Le PTB appelle le gouvernement à abandonner totalement sa réforme du travail de nuit
Alors que le gouvernement fédéral négocie ses plans visant à assouplir les règles sur le travail de nuit, le PTB appelle le gouvernement à abandonner totalement cette réforme. Le parti de gauche souligne la large opposition qu’elle suscite parmi les travailleurs et les syndicats et rappelle que la limitation des primes de nuit envisagée est contraire à la législation sociale internationale, ce que le Conseil d'État a aussi rappelé.
 
                            « Le fait que le gouvernement veuille imposer ce plan, malgré toute la contestation sociale et l’avis négatif du Conseil d’État, est hallucinant », réagit le président du PTB, Raoul Hedebouw. Il rappelle que son parti a déjà interrogé à plusieurs reprises le ministre compétent à ce sujet à la Chambre, mais que celui-ci a toujours refusé de répondre. « Il savait très bien que son plan ne tenait pas la route », poursuit Hedebouw.
« Le gouvernement veut se placer au-dessus du droit, simplement pour permettre aux grandes entreprises de payer moins de primes, poursuit-il. Est-ce qu’ils ont la moindre idée de ce que ça signifie de travailler la nuit ou en équipes ? Comment ça pèse sur la santé, la vie de famille et la vie sociale ? Ceux qui travaillent la nuit méritent du respect et une compensation équitable, pas une perte de salaire. C’était d’ailleurs aussi la promesse de nombreux partis autour de la table : faire en sorte de récompenser mieux le travail. Il est temps qu’ils traduisent enfin leurs paroles en actes. »
Le Conseil d’État formule dans son avis des critiques particulièrement sévères sur l’avant-projet de loi. Voici quelques-uns des points principaux :
- Violation des normes internationales du travail : limiter la prime aux heures entre minuit et cinq heures du matin viole la Convention n° 171 de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui stipule que la compensation pour le travail de nuit doit couvrir au moins sept heures consécutives. 
- Traitement inégal des travailleurs : les nouveaux travailleurs perdraient leur prime pour les heures avant minuit et après 5 h, alors que leurs collègues sous contrat plus ancien la conserveraient. Le Conseil d’État avertit que cela entraînerait de fortes différences salariales pour un même travail. 
- Restriction des négociations collectives : le projet limite la possibilité de prévoir, via des conventions collectives, des avantages supplémentaires pour le travail de nuit ; selon le Conseil, cela revient à réduire les droits syndicaux. 
- Violation du principe d’égalité : le projet va à l’encontre des principes constitutionnels d’égalité et de non-discrimination, car il réduit la protection dans certains secteurs (comme la distribution) sans justification suffisante. 
- Manque de fondement : le gouvernement justifie la mesure par l’argument qu’elle « doit améliorer la compétitivité », mais le Conseil d’État souligne qu’aucune donnée factuelle ne vient étayer cette affirmation. 
Raoul Hedebouw, dénonce la vision très libérale du travail qui se cache derrière ces plans : « Le gouvernement veut que les gens travaillent plus longtemps, à n’importe quelle heure, pour moins de salaire. Le Conseil d’État rappelle une chose très simple : on ne peut pas balayer d’un revers de main les conquêtes sociales du mouvement ouvrier. Ceux qui travaillent la nuit méritent du respect et une compensation décente. »
Le PTB rappelle enfin que la semaine nationale d’action syndicale des 24, 25 et 26 novembre s’inscrit précisément dans cette logique : le respect du travail. « Durant cette semaine d’action, nous descendrons dans les rues, aux côtés des syndicats, pour défendre nos droits, notre santé et nos salaires. »
