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Grandes fortunes : c’est toujours celles qui en touchent le plus qui en paient le moins

C’est devenu une tradition. Le service d’études du PTB vient de sortir son Top 50 des entreprises qui bénéficient le plus de la fiscalité belge. Attention spoiler : les plus riches ne paient toujours pas l’impôt prévu…

Mardi 9 octobre 2018

« Les grandes fortunes belges sont les grands bénéficiaires des petits impôts des sociétés ». C’est le titre de la neuvième édition du TOP 50 des ristournes fiscales et du TOP 1000 des bénéfices du service d’études du PTB.

Rappelons que les chiffres utilisés par Marco Van Hees viennent de la Banque nationale et non des syndicats ou du PTB. Téléchargez ici l'étude complète.

« Les 50 sociétés belges championnes de l’évitement fiscal payent un taux d’imposition moyen de 2,6 %. Les 1000 sociétés les plus bénéficiaires de Belgique payent un taux d’imposition moyen de 12,6 %. Si la réforme de l’impôt des sociétés n’est pas encore d’application, on peut constater que son impact aurait été très faible. » Marco Van Hees, député fédéral et spécialiste fiscalité du PTB, auteur de cette étude, résume les premières indications qui ressortent de son analyse.

Cette année, les 50 entreprises qui ont le plus bénéficié de la fiscalité belge ont payé… 2,6 % d’impôts. Loin des 33,99 % d’application selon la législation. Ce sont les petits indépendants qui payent, eux, ce taux, qui doivent être contents…

« Les riches familles belges font l’impasse sur notre système fiscal »

Mais l’indication la plus frappante de ce Top est la présence de sociétés de grandes fortunes de notre pays. Marco Van Hees : « Ces riches familles ne sont pas soumises à un impôt sur la fortune. Elles échappent à la nouvelle taxe sur les comptes-titres car leur patrimoine financier n'est pas détenu via un compte-titres. Et elles accumulent leur fortune dans ces sociétés holdings qui ne payent pratiquement pas d'impôts. Au lieu de contribuer à la mesure de leurs gigantesques moyens, ces familles font l'impasse sur notre système fiscal. »

Petit tour d’horizon de ces familles.

Numéro 1 : la famille Boël, via son holding Sofina. Sofina qui distribue des dividendes chaque année à ses actionnaires depuis… 1905. Et dont Guy Verhofstadt ; ancien Premier ministre libéral, est administrateur.

Les familles Solvay et Janssen portent haut les couleurs de notre fiscalité, elles aussi. Marco Van Hees : « Unies par des liens patrimoniaux et matrimoniaux, les familles Boël, Solvay et Janssen symbolisent par excellence les représentants du vieux capitalisme belge (francophone) dont l'enrichissement remonte au 19e siècle mais qui figurent toujours au sommet aujourd'hui. Selon le classement du site derijkstebelgen.be, la famille Janssen occupe ainsi la 9e place des fortunes belges avec 3,1 milliards d'euros, la famille Boël la 15e place avec 1,5 milliard d'euros. »

Ces familles contrôlent cinq sociétés présentes dans le Top 50.

Les familles à la tête d’AB-InBev profitent elles aussi des largesses du gouvernement. « Les actionnaires historiques du premier brasseur mondial monopolisent le podium des plus grandes fortunes belges. Comme les Boël-Solvay-Janssen, elles sont liées par mariage à une série de familles de la haute noblesse et de la grande bourgeoise, deux catégories qui souvent se confondent », analyse l’auteur de l’étude.

Viennent ensuite les familles actionnaires de la KBC (Vlerick, Bosteels, Bostoen, etc.), la famille Frère (d’Albert), les familles des différents Delhaize, les familles Lhoist-Berghmans, Huts, D’Ieteren…

A noter aussi la très bonne place des familles Bertrand-Ackermans-van Haaren. Le holding Ackermans & van Haaren est présidé par Luc Bertrand, dont la fille, Alexia, qui siège aussi au conseil d’administration, est cheffe du cabinet de Didier Reynders. Ce qui fait dire à Marco Van Hees : « On peut supposer que lors des discussions gouvernementales sur la taxe sur les comptes-titres, Alexia Bertrand n'a pas dû défendre la taxation des patrimoines financiers qui, comme celui de sa famille, sont détenus par d'autres biais qu'un compte-titres… »

« Il n’y a pas d’argent » Ah bon ?

Si les entreprises du Top 50 avaient payé le taux normal, l’État belge aurait vu atterrir dans ses caisses… 5,19 milliards d’euros. Un gros manque à gagner (et surtout, à investir) dont se prive consciemment le gouvernement. Et ce chiffre monte à 9,8 milliards d’euros si on prend en compte les bénéfices des 1000 entreprises qui font le plus de bénéfices (elles paient 12,6 % d’impôts). Alors que le gouvernement Michel-De Wever répète qu’il faut travailler plus longtemps pour moins de pension, qu’il faut privatiser les services publics, qu’il faut ne plus remplacer les profs qui partent à la retraite, etc. « parce qu’il n’y a pas d’argent », on comprend que cela relève du choix politique et non d’un quelconque « pragmatisme »… Précisons que la question n’est même pas ici d’ajouter un impôt, mais de respecter celui qui devrait être en vigueur…

Bref, quand on lit ce Top 50, on ne peut regretter encore une fois que notre pays est un paradis fiscal pour les plus riches, un enfer pour les travailleurs. Ce sont les chiffres de la Banque nationale de Belgique qui le montrent.