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Gouvernement flamand : analyse d’un accord froid et antisocial

Alors que le nouveau gouvernement flamand, emmené par le N-VA Jan Jambon, présente un plan pour une Flandre froide et austéritaire, un nouveau vent se fait sentir dans le parlement flamand. Depuis le 26 mai, le PTB y compte quatre élus, qui mènent une opposition combative et ne se sont pas privés de relayer les aspirations des citoyens et de la société civile.

Vendredi 11 octobre 2019

 

 

La stratégie du bouc émissaire

« Le sentiment existe que les charges et les avantages ne sont pas répartis de manière équitable », a déclaré le tout nouveau ministre-président Jan Jambon lors de la présentation de son nouveau gouvernement. Il n'évoque pas le sort des travailleurs de Flandre qui paient toute leur vie une grosse cotisation pour leur pension et qui, dans leurs vieux jours, doivent se débrouiller avec une minuscule pension de 1 200 euros, pendant que les politiciens s'octroient eux-mêmes de plantureuses indemnités de départ et des pensions de luxe de plus de 4 000 euros par mois. Jambon ne parle pas non plus des 150 000 enfants qui grandissent dans une famille pauvre tandis que les multinationales bénéficiaires ne paient quasiment pas d'impôts et que des industriels fortunés transfèrent leur capital vers le Panama.

Non, ce n'est pas de ceux-là que parle Jan Jambon, mais bien des « nouveaux arrivants » qui, selon la N-VA, bénéficieraient d'avantages abusifs. « Le ticket d'entrée dans notre société sera plus cher », a tranché Jambon. Le parcours d'intégration, obligatoire, coûtera dorénavant 360 euros par personne. Et les réfugiés reconnus ne toucheront plus d'allocations familiales pendant une certaine période.

Les nouveaux arrivants doivent attendre au moins 5 ans avant de pouvoir s'inscrire sur une liste d'attente pour un logement social et 10 ans avant d'avoir droit à la protection sociale flamande. Comme si les longues listes d'attente pour un logement social étaient la faute des réfugiés et non du gouvernement flamand qui refuse depuis des années d'investir dans des logements en suffisance.

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Jambon 1er, un gouvernement des factures salées

Le gouvernement flamand met en évidence un bouc émissaire pour détourner l'attention des vrais problèmes. Cette stratégie a pour but de dissimuler l'attaque contre les travailleurs de Flandre. Jambon 1er casse en effet les droits sociaux et les droits démocratiques de toute la classe des travailleurs.

Le gouvernement supprime le bonus logement, une prime fiscale régionale sur l’achat d’une première habitation, et compense prétendument cette décision par la baisse des droits d'enregistrement. Cela coûte toutefois 37 000 euros à un jeune couple qui veut acquérir un logement moyen. En revanche, celui qui achète une villa de 2 millions d'euros bénéficie bel et bien de la nouvelle réglementation. Et celui qui achète un deuxième logement reçoit toujours un bonus logement. Les millionnaires sont chouchoutés, les locataires et petits propriétaires, eux, abandonnés à leur sort. Dans l'accord ne figure pas la moindre mesure pour rendre les loyers payables. Pas de prix maximum objectif fixé pour les loyers. Pas de baisse de la garantie locative. Pas de mesure pour lutter contre les spéculateurs immobiliers et les gros promoteurs.

Aucun montant supplémentaire pour les logements sociaux n'est prévu. En Flandre, 154 000 personnes sont sur une liste d'attente pour un logement social, mais l'accord de gouvernement ne mentionne aucun objectif concret pour des logements sociaux supplémentaires. Alors que les experts affirment que 20 % de logements sociaux est un minimum, le gouvernement flamand fixe pour la première fois un maximum de 15 %. Les prix des logements sociaux augmentent également, mesure qui risque d'affecter durement les familles les plus vulnérables. De la sorte, on amplifie encore la crise du logement.

Le gouvernement Jambon promet que la facture d'énergie « n'augmentera pas davantage ». Il ne manquerait plus que ça : en cinq ans, le facture d'électricité en Flandre a augmenté de 400 euros, 17 fois plus vite que dans nos pays voisins. Le gouvernement Jambon 1er promet de faire baisser la facture d'énergie des grandes entreprises pour la ramener au niveau des pays voisins, mais la facture d'énergie des ménages, elle, reste tout aussi chère. Les charges pour les ménages, les avantages pour Big Business. Des factures exorbitantes pour l'énergie, l'école et les maisons de repos : en ne remédiant aucunement à cela, Jambon 1er devient simplement un gouvernement des factures salées.

Ceux qui ne doivent pas non plus s'attendre à un changement, ce sont les gens qui figurent sur les nombreuses et bien trop longues diverses listes d'attente. Pour répondre aux besoins urgents en matière d'aide psychologique, 800 millions d'euros sont nécessaire, mais Jambon 1er prévoit à peine 18 millions. Il faut 1,6 milliard d'euros pour résorber les listes d'attente pour les personnes atteintes de handicap, mais le gouvernement prévoit à peine 270 millions, juste de quoi répondre aux cas les plus urgents. Avec cette politique, les listes d'attente vont continuer à s'allonger à raison de près de 2000 personnes par an. C'est d'un turbo dans la politique sociale dont nous avons besoin, pas d'investissements-fantômes.

L'inégalité dans l'enseignement est encore creusée. Jambon 1er opte pour un enseignement taillé pour l'élite. L'enseignement actuel pousse les enfants de familles pauvres vers l'enseignement professionnel, et les enfants de parents riches se retrouvent dans des écoles d'élite. Cette situation est encore renforcée. Cette sélection précoce n'a rien à voir avec les talents ou l'intelligence, elle est le fait d'un système d'enseignement élitiste.

Il n'y aura pas de facture maximum dans l'enseignement secondaire, et de nouvelles économies seront opérées dans l'enseignement supérieur en supprimant les petites sections. Dans l'enseignement secondaire, on stimule le développement d'écoles d'élite. Un premier degré large, qui doit justement œuvrer à une plus grande inclusion des enfants de parents peu scolarisés, passe également à la trappe. La démocratisation de l'enseignement supérieur est mise sous pression par des examens d'entrée et l'obligation de réorientation après un premier échec. Et en qui concerne la pénurie d'enseignants, le nouveau gouvernement flamand semble viser le championnat du monde des promesses non tenues. Quelles mesures concrètes Jambon 1er va-t-il prendre pour résoudre cette pénurie aiguë ?

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Un accord pauvre

Il faut « être aux petits soins » pour « nos » multinationales et leur octroyer « les meilleures chances pour l'avenir », mais le mot « pauvreté » est, lui, pour ainsi dire inexistant dans l'accord de gouvernement. Pas d'objectifs pour augmenter considérablement le nombre de logements sociaux ou le nombre d'emplois dans l'économie sociale. Pas de diminution de la facture d'énergie, pas de facture maximum dans l'enseignement secondaire.

« Un accord lamentable », estime le spécialiste de la pauvreté Wim Van Lancker, qui voit dans l'accord de gouvernement avant tout des mesures rendant la lutte contre la pauvreté encore plus difficile. Comment explique-t-on que des réfugiés reconnus n'aient plus droit à des allocations familiales pendant leur procédure ? En pénalisant financièrement les familles vulnérables, on amplifie encore la pauvreté des enfants. Si les nouveaux arrivants doivent attendre 10 ans pour obtenir un logement social, on pousse les gens dans la pauvreté. Par ailleurs, la règle qui vise à imposer 5 ans de résidence à un endroit pour avoir accès aux listes d’attentes pour les logements sociaux affecte également les Flamands vulnérables, souvent contraints de déménager parce que les loyers sont devenus impayables dans les grandes villes.

L'accord de gouvernement parle de responsabiliser tout le monde, mais le gouvernement, lui, fuit sa propre responsabilité. Il n'y a aucune politique cohérente de la pauvreté. « La lutte contre la pauvreté semble être réduite à une lutte contre les pauvres, conclut Netwerk Tegen Armoede (le réseau flamand de lutte contre la pauvreté). Si on veut vraiment faire reculer la pauvreté, c'est d'autres choix qu'il faut opérer : une facture maximum dans l'enseignement secondaire, suffisamment de logement abordables et d'emplois de qualité. » Les services sociaux sont démantelés et les gens sont censés se débrouiller. La « responsabilité individuelle » remplace une politique sociale structurelle. Selon le gouvernement flamand, si on se retrouve dans la pauvreté, c'est sa propre faute.

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Le patron, c'est les patrons

« Mon patron, c'est le Voka (le lobby patronal flamand) », a un jour dit Bart De Wever. L'accord de gouvernement se lit donc comme un plan d'une Flandre de l'exportation qui doit faire partie du top international. « La force de concurrence des petites et grandes entreprises dans tous les secteurs économiques est une garantie pour le développement de la prospérité dans toute la Flandre. » En réalité, ce sont les travailleurs qui paient la note : gel des salaires, pouvoir d'achat en baisse et relèvement de l'âge de la pension.

« Un accord fort pour une Flandre forte », estime l'organisation patronale flamande Voka. La Flandre veut rendre la politique d'activation beaucoup plus stricte. On ne lutte pas contre le chômage, mais contre les chômeurs. Celui qui est depuis deux ans au chômage – par exemple les plus de 55 ans qui ont été licenciés et qui retrouvent très difficilement un emploi – devra obligatoirement effectuer un travail au service de la collectivité. Les experts sont pourtant unanimes sur ce sujet : cette sorte de travail obligatoire qui contraint les gens à travailler pour une allocation inférieure à 1 200 euros, sous le seuil de pauvreté, n'aide en rien les gens à accéder à un nouvel emploi. Au contraire, la mesure détruit justement des emplois à part entière, tout comme l'opération d'économies que planifie le gouvernement flamand dans les services publics.

Les malades de longue durée et les personnes atteinte d'un handicap physique ou mental doivent également être plus rapidement remis au travail, précise l'accord de gouvernement. Même chose pour les prépensionnés et même les mères au foyer qui ne demandent pas d'allocation : ils sont poussés sur le marché du travail. C'est le grand rêve du Voka : contraindre les gens à se concurrencer entre eux pour les jobs-hamburgers sous-payés de l'actuel marché du travail.

Dans la Flandre du Voka et de la N-VA, tout le monde devient un profiteur. Les malades de longue durée, auxquels on fait porter une part de responsabilité du « taux d'activité trop bas ». Le milieu associatif, qui n'est « pas efficace » et « sur-subsidié ». Les étudiants, qui restent bien trop longtemps aux études. Les nouveaux arrivants qui « viennent profiter de tous les avantages, sans contribuer à la société ». Les chômeurs qui « n'ont pas envie de travailler », comme l'a dit Jambon lors de sa conférence de presse. La réalité, c'est pourtant que des multinationales comme Continental, Thomas Cook, Punch Powertrain et KBC suppriment des centaines d'emplois parce que les bénéfices des actionnaires passent bien avant l'emploi durable.

Par ailleurs, on continue à économiser sur les services publics : par la privatisation partielle de De Lijn et la poursuite de la marchandisation du travail social, mais aussi par des économies directes sur la VRT et sur les services publics. Il faut dégraisser, nous dit-on, même si 4 000 emplois ont déjà disparu dans les services publics lors des précédentes législatures. La nomination des fonctionnaires doit aussi passer à la trappe, même si celle-ci garantit aux agents des services publics un emploi durable et une pension correcte.

Alors que les syndicats exigent à juste titre une augmentation du salaire minimum à 14 euros, avec des droits de pension à part entière, le gouvernement flamand subsidie la politique de bas salaires des multinationales flamandes. Les travailleurs payés au salaire minimum reçoivent un « job-bonus » de 50 euros supplémentaires par mois, payés par l'argent du contribuable. Cette proposition est littéralement tirée du mémorandum du Voka mais, début 2019, le précédent ministre de l'Emploi, Philippe Muyters, n'avait toutefois pas voulu la mettre en œuvre parce que « ce n'est pas la solution pour que des emplois qui ne trouvent pas preneurs soient subitement occupés ».

Le piètre ambition en matière de climat provient également en droite ligne du mémorandum du Voka. Il n'y aura pas de normes plus strictes pour les multinationales, pas d'investissements obligatoires dans l'énergie durable ou l'économie circulaire. Le 20 septembre, 15 000 personnes étaient une nouvelle fois descendues dans la rue pour exiger une politique climatique ambitieuse, mais ce gouvernement leur rit tout simplement au nez. L'objectif pour 2050 est revu à la baisse : de 100 % d'émissions de CO2 en moins à 80 %. Le gouvernement flamand veut doubler la quantité d'énergie solaire et éolienne d'ici 2030, mais cela signifie toujours une proportion d'à peine 13 %. Comment allons-nous pouvoir réellement gagner la lutte contre le réchauffement climatique ? Il n'est pas question non plus de mobilité durable. Des milliards sont investis dans les autoroutes, mais on continue à imposer à De Lijn des budgets de misère. Les transports publics ne sont pas renforcés, mais démantelés. Il y aura davantage de lignes de bus privées, et la privatisation totale du transport en bus sera expérimentée dans une certaine partie du territoire.

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Endoctrinement nationaliste

Les bourgmestres flamands pourront désormais choisir de remplacer l’écharpe mayorale noir-jaune-rouge par une écharpe nationaliste noir et jaune. Une mesure qui peut paraître purement symbolique, mais qui s’inscrit clairement dans le glissement idéologique vers la droite du gouvernement Jambon Ier. Les symboles nationalistes, comme le « canon flamand » illustrant la grandeur du passé flamand ou encore le nouveau « musée de l’histoire et de la culture flamande », sont censés préparer les Flamands au projet séparatiste de la N-VA et rallier les capitaines d’industrie à cette « Flandre forte ». « Si cela n’a l’air de rien, écrit Marc Reynebeau dans le quotidien De Standaard, la nouvelle coalition en profite pour creuser des tranchées de politique partisane dans l’espace public. ». L’idée est d’imprégner les Flamands d’une identité flamande et d’une vision du monde conservatrice et nationaliste au travers de l’art, la culture et l’enseignement.

La politique culturelle flamande devient un instrument d’endoctrinement nationaliste. Et ce n’est pas un hasard si, pour la première fois, on se retrouve sans ministre de la Culture, mais que c’est Jan Jambon, ministre-président, qui hérite de ce portefeuille qu’il a placé tout en haut de la pile de ses autres compétences « comme une pizza à emporter sur laquelle se rue une personne affamée à la fin d’une longue nuit », écrit l’auteur Jeroen Olyslaegers. La culture n’intéresse le gouvernement flamand que dans la mesure où elle met en lumière la grandeur de la nation flamande. « La Flandre ne peut briller que si sa culture rayonne. Les maîtres flamands d’hier et d’aujourd’hui et dans toutes les disciplines artistiques doivent devenir la vitrine de la grandeur de la Flandre ».

Par ailleurs, de nouvelles coupes budgétaires se préparent dans le secteur. Alors que de nombreux artistes sont confrontés à des difficultés financières, on continue de sabrer dans les subventions de projets au profit des grandes maisons de renommée internationale ainsi que des multimillionnaires collectionneurs d’art du genre Fernand Huts. Art et culture ne sont plus des leviers de la créativité, de la diversité et de l’émancipation, mais doivent désormais avant tout servir à promouvoir l’identité flamande.

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L’empreinte du Vlaams Belang

L’empreinte du Vlaams Belang sur l’accord de gouvernement est plus que manifeste. Ce n’est pas sans raison que le Vlaams Belang a négocié durant deux longs mois sur le contenu de la note préparatoire de Bart De Wever. Les rayures brunes sont clairement visibles. En créant un poste de ministre régional de la Justice, le gouvernement Jambon Ier cherche le conflit avec le gouvernement fédéral. La stratégie du bouc émissaire visant à montrer du doigt les nouveaux arrivants, la politique d’activation stricte et la chasse aux pauvres et aux malades de longue durée sont de vieilles revendications du Vlaams Belang. Séparatisme et approche intransigeante vis-à-vis des plus faibles de notre société, c’est là que la N-VA et le Vlaams Belang se rejoignent.

Le retrait de la Flandre d’Unia, le centre pour l’égalité des chances, a valu à Jan Jambon les félicitations euphoriques du leader Filip Dewinter. « Nous avons gagné. En 2004, Unia a fait tomber le Vlaams Block dans le cadre d’un procès pour racisme. Aujourd’hui, c’est au tour du Vlaams Belang de terrasser Unia. Une institution inutile et dépensière ! » « Unia a fait plus de tort que de bien », a renchéri Jan Jambon lors de sa première interview en tant que ministre-président. Le centre pour l’égalité des chances joue pourtant un rôle fondamental dans la lutte contre la discrimination basée sur l’origine – et de plus en plus – basée sur l’orientation sexuelle. Les personnes souffrant d’un handicap qui font appel à l’Unia sont de plus en plus nombreuses. Bien que Jan Jambon ait affirmé lors d’une séance plénière au parlement vouloir « lutter contre toutes les formes de discrimination », le gouvernement flamand refuse de recourir à des testings en vue de détecter des pratiques discriminatoires sur le marché du logement et sur le marché de l’emploi. En enterrant la lutte contre la discrimination structurelle au sein de la société, le gouvernement flamand a créé une catégorie de citoyens de second rang.

Gwendolyn Rutten a dès lors beau dire que le « Vlaams Belang n’était pas assis à la table des négociations », les empreintes digitales de Filip Dewinter apparaissent très clairement sur l’accord de gouvernement flamand. Outre le retrait d’Unia (qui était le premier des 70 points du programme du Vlaams Blok à l’époque), il y a également l’assèchement financier de l’organisation « Minderhedenforum » et de toutes les organisations d’aide aux migrants (point 2), et ce, même si elles jouent un rôle crucial pour l’intégration des nouveaux arrivants.

Le fait que les nouveaux arrivants doivent attendre 5 ans avant de pouvoir prétendre à un logement social et figurer sur une liste d’attente s’inspire littéralement du point 24 du programme « notre peuple d’abord lors de l’attribution d’un logement social ».
La limitation des allocations familiales pour réfugiés reconnus s’inspire directement du point 54 du programme, alors que les allocations familiales sont un droit universel garanti par la Constitution. Visiblement, pour la N-VA, non seulement le drapeau belge, mais la Constitution belge également ne sont que de vieux chiffons.

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Celui qui reste silencieux a tout à craindre

« Je comprends la colère des citoyens », a déclaré Jan Jambon lors de la présentation de son accord de gouvernement. Supprimer l’obligation de vote aux élections communales est la solution trouvée par la droite pour endiguer les votes contestataires. La colère du citoyen est ainsi étouffée dans l’œuf. Pendant des générations, les gens se sont battus pour obtenir le droit de vote. Des études démontrent que les citoyens sont beaucoup mieux informés sur la politique et les alternatives lorsque le vote est obligatoire. Si le vote obligatoire est supprimé, ce seront principalement les personnes peu qualifiées et les personnes à bas revenus qui n’iront pas voter. Ce qui convient parfaitement à la vision de société élitaire de la N-VA.

L’accord de gouvernement flamand lance une attaque frontale contre la démocratie. Ce sont principalement la société civile et le monde associatif qui sont les plus menacés. Les caisses d’assurances soins des mutualités sont contraintes de fusionner, les ailes des syndicats et les organes coordinateurs de l’enseignement sont morcelés. Les organisations socioculturelles qui défendent la diversité ne seront plus subsidiées, mais devront se concentrer sur un « renforcement de la communauté » flamande. Ce n’est désormais plus une commission indépendante qui décide de l’octroi des subsides, mais le gouvernement lui-même. Pour les organisations qui luttent contre la pauvreté, il est question de « rationalisation du terrain d’action » pour contrer le « morcellement » avec « évaluation des moyens ». La commercialisation du travail social se poursuit. Les organisations féministes craignent elles aussi une limitation de leur capacité d’action.

L’accord de gouvernement flamand parle de « primauté du politique ». Autrement dit, on fait taire les critiques et les établissements artistiques sont tenus de mettre en avant et de promouvoir l’identité flamande. La VRT doit faire preuve d’une « plus grande neutralité » (lisez : être moins critique vis-à-vis du gouvernement) et même le bouwmeester du gouvernement flamand qui a osé se montrer critique vis-à-vis de la politique climatique flamande est invité à se concentrer sur ses « tâches et missions essentielles » et pour le reste il est prié de la fermer.

La société civile n’est pas la seule à être bâillonnée, le parlement doit se taire, lui aussi. Jan Jambon a ainsi refusé de communiquer à temps les chiffres du budget au parlement, alors que les bourgmestres N-VA ont eux reçu les tableaux dans leur boîte mail. « Les tableaux sont sur mon bureau, a annoncé Jan Jambon lors d’une fête de parrainage du site d’opinion d’extrême droite Doorbraak, mais plus l’opposition les demande, moins j’ai envie de les lui donner. » Ce qui illustre bien le style de gouvernement autoritaire voulu par Jambon.

Or il est une chose que le ministre-président Jan Jambon doit bien comprendre, c’est que nous ne plierons pas face à cette politique de démantèlement antidémocratique, impitoyable et sans cœur. Étudiants manifestant pour le climat, organisations de lutte contre la pauvreté, syndicats et artistes, unissons-nous pour former un vaste contre-mouvement d’en bas et construire une société solidaire et sociale.

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