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Lufthansa et Brussels Airlines : l’argent public doit servir à investir dans l’avenir, pas à sauver les actionnaires

Alors que Lufthansa va recevoir plus de 10 milliards d’euros d’aides publiques, des députés allemands et belges de gauche, dont Maria Vindevoghel et Marc Botenga du PTB, appellent à changer de logique : au lieu de verser de l’argent public à des compagnies privées, les États doivent reprendre en main le secteur aéronautique.

Mardi 16 juin 2020

La Commission européenne a pris sa décision. Lufthansa empochera au total environ 11 milliards d’aides publiques de différents États européens, dont 9 milliards d’euros d’aides de l’État allemand, 1,2 milliard de la Suisse, 767 millions de l’Autriche. On parle de 400 millions de la Belgique.

Malgré ces aides massives, Lufthansa vient d’annoncer que 22 000 emplois sont menacés en Allemagne et en Belgique, chez Brussels Airlines, et autour de l’aéroport de Zaventem. Selon les plans sur la table, les travailleurs qui resteront devront faire de lourds sacrifices au niveau de leur salaire et leurs conditions de travail. Cet accord ne sauve donc ni les travailleurs de Lufthansa ni ceux de Brussels Airlines. Il sauve la mise des actionnaires. Le cours de l’action est directement remonté après l’accord avec l’État allemand et encore plus après l’accord avec la Commission. Cette crise va sans doute aussi conduire à d’autres pertes d’emplois chez les bagagistes, dans la maintenance, dans la sécurité, dans le nettoyage, au niveau du contrôle aérien. Le bagagiste Swissport Belgium, par exemple, a déclaré faillite et licencié 1 500 travailleurs.

Des entreprises en bénéfices

N’oublions pas d’ailleurs, qu’au cours de l’année écoulée, grâce au travail acharné des communautés aéroportuaires, beaucoup de richesses ont été produites. L’aéroport national belge (BAC, Brussels Airport Company) a réalisé un bénéfice net de 392 millions d’euros en cinq ans. Le groupe Lufthansa, auquel Brussels Airlines appartient, a réalisé un bénéfice de 9 milliards au cours des cinq dernières années. Les travailleurs des compagnies aériennes et des aéroports ne sont pas une simple ligne dans une comptabilité. Ils méritent le respect. Ce n’est pas à eux de payer la crise du secteur.

En échange des aides généreuses, l’État allemand obtiendra bien 20 % des actions de la société mais le gouvernement renonce à toute influence réelle sur la gestion de l’entreprise. Il n’y a eu ni garantie d’emploi, ni garantie environnementale. Il n’y a pas non plus de demande de transparence fiscale complète après les révélations d’activités de Lufthansa dans des paradis fiscaux. La seule garantie que la Commission européenne a demandé concernait davantage d’accès à d’autres entreprises privées, comme RyanAir, aux aéroports de Munich et Francfort. L’argent de nos impôts ne doit pas être utilisé pour des plans de licenciements ni pour mettre en œuvre une « ryanairisation » du secteur. De plus, les partis traditionnels annoncent déjà le retrait de l’État une fois que tout ira mieux. En d’autres termes, quand la Lufthansa ira à nouveau mieux, le gouvernement vendra ses parts. L’État est là quand ça va mal mais quand ça va bien, l’État doit partir pour que les actionnaires-milliardaires se remplissent bien les poches.

Représenter les intérêts de la population, pas des actionnaires

Nous avons besoin d’une logique tout à fait autre. Quand l’État soutient des entreprises avec l’argent des impôts, il devrait agir en tant que représentant des intérêts de la population et non en tant que représentant des intérêts des actionnaires. Nous avons besoin d’un avenir durable pour le secteur aérien en Europe, un secteur aérien au service de la population et de l’économie, dans le respect des salariés et de l’environnement. 11 milliards d’aides publiques iront à une société comme Lufthansa dont la valeur boursière tourne autour des 4 milliards. En Belgique, l’État s’apprête à donner des centaines de millions d’euros pour une société qu’il a vendue lui-même pour 67 millions. Avec cet argent public investi dans les différentes entreprises aériennes, on pourrait pourtant développer un vrai projet d’avenir en nationalisant les compagnies aériennes et les aéroports. On pourrait donner un avenir pour l’emploi en réduisant le temps de travail pendant la crise. On pourrait assurer les revenus du personnel. On pourrait bloquer les flux financier en direction des paradis fiscaux. On pourrait développer un modèle respectueux de l’environnement en développant la synergie avec d’autres modes de transport, comme le train. On pourrait garantir une réduction radicale de l’empreinte carbone en réduisant les vols courts.

Une industrie qui peut avoir des conséquences dramatiques sur l’emploi et le climat ne doit pas rester sans réglementation. Notre argent, celui de nos impôts, doit servir à protéger l’emploi et à investir dans l’avenir. Pour cela, il faut une prise de contrôle démocratique de nos aéroports et des grandes compagnies aériennes. Nous ne pouvons plus laisser ce secteur entre les mains du secteur privé, qui n’arrive pas à fonctionner sans l’aide du gouvernement. Le marché se montre incapable de gérer la crise. Reprenons en main l’avenir de notre aviation.


Maria Vindevoghel, députée fédérale Belgique, PTB,

Susanne Ferschl, députée fédérale allemande, Die Linke

Marc Botenga, député européen, PTB

Özlem Alev Demirel, députée européenne, Die Linke