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In memoriam Marc Dewachter, working class hero

Marc Dewachter, l’un des premiers ouvriers à avoir rejoint la direction du PTB, nous a quitté. Il y a deux ans, il était parvenu à vaincre un cancer, mais, malheureusement, en janvier, la maladie revenait le frapper. Il avait 67 ans.

Mercredi 25 mars 2020

Marc, tout est l’œuvre des mains et de l’esprit des gens. En 1970, à 18 ans, à peine sorti de l’école, tu as commencé à travailler à « De Zilver », une grande usine du groupe Métallurgie Hoboken (ex-Umicore), dans la banlieue anversoise. Tu étais un jeune artisan, le regard ouvert sur le monde, désireux d’en connaître les tenants et les aboutissants. C’est à la maison des jeunes De Lamp que tu as acquis cette curiosité et cette ouverture d’esprit. Dans la région, De Lamp était à la fois une maison des jeunes, un café, et un centre culturel et politique. Ce lieu bouillonnant était pour beaucoup la porte d’entrée vers une vie engagée, dans toutes sortes de directions. Après tout, tout le monde a besoin de trouver sa voie. Avant même que les maisons médicales du PTB ne soient baptisées Médecine pour le Peuple, De Lamp avait un groupe de travail du même nom. C’est là que Kris Merckx est venu raconter comment il avait lancé sa maison médicale, pratiquement à côté de l’usine... où tu travaillais.

Hoboken payait un lourd tribut au saturnisme (intoxication au plomb), tant au sein de De Zilver qu’à l’extérieur, comme l’a démontré Médecine pour le Peuple. Du droit de prendre une douche à l’intérieur de l’usine ou de la pollution au plomb à l’extérieur de l’usine, tu ne supportais aucun abus. Pour toi, toute situation incorrecte devait être corrigée. Tu as toi-même contracté le saturnisme. Bien malgré toi, tu as été la preuve vivante que « le capitalisme rend l’homme et la nature malades » et que « l’environnement commence à l’usine ». Tu es devenu l’un des moteurs du mouvement contre le plomb et du groupe politique naissant chez Métallurgie.

Dans ton élément parmi tes hommes

Tu as rejoint le syndicat, où tu as pris la fonction de délégué. En tant que responsable de la maintenance, tu passais partout dans l’usine, tu as fait connaissance avec tout le monde. Écouter les préoccupations des gens, les regarder dans les yeux, tu faisais cela à merveille. C’est pour cela que tu sentais et exprimais si bien ce qu’il se passait sur le terrain : les inquiétudes, les questions et les doutes, les propositions. Pour en tirer le meilleur et inspirer le groupe.

Tu étais dans ton élément parmi tes hommes. Tu les comprenais, tu parlais leur langage, tu connaissais les mots qui allaient les toucher. Lorsque tu avais quelque chose à dire, c’était sans détours, sans fioritures. Lorsque tes collègues se pressaient pour t’écouter, tu savais te montrer à la hauteur. Tu croyais en eux. Avec patience, tu leur as permis de former un collectif fort. Petit à petit, Métallurgie a commencé à employer de nombreux travailleurs issus de l’immigration. En 1994, la campagne « Entreprise sans racisme » était lancée. Tu as impliqué Métallurgie dans cette campagne pour l’égalité des droits. Ta délégation syndicale a été l’une des premières à recevoir le certificat « Entreprise sans racisme ».

« Il ne se contente pas de réfléchir, il voit plus loin »

Tu as toujours été avide de connaissance et d’informations. Tu analysais les bilans et la stratégie de ton employeur et y puisais des arguments pour donner de la force à tes collègues et leur permettre de se mobiliser ensemble. Pendant des années, tu n’as pas eu la télévision à la maison. Tu lisais. Des ouvrages historiques et scientifiques, des livres et des textes marxistes...C’est ainsi que tu es devenu capable de remettre les choses en contexte. Mais, loin de toute prétention, tu ne faisais jamais la leçon à personne. Tu réveillais simplement les consciences. « Il ne se contente pas de réfléchir, il voit plus loin », disait l’un de tes camarades.

Tu as toujours travaillé en groupe, jamais seul. Tu as constitué un noyau militant clé du syndicat. Chaque mois, tu rencontrais également des collègues du groupe du parti chez Metallurgie. Tu as bien vite pris la direction des opérations au PTB. Tu étais convaincu qu’il était possible de construire un parti marxiste qui soit à la fois fondé sur des principes, mais souple, et au sein duquel les travailleurs se sentiraient chez eux. Les propositions des années 1990 visant à rendre le parti plus accessible aux travailleurs sont largement inspirées de ton expérience chez Metallurgie.

Une épine dans le pied du patron

Tu avais quelque chose de jouette, Marc, quelque chose de malicieux, d’espiègle. Mais tu étais aussi un homme d’une profonde intégrité, déterminé à gagner le combat. Tu savais très bien que tu étais une épine dans le pied du patron, mais tu savais aussi que tu étais entouré de tes hommes. En 2002, au bout de 32 ans de service, tu as été licencié sans préavis, soi-disant parce que tu n’avais pas respecté les règles de sécurité. Alors que la santé et la sécurité étaient justement tes domaines de prédilection. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe, tes collègues ont débrayé et exigé ta réintégration. Ils ont organisé une manifestation dans les rues de Hoboken, où ils ont défilé avec une affiche à ton effigie. Ils ont témoigné devant le Tribunal du travail qui a rendu un verdict irréfutable : licenciement abusif. Mais la direction t’a versé des indemnités et refusé de te reprendre à l’usine. Pour toi, c’était comme si on t’empêchait de respirer. « Car sans mes hommes, je ne suis que seul. »

Mais tu n'as pas cessé le combat. En 2005, tu étais à nouveau sur le pied de guerre pour lutter contre le Pacte des générations. Il fallait bien évaluer la situation puisque le gouvernement s’en prenait au régime de la prépension. Et le fait que cette attaque se veuille discrète ne devait pas endormir la résistance. Il fallait diffuser largement des informations exactes sur les intentions et les actes du gouvernement. Tu as participé à la rédaction des brochures nationales à ce sujet, en estimant correctement le rapport de force : les points forts du mouvement et les points faibles du gouvernement. Avec des points de rupture et des revendications justes et réalistes. Le tout exprimé dans un langage direct et clair. « Il vaut mieux bien exprimer un ou deux points pour que les gens les comprennent, que quatre ou cinq qui leur passeront au-dessus de la tête », disais-tu. Tu as largement diffusé notre slogan : « 450 000 chômeurs, pourquoi travailler plus longtemps ? ». C’était évidemment la bonne question à se poser, que tout le monde comprenait et qui disait quelque chose de l’absurdité du « marché de l’emploi » capitaliste. Nous avons pris cette approche comme exemple lors du Congrès du Renouveau du parti, en 2008. Avec ce congrès, c’est un vent nouveau qui soufflait sur le parti. Un grand potentiel s’est libéré, le parti a commencé à s’épanouir et s’est renforcé.

Le nouveau monde semble prêt à éclore

Une fois retraité, tu as continué à travailler dans la maintenance, mais en tant que bénévole chez Médecine pour le Peuple. En juillet dernier, tu distribuais des tracts aux portes d’Umicore après notre victoire électorale, ce qui t’a donné l’occasion de bavarder avec tes anciens collègues.

Marc, tu as contribué à faire du parti ce qu’il est aujourd’hui. Tu ne trouvais pas qu’il était important de mentionner ton nom. Pour toi, le travail était collectif et non individuel. Et ce travail, tu l’accomplissais aussi avec Erika, la femme de ta vie, que tu avais rencontrée à De Lamp, qui est ensuite venue travailler chez Umicore et a été active dans le syndicat. Vous étiez inséparables. Erika a toujours fait preuve d’un esprit de coopération et cherché des solutions, même lorsqu’il était difficile de trouver la bonne voie. Nous lui présentons nos plus sincères condoléances, ainsi qu’à vos fils, Koen et Jan.

Le temps est avec nous, c’est ce que nous chantions ensemble. Dans le monde de demain, nous continuerons à entendre tes boutades. Regarde comme le nouveau monde semble prêt à éclore en cet étrange début de printemps !

Adieu !

 

Au nom du PTB,
Jef Bruynseels