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Comment le patron des patrons veut nous enfumer pour bloquer nos salaires

Augmenter les salaires n’est pas qu’une question de justice sociale, c’est aussi une mesure de bon sens : avec de meilleurs salaires, nous pouvons mieux faire tourner l’économie en consommant. Le grand patronat a une autre idée : empêcher cette augmentation pour réserver l’argent des grosses entreprises aux actionnaires. Il a envoyé son porte-parole faire passer le message, quitte à l’accompagner de contre-vérités…

Mercredi 6 janvier 2021

Alors que le prochain Accord interprofessionnel (AIP), qui fixe les augmentations salariales, les conditions des fins de carrière, etc. pour les deux prochaines années va être négocié dans les prochains jours, le représentant du grand patronat, Pieter Timmermans (Fédération des (grandes) entreprises de Belgique, FEB) fait un tour des médias pour tenter de faire passer son message. Cette tentative d’influencer le résultat des négociations du prochain AIP est peut-être une bonne nouvelle pour les travailleurs et leurs représentants. Le grand patronat semble paniquer. Et n’hésite pas à diffuser des contre-vérités.

« Il n’y a pratiquement pas de marges disponibles pour des augmentations de salaire », répète donc le patron de la FEB, Pieter Timmermans. « Si on veut commencer à redresser l’économie en 2021, on doit éviter que le coût salarial dérape par rapport à nos voisins ».1 Et il donne l’exemple des syndicats hollandais qui auraient accepté une augmentation salariale maximale de 1,2 % pour 2021, soit moins que l’inflation.

Sauf que… c’est faux.

Le plus grand syndicat du pays, le FNV, réclame 5 % d’augmentation de salaire pour 2021 avec, en plus, un plan pour arriver à 14 euros de l’heure en ce qui concerne le salaire minimum. Les métallos du pays ont arraché grâce à leurs luttes une augmentation de 3,5 % en juillet 2020 (après celle déjà obtenue en décembre 2019). C’est bien au-delà de l’inflation. Globalement, les syndicats allemands réclament entre 4 et 5% d’augmentation de salaire pour 2021 en fonction des secteurs.

Investir, pas asphyxier l’économie

Si on veut commencer à redresser l’économie, on a besoin d’investissements. Et si on suit la logique patronale, les trois moteurs de l’investissement vont être à sec.

Le premier moteur est l’État. Si on baisse les salaires, si on baisse encore les impôts sur les profits des grandes entreprises, si on ne taxe pas les riches, l’État n’aura pas de rentrées fiscales suffisantes pour investir dans la relance de l’économie. Deuxième moteur : les ménages. Si les salaires des travailleurs sont bloqués, les ménages ne vont pas dépenser, ils ne vont pas consommer et faire tourner l’économie. Troisième moteur : les entreprises. Si l’État et les ménages n’investissent pas, les entreprises ne vont pas investir car elles ne trouveront pas de débouchés. Elles vont alors spéculer, jouer en Bourse plutôt que produire. La logique patronale d’assécher les rentrées de l’État et de bloquer les salaires va asphyxier l’économie.

Or, certains secteurs se sont considérablement enrichis durant la crise, comme la grande distribution alimentaire, les multinationales pharmaceutiques (Big Pharma), le commerce en ligne, etc. Ils ont des moyens. De plus, les entreprises ont accumulé des milliards sous le précédent gouvernement fédéral, le gouvernement Michel, grâce à la pression qu’il a exercé sur les salaires. C’est plus de 40 milliards d’euros que les travailleurs et travailleuses du pays ont perdu. En grande partie en direction des poches des actionnaires.

À l’approche des négociations salariales, l’enjeu est grand. Les patrons ont un objectif clair de quasi 0 % d’augmentation de salaire. Le patronat utilise tous les arguments possibles et imaginable, allant jusqu’à propager des contre-vérités. Le monde du travail a besoin d’augmentation de salaire. C’est mérité pour les efforts consentis dans la crise. C’est nécessaire pour faire face aux pertes de revenus de cette année. Et c’est indispensable pour faire tourner l’économie.

 

1. L’Echo, 2 janvier 2021