La Banque nationale confirme l’étude du PTB : 12,9 milliards d’euros transférés des salaires vers les actionnaires
La part de la richesse créée qui revient aux salaires a fortement diminué depuis 2013. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude de la Banque nationale. Selon les calculs du service d’étude du PTB, il s’agit d’un transfert de 12,9 milliards d’euros : de l’argent qui ne va plus aux salaires, aux pensions et à la sécurité sociale, mais directement aux actionnaires. Le parti de gauche plaide pour un changement radical de cap.
La part de la richesse créée qui revient aux salaires a fortement diminué depuis 2013. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude de la Banque nationale. Selon les calculs du service d’étude du PTB, il s’agit d’un transfert de 12,9 milliards d’euros : de l’argent qui ne va plus aux salaires, aux pensions et à la sécurité sociale, mais directement aux actionnaires. Le parti de gauche plaide pour un changement radical de cap.
Les travailleurs en Belgique reçoivent une part plus faible qu’en Allemagne et en France
Dans une nouvelle étude, la Banque nationale analyse la répartition de la richesse créée en Belgique : quelle part revient aux travailleurs – la part salariale, composée des salaires bruts et des cotisations sociales patronales – et quelle part revient au capital, sous forme de profits et dividendes.
Les chiffres montrent que la part salariale est passée de 57,7 % en 2013 à 54,3 % en 2024. La Belgique reste ainsi en retrait par rapport à l’Allemagne (60,3 %) et la France (57,6 %), où les travailleurs reçoivent une part plus importante du gâteau économique.
Pour les sociétés non financières, qui représentent la majeure partie de la production marchande, la baisse est encore plus importante: de 64,7 % en 2013 à 60,8 % en 2024. Selon les calculs du service d’étude du PTB, cela correspond à un transfert de 12,9 milliards d’euros des salaires vers le capital.
Graphique 1 : part des rémunérations (salaires + cotisations patronales) dans la valeur ajoutée, 2013-2024
Source : Banque Nationale de Belgique, Comptes des secteurs annuels détaillés, Rémunération des salariés (D.1) en % de la VA, sociétés non financières
Démantèlement de la sécurité sociale
« Ce n’est pas une loi de la nature, mais bien la conséquence de choix politiques des dix dernières années : sauts d’index, blocage salarial et fortes réductions des cotisations patronales ont transféré des milliards du travail vers le capital », explique le président du PTB, Raoul Hedebouw.
La Banque nationale a calculé que deux tiers de la baisse de la part salariale depuis 2013 sont dus à la diminution des cotisations sociales patronales. Or, ces cotisations sont essentielles : elles financent notamment les pensions, l’assurance maladie et les allocations de chômage.
Dans les sociétés non financières, les cotisations patronales sont passées de 16,4 % à 13,4 % de la valeur ajoutée entre 2013 et 2023. Soit une baisse de 3 points de pourcentage, ce qui représente chaque année environ 10 milliards d’euros en moins pour la sécurité sociale.
Graphique 2: part des cotisations patronales dans la valeur ajoutée, 2013-2023
Source : Banque Nationale de Belgique, Comptes des secteurs annuels détaillés, Cotisations sociales des employeurs (D.12) (en % de VA), sociétés non financières
Selon la Banque nationale, cette politique mine les recettes publiques. « Ce sont les mêmes politiques qui démantèlent pierre par pierre la sécurité sociale qui osent prétendre aujourd’hui qu’il n’y a pas d’argent pour nos pensions », poursuit Hedebouw. « Ils creusent eux-mêmes un trou, et utilisent ensuite ce trou comme prétexte pour imposer encore plus d’austérité. Et qui paie la facture ? La classe travailleuse : via des salaires plus bas, des pensions plus basses, des soins plus chers et une réduction des droits sociaux. »
Moins d’argent pour les salaires, plus pour les profits
Dans le même temps, une part croissante de la richesse créée va au capital. Profits, dividendes et réserves accumulées prennent une place de plus en plus importante dans le gâteau économique. Autrement dit : ce que les travailleurs et la sécurité sociale perdent, les actionnaires le récupèrent. On le constate dans le graphique sur l’excédent brut d’exploitation, c’est-à-dire la part du capital dans la valeur ajoutée :
Graphique 3 : part des profits dans la valeur ajoutée, 2013-2024
Source : Banque Nationale de Belgique, Comptes des secteurs annuels détaillés, Excédent brut d'exploitation (B.2g), en % de VA, sociétés non financières
Raoul Hedebouw conclut par un appel à un changement radical : « Une fois de plus, il apparaît clairement que le refrain selon lequel les pensions seraient impayables ne tient pas la route. C’est un choix politique. Il faut annuler les milliards de cadeaux aux grandes entreprises, garantir aux travailleurs leur juste part et notre système de pension sera parfaitement soutenable. Mieux encore : il y aura même de la marge pour augmenter les salaires. »
Calculs du service d’étude du PTB, avec la collaboration de Benjamin Pestieau, Laurent Petit et Ben Van Duppen.