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Le PS en campagne et le PS au pouvoir : histoire d’un grand écart

Le Parti Socialiste (PS) mène une campagne électorale « à gauche ». Entre Paul Magnette qui promeut l’impôt européen sur la fortune et Elio « cœur qui saigne » Di Rupo qui défend le droit à la pension à 65 ans, on les croirait tous deux, parfois, inspirés par le programme du PTB. Mais que révèle l’expérience des faits ?

Lundi 29 avril 2019

À entendre les ténors socialistes, c'est comme s’ils n’avaient pas participé au gouvernement depuis longtemps. Pourtant, le PS a participé aux gouvernements fédéraux de 1988 à 2014, à tous les gouvernements de la Région bruxelloise, et il a dirigé la Région Wallonne durant 34 de ses 38 années d’existence. Qu’a-t-il fait quand il a, pour reprendre ses termes, « pris ses responsabilités » ?

1. Justice fiscale ou paradis fiscal ?

Le PS dit. Parmi les priorités mises en avant par le parti socialiste se trouvent un impôt sur la fortune, un « impôt juste » pour les grandes entreprises et la taxation des grandes fortunes.

Le PS fait… ou plutôt ne fait pas. L’impôt sur la fortune est depuis toujours dans le programme du PS. En période d’élection, en tout cas. Car, une fois qu'il participe au gouvernement, il le relègue très vite aux oubliettes...

Par ailleurs, il faut distinguer Elio Di Rupo candidat, qui jure de s’en prendre aux multinationales, et Elio Di Rupo Premier ministre, qui va vanter au sommet de Davos - qui rassemble la crème du patronat mondial - le paradis fiscal belge pour les multinationales, avec les fameux intérêts notionnels. (Lalibre.be, 21/1/14)

C’est également ce même PS de gouvernement qui a voté pour la création des intérêts notionnels en 2006. Un cadeau fiscal qui a coûté en 10 ans 40 milliards d'euros à la collectivité, comme l’avait calculé en 2016 le service d’études du PTB.

2. Salaires : entre hausse et blocage, il faut choisir

Le PS dit. Le PS affirme vouloir maintenir le système d’indexation automatique des salaires. Il propose également de réformer la loi de 1996 dite de « norme salariale » qui bloque nos salaires.

Le PS fait. En 1993, le PS participe au gouvernement De Haene, qui impose avec son Plan Global une série de mesures antisociales. Parmi celles-ci, l’index santé, qui retire de l’indexation automatique du salaire les prix du diesel, de l'essence, du tabac et de l'alcool. Une manipulation qui, entre octobre 2017 et octobre 2018, a coûté 300 euros au travailleur moyen rien qu’en raison de la hausse du prix du carburant.

En 1996, Elio Di Rupo est vice-Premier ministre lorsque est votée la fameuse loi de « norme salariale » qui cadenasse nos salaires. Et, quand il devient Premier ministre, il utilise cette loi pour bloquer les salaires par Arrêté royal. L'augmentation salariale maximale permise en plus de l'index était de 0 % en 2011, 2013 et 2014 et de 0,3 % en 2012.

Mais tout cela est oublié une fois le PS passé dans l’opposition, où il crie au scandale quand, lors des négociations pour l’AIP 2019-2020, une norme de 0,8 % est proposée. Amnésie quand tu nous tiens…

3. Précarité : le cœur qui saigne (en campagne)

Le PS dit. Se battre contre la précarité en revalorisant les allocations sociales via, notamment, la suppression du statut de cohabitant, voilà un des chevaux de bataille du PS.

Le PS fait. C'est en 1980 que le statut de « cohabitant » a été créé. Et c'est non seulement un gouvernement à participation socialiste qui l'a créé, mais carrément un ministre socialiste. Le montant de l’allocation de chômage est depuis lié au statut familial, et cette allocation est, du coup, souvent encore plus insuffisante pour vivre correctement.

Par ailleurs, on se souviendra qu’Elio Di Rupo a augmenté en 2012 la dégressivité des allocations de chômage et que sa décision de limiter les allocations d’insertion dans le temps a mené à l’exclusion de milliers de jeunes travailleurs des allocations de chômage.

Si, aujourd'hui, Charles Michel fanfaronne sur la baisse du chômage, il le doit en partie au PS qui a permis l'exclusion de 48 000 chômeurs. Elio Di Rupo Premier ministre défendait jusqu’en mai 2014 cette mesure. Elio Di Rupo chef de l’opposition à partir de mai 2014 a le cœur qui saigne rien que d’y penser…

4. Pensions : les ministres socialistes sont-ils responsables des effets de leur politique ?

Le PS dit. 1 500 euros nets minimums pour la pension, d’une part ; garantir et renforcer le premier pilier de pension (la pension publique), de l’autre. Voilà la pension made in PS si l’on en croit le programme.

Le PS fait. Aujourd’hui, les pensions belges sont plus basses que celles de nos pays voisins. Une femme sur trois touche moins de 750 euros de pension. La majorité des pensions sont aujourd’hui insuffisantes pour payer une maison de repos. Et les attaques continuent. C’est le résultat de nombreuses années de casse des pensions. Or, depuis 1990, les socialistes (francophones ou néerlandophones) ont eu le poste de ministre des Pensions pendant 20 ans.

En 2005, c’est un gouvernement avec les socialistes et le ministre socialiste néerlandophone Vandenbroucke qui instaure le Pacte des générations, dont le but est de maintenir plus longtemps les travailleurs au boulot. Notamment en rendant les prépensions moins accessibles.

Par la suite, le gouvernement Di Rupo a continué sur cette lancée en divisant le bonus pension par deux et en supprimant des périodes assimilées (comme certains crédit-temps).

Il a également diminué le calcul des pensions des fonctionnaires et réduit le droit à la prépension et à la pension anticipée pour les travailleurs du privé.

Tout cela avait d’ailleurs valu une grève générale contre le gouvernement Di Rupo en janvier 2012…

5. Encadrer les loyers ? Oui, sauf quand il faut le faire

Le PS dit. Encadrer les loyers à travers une grille contraignante, diminuer le prix des loyers et augmenter le nombre de logements sociaux font partie des priorités du PS au niveau du logement.

Le PS fait. À Bruxelles-Ville, les loyers ont augmenté de plus de 30 % dans les dix dernières années. C’est encore pire dans les communes populaires bruxelloises. Or le PS était au gouvernement à chaque fois.

Pire : le PTB a déposé des projets de décret pour une grille contraignante des loyers tant à la Région wallonne (2016) qu’à Bruxelles (2015). Mais, lorsque cela a été soumis au vote, le PS s’est abstenu en Wallonie, et a même voté contre à Bruxelles. C’était pourtant une de leurs propositions de campagne…

Par ailleurs, dans des grandes villes wallonnes dirigées par le PS, comme Liège et Charleroi, le nombre de logements sociaux a diminué entre 2012 et 2018. La demande du PTB d’augmenter considérablement le nombre de logements sociaux a même été un des points de rupture des négociations entre le PS et le PTB dans des communes comme Charleroi et Molenbeek. En campagne, le PS veut plus de logements sociaux. Mais le bourgmestre Magnette, lui, ne voulait pas trop de « pauvres » en plus dans sa commune…