Réforme du chômage : la grande majorité des travailleurs de plus de 55 ans seront exclus après deux ans
« Cette nuit, à 4h du matin, le gouvernement Arizona a fait passer en force la réforme des allocations de chômage, adoptée en première lecture », dénonce la cheffe de groupe PTB à la Chambre, Sofie Merckx. Il s’agit d’une réforme profondément antisociale, imposée en catimini. « La majorité a refusé la demande d’auditions des syndicats et de la Ligue des familles, et, malgré la procédure en conflit d’intérêts lancée par la Région bruxelloise, elle a tenu à imposer son programme à l’aveugle. »
Lors du débat, le ministre de l’Emploi David Clarinval (MR) a envoyé à 23h aux députés les chiffres définitifs du nombre de personnes qui seront exclues. « Ces chiffres confirment un véritable tsunami social : plus de 184 463 personnes exclues ! Parmi elles, plus de 100 000 chefs de famille et isolés risquent de devoir se tourner vers les CPAS. Nous avons relayé l’inquiétude des CPAS, qui seront dans l’impossibilité de faire face à un tel afflux. Mais aucune garantie n’a été donnée quant aux moyens qui leur seront accordés. C’est totalement irresponsable », explique Sofie Merckx.
Le gouvernement essaie de renvoyer une image de ces futurs exclus du chômage comme étant des « profiteurs ». « D'abord, c'est quand même assez gonflé pour des ministres qui gagnent 10 000 euros par mois de dire ça de personnes qui survivent avec 1 500 euros, pointe Sofie Merckx. Mais surtout, la grande majorité de ces personnes travaillent. Près de 70 % des gens qui risquent de perdre leur allocation ont travaillé récemment - voire travaillent encore. Mais ils ne travailleraient “pas assez” pour garder leur droit aux allocations, selon les nouvelles règles. Il s’agit généralement de personnes qui travaillent à temps partiel ou par intermittence avec des contrats de courte durée. Et ce sont surtout des femmes qui seraient touchées. »
Le PTB pointe la manière dont le gouvernement a tenté, ces dernières semaines, de minimiser l’impact de la réforme sur les personnes de plus de 55 ans. « Le gouvernement avait promis une exception, laissant entendre que cette catégorie serait largement épargnée. Mais les chiffres transmis aux députés racontent une tout autre histoire : 2 travailleurs sur 10 de plus de 55 ans ne remplissent pas les conditions de carrière et risquent d'être exclus. Le gouvernement a menti sur cette exception, qui n’en est pas une, tant les conditions ajoutées sont trop restrictives. »
« Ce qui a été peu mis en lumière jusqu’ici, c’est le nombre élevé de jeunes qui seront également exclus, souligne encore Sofie Merckx. Plus de 40 000 personnes de moins de 30 ans perdront leur droit aux allocations à cause des changements apportés au système des allocations d’insertion. Les services régionaux de l’emploi tirent la sonnette d’alarme : ces jeunes risquent de sortir complètement des radars. »
« Le 25 juin, nous descendrons dans la rue aux côtés des syndicats. Rien n’est encore joué, conclut Sofie Merckx. Cette réforme est antisociale : elle risque de plonger des milliers de familles dans la précarité. Elle est inefficace : exclure n’a jamais créé le moindre emploi. Il faut investir dans l’accompagnement et la formation, pas dans la punition. »
