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Dans les pays du Sud, une autre vision de la guerre en Ukraine

Le conflit en Ukraine n'est pas perçu de la même manière dans le monde entier. Dans de nombreux pays du Sud du globe, l'attitude des pays occidentaux suscite une grande indignation. C'est pourquoi de plus en plus de pays ne prennent pas parti dans ce conflit.

Mardi 3 mai 2022

Les pays occidentaux manifestent bien plus d'intérêt pour la guerre en Ukraine que pour de nombreux autres conflits. Et cela n'a pas échappé aux pays du Sud (c'est-à-dire les pays situés en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord, également appelés pays du Tiers-Monde). Ces pays savent également que, lorsque les gouvernements occidentaux augmentent leurs budgets militaires, tôt ou tard, ils utiliseront les armes achetées contre eux afin de défendre leurs intérêts. Ne nous méprenons pas : les pays du Sud dénoncent l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine. Mais ils ne sont pas pour autant favorables à la surenchère militaire actuellement à l'œuvre en Occident. Ce qu'ils veulent, c'est que la guerre cesse. Tout en essayant tant bien que mal de trouver le moyen de sortir des tensions économiques que celle-ci provoque.

Huit jours après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Assemblée générale des Nations unies se réunissait pour une session extraordinaire. Seul point à l'ordre du jour : la guerre en Europe de l'Est. La résolution présentée exigeait que la Fédération de Russie retire toutes ses troupes d'Ukraine. Celle-ci a recueilli 141 voix pour, 35 abstentions et 5 voix contre. La résolution a donc été adoptée. À une large majorité, même.

Mais certains pays ne l'ont donc pas soutenue : ils ont préféré opter pour la neutralité. Il s’agit de pays importants et influents tels que l'Inde, la Chine et de nombreux pays africains, dont l'Afrique du Sud. Le Washington Post a révélé que plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays qui se sont abstenus sur cette résolution. « Bien que ces résolutions ne soient pas contraignantes, les votes des membres reflètent souvent la position de l'opinion publique dans leur pays », précise le quotidien américain. Voilà un premier signe que les relations internationales ne sont pas aussi « blanc ou noir » qu'on pourrait le croire…

Le 7 avril, un autre vote a eu lieu. Les États-Unis voulaient exclure la Russie du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Conclusion interpellante : les pays qui ont soutenu cette exclusion représentent moins d'un quart de la population mondiale.

Imposer des sanctions économiques contre la Russie est aussi une attitude propre à l'Occident. En dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord, la plupart des pays refusent de prendre part à ces sanctions. De toute l'Asie, seuls trois pays (le Japon, la Corée du Sud et Singapour) ont imposé des sanctions économiques à la Russie. En Amérique du Sud et centrale, en Afrique et au Moyen-Orient, aucun pays ne l'a fait.

La réaction des États pétroliers du Moyen-Orient montre aussi à quel point le monde est divisé sur cette question. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui sont d’habitude de fidèles alliés des États-Unis, ont refusé de se plier à la demande américaine d'augmenter leur production pétrolière. Cela aurait pu compenser l'embargo de l'Occident sur le pétrole russe et alléger le prix du pétrole, qui a explosé en raison du conflit et des sanctions. Quant à l'Égypte elle a refusé de se soumettre à la demande des Américains d'interdire l'accès du canal de Suez aux navires russes : « Le canal de Suez est et restera neutre », a répondu le gestionnaire égyptien du canal international.

Deux poids, deux mesures

« Washington porte une certaine responsabilité dans la situation actuelle entre la Russie et l'Ukraine », titrait l'éditorial de la version chinoise du Global Times la semaine de l'invasion. D'autres pays pointe aussi le rôle joué par l'Otan. C'est un point de vue très répandu en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord, dans les pays dits du Sud : il s'agit d'une guerre entre l'Otan et la Russie, menée en Europe, et les deux camps ont chacun leur part de responsabilité.

La plupart du temps, ces pays condamnent l'invasion russe. Parce qu'elle viole l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Toutefois, ils incriminent aussi souvent l'Otan et les États-Unis. Rien d’étonnant : la politique étrangère américaine, avec ses interventions dans le monde entier, n'a pas rendu les États-Unis très populaires auprès des populations de nombreux pays d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique latine. Là-bas, les gens ne connaissent que trop bien l'histoire de ces interventions. Ils sont dégoûtés de l'hypocrisie occidentale par rapport à l'occupation de la Palestine par Israël, malgré la condamnation unanime de l'ONU. Ils n'ont pas oublié la guerre que les États-Unis et leurs alliés ont menée contre l'Irak, et encore moins ses conséquences. Plus de deux millions de personnes sont mortes à la suite de cette intervention et à cause des sanctions imposées à l'Irak. Les populations du Sud n'ont aucune confiance en l'Otan.

Le « deux poids, deux mesures » de l'indignation de l'Occident rajoute encore une couche à la colère. Les fabricants d'armes du Royaume-Uni et des États-Unis empochent de juteux profits « grâce » au conflit au Yémen. Un conflit qui dure depuis des années et qui a déjà fait bien plus de victimes que la guerre en Ukraine jusqu'à présent. Les Nations unies ont même déclaré que les pays occidentaux, en raison de leur soutien militaire au conflit yéménite, pourraient même être accusés de complicité de crimes de guerre.

Par ailleurs, au début de la guerre, les gens du Sud ont entendu des journalistes parler des réfugiés ukrainiens d'une manière complètement différente comparé aux personnes du Sud fuyant la guerre et la violence. On a vu des images de reporters évoquant ouvertement des « enfants blonds aux yeux bleus » contraints à l'exil. Ou clamant en direct à la télévision : « On s'attend à cela en Afghanistan ou en Irak, mais pas en Europe ». Cela a marqué les esprits. Et cela illustre bien l'indignation sélective des médias occidentaux. Le racisme flagrant dont ont été victimes des étudiants africains et asiatiques ayant fui l'Ukraine a choqué, de même que le fait qu'à leur arrivée en Belgique, ils soient traités d'une tout autre manière que les soi-disant « vrais » réfugiés ukrainiens.

Enfin, les médias du Sud couvrent beaucoup plus que nous la partie russe du conflit. Les gens sont donc beaucoup plus divisés sur la question. « Au Maroc, diverses couches de la population justifient l'invasion de l'Ukraine par le fait que l'Europe "l'a cherché", et qu'elle s'isole de plus en plus à cause de "son arrogance" », explique la journaliste Nadia Lamlili dans Le Soir. Il s’agit d’une vision également largement répandue parmi les populations du Sud.

Une guerre qui impacte durement les populations

En dehors de l'Occident, les raisons géopolitiques du conflit suscitent peu de sympathie, voire même une franche antipathie. Mais quand il s'agit de la réalité économique dans laquelle cette guerre plonge de nombreux habitants du Sud, c'est une autre histoire. Ainsi, plusieurs pays du monde arabe voient leur sécurité alimentaire directement compromise dans la mesure où ils dépendent de l'importation, par exemple, de céréales et d'huile de tournesol en provenance de la zone de conflit.

Au Liban, qui importe plus de 80 % de ses céréales de la zone de conflit, la situation devient dramatique. Dans ce pays déjà sévèrement ébranlé par la crise du coronavirus et, précédemment, par l'explosion de gaz dans le port de Beyrouth en 2020, les silos à grains peinent encore et toujours à se remplir. Ses stocks étant pratiquement épuisés, le Liban appelle à une aide d'urgence.

La guerre entraîne une hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché mondial. Cela affecte tous les pays qui dépendent des importations pour combler leurs besoins de base. En Somalie, par exemple, la pénurie alimentaire s'ajoute à la pire sécheresse que le pays ait connue depuis plus de 40 ans. Les Nations unies avaient déjà tiré la sonnette d’alarme avant le début du conflit : le pays risquait déjà une famine nationale cette année, faute de pluies suffisantes dans les semaines à venir. Dans un pays où l'on estime qu’1,4 million d'enfants étaient déjà en proie à la malnutrition avant la guerre, les effets d'un tel conflit sont d'autant plus catastrophiques.

« La guerre russo-ukrainienne risque d'entraîner l'effondrement de l'économie égyptienne », conclut une étude du Middle East Institute. L'Égypte pâtit elle aussi directement de la hausse des prix des denrées alimentaires, qui pourrait avoir des conséquences politiques immédiates et à grande échelle La situation n'est pas sans rappeler le début du printemps arabe, il y a de cela plus de dix ans. À l'époque, c'était aussi la hausse des prix des denrées alimentaires qui avait mis le feu aux poudres. « Lorsque les prix augmentent brusquement et que les pauvres ne parviennent plus à nourrir leur famille, ils ne tardent pas à descendre dans la rue », avertit Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international, ajoutant que « nous savons que de tels problèmes ont tendance à se propager rapidement ».

« L'alimentation et les transports représentent 57 % de la consommation au Nigeria, 54 % au Ghana, 39 % en Égypte et un tiers au Kenya », note l'Africa Report. Il conclut : « L'Afrique a impérativement besoin que la paix règne en Europe. » Dans les pays du Sud tout comme chez nous, c'est la classe travailleuse qui paie pour cette guerre.

La guerre dans un monde multipolaire

Différents pays mettent de l'eau dans leur vin et refusent de prendre parti dans ce conflit ou défendent avant tout leurs propres intérêts. Chaque pays a ses raisons de se comporter comme il le fait, et celles de l'un ne sont pas forcément celles de l'autre.

La capacité des États-Unis à entraîner les pays dans une guerre économique avec la Russie n'est plus ce qu'elle était. Ce conflit met en lumière un nouvel ordre géopolitique mondial dans lequel la domination des États-Unis et de l'Occident semble perdre du terrain. Bien que l'économie mondiale soit encore largement dépendante du dollar, l'influence économique des États-Unis est sur le déclin. Leur part dans le commerce mondial s'amenuise de jour en jour. En outre, ces dernières années, sous la présidence de Donald Trump notamment, les États-Unis n'ont pas brillé par leur fiabilité en tant que partenaire diplomatique, ce qui contribue également à affaiblir leur supériorité morale sur le plan diplomatique.

La Chine, quant à elle, renforce son influence sur la scène mondiale et les pays du Sud y voient de plus en plus une alternative pour leurs relations économiques et politiques. Depuis quelques années, cette situation a fait s'accumuler les tensions, tant économiques que militaires, entre les États-Unis et la Chine. L'exemple le plus récent en est le lancement par le président américain Joe Biden de la Stratégie indo-pacifique (IPS), en pleine crise ukrainienne. Avec cette alliance économique et militaire, les États-Unis veulent faire de l'Inde un contrepoids à la Chine. Quelques semaines avant le début de la guerre, la Russie et la Chine ont présenté une déclaration commune lors de l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin. Elles y ont exposé leurs intentions en matière de coopération économique, ainsi qu'une stratégie visant à renforcer les coopérations régionales telles que l'Organisation de coopération de Shanghai, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et l'Union économique eurasienne.

On a parfois tendance à diviser le monde en blocs, particulièrement en temps de guerre. « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous », avait déclaré le président George W. Bush au lendemain de l'attaque du 11 septembre 2001. Mais vu d'un pays d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique latine, le monde apparaît sous un autre angle. On distingue une puissance mondiale en déclin, les États-Unis, soutenue par l'Europe et quelques autres pays industrialisés. À l'Est, une puissance montante, la Chine, qui parvient à se forger une influence mondiale. Entre les deux, quelques puissances régionales, certaines émergentes, d'autres en déclin, chacune défendant ses propres intérêts dans son coin de la planète.

Prenons l'Inde, par exemple. Ce pays, dirigé par le nationaliste hindou Narendra Modi, considère avant tout la Chine comme son principal rival dans sa région. Il entend diversifier son économie et son commerce pour « peser » au niveau local. Pour ce faire, il tisse des liens avec ses voisins d'Asie de l'Est et du Sud, mais recherche également des investissements occidentaux pour son programme « Make In India ». Ainsi, il trouve clairement un allié dans les États-Unis, comme l’a souligné l'IPS.

Mais, en même temps, il a été l'un des pays les plus importants à s'abstenir lors du vote des résolutions de l'ONU, à l'instar de la Chine et du Pakistan. Les trois pays condamnent la violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, mais affirment aussi comprendre les préoccupations de la Russie face à la pression exercée par l'Otan. En effet, l'Inde entretient également des liens historiquement forts avec la Russie, dont elle dépend en partie pour de nombreux équipements militaires ; et la Russie appuie la volonté de l'Inde d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Malgré la pression que les États-Unis et l’Union Européenne tentent d'exercer sur l'Inde pour la faire rejoindre le camp des opposants à la Russie, celle-ci continue de chercher des moyens de faire du commerce avec la Russie en roubles et en roupies. Surtout maintenant qu'elle peut importer du pétrole russe à des prix défiant toute concurrence. Il est évident que la bourgeoisie indienne cherche ainsi à tirer profit de la crise.

Tout comme l'Inde, la Chine tient aussi compte des aspects économiques dans sa position par rapport au conflit. Les États-Unis tentent de la pousser dans le camp de la Russie, tandis que la Chine insiste sur le fait que sa relation avec la Russie est « fondée sur la non-alliance, la non-confrontation et la non-agression d'une tierce partie ». Elle souligne subtilement que cela « diffère fondamentalement des pratiques des États-Unis ». Très attachée à l'intégrité territoriale, elle n'a approuvé ni l'annexion de la Crimée, ni la reconnaissance des républiques du Donbass.

L'Ukraine est par ailleurs un partenaire économique de la Chine. Le pays fait partie de son projet « Belt and Road Initiative », qui vise à renforcer les liens avec l'Europe, premier partenaire commercial de la Chine, avec quelque 830 milliards d'euros. Depuis 2017, plus de 150 millions de dollars ont déjà été investis en Ukraine dans le cadre de ce projet. La Chine n'approuve donc pas l'invasion de la Russie et n'en tire pas le moindre bénéfice. Elle appelle à la désescalade et au cessez-le-feu, tout en partageant plus que quiconque les préoccupations exprimées par la Russie à l'égard de l'Otan.

Toutefois, la Chine n'a pas l'intention de s'immiscer dans le conflit et, comme de nombreux pays du Sud, elle considère qu'il s'agit d'un problème européen. Elle maintient sa coopération économique avec la Russie, mais appréhende les sanctions secondaires et la manière dont elle pourrait être concernée par ce conflit, ce qui pourrait peser sur ses relations économiques avec l'Union européenne et les États-Unis, bien plus importantes que ses relations commerciales croissantes avec la Russie. Cela n'empêche pas les entreprises chinoises de suspendre ou de poursuivre leurs activités en Russie en fonction de leurs propres intérêts.

La guerre et les sanctions changent radicalement les relations dans l'économie mondiale

Au début du mois de février, la Russie et la Chine ont acté leur coopération. C'est une étape supplémentaire dans la collaboration économique qui lie ces deux voisins depuis les années 2000. En raison du maintien des sanctions de l'Union européenne depuis que le conflit en Ukraine a atteint son précédent pic en 2014, la Russie s’est déjà beaucoup rapprochée de son voisin du sud pour les machines et les biens de consommation. En outre, l'économie chinoise, en plein essor, peut faire bon usage du gaz, du pétrole et des matières premières russes. Entre-temps, les échanges commerciaux entre les deux parties se sont développés pour atteindre désormais quelque 150 milliards de dollars par an. Si ce n'est pas négligeable, cela ne représente que la moitié du commerce entre la Russie et l'Union européenne avant le conflit et une fraction des transactions entre la Chine et l’Union européenne.

La guerre ne se limite pas au seul domaine militaire. En réponse à l'invasion russe, l'Occident a décrété toute une série de sanctions économiques à l'encontre de la Russie, montrant ainsi de quoi il était capable. La mesure, longtemps considérée comme une bombe atomique financière, est réellement entrée en vigueur le 12 mars : un certain nombre de banques russes ont été exclues du système de paiement SWIFT. SWIFT est un système de messagerie européen qui organise la communication entre les différentes banques du monde entier. Une coopération de banques occidentales qui domine les transactions bancaires dans plus de 200 pays. En excluant les banques russes, les pays occidentaux ont utilisé leur domination économique pour isoler l'économie russe, y compris de pays qui ne lui imposent pas eux-mêmes de sanctions directes.

Bien que l'impact de ce blocus sur la guerre soit difficile à évaluer et limité aux secteurs non énergétiques, il a fait prendre conscience au monde entier que l'économie mondiale était liée aux intérêts occidentaux à de nombreux égards. À la suite de ces sanctions, le système chinois CIPS, mis en place pour promouvoir le yuan chinois comme devise de commerce international, a gagné en popularité. Même s'il ne peut pas compenser l'exclusion des banques russes de SWIFT dans l'immédiat, cet événement a incité de nombreux pays à remettre en cause leur dépendance économique. Pour l'instant, cela profite surtout à la Chine.

Dans leur recherche d'alternatives financières, les pays du Sud concluent également de plus en plus d'accords commerciaux qui contournent la domination du dollar. La Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Biélorussie et l'Arménie travaillent sur un tel système. Le Brésil inonde le marché de dollars et d'euros et se constitue des réserves en yuans. Même l'Arabie saoudite a déjà laissé entendre qu'elle souhaitait également négocier le pétrole en yuans. On touche là aux bases de la domination mondiale du dollar américain, qui est depuis les années 1970 la monnaie d’achat du pétrole. Raison pour laquelle on parle souvent de pétrodollar. Si ces propositions sont mises en œuvre, ce sera un coup dur pour la domination du dollar et, par conséquent, pour la domination économique des États-Unis.

« Nous sommes à l'aube d'une nouvelle version de "Bretton Woods", un nouvel ordre mondial basé sur les monnaies de l'Est, qui va probablement affaiblir le système financier basé sur l'euro et le dollar. En outre, cela renforcera également l'inflation. » Le géant financier Crédit suisse estime que les effets à long terme de la guerre et des sanctions sont très importants. L'affaiblissement du dollar en tant que monnaie de réserve ne représente toutefois pas un glissement unilatéral vers le yuan, mais plutôt une diversification dans laquelle différentes monnaies commencent à jouer un rôle.

Quelle que soit l'issue de la guerre, il est clair que l'économie mondiale s'est éloignée de la domination globale des États-Unis. En conséquence, de nombreux pays se positionnent comme « neutres » : ils refusent de choisir leur camp. Aucun d'entre eux n'a d'intérêt dans ce conflit et tous souhaitent qu'il prenne fin le plus rapidement possible. Pourtant, les motivations de ces pays sont trop différentes pour former un véritable bloc de pays « non-alignés ». De nouvelles alliances peuvent apparaître et les relations entre eux peuvent changer, mais les modifications géostratégiques actuellement à l'œuvre constituent une nouvelle évolution vers un monde multipolaire, dans lequel chaque pays cherche un nouvel équilibre par rapport aux puissances mondiales, aux puissances régionales et à ses voisins. La guerre est en train de changer radicalement le monde.