Le malus pension touche la moitié du personnel des soins
D’après des chiffres obtenus par le PTB auprès du ministre des Pensions Jan Jambon (N-VA), 44 % du personnel des soins écope d’un malus pension en cas de pension anticipée. Le PTB exige le retrait de cette mesure. « Il y a encore quelques années, tout le monde applaudissait les héros de la santé. Aujourd’hui, on les remercie avec une sanction financière », dénonce Kim De Witte, spécialiste des pensions et député fédéral PTB.
Le malus pension est le bâton brandit par le gouvernement Arizona pour obliger les gens à travailler jusqu’à 67 ans. Toute personne qui prend sa pension avant cet âge sans remplir certaines conditions risque de perdre jusqu’à 5 % de pension par année prise avant 67 ans. « Les conditions sont particulièrement strictes, explique Kim De Witte. Il faut avoir travaillé au moins 35 ans, avec minimum 156 jours effectivement travaillés par an, et avoir 7 020 jours de travail effectif sur l’ensemble de sa carrière. Les périodes de maladie ne sont pas prises en compte. Elles sont même pénalisées, avec un malus pouvant aller jusqu’à 25 %. »
Près de la moitié des professionnels des soins sont ainsi touchés. C’est le cas d’Ann Delaere, originaire de Flandre occidentale. Elle a commencé à travailler à 16 ans dans une usine textile. Huit ans plus tard, elle est entrée dans un entrepôt de papier et de matériel de bureau, où elle a travaillé seize ans. À trois reprises, elle a été déclarée inapte au travail. En 1991, elle a subi une intervention chirurgicale importante au niveau du dos et est restée en invalidité jusqu'en 1993. En 2003, elle a dû arrêter car le travail était trop lourd pendant sa grossesse. Une autre opération sur sa prothèse dorsale a suivi en 2009.
Mais Ann n’a pas baissé les bras. En 2012, elle a entamé une formation d’infirmière – un métier en pénurie qui devient sa vocation. Depuis 2015, elle travaille comme infirmière de nuit, aujourd’hui encore à mi-temps avec maintien de ses droits.
Le 1er mai 2027, après 44 années de travail, Ann pourrait prendre sa pension à 60 ans. Sa pension s’élèverait alors à 1 707,94 euros nets. Mais le gouvernement Arizona ne tient pas compte de ses années de maladie ni de formation. Ainsi, malgré ses 44 années de travail, Ann écope d’un malus à vie de 12 %. Cela signifie une perte de 205 euros nets par mois jusqu'à la fin de sa vie.
« L’histoire d’Ann montre clairement le véritable plan de ce gouvernement, déclare Kim De Witte. Faire travailler les gens jusqu’à 67 ans, coûte que coûte. Pourtant, c’est impossible pour beaucoup de travailleuses et travailleurs. Peut-on vraiment imaginer une infirmière de 67 ans soulever des patients pour les laver ? »
Il conclut : « Des partis comme Vooruit ou Les Engagés se présentent comme partis des soins de santé, mais leurs actes montrent le contraire. Ils punissent des personnes qui ont consacré des années à prendre soin des autres. Ann a travaillé 44 ans, elle s’est relevée immédiatement après chaque maladie, elle s’est formée pour se reconvertir en infirmière – et elle doit vivre avec 205 euros en moins chaque mois à cause de l’Arizona. C’est inacceptable. Cette mesure antisociale doit être retirée. »