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L’entreprise chimique Ashland met un travailleur sur quatre à la porte, modère les salaires... et offre 55 millions d’euros aux actionnaires

L'entreprise chimique Ashland Specialties, située à Doel, produit de la méthylcellulose, un produit utilisé, entre autres, dans les gels désinfectants pour les mains. Pendant la crise du coronavirus, la demande pour ce produit a explosé. Les bénéfices aussi. Pourtant, aujourd’hui, Ashland veut supprimer un quart des emplois et imposer des modérations salariales pour les autres.

Mardi 29 décembre 2020

L’entreprise chimique Ashland met un travailleur sur quatre à la porte, modère les salaires... et offre 55 millions d’euros aux actionnaires

« Nous avons fait beaucoup d'heures supplémentaires ces derniers mois, explique un travailleur au piquet de grève. Nous ne sommes pas restés un seul jour les bras croisés. Après la première vague, nous avons eu un jour de vacances supplémentaire en guise de remerciement. Nous obtenons des résultats records dont la direction ne pouvait même pas rêver avant. »

Pourtant, le 11 décembre, les travailleurs ont reçu une véritable gifle. La direction a annoncé son intention de licencier. Pas parce qu'il y a pas assez de travail. Pour pouvoir faire face au surcroît de travail, les salariés qui le peuvent devront prester des heures supplémentaires. « Il y aura une modération salariale pour le personnel restant », explique un travailleur au piquet de grève.

Des travailleurs qui rapportent, mais des coûts salariaux trop élevés ?

La direction veut supprimer 39 des 167 emplois. Cette restructuration impacte aussi bien les ouvriers et les employés que les cadres. En outre, la direction exige une modération salariale pour le personnel restant. Ces salariés devront effectuer 144 heures supplémentaires par an. Cela équivaut à 12 à 18 jours en plus. Par ailleurs, les années d'ancienneté ne sont plus prises en compte.

L'entreprise montre pourtant un bilan très enviable. Le bénéfice net du site de Doel pour cette année s’élève à 1 537 254 euros. En d’autres termes, chaque salarié génère un bénéfice de 15 629 euros (2 547 464 euros de bénéfice avant impôts sur 163 salariés).

Pourtant, pour Erik Van Hove, directeur de l’usine, « les coûts du travail sont trop élevés ». Dans la logique capitaliste, ce n’est jamais assez, on en veut toujours plus. Les actionnaires n’ont pas à se plaindre: cette année-ci, le groupe leur versera pas moins de 55 millions d'euros en dividendes.

Pas de concertation sociale : les travailleurs partent en grève

La direction a déjà mis au courant les personnes qu'elle veut licencier. Cela s'est fait sans concertation avec les syndicats et en totale violation des dispositions légales. Cinq délégués syndicaux figurent sur la liste des travailleurs mis à la porte. Il ne s'agit donc pas de simples mesures d’austérité.

Mais le personnel et les syndicats sont déterminés. Ils se sont mis en grève tout de suite et ont immédiatement arrêté la production. Parmi les ouvriers et les employés, il n’y a pas de volontaires. Les syndicats ne veulent plus parler de ce plan avec la direction.

Ils se sentent soutenus par les visites de solidarité de délégations venues d'autres entreprises. « On vient nous soutenir tous les jours, témoigne un travailleur. C’est vraiment appréciable. Il y a une prise de conscience qu'il ne s'agit pas que de nous. Accepter ces licenciements et ces conditions de travail moins favorables marque un précédent pour l'ensemble du secteur ».

Le PTB exige un moratoire sur les licenciements pendant la crise du coronavirus

« Nous exigeons, au Parlement, un moratoire pour interdire les licenciements pendant la crise du coronavirus, explique Gaby Colebunders, député PTB. Le 29 avril, nous avons déjà présenté une proposition de loi en ce sens. Pendant toute la crise, la production dans l'entreprise Ashland n'a pas été arrêtée un seul jour. En guise de remerciement, après la première vague, tous les travailleurs ont obtenu un jour de congé supplémentaire de la part de la direction. »

Les entreprises en difficulté peuvent recourir au chômage économique pour leur personnel pendant la période de crise. C'est pourquoi le PTB souhaite un moratoire sur les licenciements pendant cette période.