Le PTB plus proche de toi et toi plus proche du PTB. Renforce la vague sociale.!

Télécharge notre app

COP27 : après un sommet climatique torpillé par les multinationales, changeons de cap

Les multinationales des énergies fossiles ont réussi à bloquer toute avancée concrète en matière de réduction des émissions. Un accord a bien été trouvé pour financer les dégâts du changement climatique dans les pays du Sud mais la question de savoir qui va payer n’a pas été tranchée… Après un énième échec du sommet sur le climat, il est grand temps de changer de cap. Nationalisons le secteur énergétique, pour une énergie verte et bon marché.

Mardi 22 novembre 2022

C’est en soi tout un symbole : le sommet climatique en Égypte (COP27) était sponsorisé par la compagnie aérienne EgyptAir et le champion mondial de la pollution plastique Coca-Cola. Plusieurs centaines de lobbyistes de l’industrie fossile arpentaient également les couloirs, exerçant une influence décisive. Le tout, pour protéger ces mêmes multinationales qui réalisent des surprofits records en profitant de la crise énergétique sur le dos des citoyens, tout en mettant le feu à notre planète.

Les multinationales des énergies fossiles bloquent toute avancée

La combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) est à l’origine de près de 90 % des émissions mondiales de CO2. Pour espérer sauver le climat, nous devons mettre fin aux nouveaux investissements dans les énergies fossiles et remplacer au plus vite ces dernières par des énergies renouvelables. Cependant, aucune avancée concrète n’a été réalisée lors de ce sommet climatique. C’est le fruit du travail des lobbyistes de l’industrie fossile présents au sommet climatique. À 636, ces derniers étaient plus nombreux que l’ensemble des délégations des 10 pays les plus touchés par le changement climatique.

Le lobbying de l’industrie fossile a aussi eu pour résultat que les « énergies à basses émissions » apparaissent pour la première fois dans les conclusions d’un sommet climatique comme énergie à promouvoir à côté des énergies renouvelables. L’objectif est de promouvoir le gaz comme énergie verte et de légitimer les nouveaux projets d’investissements dans des énergies fossiles. Et ce, avec la « promesse » de réduire leurs émissions grâce aux plus que douteuses (et par ailleurs très coûteuses) technologies de capture et stockage du CO2, qui serait amassé par dizaine de millions de tonnes dans le sous-sol…

Et les multinationales de l’énergie ont bien l’intention de continuer à extraire les énergies fossiles. Les nouveaux projets de production de pétrole et de gaz approuvés en 2022, et ceux susceptibles d’être approuvés au cours des trois prochaines années, pourraient émettre l’équivalent des émissions totales de près de 500 centrales à charbon. Les États-Unis et l’Arabie saoudite sont à l’origine de plus de 50 % des émissions de gaz à effet de serre engendrées par les nouveaux forages approuvés pour la seule année 2022.1 À la veille du sommet, l’Allemagne signait un partenariat avec l’Égypte pour s’approvisionner en gaz. C’est que, depuis le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine, l’essentiel de la politique européenne vise à se passer au plus vite - et par tous les moyens - de l’énergie russe et en particulier du gaz. Alors, on rallume des centrales au charbon et on cherche à acheter du gaz partout ailleurs, y compris le très polluant gaz de schiste des États-Unis.

La revendication de justice climatique des pays du Sud

Ce sont les multinationales aux États-Unis et en Europe qui sont historiquement responsables de la grande majorité des émissions de CO2, mais ce sont les pays du Sud qui sont le plus impactés par le changement climatique. Cet été, le Pakistan a été touché par une gigantesque catastrophe climatique. Les inondations ont fait au moins 1700 morts, affecté 35 millions de personnes, détruit plus de 250 000 habitations et 1,8 million d’hectares de terres agricoles. Un tiers du Pakistan a été ravagé. La « facture climatique » s’élève à près de 30 milliards de dollars.

C’est pour répondre à cette injustice qu’une coalition de 134 pays du Sud (le G77 + la Chine), emmenée par le Pakistan, réclamait un fond pour financer les « pertes et dommages » dus aux effets du changement climatique dans les pays vulnérables. La piste de financer ce fond par une taxation des multinationales des énergies fossiles a également été lancée par le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

Les pays du Sud demandent un tel fond depuis 1991. L’an dernier encore, au sommet climatique de Glasgow, les négociations autour de ce fond avaient été sabotées par les États-Unis et l’Union Européenne. Il s’agit donc d’une importante victoire, mais qui reste encore symbolique. La question cruciale – qui va payer ? – n’est pas tranchée : les actionnaires qui ont gagné des milliards grâce aux énergies fossiles ? Ou la classe travailleuse ici, qui doit déjà payer pour les crises successives et qui supporte elle-même aussi le poids du changement climatique ?

La concrétisation de cet accord (qui paie, comment le fond est-il alimenté, qui peut recevoir ces fonds, etc) est renvoyée à l’an prochain, au sommet climatique à Dubai. Des négociations qui s’annoncent difficiles, quand on sait que l’Union Européenne réclame notamment que la Chine contribue au financement… Cette exigence envers la Chine est plutôt hypocrite, puisque 92 % des émissions historiques depuis 1850 proviennent des pays du Nord. Aujourd'hui encore, la quantité de CO2 émise par habitant en Occident est bien plus élevée. Par exemple, les États-Unis produisent près de 15 tonnes de CO2 par habitant, contre moins de 8 tonnes par habitant en Chine. Enfin, une grande partie des émissions de gaz à effet de serre dans le Sud provient d'une production bon marché destinée au marché occidental.

Pour sauver le climat, fais le Switch !

« Après un énième échec du sommet sur le climat, il est grand temps de changer de cap. Fais le Switch [voir encadré] : nationalisons le secteur de l'énergie, investissons dans une énergie publique, renouvelable et abordable et présentons la facture aux vrais responsables » a réagi Jos D’Haese, spécialiste climat du PTB.

Si nous voulons ne plus dépendre de sources d’énergies polluantes et impayables, il n’y a qu’une seule chose à faire : nous devons retirer le secteur de l’énergie des mains des multinationales. Nous avons besoin d’un plan public et démocratique, pour orienter les investissements vers ce dont la société a réellement besoin : les énergies renouvelables, l’isolation des logements, les transports publics, l’approvisionnement public en eau, des soins de santé solides, un enseignement de qualité et tous les autres besoins sociaux.

C’est une lutte contre des intérêts puissants. Nous ne pouvons la gagner qu’avec un large mouvement social et climatique mobilisé, solidaire avec les peuples du Sud.

Fais le Switch

Et si nous prenions les décisions, et pas les multinationales ? Et si la solution était à portée de main ? Es-tu prêts à faire le Switch ? Inscris-toi et sois dans les premiers à recevoir les infos.

faisleswitch.be

1https://www.mediapart.fr/journal/international/161122/en-pleine-cop27-l-industrie-petro-gaziere-investit-dans-de-nouveaux-projets-fossiles?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5