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Pension minimum à 1500 euros de la Vivaldi : la vérité sur une pension pas nette

La pension à 1 500 euros de la Vivaldi ? Nous l’avons calculée. Christine, qui a travaillé pendant 36 ans, et dont la pension s’élève actuellement à 1 115 euros nets par mois, touchera… 59 euros nets par mois en plus en 2024. Certes, c’est un pas en avant, mais vraiment un tout petit. Bien loin des 1 500 euros net et loin de l’augmentation de 20 % de pension promise par Paul Magnette...

Mercredi 7 octobre 2020

À l’entendre, le nouveau gouvernement semble bien décidé à faire les choses autrement. Ainsi le Premier ministre fraîchement désigné Alexander De Croo s’est-il engagé à : « Communiquer ouvertement et honnêtement. Adopter une politique de confiance et de respect. Un cabinet qui ne perd pas son temps à se chamailler ». L’intention est louable. Des membres du gouvernement qui se contredisent ou se disputent en permanence n’inspirent pas la confiance.

Pourtant, le fleuron du nouveau gouvernement, à savoir une pension à 1 500 euros nets, suscite déjà bien des tensions. L'accord de coalition stipule que « la pension minimale sera progressivement portée à 1 500 euros nets ». La grande question est, dès lors : progressivement, oui, mais pour quand ? L’affaire semblait réglée lorsque le président du MR, Georges-Louis Bouchez, déclarait, mercredi soir à la RTBF, que la pension minimum atteindrait 1 580 euros bruts en 2024. Un montant que l’on retrouve sur le support de présentation que le PS a envoyé à ses membres.

Or, jeudi matin, le président du sp.a, Conner Rousseau, laissait entendre, dans un entretien à la radio, que ce serait plutôt : « presque net. » Vendredi, sa collègue de parti et toute nouvelle ministre, Meryame Kitir, s’exprimait en ces termes en une du Belang van Limburg : « C’est une pension minimum de 1 500 euros non pas bruts, mais nets. » Elle affirmait que le Premier ministre l’avait confirmé la veille au Conseil des ministres. Le lendemain, dans une interview au Soir, le président du PS et ex-formateur Paul Magnette voulait mettre les choses au point : « C’est une polémique absurde, on n’aurait pas dû parler en termes de net ou de brut, mais d’augmentation en pourcentage : on augmente les pensions (minimales, NDLR) de 20 %, point. Le brut et le net, ça crée la confusion. » Pour la confusion, on est d'accord. Mais dire que les pensions augmentent de 20 % est un mensonge, comme nous allons le voir plus loin.

Alors, qu'en est-il ? Et quelles sont les conséquences concrètes pour les 1,2 million de retraités qui attendent une meilleure pension ?

1 450 euros nets

Dans le tableau budgétaire qui accompagne l'accord de coalition, un montant de 1,18 milliard d'euros est réservé à l’augmentation des pensions minimum d'ici 2024. En outre, 634 millions d'euros sont destinés à la hausse du revenu d'intégration, de la GRAPA, du plafond salarial, et des allocations de chômage minimum. Enfin, 344 autres millions sont consacrés à l'adaptation des indemnités d’incapacité de travail, des seuils des cotisations de solidarité et de l'assurance maladie-invalidité.

Cela représente un total de 2,16 milliards qui serviront à relever les prestations sociales, dont 1,18 milliard alimentera les pensions minimum. Selon Philippe Donnay, Commissaire du Plan, une pension minimum de 1 500 euros nets coûterait au moins 3 milliards d'euros. Au vu du tableau budgétaire, la Vivaldi ne s'engage donc pas à une pension minimale de 1 500 euros nets en 2024, mais semble plutôt s’orienter vers le montant indiqué par le MR et le PS. Pourquoi ne le disent-ils par simplement ? Une pension de 1 580 euros bruts équivaut à 1 450 euros nets.

En 2024

Une pension de 1 450 euros nets en 2024 ne correspond évidemment pas à une pension du même montant aujourd'hui. D'ici quatre ans, l'inflation aura réduit le pouvoir d'achat. La Banque Nationale prévoit un taux d'inflation de 1,4 % l'année prochaine et de 1,8 % l'année suivante. Avec un taux d'inflation moyen de 1,5 %, un montant de 1 450 euros en 2024 équivaut, dans les faits, à 1 365 euros aujourd'hui.

En pouvoir d'achat actuel, la pension minimum sera donc de 1 365 euros. Soit exactement 74 euros de plus qu'aujourd'hui : la pension minimum pour les personnes isolées s'élève actuellement à 1 291 euros. Et cela, que le montant soit brut ou net, puisqu’il est en dessous du seuil d’imposition. Il s'agit donc d'une augmentation de 5,42 %. On est loin des 20 % dont parle Paul Magnette...

Au bout de 45 ans de carrière

Le gouvernement De Croo relève donc la pension minimum de 74 euros nets, en pouvoir d'achat actuel. Il faut aussi souligner qu’il s’agit de l’augmentation maximale, valable uniquement pour celles et ceux qui ont travaillé pendant 45 ans. Or, trois personnes sur quatre ne vont pas jusque là. Nous sommes le seul pays européen où le parcours professionnel avant le départ à la retraite est aussi long. En moyenne, les hommes atteignent 43 ans de carrière et les femmes 36. Pour les indépendants, c’est encore moins élevé, avec 38 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes.

Deux exemples illustrent bien les conséquences d’une telle condition. Celui d’Albert, tout d’abord, qui a travaillé pendant 42 ans. Il touche une pension nette de 1 320 euros. Selon les dispositions de l'accord gouvernemental De Croo, il recevra 69 euros nets de plus par mois en 2024 (= 74 euros x 42/45). Ou celui de Christine, qui, elle, a travaillé pendant 36 ans. Sa pension s’élève actuellement à 1 115 euros nets par mois. Selon les conditions de l'accord de coalition, elle touchera 59 euros nets par mois en plus en 2024 (= 74 euros x 36/45). Dans les deux cas, c’est, certes, un pas en avant, mais vraiment un tout petit.

Que le sujet de la pension minimum à 1 500 euros soit parvenue jusqu’à l’accord de coalition est une bonne chose en soi. C’est la preuve que le travail du PTB influence les débats. Quand nous avions lancé notre revendication en 2017 pour une pension à 1500 euros net, nous étions en effet bien seuls avec les syndicats à porter cela. Grâce à la campagne menée, notamment avec les 180 000 signataires de notre loi d’initiative citoyenne, nous avons mis le thème à l’agenda. Mais, à la lecture des nombreuses conditions (bruts et non nets, pas avant 2024 et au bout 45 ans de carrière), force est de constater que la proposition des partis de la Vivaldi ressemble pour l’instant surtout à une boîte vide. Mais que les partis traditionnels ne pensent pas que le combat est terminé : nous allons continuer à mobiliser et mettre la pression pour que cette revendication concrète d’une pension minimum de 1 500 euros net par mois maintenant, et après 40 ans de carrière, soit mise en place. On a réussi la première étape – mettre le thème à l’agenda – nous allons continuer jusqu’à obtenir la victoire complète.