes. Résultat : le grand projet de relance est devenu un coup dans l'eau très coûteux.

De plus, en échange de l'argent du fonds de relance, la Commission européenne exige d'importantes réformes antisociales. Ainsi, elle veut que les cotisations sociales, payées par les employeurs, soient remplacées par des taxes vertes, payées par les travailleurs. Les gouvernements introduisent donc des taxes sur les carburants et des frais kilométriques, cassent les droits à la pension et privatisent les entreprises publiques. Un État membre qui ne prend pas de mesures suffisantes peut dire adieu aux fonds.

Le plan de relance européen n'offre guère de perspectives en matière de création d'emplois. En Belgique, l'investissement de 6 milliards d'euros devrait en créer moins de 2 500. Le plan de relance n'a pas été conçu pour créer des emplois ni, encore moins, pour aider les victimes de la crise. C’est un service public destiné au privé. « Notre plan est d'abord un signal très fort sur le rôle indispensable des investissements publics », a déclaré le secrétaire d'État à la Relance Dermine (PS). Apparemment, ce rôle ne consiste qu'à augmenter les profits des multinationales.

La guerre en Ukraine sera également l'occasion de déclencher une nouvelle vague de subventions aux entreprises. Le gouvernement allemand a décidé d'investir 100 milliards d'euros dans des F-35 et d'autres armes. C'est « le début d'une nouvelle ère », annonce le chancelier allemand Scholz.

Le gouvernement a augmenté notre budget militaire de 5 milliards d’euros par an sans véritable débat. Les fabricants d’armes Dassault et Lockheed Martin se frottent les mains. Des entreprises comme Airbus et BMW vont elles aussi en profiter. À travers le monde, plus de 2 200 milliards d’euros ont été dépensés en armement en 2023. Les énergies renouvelables ont dû se contenter de 750 milliards d’euros seulement.

 

Tandis que les travailleurs passaient de la crise du coronavirus à la crise du pouvoir d'achat, les milliardaires calculaient leurs bénéfices. Rien qu'en 2020, on comptait 660 nouveaux milliardaires. Ils ont profité pleinement des milliards d'euros d'aides gouvernementales injectés dans l'économie. Ils se sont également lancés dans la spéculation, amenant les prix que nous payons dans les magasins à des niveaux record. En 2022, Oxfam a dénombré 62 nouveaux milliardaires dans le secteur agro-alimentaire.

Nous avons besoin d'une autre logique, celle de l'investissement public-public

 

Les gouvernements européens ne cessent de sortir des milliards de subventions de leur chapeau pour les entreprises, mais, dès qu'il s'agit d'investir dans les services publics, c'est toujours le même mantra : « Les caisses sont vides ». De meilleurs transports publics, la suppression des listes d'attente dans le secteur de la santé, davantage d'argent pour les crèches, pour l'enseignement ou pour le logement ? Désolé, pas possible, on doit se serrer la ceinture.

Mais quand on voit toutes ces subventions affluer vers les banques, les milliardaires et les fabricants d'armes, on se rend compte que l'argent existe bel et bien. Pour envoyer la facture de ces milliards à la collectivité, il n'y a guère de débat non plus. Mais lorsqu'il s'agit de lutter contre les inégalités, de fournir une énergie durable et bon marché, de créer des emplois publics et de meilleures conditions de travail ou d'enrayer le changement climatique, on sort la calculette. Pire encore, les mesures prises sont avant tout des économies et ce sont ces secteurs qui en paient le prix fort.

« La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent », disait Einstein. Or, c'est exactement l'attitude de nos gouvernements depuis 30 ans : économiser sur des services essentiels et distribuer de l'argent aux entreprises pour ensuite constater à chaque fois que notre pays n'est absolument pas préparé à la prochaine crise.

Ça ne peut plus durer. Un changement de modèle s'impose. La soif de profit des grandes entreprises ne doit plus guider les décisions politiques. Il est grand temps de faire un Switch. Un Switch qui fait en sorte que nous puissions à nouveau payer nos factures d'énergie et nos courses. Pourquoi devrions-nous toutes et tous renoncer à tant de choses, uniquement pour que les multinationales de l'énergie s'enrichissent encore plus ? Ce qu’il faut c’est que la société reprenne ce secteur en main pour qu’enfin les turbines et centrales tournent pour les gens, pas pour le profit.

Le climat aussi a besoin d'un Switch. Les vagues de chaleur et les inondations s'enchaînent à une allure folle. Le dérèglement climatique devient de plus en plus palpable. Pourtant, aucun changement radical de cap ne se profile. Au contraire, on rallume des centrales au charbon et on investit en masse dans le gaz de schiste nocif. En outre, les fausses solutions climatiques telles que les taxes vertes et les règles individuelles ne font qu'aggraver la crise du pouvoir d'achat.

Notre marché du travail mérite également un Switch. En rognant sur notre pouvoir d'achat, les gouvernements et les employeurs préparent la prochaine crise, qui sera encore plus grave. Après cette avalanche de factures astronomiques, qui a encore de l'argent pour aller au restaurant ou faire du shopping ? Moins d'argent pour les salaires signifie moins d'argent que les travailleurs peuvent destiner à leur consommation. Cela fait baisser les ventes des entreprises, ce qui se traduit par moins d'emplois et encore moins d'argent pour les salaires.

Les politiques menées au cours des dernières décennies ont laissé les gens livrés à eux-mêmes. C'est une attitude que nous jugeons inacceptable. Ce n'est pas en appliquant des sparadraps et en resserrant une vis ici et là que nous sortirons de la crise. Les défis sont trop conséquents. La succession des crises nous enseigne que les vieilles recettes libérales du siècle dernier ne fonctionnent pas. Les nombreuses coupes et privatisations nous ont rendus vulnérables aux grands chocs qui nous attendent.

Faire le Switch, c'est renoncer aux idées dépassées et se tourner vers de nouvelles solutions. Tandis que les travailleurs se battent avec leurs factures élevées, doivent partir à la chasse au logement abordable, se heurtent aux listes d'attente des soins de santé, s'efforcent de trouver une crèche ou pestent contre la suppression d'un train ou d'un bus, les milliardaires, eux, n'ont pas à s'en faire. Faire le Switch, c'est, enfin, les activer aussi. Le capital qui ne fait que s'accumuler doit être déployé pour réparer notre société.

Fais le switch

Avec le plan d'investissement « Fais le Switch », nous tournons cette page. À partir de maintenant, nous voulons soigneusement et consciemment investir dans les infrastructures publiques. Chaque euro sera directement injecté dans la société et sera plus que rentabilisé. 

Grâce à ces investissements, nous relancerons l’économie et créerons de nouveaux emplois dans les soins de santé, les transports en commun, la construction et la rénovation, les nouvelles technologies et les énergies renouvelables. De l’ouvrier au scientifique, du technicien à l’artiste, tout le monde en profitera. L’isolation des logements permettra non seulement de réduire les factures, mais sera également bénéfique pour le climat. Cela nous évitera plus tard des milliards de dépenses liées aux catastrophes climatiques.

 

La société récoltera les fruits des innovations en matière de soins de santé et de technologie. Cela nous permettra de générer de nouvelles recettes et de réduire les coûts. C'est ce que l'on observe déjà dans la « Gig City » de Chattanooga (États-Unis) où une entreprise publique fournit l'Internet le plus rapide. Au Danemark, avec l'entreprise publique d'énergie. Et dans la politique du logement de Vienne, où la ville est le chef d'orchestre du marché de l'immobilier.

Les investissements pour le Switch seront transparents et démocratiques. Nous mettrons en place une banque publique qui fera appel aux épargnants belges. Ils pourront souscrire à des bons Switch performants qui offriront un rendement juste et dont l’impact se fera ressentir. Nous demanderons également aux épaules les plus solides de contribuer davantage.

Chacun de ces investissements se remboursera largement de lui-même, grâce à la baisse des factures et des prix de l'immobilier pour les citoyens, grâce à la décongestion du trafic et à l'arrêt du réchauffement climatique, grâce à une économie numérique dynamique et grâce à un système de santé performant.

Aujourd'hui, se chauffer rime avec s'appauvrir. Dans les familles, on se dispute parce que quelqu'un se douche pendant plus de trois minutes : « Tu sais ce que ça coûte ? » De leur côté, une poignée de géants de l'énergie ne savent plus quoi faire de leur pognon et les gouvernements refusent de revenir sur la libéralisation qu'ils ont décidée.

De la production à la distribution, du stockage à la tarification : les géants de l'énergie ont semé le chaos. Nous devons leur reprendre l'ensemble du secteur et remettre le gouvernement aux commandes. C'est le seul moyen d'accélérer le Switch vers les énergies renouvelables et faire baisser radicalement les prix.

Prenons l'exemple du Danemark. Ce petit pays est en tête du classement européen des pays disposant le plus d'énergie verte. Si le Danemark a atteint cette place, c'est grâce à une politique bien pensée d'investissements dans une entreprise publique d'énergie, Ørsted. Comme la soif de profit des actionnaires privés n'était pas une priorité, le pays a pu fermer des centrales au charbon polluantes et passer à l'énergie éolienne. Il a développé un secteur de l'énergie verte au niveau national, qui emploie plus de 30 000 personnes dans la fabrication de turbines éoliennes. La conception publique de l'énergie fait que les réseaux de chauffage urbain sont devenus la chose la plus normale au monde. Ces réseaux stockent temporairement l'énergie lorsque le vent est fort et la fournissent aux usagers à d'autres moments. C'est un moyen très efficace et écologique de chauffer les maisons, ce qui est indispensable sur une péninsule où il peut faire très froid.

Le secret du Danemark réside dans la logique public-public que les Danois ont appliquée au secteur de l'énergie et aux défis climatiques. Aucune entreprise privée, par exemple, n'aurait fermé les centrales à charbon très rentables ni réalisé les investissements ambitieux dans les réseaux de chauffage. Cela nécessite des perspectives à long terme, qui sont totalement absentes des conseils d'administration des multinationales. Il faut oser compter sur des retombées qui ne seront pas instantanées, mais arriveront un jour. Ce n'est possible que dans une logique publique qui ne recherche pas un « retour sur investissement » immédiat mais opte pour un « retour sur la société » à long terme.

C'est ce que nous entendons par « Power to the People ». Nous voulons remettre le secteur de l'énergie entre les mains des pouvoirs publics. C'est ainsi que nous rendrons l'énergie bon marché et durable. 

La recherche d'un logement est devenue le sujet de programmes télévisés riches en émotions et en suspense. Tout le pouvoir est entre les mains des promoteurs immobiliers. Ils achètent les meilleurs terrains à bâtir et y installent des lofts ou des bureaux coûteux. Une bataille épique se joue autour des quelques terrains restants où construire des logements abordables pour les ménages. Quiconque quitte le domicile familial connaît bien le résultat de cette politique. Acheter un bien immobilier coûte un bras et il reste ensuite à peine de quoi le rénover ou l'isoler. Et la location ? Elle devient elle aussi de plus en plus chère et, en outre, la plupart des biens à louer sont de mauvaise qualité.

Il peut en être autrement et, pour cela, il ne faut même pas aller chercher bien loin. Avec un portefeuille de 220 000 biens locatifs, la ville de Vienne est le plus grand propriétaire immobilier d'Europe. C'est ainsi qu'elle garde la politique du logement entre les mains des pouvoirs publics. C'est le gouvernement, et non les promoteurs immobiliers, qui décide des constructions à entreprendre en fonction des besoins de la population. Par conséquent, il y a toujours des logements abordables, durables et confortables disponibles à la vente et à la location. Il propose également aux propriétaires des prêts sans intérêt pour rendre leur logement moins gourmand en énergie.

Année après année, Vienne est élue ville la plus agréable à vivre au monde, mais elle n'en est pas pour autant hors de prix comme Londres, Amsterdam ou Paris. La ville elle-même loue 220 000 logements communautaires et subventionne également 200 000 logements à louer de qualité. La capitale autrichienne compte ainsi plus de 50 % de logements publics, dont les loyers sont faibles (une personne seule paie environ 300 euros pour un appartement confortable), ce qui fait baisser les prix sur le marché privé. Les autorités viennoises restent ainsi aux manettes et plus personne n'a à se ronger les sangs à la recherche d'un logement abordable.

Selon l’exemple viennois, nous voulons mener la danse de l’immobilier dans notre pays en créant des Unions pour le logement, des entreprises publiques chargées de mettre en place des projets de construction, de piloter la politique du logement et d’acheter des biens et des terrains pour construire des logements publics. Cela évitera de laisser le marché du logement aux mains de promoteurs immobiliers spéculatifs, qui construisent uniquement dans le but de revendre avec le plus gros profit possible. Les Unions pour le logement permettront de planifier réellement et de nous assurer que l’espace disponible sera utilisé en fonction des besoins locaux en termes de logements, d’équipements et d’espaces verts. Elles devront donc être gérées de manière transparente et démocratique, avec un contrôle populaire direct. C’est pourquoi chaque Union pour le logement sera présidée par l’échevin chargé du logement et son conseil d’administration composé notamment de représentants des syndicats, des associations de quartier, des organisations environnementales, de l’animation de jeunesse, des associations de seniors, etc. Toutes les réunions et décisions seront publiques. En organisant de manière active la participation de toutes les parties prenantes en amont, nous éviterons que des projets ne soient abandonnés par la suite en raison d’une procédure intentée par des riverains ou des groupes d’intérêt.

D’ici 2050, tous nos logements devront être économes en énergie afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Un énorme défi qui coûtera énormément d’argent. Nos gouvernements en font porter, à l’heure actuelle, la responsabilité aux citoyens. Des délais sont fixés par région pour le respect de différentes normes d’isolation, sous peine d’amendes. Les primes et les prêts accordés par les gouvernements sont toutefois loin de suffire pour permettre à chacun d’agir. Ces primes ne sont perçues qu’après le début des travaux et ne couvrent pas la totalité des coûts, tandis que le remboursement d’un emprunt supplémentaire reste inenvisageable financièrement pour de nombreuses familles. Et ce sont les ménages qui ont le plus besoin d’aide qui sont laissés pour compte. Cela doit changer.

Nous introduirons un système de tiers payant pour les prêts à la rénovation. Le propriétaire ne paiera rien. La banque publique d’investissement avancera le coût des rénovations afin que les travaux puissent commencer directement. Une fois les travaux terminés, les occupants bénéficieront d’une maison mieux isolée et de factures d’énergie moins élevées. Une partie de la remise sur les factures d’énergie leur servira à rembourser leur emprunt par tranches. Ce système sera ouvert à tout propriétaire, qu’il habite ou non dans son logement. Grâce aux Unions de logements, nous encouragerons le plus grand nombre à rénover quartier par quartier et rue par rue, par « vagues de rénovation ». Nous réaliserons ainsi des gains d’efficacité et limiterons les désagréments. Cette approche porte déjà ses fruits à Vienne, mais aussi en Allemagne. Quatre millions de maisons y ont été isolées en dix ans. C’est presque autant de maisons qu’il y en a en Belgique. Il est donc tout à fait possible d’isoler notre parc immobilier grâce à ce système.

 

Les Unions pour le logement aideront les sociétés de logement à construire et rénover plus rapidement des logements sociaux afin de réduire les listes d’attente. En fonction des besoins locaux, nous définirons une trajectoire ambitieuse pour chaque commune. Pour les centres-villes, où les besoins en logement sont les plus importants, nous visons au moins 20 % de logements sociaux à moyen terme. Pour les autres communes, la barre se situe à 10 %. Nous inscrirons ces chiffres dans un objectif social contraignant. Sur le modèle viennois, nous élargirons à terme le groupe cible ayant droit à un logement locatif public. Fini l’idée selon laquelle un logement social serait le dernier recours pour les plus pauvres des pauvres : nos logements sociaux modernes et confortables deviennent un choix normal dans l’offre de logements. L’expérience de la capitale autrichienne montre qu’avec une offre importante de logements publics agréables répartis dans toute la ville, le marché locatif privé doit lui aussi offrir un certain niveau de qualité à un prix raisonnable.

 

Avec cette logique, nous ferons du logement un droit garanti. Fini le panier de crabes qu’est devenu le marché du logement. Fini la chasse aux maisons trop chères et les listes d’attente interminables pour un logement social. Partout en Europe, y compris en Belgique, les citoyens ne se laissent plus faire et descendent dans la rue pour faire respecter leur droit à un logement de qualité. Et ils ont raison. Vienne montre que c’est possible, alors qu’attendons-nous ?

S’énerver dans les embouteillages. Poireauter sur un quai battu par les vents parce que le train ou le bus est en retard, voire n'arrive pas du tout. Chercher sur trois applications pour calculer un itinéraire et acheter trois tickets différents. Non, on ne peut pas dire que se déplacer (pour se rendre au travail, aller voir sa famille ou des amis, aller au club de sport ou au cinéma) soit une partie de plaisir dans notre pays.

Un transport public et bon marché avec des trains, des bus et des trams réguliers et ponctuels, dont les correspondances s'enchaînent parfaitement, des parkings gratuits à côté des gares et, en plus, des systèmes de partage public pour la voiture et le vélo : le Luxembourg et la Suisse montrent que c'est possible. Il y a moins d'embouteillages, moins de pollution atmosphérique et moins de stress. Chez nous, les gouvernements nous disent : « Tirez votre plan et, si ça ne marche pas, nous chasserons les automobilistes ». Nous voulons mettre fin à ce chaos dans les transports et opter pour des alternatives fiables, abordables et durables pour notre mobilité.

La Suisse était dans la même situation que nous. À la fin des années 1960, l'omniprésence de la voiture et le manque d'intérêt pour les transports publics avaient fait chuter le nombre de passagers des trains. Les Suisses ont décidé de faire le switch vers des alternatives à la voiture, mais cela n'a pas manqué d'entraîner certaines résistances. Sous la pression de l'opinion publique, le plan « Bahn 2000 » a vu le jour. C'était un plan d'avenir impressionnant destiné à faire entrer le réseau suisse de transports publics dans le 21e siècle. C'était le coup d'envoi d'investissements à grande échelle.

Au cours de la dernière décennie, la part du chemin de fer dans le transport de passagers est passée à 20 %. En Belgique, elle est d'à peine 8,4 %. La Suisse dispose du réseau ferroviaire le plus perfectionné d'Europe. Grâce à la modernisation du matériel roulant, aux nouvelles lignes ferroviaires, à des gares plus nombreuses et plus grandes, le trafic ferroviaire est plus rapide, plus fluide et sans accroc. Le secret, c'est « l'horaire cadencé ». On peut le comparer à une montre suisse dont tous les rouages et ressorts s'imbriquent parfaitement les uns dans les autres. De même, les horaires des trains, des bus et des trams s'adaptent les uns aux autres. En Suisse, cette approche a été affinée jusque dans les moindres détails. De la somptueuse gare centrale de Zurich à la petite gare du village du Brassus, à 250 kilomètres de là, dans le Jura, les transports en commun sont coordonnés d’un bout à l’autre du pays. Nous pouvons le faire aussi.

Tout commence par des investissements dans les trains, les trams, les bus et les métros, ainsi que par l'embauche de personnel pour assurer le bon fonctionnement de l'ensemble. Nous supprimerons par ailleurs les différentes compagnies de transport qui communiquent à peine entre elles et ont des horaires et des tickets distincts. L'objectif de la société nationale de transport c'est d'amener les voyageurs à destination de la meilleure manière possible. Ce sera une société qui rend le bus, le tram, le train et le métro beaucoup plus compatibles entre eux et cherchera à répondre aux besoins et aux préoccupations locales.

Prenez Bruxelles. Ceux qui vivent en périphérie sont les plus dépendants de la voiture pour leurs déplacements. Ce ne sont pas des plans de circulation et des zones à faibles émissions qui vont inciter l'infirmière à domicile ou l'ouvrier qui travaille par pauses à abandonner la voiture. Nous développerons considérablement l'offre de transports publics dans et autour de Bruxelles, tôt et tard dans la journée, afin de désengorger les artères.

Nous interviendrons aussi autour des autres grandes villes du pays. Pour Anvers, Gand, Liège et Charleroi, nous offrirons un meilleur accès en train et en tram, complété par des lignes de bus rapides.

En dehors des villes, nous nous attaquerons aux grands déserts de transports publics, dépourvus de trains et à peine desservis par les bus. Par exemple, si vous souhaitez vous rendre d'Alost à Opwijk, une région où de nombreuses personnes s'installent en quête d'un logement abordable, vous irez plus vite à vélo qu'en transports en commun. Nous créerons de nouvelles liaisons ferroviaires, connectées aux lignes de bus. Lorsque le rail n'est pas envisageable, la solution passe par des trams ou des bus express.

Les parcs industriels et les zones de PME ont souvent été construits avec l'idée que tout le monde devait s'y rendre en voiture. Nous changeons radicalement de cap à cet égard. Nous proposons des liaisons par bus qui déposeront et reprendront les ouvriers et les employés lors des changements d'équipe et les ramèneront à des nœuds modaux situés à proximité. Pour de vastes zones industrielles comme le port d'Anvers, nous créerons un métro léger sur les voies déjà utilisées pour les marchandises.

Le Switch, c’est opter pour des transports publics de qualité afin d’attirer les passagers et les rendons gratuits. De plus en plus de villes optent pour la gratuité des transports publics. Au Luxembourg, c’est même l’ensemble du territoire qui est concerné, que ce soit pour le tram, le bus ou le train. « La cerise sur le gâteau », disent les Luxembourgeois, car ils ont d’abord investi massivement dans l’amélioration des liaisons et des gares et stations. Nous voulons le même gâteau, avec une cerise dessus également.

Sans accès à Internet, on est perdu dans la société moderne. Mais Internet coûte cher. De plus, il est dominé par quelques très grandes entreprises qui déterminent ce que nous pouvons voir et s'en prennent à notre vie privée.

Nous développerons un réseau public de fibres optiques, grâce auquel nous offrirons gratuitement l'Internet ultrarapide à tous les ménages. La ville de Chattanooga, aux États-Unis, l'a fait avant nous. Avec un fonds créatif, nous donnerons un coup de pouce aux créateurs de contenus et d'applications originaux. C'est ainsi que nous ouvrirons la voie à une nouvelle vague d’innovations technologiques qui donneront la priorité aux gens et à leurs besoins, et non aux profits de Google, Amazon, Facebook et cie.

Pendant des années, les gros câblo-distributeurs américains ont délaissé Chattanooga, une ville du Tennessee. En 2007, la compagnie publique d'électricité EPB a constaté que la ville risquait ainsi de passer à côté de la nouvelle révolution de l'Internet. Elle a alors décidé de déployer un réseau de fibres optiques en plus du réseau électrique. Résultat : des économies d'énergie grâce à une meilleure adéquation entre l'offre et la demande et l'accès pour tous les ménages à un Internet ultrarapide et stable à des prix défiant toute concurrence. La ville disposait soudain de l'Internet le plus rapide des États-Unis. Des dizaines d'entreprises technologiques s'y sont installées, ce qui a valu à la ville le surnom de Gig City.

Nous voulons nous aussi opter pour un réseau public en fibre optique. Nous veillerons même à ce que l'Internet soit fourni gratuitement. Aujourd'hui, avec Proximus, nous disposons déjà d'une entreprise publique de télécommunications qui est parfaitement en mesure de faire cela. Mais la Vivaldi et tous les gouvernements précédents préfèrent que Proximus se comporte comme une entreprise privée, avec de plantureux salaires pour le PDG, du dumping social sur les chantiers, un service à la clientèle médiocre et des prix prohibitifs pour Internet. En faisant de Proximus une entreprise publique moderne, nous garderons aussi le réseau de fibres optiques dans le giron public et rendrons Internet gratuit.

Depuis 2017, le CNC français (Conseil national du cinéma de l'image animée) dispose d'un fonds pour les YouTubers. Il soutient ainsi le développement de vidéos innovantes, uniques, ambitieuses et créatives. Courts clips ou documentaires complets, tout est possible, à condition qu'ils soient gratuits et sans publicité. Cela permet aux créateurs d'expérimenter de nouveaux formats et sujets, indépendamment de ce que les entreprises privées aiment et veulent sponsoriser.

Nous prévoyons également un fonds destiné aux créateurs, afin qu'ils puissent développer des projets de médias numériques indépendants et originaux. Ils pourront créer des projets essentiels pour la société et nous mettre en mouvement. Les moyens seront répartis via un système de démocratie directe. À la place des grandes multinationales, nous donnerons aux gens le pouvoir de décider de ce qui est produit. Chaque année, nous organiserons une enquête sur ce que le public souhaite voir, sur les contenus qui lui manquent et sur les créateurs qu'il souhaite encourager. Les résultats de cette enquête constitueront le fil rouge de l'évaluation de projets futurs. Le jury qui prendra les décisions sera le reflet de la société dans son ensemble, rassemblant la société civile, les travailleurs, les étudiants et les jeunes. Le fonds créatif soutiendra les nouvelles technologies en plus des projets médiatiques. Aujourd'hui, le seul moteur des plateformes de médias sociaux est la quête du maximum de profit possible, avec tous les abus et les scandales que cela peut entraîner. Avec ce fonds, nous encouragerons les nouvelles plateformes qui rompent avec cette logique.

« Votre bébé est atteint d'une maladie rare mais potentiellement mortelle ? On a un médicament, mais il vous en coûtera deux millions d'euros ». La bourse ou la vie, c'est littéralement la logique de nombreuses firmes pharmaceutiques. Ces prix absurdes ne sont en rien liés à des coûts d'investissement qu'il s'agirait de récupérer, mais bien à des brevets et aux profits monstrueux que l'on peut en tirer. Notre système de santé en souffre. À cela s'ajoutent les longues listes d'attente dues à la pénurie de professionnels de la santé.

Nous mettrons sur pied un Institut Salk européen. Ce nom est un hommage à Jonas Salk, l'inventeur désintéressé du vaccin contre la polio. L'Institut financera la recherche médicale de haut niveau. La recherche sera déterminée par les besoins, et non par la soif de profits des Big Pharma. Le résultat final sera un bien public, accessible à tout le monde. L'argent ainsi économisé, nous l'investirons dans davantage de personnel et une meilleure prévention.

L'initiative Drugs for Neglected Diseases (DNDi), fondée en 2003, démontre que c'est parfaitement possible. Des instituts de recherche français, indiens, malaisiens et kényans ont développé pas moins de huit nouveaux médicaments contre les maladies tropicales en 15 ans avec l'Organisation mondiale de la santé. Grâce à une collaboration ouverte avec de nombreux chercheurs, cette initiative a pu le faire à un coût bien inférieur à ceux de l'industrie pharmaceutique privée.

Nous avons besoin d'une telle initiative publique pour toutes les maladies pour lesquelles il n'existe pas encore de médicaments. « Si l'industrie pharmaceutique avait pris un peu plus de risques, fait preuve d'un peu plus de patience et n'avait pas interrompu les essais de médicaments après le premier échec, nous serions aujourd'hui plus près d'un remède », explique Bart Destrooper, l'un des principaux chercheurs spécialisés dans la maladie d'Alzheimer à Louvain. Grâce à une initiative publique, nous pourrons redonner de l'espoir aux 140 000 patients belges atteints de la maladie d'Alzheimer et à leurs familles.

Avec l'Institut Salk européen, nous offrirons des perspectives à des millions de patients et révolutionnerons le travail de milliers de scientifiques. Ceux-ci pourront utiliser leur talent pour réellement changer les choses sans craindre que leur travail ne soit pris en otage par les géants de l'industrie pharmaceutique. Ils pourront se concentrer sur des recherches qui comptent vraiment et profiter de la puissance de la collaboration par-delà les frontières et les murs de l'entreprise. L'Institut Salk européen permettra donc aussi de lutter contre le gaspillage frustrant de talents.

L'Institut Salk européen gardera le savoir-faire scientifique entre les mains des institutions publiques. Il aidera les gouvernements à négocier avec les firmes pharmaceutiques qui commercialiseront les médicaments. Les connaissances étant dans le giron public, les gouvernements pourront négocier des prix bien plus avantageux et passer des marchés publics à l'échelle européenne selon le modèle dit « kiwi ». Ainsi, nous disposerons des médicaments les moins chers et réduirons les coûts des soins de santé de dizaines de milliards d'euros.

Le Switch, c'est un changement radical de notre société. Mais cela nécessite bien sûr des moyens. Pour cela, nous créerons une banque publique d'investissement sur le modèle de la banque allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau. Depuis des années, cette banque est un modèle de stabilité, c'est la banque la plus sûre du monde. Elle est entièrement entre les mains de l'État et collecte des fonds auprès des épargnants pour financer des investissements publics. La banque Switch sera chargée de réaliser des investissements publics-publics sociaux et durables.

Grâce à cette banque, les investissements resteront en dehors du budget et échapperont donc à la politique d'austérité de l'Union européenne. L'Allemagne a ainsi pu faire un pas de géant en matière d'énergies renouvelables et d'isolation des logements.

La nouvelle banque publique émettra des bons Switch à l’intention des épargnants belges, qui bénéficieront non seulement d’un taux d'intérêt attractif et d’un placement sûr, mais aussi d’une transparence totale sur ce qui est fait de leur argent. La banque investira cette épargne et les investissements seront toujours rentables à long terme.

 

En plus de la banque publique d'investissement, nous générerons de nouvelles recettes pour couvrir les coûts de fonctionnement des entreprises publiques : plus de bus et de trains et plus d'investissements dans la recherche et le développement. Ceci exigera une réforme fiscale en profondeur. Nous proposerons un impôt sur le capital véritablement progressif, qui ne visera que les très riches. Le capital de départ sera assuré par une taxe des millionnaires et nous utiliserons les recettes ultérieures pour améliorer les services publics et renforcer la sécurité sociale. Nous supprimerons les cadeaux fiscaux pour les plus riches et mènerons une lutte acharnée contre la fraude fiscale.