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Biodiversité

D’ici à 2030, notre vision pour l’avenir est d’inverser la tendance à la perte de biodiversité,  et la préserver, la restaurer et la reconnaître pour sa valeur et sa contribution à la prospérité de notre société et au bien-être humain. Pour y parvenir, nous préconisons une approche axée sur une protection efficace, ainsi qu’un développement agricole et forestier durable et une position internationale forte, solidaire et indépendante du diktat des multinationales.

En mai 2023, Alexander De Croo, Premier ministre belge, du parti Open VLD, a soutenu la position en faveur d’une pause concernant les normes environnementales européennes. Cette position est également celle soutenue par la FEB (Fédération des entreprises de Belgique) et la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA). D’après M. De Croo, il faudrait séparer objectifs climatiques et protection de la biodiversité. Comment ne pas voir que ces enjeux sont liés ? Et quels intérêts le Premier ministre défend-il en prenant cette position ?

 

La Terre fait face à sa sixième extinction massive d’espèces animales et végétales et la première depuis la disparition des dinosaures, il y a environ 65 millions d’années. Mais cette fois, elle est cent fois plus rapide que la précédente. Au niveau mondial, la population de vertébrés a chuté de 70 % depuis 1970 et près de la moitié des récifs coralliens ont disparu au cours des trente dernières années. En Europe, la population d'insectes a été divisée par 5 en trente ans. On estime que 15 à 37 % de la faune et de la flore mondiale pourrait disparaître d’ici à 2050. Aujourd’hui, un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit et 41 % des amphibiens sont menacés. Ce phénomène s’est accéléré au cours des dernières années à la suite de la multiplication des vagues de chaleurs terrestres et marines. Cette extinction de masse est une conséquence de la destruction de nombreux espaces naturels : forêts, zones humides, prairies et haies, fonds marins, etc. Et, bien sûr, du changement climatique qui modifie ces espaces et les conditions de vie des espèces.

 

Cette extinction de masse regroupe deux phénomènes différents qui se complètent. Le premier est la défaunation, c'est-à-dire la réduction de la population d’animaux (abeilles, oiseaux, rhinocéros, poissons, etc.). C'est problématique car en étant moins nombreuses, ces populations animales ne peuvent plus remplir leurs fonctions écologiques. Par exemple, le butinage par les abeilles, essentiel pour féconder les fleurs et produire des fruits, est mis en péril par la baisse de population de cet insecte. Le second est la perte de biodiversité, c’est-à-dire de la variété d'espèces de plantes et d’animaux. La biodiversité c’est le patrimoine génétique de la planète. Avec la disparition d’espèces, cette biodiversité diminue, et avec elle un patrimoine génétique qui a mis des millions d'années à se former. Le patrimoine génétique est ce qui permet le fonctionnement harmonieux des écosystèmes actuels. Mais c’est aussi cette richesse qui permet à la faune et à la flore de s’adapter aux changements de climats, d’environnement ou d’encaisser la pollution: la variété fait la force de la nature. Les gènes qui permettront aux espèces de s'adapter à la crise climatique, s'ils existent, sont déjà présents. Ils ne sont simplement pas encore exprimés parce qu'ils ne sont pas (encore) utiles. La diminution de la biodiversité, et donc du patrimoine génétique, réduit donc la capacité des écosystèmes à persister ou évoluer dans la crise climatique.

 

La dégradation de l’environnement a aussi des conséquences immédiates sur la vie de chacun de nous. On estime par exemple qu’un décès sur dix en Belgique serait lié à la pollution. Au niveau international, on estime que 70 % des maladies émergentes et presque toutes les pandémies majeures sont liées à leur transmission des animaux aux hommes. C'est le cas par exemple d’Ebola, l’un des virus les plus mortels, mais aussi des virus Zika et du Nil occidental qui provoquent des atteintes neurologiques pouvant être permanentes, probablement aussi du Covid. Notamment en raison de l’élevage intensif (où des quantités phénoménales d’antibiotiques sont utilisées pour faire grossir plus vite les animaux), mais aussi de la destruction des habitats naturels, de la déforestation ou du commerce d’animaux. 

 

Détruire l’écosystème, c’est aussi détruire les conditions nécessaires à la vie sur Terre : régulation du climat, fertilité des sols, purification de l’air et de l’eau, production de ressources nécessaires pour nos médicaments, nourriture saine et variée, etc. Près de la moitié de la production économique mondiale dépend d’un environnement de qualité. Plus de trois quarts des principales cultures agricoles, dont 90 % des fruits et légumes, dépendent au moins partiellement de la pollinisation, donc la fécondation des plantes par les abeilles et autres insectes. Sans eux, les étagères des magasins se vident. Le manque de biodiversité des cultures est aussi une menace pour notre sécurité alimentaire car la faune et la flore peuvent moins facilement s’adapter aux défis inattendus : parasites, maladies, sécheresses, etc. Disposer d’un air sain dans son logement, d’une nourriture de qualité dans sa cantine ou d’un parc dans son quartier sont aussi des conditions d’une bonne qualité de vie et d’une meilleure santé. Par exemple, le contact avec la nature réduit le risque d’allergie et améliore le bien-être mental.

 

Les responsables de cette destruction de l’environnement sont les mêmes que ceux qui nous conduisent au dérèglement du climat. Ce sont les multinationales de l’industrie qui privilégient la production d’articles fragiles, non recyclables ou basés sur des composants et des processus polluants, parce que ces productions leur rapportent plus. Ce sont les géants de l’énergie, qui continuent à détruire des espaces naturels et à chasser leurs occupants (humains, animaux et floraux) pour produire du gaz, du pétrole ou du charbon, car c’est plus rentable immédiatement que de développer l’énergie renouvelable. Ce sont les Cargill, les Bayer-Monsanto ou Nestlé, ces monopoles de l’agroalimentaire qui détruisent les forêts dans le monde entier, obligent les agriculteurs à leur acheter des graines et des pesticides alors que des alternatives sont possibles. Elles mettent en danger la biodiversité en réduisant les variétés de graines cultivées et en produisant des espèces « stériles » pour forcer l’achat de nouvelles semences chaque année.

 

La demande du Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) et d’autres dirigeants européens dont le président français Emmanuel Macron, au printemps 2023, de mettre en pause les normes environnementales européennes vise uniquement à défendre les intérêts de ces géants capitalistes dans une logique de court terme qui néglige les conséquences pour le climat, le sol fertile, l’eau potable et la nourriture. 

 

Protéger et restaurer les espaces naturels permettrait de couvrir jusqu’à un tiers de l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. En matière de climat comme de biodiversité, la Vivaldi et les majorités régionales ont fait un choix, celui de la protection des intérêts des grandes entreprises privées, au mépris de la nature. Celui aussi de cibler les travailleurs et leurs familles ou les petits agriculteurs, avec des mesures injustes et inefficaces, plutôt que de s'attaquer aux vrais responsables.

 

Nous voulons changer de perspective. Si nous voulons continuer à nous développer, vivre en bonne santé et assurer le futur de nos enfants, nous devons faire dès maintenant un choix de rupture. Rompre avec notre dépendance aux intérêts des multinationales, des grands propriétaires ou des banques. Les forcer à protéger et restaurer les espaces qu’ils ont dégradés. Mettre les besoins collectifs du plus grand nombre avant l’intérêt particulier de quelques-uns. Notre vision est basée sur l’initiative publique et démocratique, avec une ambition sociale et environnementale forte : protéger et restaurer la biodiversité, améliorer la qualité de vie de la population et les revenus de ceux qui vivent de la terre, faire payer les vrais responsables de la destruction de la nature.

Pour arrêter la destruction de la biodiversité, un premier levier est de protéger les espaces naturels existants et d’en améliorer la qualité. 

Au travers de traités internationaux, la Belgique s’est engagée à protéger 30 % de son territoire, dont 10 % en réserves naturelles. Sur le papier, il s’agit d’un bel objectif, mais que signifie-t-il concrètement ? Où sont les espaces en question ? Que va-t-on y autoriser, limiter ou interdire ? Qui va financer cette politique ? Que fait-on du reste du territoire qui représente 70 % du pays et où vivent la majorité des gens ? 

Tout cela dépend de la traduction de cette ambition dans un plan national de protection et restauration de la nature, qui devrait être prêt pour la prochaine COP sur la biodiversité, fin 2024. Mais, comme souvent en Belgique, on se renvoie la balle entre les quatre ministres de l’environnement plutôt que d’agir.

Nous voulons mettre fin à cet immobilisme. Pour cela, le premier enjeu est de revenir à un seul ministre de l’Environnement et du climat, chargé d’établir un plan fédéral pour la biodiversité, mis en œuvre au niveau régional. Ainsi, plutôt que de jouer la concurrence, nous mettrons en valeur les atouts de chaque territoire. Les Ardennes et la Campine sont nos poumons verts. C’est là que doivent être créées les plus grandes réserves, pour protéger strictement les espaces naturels existants, les landes, les marécages et les forêts anciennes, qui sont les plus riches en biodiversité. C’est le cas aussi des grands espaces forestiers ailleurs dans le pays (comme la forêt de Soignes) et de notre littoral, où nous voulons une protection renforcée des zones maritimes protégées, soit 30 % des eaux territoriales belges, et une protection stricte pour 10 % de notre territoire en Mer du Nord. Dans tout le pays, les autres zones naturelles à forte biodiversité, les dunes, les zones humides (marécages, tourbières dans les fagnes, bords de cours d’eau), les estuaires... sont des refuges précieux qui doivent également être strictement protégés. 

Autour des villes et dans les vallées industrielles de la Dendre, de la Sambre, de l’Escaut ou de la Meuse, l’enjeu est de laisser plus de place à la nature pour y rétablir de la biodiversité, mais aussi pour se protéger contre les inondations et sécheresses. Une stratégie nationale permettra de rompre avec des situations absurdes, comme la gestion de la forêt de Soignes gérée par trois Régions ou bien le Pays des collines (Ardennes flamandes) qui fait l’objet de deux statuts de protection différents de part et d’autre de la frontière linguistique.

 

En menant cette stratégie nationale, nous ambitionnons d’atteindre l’objectif de 30 % du territoire du pays en bon état de conservation d’ici 2030. Mais aussi d’améliorer la biodiversité sur les 70 % restants. De nombreux agriculteurs travaillent de concert avec les organisations citoyennes de protection de la nature (Natuurpunt en Flandre ou Natagora en Wallonie) pour protéger ensemble la faune et la flore spécifiques et fragilisées des espaces agricoles tout en maintenant une activité agricole viable pour les paysans. Ce sont des partenariats que nous voulons développer. Ils améliorent la biodiversité sans porter atteinte aux revenus des agriculteurs. Nous mettrons aussi l’accent sur les corridors qui doivent connecter les espaces protégés : des haies, des rangées d’arbres, des petits espaces naturels, des cours d’eau, des ponts au-dessus des routes ou des voies ferrées, qui permettent aux animaux de circuler et aux plantes de pousser, à l’abri des tondeuses ou des herbicides.

Pour atteindre cet objectif, nous mettrons à contribution en priorité les plus grands responsables de la perte de biodiversité. C’est-à-dire les grands propriétaires forestiers qui privilégient la monoculture de sapins ou la chasse, les géants de l’agroalimentaire qui achètent des terres et y imposent des modèles non durables, les producteurs de pesticides et engrais chimiques, les promoteurs immobiliers qui artificialisent des terres pour y bâtir des projets spéculatifs de logements ou de commerces de luxe, les grands industriels qui laissent derrière eux des friches polluées et stériles ou polluent l’air, les rivières et eaux souterraines. En agissant sur ces très grands contributeurs, on pourra rapidement et efficacement améliorer la biodiversité du pays, protéger et restaurer de larges espaces naturels. 

Même dans les espaces très dégradés, on observe que la biodiversité peut commencer à se redéployer en quelques années. Les plus grands propriétaires terriens seront mis à contribution, via une fiscalité dédiée à la restauration de la biodiversité et calculée à l’hectare, et l’obligation de restaurer vers l’état naturel une portion de leurs terres. Cette contribution permettra de financer des mesures d’accompagnement des plus petits. En premier lieu les agriculteurs, pour accompagner leur transition, ou compenser la perte éventuelle d’espaces dont la protection ou la restauration devra être complète et assurée par les autorités publiques par la mise à disposition d’autres terres. Elle permettra aussi le renforcement (en effectifs et en moyens) de la DNF (Département de la nature et des forêts) en Wallonie et de l’ANB (« Agentschap Natuur en Bos ») en Flandre ; ce renforcement est indispensable pour la gestion et la surveillance de nos espaces naturels. 

Protéger la biodiversité passe aussi par des mesures concernant les jardins, les domaines publics et privés. Nous prendrons des mesures préventives pour protéger les prairies, les petites zones humides, les espaces boisés, les haies, notamment en informant les propriétaires. 

Nous cesserons les constructions dans les zones sensibles (par exemple, les espaces naturels à haute valeur et les zones inondables), même si elles sont « constructibles » au regard du plan de secteur. C’est dans cette logique que nous avons mené et gagné les luttes contre le Crystal Park à Seraing, dont la construction aurait amené la destruction d’un bois sur les flancs de la vallée de la Meuse ou pour transformer le Groene Delle, zone humide et boisée de 23 hectares en bordure du canal Albert dans le Limbourg, en réserve naturelle. Nous poursuivons la lutte à Herstal contre la bétonisation du site « des Monts », reconnu comme zone de grand intérêt biologique (SGIB), mais pour lequel la ministre wallonne de L’Environnement Céline Tellier (Ecolo) entendait malgré tout délivrer un permis de construire à un promoteur immobilier.

Nous reverrons l’ensemble de la politique forestière, pour faire primer la protection de la nature et les bénéfices collectifs sur la recherche de profit individuel. Cela voudra dire limiter la monoculture de conifères, qui rend les forêts fragiles, qui a peu d’intérêt biologique, et qui a accéléré l’épidémie de scolytes, ces insectes qui dévorent les épicéas. Nous mettrons fin à ces choix menés dans la logique du profit à court terme et qui épuisent notre patrimoine naturel. Nous privilégierons des forêts mixtes, plus résistantes aux aléas climatiques, plus vivantes, et offrant d’autres fonctions : plus agréables pour la promenade, plus grande variété de produits (bois diversifiés et de meilleure qualité, gibier, fruits et champignons) meilleure retenue et filtration de l’eau… 

Revoir la politique forestière impliquera aussi de remettre à plat la politique de la chasse. C’est-à-dire de mettre fin à certaines pratiques nuisibles. Comme le nourrissage du gibier ainsi que l’importation et le lâchage d’animaux qui créent une surabondance artificielle destructrice pour la faune et la flore et sont un vecteur de maladies. Un exemple est la peste porcine africaine, qui a empoisonné la vie des agriculteurs et des sylviculteurs wallons de 2018 à 2020 et qui est très probablement le résultat d’une importation illégale de sangliers et de la surpopulation artificielle de cette espèce. Pourtant, sous la pression du lobby de la chasse, le ministre wallon de l’Agriculture, le MR Willy Borsu, a renoncé à interdire le nourrissage des sangliers. 

Nous voulons également mettre fin à la chasse à courre et à cri particulièrement cruelle et polluante en termes d’utilisation de plombs. Par ailleurs, elle est dangereuse pour les autres usagers de la forêt. 

Ces pratiques de chasse coûtent cher et sont réservées aux plus aisés. D’autres, comme la chasse à l'affût, sont plus silencieuses, bon marché et bien plus à même de participer à la régulation indispensable du grand gibier, sans atteindre l’ensemble de la biodiversité. 

 

En parallèle, nous accentuerons les efforts pour le retour d’espèces (presque) disparues de nos contrées, notamment des prédateurs naturels, comme le loup, le lynx, le chat sauvage. Tout en prévoyant des dédommagements satisfaisants pour les agriculteurs subissant des dégâts et pour leur permettre de prendre des mesures de protection comme l’installation de clôtures. 

Les pouvoirs publics (communes, CPAS, intercommunales) devront donner l’exemple en gérant de façon durable les nombreuses terres agricoles et naturelles et autres réserves foncières dont ils sont propriétaires. De plus, ils ne pourront plus vendre ce patrimoine à des acteurs privés.

Nous voulons rendre les espaces naturels accessibles à tous car l’accès à la nature améliore la santé physique et mentale, ainsi que la qualité de vie. Aujourd’hui, l’offre de transports en commun vers les parcs et zones naturelles est très peu développée. Sans voiture, il est quasiment impossible de se rendre aux grottes de Han, dans les Fagnes, ou de visiter les dunes et zones humides de la Campine. Sur place, cela crée diverses nuisances : embouteillages, nuisances sonores, stationnement sauvage, lesquels dégradent les milieux naturels. Nous développerons donc l’accessibilité de ces parcs avec une offre renforcée de bus et de trains, une offre saisonnière ou tout au long de l’année en fonction des besoins, avec des formules tarifaires avantageuses. Cet accès public sera organisé : entretien des sentiers publics existants, création de boucles de promenade et protection stricte des espaces les plus fragiles. Bien entendu, nous préserverons aussi les zones fragiles de grande biodiversité et des espaces de refuge en réserve intégrale, certainement durant la saison de reproduction de la faune et de la flore.

Dans les espaces urbains, nous créerons davantage de parcs publics. D’abord en ouvrant les grands domaines privés. C’est la lutte que mène aujourd’hui notre section louviéroise, contre l’ensemble des autres partis, pour ouvrir une partie de la propriété des Boël à la population. Ces derniers détiennent un domaine de 20 hectares, soit dix fois plus grand que le plus grand parc public de la ville. Nous pourrions étendre cette revendication entre autres au Domaine Royal de Laeken, inaccessible au public alors qu’il est situé au milieu de quartiers densément peuplés et couvre une surface de 1,86 km², soit plus que la superficie d’une commune comme Saint-Josse ou l’équivalent de ⅔ de taille de Saint-Gilles. 

Nous voulons aussi verdir les espaces publics et les rues en ville, pour les rendre plus agréables en cas de canicule, en créant des îlots de biodiversité et de fraîcheur, et pour qu’ils absorbent une partie de l’eau et réduisent les risques d’inondations en cas de fortes pluies.

Rendre la nature plus accessible de façon respectueuse ira de pair avec une sensibilisation du public, dès le plus jeune âge, à l’importance de la préservation de la biodiversité,  via des programmes éducatifs, et tout au long de la vie au sein des formations professionnelles. Les établissements d’enseignement, les scientifiques et le monde associatif seront impliqués dans ce renforcement de la pédagogie.

L’utilisation du sol est le facteur qui influence le plus la biodiversité. 

Or, les terres agricoles occupent 45 % du territoire de la Belgique et un tiers des terres émergées de la planète. Les choix et méthodes de culture, l’utilisation ou non de produits phytosanitaires (herbicides, insecticides ou fongicides par exemple) et d’engrais chimiques, l’ampleur des espaces laissés à la nature... ont donc un impact majeur sur la biodiversité en Belgique. Pour l’instant, la recherche du profit à court terme pour l’agro-industrie et quelques grands propriétaires terriens sert de guide, quelles que soient les conséquences sur les travailleurs, sur la biodiversité, sur le bétail ou sur les consommateurs de la production. Les conséquences sont connues : des agriculteurs endettés et épuisés, des méthodes de culture qui mènent à la disparition des insectes, une pollution de 90 % des cours d’eau par des pesticides dont on retrouve les traces dans le sang de neuf belges sur dix, l’eutrophisation des nappes phréatiques et des eaux côtières (c’est-à-dire la pollution des eaux par un surplus d’engrais et de substances nutritives qui amène à un développement incontrôlé d’algues et de micro-organismes au point de capter toute la lumière et l’oxygène et de tuer toute autre vie animale ou végétale)  avec des conséquences pour les écosystèmes, l’accès à l’eau potable, la santé, et les activités économiques.

Face à cela, la réponse des partis traditionnels n’est absolument pas à la hauteur. Les partis de droite et d’extrême droite défendent la poursuite du modèle destructeur pour les travailleurs et l’environnement actuel. Soi-disant au nom de la protection des agriculteurs et pour maintenir des prix bas pour les consommateurs, mais en fait surtout pour protéger l’agro-industrie. Ils ne se sont d’ailleurs jamais opposés, voire ont soutenu, les traités de libre-échange et de dérégulation des prix demandés par les multinationales du secteur, mais qui soumettent les agriculteurs à des prix de vente imprévisibles et en baisse. Tandis que les partis écologistes défendent une transition des méthodes agricoles plus respectueuses de l’environnement, mais sans accompagner les agriculteurs forcés de changer leurs pratiques. En réalité, aucune de ces deux options ne constitue une vraie alternative. Poursuivre le chemin actuel nous mène dans le mur, agriculteurs et consommateurs. Espérer que le changement de modèle passera par des normes et des codes déconnectés des réalités de terrain, dont les coûts se reportent sur les travailleurs, est injuste, inefficace et suscite une colère légitime. 

Au contraire, nous optons pour une politique agricole centrée sur l’agriculteur. Une politique qui lui permette de vendre des produits de qualité à bon prix. Une politique d’investissements publics soutenant les techniques qui réduisent l’impact sur l’environnement et répondent aux défis de la crise climatique.

Protéger la biodiversité implique de cesser de détruire des espaces naturels en les bétonnant. Cesser de bétonner des terres et de les rendre imperméables, c’est aussi un moyen de nous protéger des aléas climatiques. Laisser plus d’espace à l’eau pour s’infiltrer réduit le risque d’inondations, tandis que les arbres et les espaces verts limitent les conséquences des vagues de chaleur et des sécheresses, ainsi que la pollution de l’air en filtrant les particules fines. 

Or le territoire belge continue à se couvrir de toujours plus de béton. C’est l’équivalent de la surface de plusieurs terrains de football d’espaces naturels ou agricoles qui sont sacrifiés chaque jour pour le profit des barons du béton. Et les politiques actuelles sont incapables d’arrêter cette tendance. Car les promoteurs immobiliers font la loi : leurs projets spéculatifs de bureaux, de centres commerciaux, de logements de prestige, de zonings commerciaux ou industriels... poussent partout dans le pays. Officiellement, les gouvernements wallons et flamands défendent pourtant le « stop béton », donc l’arrêt de cette consommation de terres. Une bonne idée sur le papier. Mais dans les faits, on reporte cet objectif aux calendes grecques (2040, 2050...) et les mesures proposées semblent surtout s’attaquer aux travailleurs et à leurs familles, en faisant monter le prix des terrains à bâtir et en rendant impossible pour eux de construire un logement. 

Au contraire, nous voulons une politique qui cible les vrais responsables de la destruction des espaces naturels, donc les promoteurs immobiliers.

En bloquant les projets spéculatifs inutiles et en obligeant leurs promoteurs à compenser toute nouvelle surface bétonnée via une réhabilitation de friches ou une « désartificialisation » d’autres terrains. En parallèle, nous développerons le logement public dans les villes et villages pour limiter l’étalement urbain. 

L’impact environnemental de notre société sur la faune et la flore dépend aussi de la façon dont est organisée la production industrielle. Nous voulons rompre avec la logique du tout jetable et de l’obsolescence programmée et limiter autant que possible la publicité. Tout cela coûte cher et mène notre environnement à la catastrophe. Nous développerons l’industrie circulaire pour créer de l’emploi et répondre aux besoins en diminuant notre consommation d’énergie et de matières premières. Pour cela, nous obligerons les entreprises à allonger la durée de garantie des produits et à produire des biens réparables, dont les pièces de rechange restent accessibles. Nous favoriserons aussi la production circulaire, où les produits en fin de vie et facilement démontables servent de matière première aux suivants. Nous supprimerons les emballages inutiles, introduirons une caution sur les canettes et bouteilles, et généraliserons l’utilisation de produits biodégradables pour le conditionnement des produits. Ces normes s’appliqueront à tous les produits commercialisés en Belgique.

La production elle-même doit être respectueuse de l’environnement. Pour cela, nous introduirons une obligation d’indépendance pour les recherches, financées publiquement, sur les méthodes de production et sur les produits pouvant avoir un impact sur l’environnement et la santé humaine. 

Comme cela a été fait pour les composants qui dégradent la couche d’ozone, nous retirerons du marché les produits considérés comme les plus dangereux par les experts scientifiques indépendants et nous développerons la recherche publique vers des alternatives à ces produits. Nous appliquerons la transparence sur les aides publiques et autorisations octroyées aux activités privées susceptibles de porter atteinte à la biodiversité, au moyen d’un inventaire annuel, contrôlé par les parlements compétents. 

À l’image de la lutte que nous avons menée aux côtés des Anversois contre la multinationale 3M et la pollution aux PFAS des sols et de l’eau ou celle des voisins de l’ancien site de l’entreprise de transformation d’amiante SVK à Saint-Nicolas-Waes, nous rendrons les entreprises et leurs héritiers responsables de la restauration des espaces pollués, sans délai de prescription. Comme nous l’avons exigé de la part de la ministre wallonne de l’Environnement Céline Tellier (Ecolo) également sur le dossier des PFAS, nous voulons un suivi rigoureux et transparent et une cartographie des risques de pollution ou des pollutions avérées. Avec des prises d’échantillon, l’information des populations exposées et des mesures de protection et de réparation à la charge des pollueurs.

Si nous voulons protéger notre planète et sa biodiversité, la lutte ne se limite pas à nos frontières. Nous voulons une Belgique ambitieuse et porteuse du changement au niveau international, qui ne reporte pas ses problèmes environnementaux vers les pays du Sud, mais au contraire les aide à mener leur transition et à protéger leur biodiversité.

Seule une politique solidaire et coopérative permettra de relever les défis environnementaux mondiaux afin de protéger la biodiversité, nos ressources alimentaires et en eau potable, de lutter contre la crise climatique et ses conséquences, et de prévenir les futures pandémies.

Pour cela, nous commencerons par établir au plus vite un plan national de protection et de restauration de la faune et de la flore. Nous nous baserons sur l’accord dit de « Kunming-Montréal », signé en 2022 lors de la dernière rencontre internationale sur la biodiversité (COP15 de la biodiversité), qui prévoit que chaque pays propose un cadre national de protection du patrimoine génétique de la faune et de la flore. Le respect de nos engagements internationaux impliquait pour le gouvernement Vivaldi, soi-disant « le plus vert de l’histoire », de faire aboutir ce processus avant la COP16, en 2024. Ce ne sera pas le cas, faute de volonté politique fédérale et régionale. En rétablissant une politique nationale unifiée, nous avons l’ambition de récupérer notre retard au plus vite et de proposer des avancées avantageuses pour la nature, mais aussi les travailleurs et leur famille. 

Cette politique nationale ambitieuse vise à établir ou à renforcer les coopérations, avec les pays voisins pour la gestion de la Mer du Nord, des grands cours d’eau comme la Meuse ou l’Escaut ou des espaces naturels transfrontaliers comme les Hautes Fagnes et les massifs forestiers ardennais, mais aussi avec les pays du Sud sur les problématiques internationales comme la lutte contre la déforestation, l’utilisation et la diffusion de produits toxiques, le commerce des animaux et des plantes ou la lutte contre les espèces invasives.

Protéger la biodiversité implique aussi de stopper les activités les plus néfastes. C’est pour cela que nous avons mené la lutte pour que la Belgique rejoigne le moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, qu’ont décidé de nombreux pays, dont la France et l’Allemagne. Ces fonds marins abritent une biodiversité unique, peu connue et fragile. Mais ils sont convoités par les géants miniers pour en exploiter les ressources : extraire des minerais ou enfouir du CO2 par exemple. Les scientifiques et les ONG réclament, depuis longtemps, un moratoire (c’est-à-dire une suspension des activités), tant qu’on ne connaît pas encore bien tous les risques. Les pêcheurs s’opposent également à cette industrie, car ils ont peur qu’elle empiète sur leurs activités. Mais en Belgique, les intérêts financiers des géants nationaux du dragage, DEME (dont l’actionnaire majoritaire n’est autre que la famille de la secrétaire d’État au Budget Alexia Bertrand) et Jan de Nul semblent primer sur l’environnement. 

Ministre de l'Économie à l’époque, Johan Vande Lanotte (Vooruit), avait accordé un permis d'exploitation minière en haute mer à DEME en 2012, faisant de la Belgique un des pionniers de cette technologie d'apprentis sorciers. Un projet appuyé par Didier Reynders (MR), alors ministre des Affaires étrangères, dans le cabinet duquel travaillait… Alexia Bertrand. Les liens de Vande Lanotte avec l'entreprise de dragage sont restés étroits ensuite. En 2019, il s'est rendu en Jamaïque, pendant son mandat d'informateur en vue de former un gouvernement fédéral, pour participer à une conférence de l'Autorité internationale des fonds marins... en tant que conseiller de DEME. Et c’est l’ensemble de la Vivaldi, y compris Ecolo et Groen, qui a refusé de voter la résolution déposée par notre députée fédérale Greet Daems pour rejoindre le moratoire international, porté par l’ensemble du front environnemental et scientifique.

Dans la même logique, nous avons déposé une proposition de loi visant à restreindre l’utilisation des biocarburants. Car leur production, très rentable pour les géants de l’agro-industrie, participe à la réduction des espaces naturels, à la défaunation, à la chute de la biodiversité, à la pollution locale des sols et des eaux, à l’accaparement des terres dans le sud, et au détournement de l’agriculture avec une montée des prix pour les denrées alimentaires. Cette proposition a aussi été rejetée par les partis de la Vivaldi, Ecolo et Groen compris. Enfin, nous voulons arrêter l’exportation vers les pays du Sud de produits dangereux, dont l’utilisation est déjà interdite chez nous, ainsi que de déchets qui vont polluer leur environnement plutôt que d’être traités chez nous.

Dans le sens Sud-Nord, nous luttrons contre le commerce illégal d’espèces végétales ou animales protégées, ainsi que de produits issus de la déforestation, en appliquant les règles internationales en la matière. Nous renforcerons et formerons le personnel des douanes pour mener à bien cette mission, car nos grands ports et aéroports sont des plaques tournantes de ce trafic.

Mener à bien cette politique coopérative implique de sortir les multinationales privées des organes de décision internationaux. Nous leur fermerons l’accès aux réunions mondiales sur le climat et la biodiversité et nous lutterons contre leur lobbying au sein de nos propres instances, nationales ou européennes.

Enfin, nous augmenterons le budget international consacré au financement de la restauration et de la protection de la nature, dans le respect de nos engagements en la matière. Nous faciliterons aussi les missions scientifiques de support aux pays du Sud menées par nos organismes publics et universitaires de recherche pour protéger et restaurer la biodiversité.