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La Belgique doit refuser la présence de troupes américaines sur son territoire

Les États-Unis ont annoncé cette semaine le transfert du commandement des forces des États-Unis en Europe (EUCOM) de l’Allemagne vers la Belgique. 2 000 membres de personnel militaire et civil des États-Unis seront transférés de la ville allemande de Stuttgart à Casteau, près de Mons. C’est aussi à Mons qu’est basé le quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE), le commandement militaire de l’OTAN. La Belgique devient l’une des principales plaques tournantes militaires stratégiques de l’armée américaine. Pourquoi Trump en a-t-il décidé ainsi ? Quelles en sont les conséquences ? Et surtout, pourquoi la Belgique doit-elle refuser cette demande des États-Unis ?

Lundi 3 août 2020

Trump cherche à punir l’Allemagne

Ce repositionnement s’inscrit dans le cadre d’un plan du Pentagone basé sur un examen approfondi de la puissance militaire nord-américaine en Europe. Les États-Unis veulent retirer environ 12 000 de leurs 39 000 membres de personnel militaire et civil actuellement stationnés en Allemagne.

Si le ministre de la Défense des États-Unis, Mark Esper, attribue cette décision à des considérations stratégiques et logistiques, M. Trump se montre moins nuancé. « Nous en avons assez : nous réduisons nos troupes en Allemagne parce qu’elle ne paie pas ! » Trump brandit depuis un certain temps la menace d’un retrait des troupes américaines de l’Allemagne, pays qu’il qualifie de « délinquant », en l’accusant de ne pas tenir ses engagements financiers envers l’OTAN.

Au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Washington plaide pour une augmentation des contributions de tous les États membres à un budget de défense nationale équivalent à 2 % du PIB. Déjà critiquée par le président Obama pour son budget de défense inférieur à 2 % du PIB, l’Allemagne se trouve à nouveau dans le collimateur de Washington depuis l’élection de Trump. En 2019, l’Allemagne a affecté jusqu’à 1,38 % de son PIB à la défense. Un montant record de 49,3 milliards d’euros et une augmentation de pas moins de 10 % par rapport au budget de 2018. Mais ce n’est toujours pas assez pour les États-Unis.

D’autres facteurs encore peuvent expliquer le froid dans les relations entre les États-Unis de Trump et l’Allemagne. Les États-Unis n’ont aucun intérêt à ce que l’Allemagne investisse dans le gazoduc Nordstream II qui doit acheminer le gaz russe vers l’industrie allemande. Washington soupçonne, en outre, l’Allemagne d’avoir l’avantage dans ses échanges commerciaux avec les États-Unis, en ce qui concerne les voitures allemandes par exemple.

Pourquoi tant de troupes nord-américaines en Europe ?

Une partie des effectifs nord-américains en Allemagne seront rapatriés aux États-Unis et le reste sera repositionné dans d’autres pays européens, notamment en Italie et en Belgique. Ces effectifs seront déployés en rotation dans les pays d’Europe de l’Est ou les pays baltes. Ces pays traditionnellement alignés sur Washington occupent une position géographique stratégique aux confins de la Russie, l’un des principaux ennemis de l’OTAN.

Les États-Unis souhaitent multiplier les exercices militaires à grande échelle dans ces régions, comme Defender 2020. Il s’agissait du plus vaste déploiement militaire des États-Unis sur le sol européen depuis la guerre froide, qui a impliqué le transfert de quelque 20 000 soldats américains en Europe de l’Est. Cette simulation de guerre avait pour objectif de déterminer à quelle vitesse les troupes américaines en Europe pourraient être déployées aux frontières russes.(Lire l’article de Solidaire)

Parallèlement, les États-Unis concentrent une part de plus en plus importante de leur appareil militaire sur la seule superpuissance capable de mettre en cause leur domination mondiale : la Chine. Aussi, le général Hyten, chef du commandement stratégique des États-Unis, a-t-il déclaré que le retrait de l’Europe devrait permettre d’allouer plus de ressources au théâtre d’opération asiatique, pour contrer « l’influence malsaine » de la Chine et de la Russie.

Pourquoi la Belgique ?

Dans sa quête d’alliés européens plus fiables que l’Allemagne pour soutenir sa puissance militaire face à la Russie et la Chine, Washington se tourne donc vers… la Belgique.

S’agissant des contributions financières à l’OTAN, la Belgique est, depuis des années déjà, le deuxième plus mauvais élève de la classe. Néanmoins, sous la pression de son allié américain, le gouvernement Michel a revu à la hausse ses contributions. En outre, notre pays fait plus que compenser le faible budget de la défense en affichant invariablement sa volonté de participer à des opérations militaires aux côtés des États-Unis, comme tout récemment avec la participation belge à une nouvelle mission de F-16 dans le nord de l’Irak et en Syrie à partir d’octobre 2020.

Mais ce n’est pas tout. Theo Francken (N-VA) a donné une autre preuve de l’allégeance de nos dirigeants envers ceux des États-Unis lorsqu’on lui a posé la question sur Twitter. Il a répondu très simplement par « F-35 ». La récente décision du gouvernement belge de conclure un contrat de 12,5 milliards d’euros avec le constructeur américain Lockheed Martin pour l’achat de 34 F-35 – même s’ils sont les plus chers et les moins fiables – a certainement valu à notre pays des points de bonus.

Du point de vue historique, la place stratégique de la Belgique sur l’échiquier de l’OTAN ne date pas d’aujourd’hui. Les quartiers généraux politiques et militaires de l’OTAN sont déjà établis dans notre pays. Le quartier général politique est situé à Bruxelles (bâtiment de l’OTAN) et le quartier général militaire à Mons : le SHAPE (Grand quartier général des puissances alliées en Europe). En outre, des ogives nucléaires américaines sont stockées à Kleine Brogel. Le gouvernement belge réaffirmerait cette position s’il acceptait de transférer en Belgique l’EUCOM, mais aussi éventuellement l’AFRICOM (le commandement américain pour l’Afrique), ainsi que plusieurs autres unités de moindre envergure (notamment un quartier général de type « brigade », un bataillon d’artillerie de l’armée et un bataillon technique).

La population n’a pas été consultée par le gouvernement belge qui est à l’écoute... des USA

Le ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Philippe Goffin (MR), a confirmé à la presse qu’il a été récemment informé par son homologue américain Espers. Le gouvernement belge doit donc se contenter d’une annonce, alors que l’on s’attendrait à ce que cette importante décision fasse l’objet d’un débat approfondi au Parlement, mais aussi au sein de la population.

M. Goffin ne semblait pas s’en soucier. Comme s’il était normal que la Belgique, en tant qu’acteur passif, doive tout simplement subir les décisions américaines. Il est même allé jusqu’à s’en féliciter. Selon lui, la décision nord-américaine est un gage de la confiance placée en nous. « Lorsque nous nous engageons dans une action militaire à l’étranger, nous le faisons de manière sérieuse. » Il faisait allusion à la récente décision du gouvernement belge de déployer quatre F-16 belges dans la coalition internationale contre Daech dirigée par les États-Unis à partir d’octobre. Se rend-il compte qu’à la lumière de la nouvelle doctrine nucléaire de Donald Trump, qui envisage l’utilisation de la bombe atomique « non plus comme un moyen de dissuasion au sens strict » mais dans le cadre d’une intervention militaire offensive, la Belgique pourrait de fait se convertir en un objectif en cas de guerre nucléaire ?

Le PTB préconise une politique de paix indépendante et active

Le PTB ne veut pas de troupes nord-américaines supplémentaires et pas de quartiers généraux militaires américains sur le sol belge. Pourquoi ? Parce que nous croyons en une politique de paix active. Nous souhaitons une démilitarisation des relations internationales. Les États-Unis et l’OTAN ne sont intéressés que par la surenchère guerrière vis-à-vis de la Russie et de la Chine. Ceci aux seules fins de préserver leurs intérêts stratégiques et économiques. Une telle attitude conduira inéluctablement à la guerre et ce sont les travailleurs du monde entier qui en supporteront les conséquences.

Nous refusons également de participer à l’appel d’offres militaire de l’OTAN qui impose à tous les États membres d’investir 2 % de leur PIB dans la défense. La pandémie de coronavirus pose suffisamment de problèmes économiques et sociaux qui nécessitent énormément de ressources. C’est pourquoi le PTB a déposé une résolution au Parlement fédéral demandant au gouvernement d’annuler, pour des raisons de force majeure, le contrat portant sur l’achat de 34 F-35. En ces temps exceptionnels de pandémie, nous devons faire preuve de courage politique pour redresser les mauvais choix du passé.

Nous devons également préconiser la ratification du Traité international sur l’interdiction des armes nucléaires et la nécessité urgente de retourner à la table des négociations avec toutes les grandes puissances pour contrôler la recherche, la production et le déploiement des armes de destruction massive. Entre-temps, les États dotés d’armes nucléaires prévoient d’investir 1 000 milliards de dollars dans leurs arsenaux nucléaires au cours des 20 prochaines années. Une somme qui serait mieux investie dans les soins de santé accessibles et dans la lutte contre le réchauffement climatique.

La Belgique doit rejeter cette demande des États-Unis et remettre en question son investissement dans l’OTAN. Nous devons mener une politique de paix active et indépendante.