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Budget de la Région wallonne : la majorité PS-MR-Ecolo ne répond pas aux besoins des gens

Le jeudi 19 décembre avaient lieu les discussions autour du budget de la Région wallonne. L’occasion pour le PTB de dénoncer un budget qui ne répond pas aux besoins des Wallons et les Wallonnes en termes d’emploi, de logement, de mobilité ou de lutte contre la pauvreté. L’occasion également de rappeler la nécessité de mener une politique qui met les intérêts collectifs avant ceux des grandes entreprises.

Lundi 23 décembre 2019

En Wallonie, presque 1 travailleur sur 2 vit avec moins de 1 115 euros par mois et n’arrive pas à payer ses factures. Dans cette Région, près de la moitié des habitants s’est déjà retrouvée dans la situation d’être malade, mais de ne pas pouvoir aller chez le médecin pour des raisons financières. Pour répondre à la crise sociale et écologique, le PTB soutient qu’il faut investir dans le logement public comme à Vienne, dans les transports gratuits comme à Dunkerque ou dans des entreprises publiques de production d’énergie comme à Munich. De son côté, la majorité PS-MR-Ecolo a plutôt choisi de miser sur les vieilles recettes libérales qui ont déjà fait tant de dégâts en Wallonie.

Voici le texte intégral des interventions de Germain Mugemangango, Antoine Hermant et Alice Bernard.

48 % des travailleurs wallons sont pauvres et ce gouvernement ne fera qu’aggraver les choses

48 % de travailleurs pauvres en Belgique francophone. Ce sont les chiffres alarmants qui ressortent de la dernière enquête de Solidaris. Ces deux dernières années, la part de travailleurs pauvres a encore augmenté, passant de 40 à 48 %. Presque 1 travailleur sur 2 en Wallonie vit avec moins de 1 115 euros mois et n’arrive pas à payer ses factures. Les femmes et les locataires sont particulièrement touchés : 52 % des travailleuses et 62 % des travailleurs locataires vivent dans la pauvreté.

La santé physique et psychique des travailleurs aussi continue à se détériorer : le nombre de personnes qui se considèrent en bonne santé passe de 74 à 64 %. D’ailleurs, souvent des soins primaires doivent être reportés parce que les familles ne sont pas capables de les payer : 40 % des Wallons et des Bruxellois déclarent avoir dû reporter des soins en 2018. Comprenons bien ce que ça veut dire : dans notre Région, dans notre pays riche et réputé développé, presque la moitié des habitants s’est déjà retrouvé dans la situation d’être malade mais de ne pas pouvoir aller chez le médecin, car il ne savait pas se payer ce « luxe ». Pour eux, aller chez le médecin est devenu un luxe.

Au niveau du lien entre travail et pauvreté, deux chiffres intéressants sont à noter : tout d’abord, 6 travailleurs à temps partiel sur 10 sont pauvres. Et les travailleurs en CDI ne sont pas beaucoup mieux lotis, car 47,3 % d’entre eux sont touchés par la pauvreté.

Derrière ces chiffres, il y a des réalités : celle de ne pas avoir assez à la fin du mois pour régler ses factures, celle de ne pas avoir assez pour manger ou se loger correctement, celle de ne pas avoir assez pour pouvoir prendre les transports en commun.

Il y a une urgence sociale aujourd’hui en Wallonie. Cette urgence demande d’agir au plus vite et de manière concrète au niveau du logement, au niveau de l’emploi et au niveau des transports en commun. Malheureusement, votre budget dans ces trois domaines, et je vais les passer en revue, est non seulement clairement insuffisant pour répondre à cette urgence, mais en plus reprend les vieilles recettes libérales qui ont déjà fait tant de dégâts en Wallonie. En continuant de la sorte, vous allez encore aggraver la situation des Wallons et des Wallonnes.

De faibles ambitions qui ne répondent pas du tout aux besoins en matière de logement

Un premier moyen de lutter contre cette crise sociale, c’est le logement. Avoir un logement abordable, adapté et salubre, c’est une des garanties contre la pauvreté.

Pourtant, l’état du logement en Wallonie est interpellant. L’IWEPS indique que 44,7 % des locataires ont un revenu net équivalent inférieur au seuil de pauvreté1. On observe, depuis 2005, une augmentation significativement plus rapide des loyers que de l’inflation. Sans forcément constater de changement au niveau du confort des habitations. Pour les personnes les plus précarisées, la part du budget consacrée au loyer est passée de 32 à 37 % entre 2005 et 20182.

Et quand on regarde l’état des habitations, ce n’est pas mieux. 1 Wallon sur 4 vit actuellement dans un logement confronté à des problèmes d’humidité3. Ce taux est bien plus élevé que celui chez nos voisins européens (France, Allemagne, Luxembourg, Royaume-Uni et Pays-Bas).

Ces chiffres sont alarmants, et sont à mettre en parallèle avec ceux sur lesquels les pouvoirs publics ont une réelle emprise, ceux du logement public.

Près de 40 000 familles attendent un logement public

Le parc locatif public, au lieu d’augmenter, diminue d’année en année. Alors qu’il y avait encore 103 149 logements publics en 2007, il y en a actuellement 101 914. En 20 ans, le nombre de ménages occupant un logement dans le secteur du logement public a diminué de plus de 4 000 unités. C’est un comble quand on se rappelle les promesses faites par les différents gouvernements. En 2009, l’Olivier avait promis de créer 6 000 logements. En 2014, rebelote, on promet la création de 6 000 logements. Cette fois-ci, on a l’impression qu’on a appris la leçon, mais dans le mauvais sens : au lieu de tenir ces promesses, on baisse les ambitions, avec seulement 3 000 nouveaux logements publics promis (plus 3 000 rénovations et 6 000 logements AIS, certes).

Pourtant la demande est là : 39 328 ménages, soit 88 734 personnes, sont sur la liste d’attente. Les délais sont d’ailleurs problématiques, comme en témoigne un directeur de société de logement de service public : « Ils doivent ainsi actualiser leur dossier en fonction des changements, par exemple dans la composition de leur ménage. S’ils font cela consciencieusement, le délai pour obtenir un logement est de 2 ou 3 ans. »
Ce sont 2 ou 3 ans à devoir rester dans un logement inadapté, trop cher, insalubre, humide. Et face à cela, que propose le budget 2020 ?

On voit 12,5 millions d’euros pour la rénovation de logements inoccupés, c’est bien, mais c’est insuffisant. Je ne suis même pas sûr qu’on arrivera aux objectifs que vous avez fixés puisque, si je ne me trompe pas, ce plan prévoit la rénovation de 1 397 logements inoccupés. À ce rythme de financement, on n’arrivera pas au 3 000 promis d’ici la fin de la législature.

On voit également qu’on met 18,9 millions pour les « subventions pour la création innovante de logements d’utilité publique », alors certes, on a eu quelques explications sur certaines phrases qui nous inquiétaient, et on vous remercie pour cela, mais d’autres phrases prononcées nous inquiètent également. En commission, vous disiez qu’« en matière de logement, on peut travailler avec le privé ». Il faut également rappeler que les logements d’utilité publique, pointé dans cet article de base et défini par le Code wallon de l’habitat durable, peuvent appartenir aux pouvoirs publics mais également à des propriétaires privés. Tout ça laisse bien la porte grande ouverte aux partenariats public-privé. Un système fort avantageux pour les entreprises privées mais pas du tout pour les fonds publics ou pour les citoyens.

Un gouvernement qui ne croit plus en l’initiative publique

Vous vantiez également le mérite des agences immobilières sociales (AIS), en rappelant que la mise en gestion de bien par celles-ci était rentable pour des propriétaires privés. Vous parliez d’un rendement de 2,6 %, ce qui est bien plus que des comptes d’épargne actuellement. De grands groupes financiers ou immobiliers s’en rendent bien compte, comme Inclusio dans le Hainaut ou Trevi à Bruxelles.

Si cela est rentable pour des privés, pourquoi cela ne pourrait pas l’être pour le public ? Je voudrais à nouveau rappeler l’exemple de Vienne ou le grand nombre de logements publics (près de 60 %) et la diversité des locataires permettent à la commune d’entretenir les logements sociaux publics. Si cela fonctionne chez eux, pourquoi pas chez nous ?

Pour revenir à vos nouvelles mesures, qui s’additionnent aux mesures déjà en place, nous n’avons pas eu de réponses claires sur le nombre de logements que cela créerait. Et vu les faibles montants dégagés, il est raisonnable de penser que cela ne répondra pas aux besoins de la population, et ne vous permettra même pas d’atteindre vos faibles objectifs. Pour rappel, en 2018, seuls 143 logements supplémentaires ont été ajoutés. En 2017, c’est 4 logements qui ont disparu. En 2016, 193 logements ont également disparu. Si on prend la moyenne de ces 5 dernières années, il faudrait attendre 15 ans pour arriver aux 3 000 logements promis, 204 ans pour répondre aux 40 000 familles en attente.

Vous avez dit lors de la commission Logement : « Si j’avais 250 millions d’euros à mettre sur la table, ces 250 millions d’euros, à la fin 2020, ils ne seraient pas utilisés », parlant de cadre trop rigide, de règles trop contraignantes. Le ministre-président, lors de la commission Affaire générale parlant du budget, disait également que « si l’on met de l’argent essentiellement dans la construction de logements neufs, compte tenu des délais, des marchés publics, des entreprises qui traînent, compte tenu des délais pour les permis, la législature sera terminée alors que l’on aura construit très peu, malgré notre volonté ».

Je m’interroge : n’avez-vous pas vous-mêmes créé ces règles ? Qu’attendez-vous donc pour modifier ces règles et faire du logement public ? Pourquoi ne pas créer une société publique de construction et de rénovation de logement par exemple ?

À la lecture de votre Déclaration de politique régionale et de ce budget, on voit au final un gouvernement qui se résigne, qui ne croit plus en l’initiative publique. Cela ne nous étonne pas venant du MR, nous sommes plus surpris de la part du PS et d’Ecolo. Il n’y a pas de plan clair, pas de chiffres précis en termes de création de logements publics.

Comme je l’ai dit, Monsieur Di Rupo nous disait en commission que plus d’argent ne réglerait pas le problème. Pourtant la Société wallonne du logement dit le contraire. Elle précise bien qu’un des problèmes est la baisse récurrente du pourcentage du budget consacré au logement dans le budget wallon. La crise du logement est là, votre Déclaration de politique régionale n’y répondait pas, votre budget de transition non plus !

Une politique en termes d’emploi qui pousse les travailleurs toujours plus loin dans la pauvreté

Un deuxième moyen de lutter contre cette crise sociale, c’est l’emploi. Avoir un emploi bien rémunéré, digne et stable, c’est une garantie contre la pauvreté.

Pourtant le bilan des précédents gouvernements, auxquels tous les partis traditionnels ont participé, est loin d’être réjouissant. Le taux d’emploi en Wallonie s’élève à 65,2 %, il est bien en dessous des moyennes européennes. Et comme dit en introduction, la plupart des emplois créés aujourd’hui sont des emplois précaires, mal payés, qui ne permettent pas de sortir de la pauvreté.

En lisant les différents budgets des ministres de ce gouvernement, ont voit assez mal comment vous vous différenciez des projets des majorités précédentes. C’est particulièrement visible avec votre politique en termes d’emploi. La recette ici, c’est subsides aux entreprises, aides à l’embauche, formation et activation des bénéficiaires d’aides. Des méthodes déjà éprouvées par le passé et qui n’ont toujours pas fait leurs preuves ni en Wallonie ni ailleurs. Pire encore : ces méthodes poussent les travailleurs toujours plus loin dans la pauvreté et sont inefficaces pour créer de l’emploi durable qui permettrait aux Wallons de vivre dignement.

On donne de l’argent aux grandes entreprises en espérant naïvement que ça créera de l’emploi.

Tout d’abord, la politique des pôles de compétitivité initiée en 2006 avec le plan Marshall 1.0. C’est l’élément central de votre stratégie de relance de l’économie wallonne. C’est en fait juste une application de théorie libérale du ruissellement. En subsidiant les plus grosses entreprises présentes en Wallonie, vous espérez que celles-ci vont créer des emplois et de la prospérité pour tous les Wallons.

Les pôles de compétitivité ont bénéficié d’investissements publics et privés de plus ou moins 1 milliard d’euros, dont un peu plus de 550 millions à charge des pouvoirs publics4. Cette année, ce sont encore 45 millions supplémentaires qui seront investis5. Dans les entreprises qui bénéficient de ces aides, on peut notamment citer, CMI John Cockerill, Solvay, Siemens, Baxter, GSK, Mithra Pharma, Total, DHL... Autant d’entreprises qui ont fait subir ou font encore subir à leurs travailleurs des plans de licenciements. Niveau sécurité de l’emploi, circulez, il n’y pas grand-chose à voir.

C’est d’ailleurs que disait Monsieur Borsus en commission : « J’étais à NLMK à La Louvière, il y a quelques jours et je dois dire, s’il n’y avait pas l’agilité, si je puis dire de l’outil économique wallon qui était mobilisé, en l’espèce de la SOGEPA, peut-être, probablement que cet outil industriel et sidérurgique ne serait plus là aujourd’hui. » Pour être clair, l’agilité dont parle notre ministre de l’Économie, c’est aussi cette décision prise en accord avec la Sogepa de supprimer 300 emplois chez NLKM Clabecq pour préserver les bénéfices du milliardaire russe qui possède cette entreprise.

Les subsides aux grandes entreprises accordées dans le cadre des différents plans Marshall et les subsides en investissements de manière générale ne sont pas conditionnés à des garanties en termes d’emploi durable. Par exemple, pour rejoindre ces pôles, les deux seules conditions sont les suivantes : (1) leur projet doit s’intégrer dans les domaines d’activités stratégiques du pôle de dépôt et (2) les porteurs sont membres du pôle qu’ils sollicitent. Encore une fois, on accorde des aides aux grandes entreprises sans obligation d’effets retours sur le plan social, économique ou écologique pour nos citoyens.

Est-ce que les pôles de compétitivité ont eu un impact positif sur la vie des Wallons et des Wallonnes ? À la lecture des différentes études sur le sujet, j’en conclus qu’il est loin d’être évident de répondre à cette question positivement. Je dois le reconnaître, l’IWEPS affirme que les performances économiques des entreprises qui font partie des pôles sont plutôt bonnes en termes d’emploi, d’exportation et de valeur ajoutée. C’est moins évident par contre pour la recherche et le développement et la productivité de ces entreprises alors que c’est le cœur du projet des Plans Marshall. Mais même au niveau des indicateurs qui sont positifs, c’est impossible, d’après les études disponibles, d’affirmer que ce sont les 14 années de politique de pôles de compétitivité qui ont un impact positif sur ceux-ci. Si leurs performances semblent bonnes, c’est surtout parce que ces entreprises fonctionnaient déjà bien avant d’intégrer ces pôles. Leur volume d’emploi par exemple est beaucoup plus élevé que les entreprises qui ne font pas partie des pôles. En 2014, Jean-Claude Marcourt déclarait d’ailleurs : « Les entreprises des pôles de compétitivité auraient de toute façon créé de l’emploi et générer de la croissance, mais nous avons renforcé leur assise économique6. » On peut donc se poser la question du bien-fondé de continuer à donner de l’argent public à des grandes entreprises qui n’ont en fait pas besoin de cet argent.

Le budget présenté aujourd’hui confirme pourtant cette tendance à soutenir les grosses entreprises. Plus même que les PME puisque le budget prévoit de diminuer le soutien aux PME et d’augmenter le soutien aux grosses entreprises. C’est ce que remarque la Cour des comptes qui écrit dans son rapport qu’il y aura une diminution de 15 millions des incitants proposés aux PME alors que les incitants pour les grosses entreprises augmenteront de 11 millions.

Par ailleurs, on ne peut pas conclure que la politique des pôles a eu un impact sur la création d’emplois en Wallonie. Une étude de l’université de Louvain-La-Neuve observe une augmentation la première année, au début du financement, mais la courbe reste ensuite relativement plate les trois années suivantes, la courbe de création d’emplois redescend même la 5e année7. Pour les années suivantes, les estimations sont encore moins précises, mais la tendance n’est ni significative ni évidente. Impossible de dire si la politique des pôles de compétitivité a créé de l’emploi en Wallonie et pourtant la Région wallonne continue à fonder ses espoirs de relance économique sur... des intuitions8. Les travailleurs et les travailleuses en Wallonie ont besoin de plus que des intuitions et en ont marre des cadeaux publics donnés à des grandes entreprises qui licencient malgré tout. Ils ont besoin d’une vraie politique ambitieuse de création d’emplois publics et de conditions contraignantes et claires pour tout investissement public au service du privé.

Ce gouvernement stimule la création d’emplois précaires avec les aides à l’embauche

Avec votre politique d’aide à l’embauche et d’activation des bénéficiaires d’aides, vous faites encore chou blanc. Cette stratégie contribue à pousser les gens dans la précarité. Pourtant, cette année vous investissez à nouveau un total de 327 millions dans la politique d’activation et d’aide à l’embauche.

En Belgique et en Wallonie, les ayants droit du chômage et du CPAS sont de plus en plus mis sous pression par ce que l’on a appelé l’État social actif. Création du statut de cohabitant, visites domiciliaires, réduction graduelle de l’allocation, sanctions diverses, exclusion et plan d’activation. Sous couvert de « responsabilisation », on réduit toujours plus les droits des chômeurs et des bénéficiaires du CPAS et on les pousse de plus en plus loin dans la précarité. Un des effets les plus pervers de cette politique de responsabilisation et d’activation des ayants droit est la prolifération de l’emploi précaire. Les politiques d’activation des chômeurs, soutenues par des aides à l’embauche, poussent en fait les chômeurs vers l’emploi précaire, l’intérim, le temps partiel, etc. En fait, de l’emploi qui appauvrit.

La Wallonie est d’ailleurs particulièrement touchée par la problématique de l’emploi temporaire. Selon l’Enquête sur les forces de travail de 2017, les différents types d’emplois temporaires concernent 11,8 % des travailleurs wallons contre 10,4 % des Belges. Cette différence est encore plus marquée parmi les jeunes avec une part de l’emploi temporaire de 53,6 % en Wallonie contre 47,3 % au niveau national. On doit noter également que le phénomène de l’emploi temporaire touche particulièrement les femmes : 12,9 % contre 11 % chez les hommes. La politique d’activation des chômeurs et des bénéficiaires du CPAS est accompagnée d’aides à l’embauche qui représentent 327 millions d’euros dans le budget 2020 mais ces aides ne contribuent pas à créer de l’emploi durable.

L’étude de l’IWEPS de mai 2019 sur les aides à l’embauche a démontré que « les aides à l’embauche augmentent les créations, mais aussi les destructions et la prévalence de l’emploi temporaire ». Elles ne créent donc pas d’emplois pérennes mais des jobs temporaires sous-payés et sans sécurité pour les travailleurs. Plus loin dans la même étude, l’IWEPS conclut que « les créations nettes attribuables aux aides à l’embauche sont presque exclusivement composées d’emplois temporaires ». L’IWEPS finit son étude en assénant le coup de grâce aux défenseurs des aides à l’embauche : « Le nombre de chômeurs qui accèdent à l’emploi permanent n’est pas significativement affecté9. »

Ces aides sont mauvaises pour l’économie wallonne, c’est un transfert d’argent public vers le privé qui contribue à plonger les travailleurs wallons dans la précarité.

Les différentes conclusions des études citées précédemment sont confirmées par la réalité que le PTB observe sur le terrain. Les chiffres de la récente étude de Solidaris confirment également que la politique économique menée par les partis traditionnels ces dernières années est un échec mais vous persistez à continuer dans la même direction. La politique que vous voulez mener en matière d’emploi pousse les gens vers la précarité au lieu de les en sortir.

Des attaques contre l’emploi public

Un autre vecteur important de lutte contre la pauvreté est l’emploi public. Créer des emplois publics stables, de bonne qualité et correctement payés permet de tirer les conditions du marché du travail vers le haut.

Cependant, toutes les études (UWE, IWEPS, BNB) montrent que l’emploi public en Wallonie a progressé plus lentement que l’emploi privé ces 15 dernières années. Le rythme de progression a également été plus lent en Wallonie (4,4 %) qu’en Flandre (9,5 %) ou à Bruxelles (10,75 %) entre 2005 et 201810. La part de l’emploi public dans l’emploi total n’a fait que baisser de manière continue lors des deux dernières législatures.

Les études réalisées ces dernières années démontrent également une tendance à la contractualisation dans les SPW et les OIP au détriment du statut, principalement dans les effectifs les plus récents. Ainsi, selon l’IWEPS, 60 % des effectifs récents au SPW et 87 % dans les OIP sont des contractuels. La majorité des statutaires est âgée de 50 ans et plus, ce qui amènera dans les années à venir un vaste processus de remplacement de tous ces agents, qui pourrait se traduire par davantage de contractualisation. Pourtant, le statut est un élément absolument essentiel et qu’il faut défendre, non seulement car il offre une véritable stabilité aux travailleurs de la fonction publique, mais aussi, car il assure leur autonomie en les protégeant d’éventuelles décisions arbitraires et des changements dans le personnel politique.

Or, qu’est-ce qu’on voit dans la politique de ce gouvernement ? Celui-ci prétend à la fois privilégier le statut dans la fonction publique et « améliorer les carrières des contractuels ». La ministre De Bue s’est quant à elle prononcée pour une « fonction publique plurielle », avec des contractuels et des statutaires. Le gouvernement est dans une position ambiguë. Il faut se prononcer clairement pour davantage de statutarisation : les syndicats réclament depuis 2 ans l’application de l’accord sur la modification de l’article 119 quater du Code de la fonction publique, qui permettrait de faire accéder un plus grand nombre de contractuels au statut, mais ce gouvernement n’a pris aucun engagement allant dans ce sens.

Au niveau des économies dans la fonction publique, nous ne sommes là non plus pas du tout rassurés. Les deux derniers gouvernements ont pris des mesures d’austérité qui ont touché durement le secteur. Sous le gouvernement Magnette, il a été décidé que seul un départ à la retraite sur 5 serait remplacé. Le gouvernement Borsus a lui aussi demandé un effort global aux SPW et aux UAP. Le FOREM a par exemple dû réaliser des coupes de 37 millions : 2 millions dans le personnel, 10 millions dans les frais de fonctionnement et 25 millions supprimés de sa dotation11. Ces 3 dernières années, le FOREM a ainsi dû couper 10 % par an dans son budget et même jusqu’à 13 % pour cette année12 ! Plus généralement, les SPW ont vu leurs frais de fonctionnement diminuer de 3 %13.

La fonction publique est ainsi de plus en plus pressée jusqu’à l’os, et cela se fait au détriment des travailleurs et des usagers. Reprenons l’exemple du FOREM : l’ancien gouvernement MR-CDH avait estimé que la mission principale du FOREM devait se baser uniquement sur les formateurs et les conseillers, du coup on a coupé dans tout le reste des emplois : le secteur administratif, les services d’accueil, etc. Pourtant, l’accueil a une grande importance dans ce secteur : c’est le 1er contact avec le demandeur d’emploi, c’est un métier à part entière. Aujourd’hui, tous ces métiers plus administratifs ne sont plus renouvelés : on se souvient des propos de Pierre-Yves Jeholet, alors ministre de l’Économie et de l’Emploi, il y a un an, qui disait que le FOREM allait devoir se passer de 500 équivalents temps plein (600 personnes) d’ici 2024 : 290 emplois dus à la fin du Plan Marshall, 56 emplois dus à la fin du PTP décidé par le gouvernement Magnette, 76 emplois dus à la non-reconduction du Fonds social européen à partir de 2020 et 76 emplois APE. Au niveau des emplois PTP, c’est même pire que ça puisque sur 180 postes, seulement 80 seront peut-être (et ce n’est pas une certitude) sauvés, mais cela se fera sur le budget ordinaire du FOREM et ce seront là encore des contrats, dont une partie en CDD14.

Tout cela a une conséquence sur les conditions professionnelles des travailleurs et sur la qualité du service rendu aux usagers : toutes les fonctions administratives, comme les convocations, le suivi des dossiers, etc., ce sont les conseillers qui vont devoir de plus en plus s’en occuper, ce qui augmentera leur charge de travail et réduira le nombre d’entretiens qu’ils pourront réaliser. Par exemple, un syndicaliste15 nous expliquait qu’à Charleroi, le service du FOREM s’organise sur deux sites : jusqu’il y a peu, il y avait 6 équivalents temps plein et 2 mi-temps pour gérer le travail sur ces deux sites ; aujourd’hui, il n’y a plus que 3 équivalents temps plein pour se partager le boulot. C’est absolument intenable et c’est un exemple parmi d’autres du résultat qu’engendrent concrètement les politiques d’économies menées dans la fonction publique.

Les coupes dans les frais de fonctionnement ont aussi des conséquences négatives dans les conditions de travail des travailleurs du FOREM : les 10 millions d’économies dont je parlais tout à l’heure ont eu un impact visible sur l’entretien des bâtiments, avec des travaux prévus qui sont sans cesse reportés.

Aujourd’hui, avec la volonté de mettre en place un « budget zéro », c’est-à-dire d’aller faire un screening de toutes les dépenses une par une pour vérifier si elles sont justifiées, et de demander aux SPW un effort de 25 millions ainsi qu’aux UAP, le gouvernement se situe dans la lignée des précédents. Malgré toutes ces coupes budgétaires absurdes qui ont affaibli le FOREM, et alors que le FOREM a déjà dû chercher 34,9 millions d’euros dans son compte de réserve l’année dernière, vous voulez couper encore 3,2 millions d’euros dans le budget. Vous prétendez que votre budget n’est pas un budget d’austérité, mais dans les faits, vous ne changez rien par rapport aux politiques précédentes d’austérité menées dans la fonction publique, et ce sont encore une fois les travailleurs et les usagers de ces services publics qui vont devoir en payer le prix.

Le budget prévoit également 1 million d’euros pour réaliser un screening complet de la fonction publique. La ministre explique que son but est de partir des besoins objectifs du secteur et qu’elle ne veut pas rationaliser la fonction publique, mais dans le même temps elle dit ne pas vouloir de fonction publique « pléthorique » alors que nous en sommes loin aujourd’hui. Ici aussi, la position du gouvernement est ambiguë. Nous craignons que derrière la mise en place d’un tel screening se cache là aussi la mise en place d’économies dans la fonction publique, avec des transferts de moyens et de personnel entre les différents services, ce qui fait que certains services risquent d’en pâtir. L’expérience des opérations de ce type dans le secteur privé nous montre que cela mène souvent à des restructurations, d’autant plus que la ministre insiste ici sur le fait que les différentes directions régionales seront responsabilisées pour atteindre les objectifs. Que se passera-t-il si les objectifs ne sont pas atteints ? Nous n’avons aucune réponse claire là-dessus.

Un budget mobilité plus que décevant

Un troisième moyen de lutter contre cette crise sociale et aussi pour la préservation de l’environnement, c’est la mobilité. Avoir des transports publics accessibles, confortables et efficaces, c’est une garantie contre la pauvreté.

Le ministre-président ne dit d’ailleurs pas autre chose puisqu’en commission Affaires générales de lundi dernier, la première mesure qu’il a énoncée comme solution pour améliorer le pouvoir d’achat est « la mise en œuvre progressive de la gratuité des transports en commun pour les jeunes jusqu’à 25 ans, pour les 65 ans et plus et pour les plus démunis ».

Mais pour ça, il faut plus de moyens. Or, au lieu des 75 millions promis par le ministre Philippe Henry pour l’OTW (opérateur des transports wallons, TEC), c’est 87 millions que perd cette entreprise publique.

Une perte de 87 millions pour le TEC

Le ministre Henry prétend effectivement prévoir 75 millions en plus pour le budget de l’OTW. Ce n’est pas ce que disent les chiffres.

Si on regarde le budget dans sa globalité, les moyens alloués à l’OTW ne progresseront que de 1 % en rapport avec le budget 2019. Passant ainsi de 564 millions à 571 millions. Soit seulement 7 millions en plus. L’an dernier, ce budget avait pourtant connu une progression de 10 %. Si on intègre les 35 millions prévus dans le Plan wallon de transition, on arrive péniblement à une augmentation globale de 7 %. En dessous, donc, de l’évolution de l’an dernier malgré les besoins et les promesses. Voilà l’ambition d’un gouvernement qui disait pourtant vouloir investir massivement dans l’augmentation de l’offre et de la qualité des transports en commun dans notre région.

En fait, le montant de 75 millions annoncé par le ministre est en grande partie constitué de transferts. On promet ainsi 5,4 millions pour la mise en place progressive de la gratuité partielle que le ministre ira chercher dans des charges d’exploitations qui n’augmentent pas. En effet, ces charges restent plafonnées à un peu moins de 400 millions dans le budget. Et les 9 millions d’euros pour le verdissement de la flotte ainsi que les 16 millions pour assurer l’évolution de l’offre ne sont que des écritures budgétaires au sein des mêmes charges de fonctionnement.

Pire que ça, le budget de l’OTW se fait spolier de 94 millions d’euros. En effet, le budget du ministre Ecolo Philippe Henry ne prévoit aucune forme de rattrapage de la perte non réglementaire infligée à l’OTW par le ministre cdH Carlo Di Antonio. La formule d’indexation n’a, en effet, pas été respectée par le gouvernement précédent. C’est ce que pointe dans un rapport la Cour des comptes. Cela représente une perte de 94 millions d’euros au détriment de ce service public pour la période 2013-2018. Une véritable cure d’austérité imposée sans l’annoncer. Cette austérité se traduit très concrètement dans la vie des gens. À Liège par exemple, des centaines de trajets sont supprimés faute de bus ou de chauffeurs. Les transports en commun sont tellement chaotiques que par moment, les applications recommandent carrément de faire le trajet à pied, pour des durées dépassant les 40 minutes...

Et ce défaut d’indexation continuera à produire ses effets pour les années qui viennent. En effet, dans 5 ans la non-indexation aura entraîné un manque de 66 millions d’euros dans 10 ans ce sera 76 millions... au détriment des passagers et des travailleurs du secteur. Malgré la demande du PTB face aux difficultés que connaissent de plus en plus d’usagers, le ministre Ecolo Philippe Henry considère que « c’est du passé » et ne veut pas rendre cet argent dont l’OTW a été privé de manière non réglementaire. Au final, au lieu de toucher 75 millions, l’OTW se verra privé de 87 millions pour financer les missions dont elle a la charge. Et ce, dans un gouvernement dont le ministre est Ecolo et qui crie, à qui veut l’entendre, que la mobilité soucieuse de l’environnement sera une de ses priorités.

Le gouvernement Di Rupo évoque la possibilité d’ajouter 35 millions au budget de la mobilité mais il n’y a aucune information sur le moment où cette somme sera disponible et surtout sur ce qui sera fait de cet argent. Dans tous les cas, elle viendra à peine remplacer la diminution de 34,9 millions d’euros de diminution subie par les engagements sociaux de l’OTW.

Des chiffres qui ne collent pas

Le ministre Philippe Henry, pourtant ingénieur civil de formation, semble fâché avec les chiffres. Il y a en effet de vraies bizarreries dans le budget de l’OTW. Près de 20 millions ont disparu dans la nature.

Dans le budget est mentionnée une diminution des fonds réservés aux engagements sociaux de 34,9 millions d’euros. Pourtant, dans le rapport d’activités de l’OTW, on mentionne une diminution de 30 millions de ces engagements sociaux. Où sont partis les 4,9 millions d’euros ? On ne sait pas.

Ce qui est encore plus étrange, c’est qu’au 31 décembre 2018, les engagements sociaux étaient estimés à 49,75 millions d’euros d’après le rapport financier de l’OTW. Plus le « one shot » de 30 millions, ça fait donc 79,75 millions. Le budget 2019 fixant ce montant à 66 millions d’euros, on assiste donc à la disparition de près de 14 millions d’euros qui s’ajoutent aux 4,9 millions déjà cités.

Une dernière bizarrerie. Le décret de l’année dernière mentionnait la somme de 63 760 millions à l’initial 2019 tandis que le décret qui est maintenant en discussion mentionne un montant à l’initial 2019 de 65 972 millions d’euros. Soit une différence de 2,2 millions d’euros. Comment expliquez-vous ça ?

Dans les documents budgétaires, on évoque une diminution de 24 millions des charges d’exploitation, une diminution compensée, mais lorsqu’on regarde article budgétaire par article budgétaire on arrive à une diminution (toujours compensée) de 31 millions d’euros.

On peut donc conclure qu’en plus d’une opacité totale de ce budget, derrière les ambitions affichées les faits ne suivent pas. Pas de révolution à attendre dans les transports publics avec ce gouvernement, on ne rattrape même pas les retards pris ces dernières années. Pourtant les enjeux climatiques et sociaux sont urgents et ne pourront pas attendre éternellement. La gratuité totale des transports en commun se propage à travers le monde. Kansas City, 400 000 habitants, qui n’est pas du tout communiste, va s’y mettre également. Qu’attendez-vous pour rejoindre le mouvement ?

Pas de plan wallon de lutte contre la pauvreté

Enfin, notons que dans ce budget, il n’y a aucun chiffre consacré au Plan wallon de lutte contre la pauvreté. Vos intentions de mener une lutte ambitieuse contre la pauvreté sont louables sur le papier mais sont vouées à rester des intentions si vous ne vous donnez pas les moyens de vos ambitions. Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, le déplorait également mardi sur la RTBF, je la cite : « Il y a trop longtemps que l’action publique exprime une intention de s’attaquer à la pauvreté, mais ne prend pas les décisions effectives à tous les niveaux de pouvoir. Des décisions concrètes, et assorties des budgets qui sont nécessaires pour le faire, avec des éléments d’évaluation à suivre et de pourcentages à atteindre. Quand on parle de pauvreté, le gouvernement wallon a une déclaration de politique générale beaucoup plus ambitieuse en la matière. Mais ce plan de lutte contre la pauvreté n’est pas chiffré. »

Il y a une urgence et nous avons besoin de prendre des mesures fortes au plus vite. Ce n’est pas uniquement en ayant plus d’entreprises, comme le suggère Monsieur Di Rupo, qu’on résoudra le problème. Je le rappelle : 48 % de travailleurs wallons vivent dans la pauvreté parce que leurs emplois sont trop précaires pour pouvoir vivre dignement. Nous avons besoin de mesures fortes au niveau du logement, au niveau de la création d’emplois durables, et au niveau des transports en commun. Il faut également d’urgence un fonds de lutte contre la pauvreté.

Ce mot « urgence » est probablement le mot le plus important de cette prise de parole. Nous sommes face à une urgence sociale et environnementale. Il faut une rupture avec les recettes du passé et ce budget est celui des recettes de droite qui ont déjà démontré leur caractère inefficace. Dans toutes les commissions, on a entendu le même refrain. Pour voir ce que va réellement faire ce gouvernement, il faut attendre. Attendre dans 3 mois ou même plus longtemps. On bien on va suivre votre conseil. Notre soutien à un budget du gouvernement Wallon PS-MR-Ecolo se fera aussi attendre tant que ce gouvernement se bornera à répéter les recettes du passé.

Un gouvernement qui n’a pas la volonté de s’attaquer aux choix anti-écologiques de l’industrie

Vu l’urgence climatique, vu l’urgence de la pollution de la terre, de l’air et de l’eau, il est nécessaire de prendre des mesures.

Au niveau des émissions de gaz à effet de serre en Belgique, nous dénonçons dans la presse aujourd’hui que 5 entreprises déversent tout autour de nous des quantités de gaz à effet de serre qui représentent quasiment autant que les émissions de l’ensemble des ménages.

Je veux ici rendre hommage à mes camarades cheminots dont une partie s’est levée aux petites heures de la nuit pour se rassembler dans tout le pays, pour un service public de qualité. Eux font partie de la solution et s’impliquent au quotidien pour fournir une alternative écologique à la voiture.

Quand allons-nous enfin nous en prendre à ces véritables pollueurs ?

En matière d’environnement, le principe de base pour votre gestion des déchets ou de l’eau, c’est la politique du coût-vérité. Les différents gouvernements qui se sont succédé ont transformé le principe du pollueur-payeur, en un principe de « coût-vérité ».

Le « coût-vérité », c’est ce que chacun paye sur sa facture d’eau pour le traitement des eaux usées. C’est aussi la taxe poubelle. Nous l’avons déjà dit ici, c’est la mesure fiscale la plus injuste créée il y a quelques années… Chacun paye le même montant, quel que soit son salaire. La somme touche donc plus durement les salaires les moins élevés. Lors de la mise en route de cette taxe, je me souviens encore des charges de la gendarmerie contre les travailleurs en colère, dans la paisible petite ville dont je suis originaire. Nous continuons leur combat.

Le coût-vérité reporte toute responsabilité sur le citoyen. Nous ne sommes en rien responsables des politiques de suremballage, d’utilisation de plastique à usage unique ou d’obsolescence programmée. Personne n’a de petite usine à déchets chez lui. Nous subissons les choix anti-écologiques de l’industrie.

Non seulement nous ne sommes pas responsables des emballages créés, mais en bout de course, ce sont ces multinationales qui s’enrichissent avec nos déchets, comme par exemple Suez qui a fait 335 millions € de bénéfices en 2018 et qui a distribué de plantureux dividendes à ses actionnaires. Ces entreprises peuvent se faire du bénéfice, car une partie du travail et du coût est payée par les citoyens.

D’autre part, le gouvernement wallon prévoit d’augmenter la dotation à la Spaque de 3,1 millions d’euros pour dépolluer les sols. De quelle manière la collectivité est-elle responsable de la pollution des sols dus à une activité économique ?

D’une part, vous imposez aux gens de payer toujours plus pour la gestion des déchets, d’un autre côté vous augmentez l’argent collectif à la dépollution dont les citoyens ne sont pas responsables.

Il est où le principe du pollueur-payeur quand le pollueur est clairement l’industrie ?

En matière de climat comme en matière de gestion des déchets et de l’eau, on a besoin d’un plan pour y arriver avec des mesures fermes, des normes vis-à-vis de l’agroalimentaire, de la grande distribution et de tout autre secteur économique polluant.

Qui va payer ?

Quand allez-vous vous-mêmes prendre vos responsabilités pour changer les choses sans remettre la responsabilité sur le dos du citoyen ?

Quand allez-vous enfin vous en prendre aux vrais responsables ?

Quand allez-vous vous arrêter de vous en prendre aux familles qui ne peuvent plus nouer les deux bouts ?

Les personnes âgées sont abandonnées à leur sort

12 000 places minimum ! C’est le nombre de places en maisons de repos que le secteur estime urgent de créer d’ici à 2030. C’était d’ailleurs l’objectif du gouvernement wallon précédent. Ces projections se basent sur des données datant d’il y a 5 ans et elles sont donc probablement en dessous des besoins réels.

Le gouvernement wallon prévoit dans son budget actuel la création de 130 lits par an en maison de repos d’ici à 2025 – autrement dit 650 lits créés au total. Il est également prévu de transférer 2 200 places des maisons de repos vers les maisons de repos de soins en 2020, mais cela ne fait pas augmenter le nombre total de places. À supposer même qu’il s’agisse de nouvelles places : on aurait au total moins de 3 000 places créées pour un besoin minimum de 12 000 places.

À l’évidence, vos objectifs sont très largement en dessous des demandes du secteur et certainement pas à la hauteur des besoins réels de nos aînés. Car la situation des personnes âgées est devenue intenable.

Outre le manque évident de places pour notre population vieillissante, les prix ont explosé ces dernières années. D’après une étude de la Fédération des CPAS, les prix ont augmenté de 26 % en moyenne et même de 32 % dans le privé. L’augmentation des prix des maisons de repos est la conséquence de la politique des partis traditionnels qui laisse le secteur de plus en plus dans les mains de firmes privées qui font du profit sur le dos de nos aînés. Alors que nos pensionnés ont les pensions parmi les plus basses d’Europe. Dans notre pays, 1 pensionné sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. Plus de la moitié des femmes n’ont pas 1 000 euros de pension par mois.

La conséquence de tout cela est que les personnes âgées doivent payer plus pour un service moins bon alors qu’elles sont particulièrement touchées par la pauvreté. Sept minutes par résident pour la toilette. Parfois le personnel soignant n’a même pas le matériel adéquat et doit faire la toilette des résidents avec des taies d’oreiller. 87 % des soignants estiment que les résidents des maisons de repos ne reçoivent pas les soins nécessaires. Tout cela montre l’importance cruciale de renforcer le nombre de places disponibles, mais aussi les équipes qui s’occupent des résidents au quotidien.

Et à notre sens, c’est dans le secteur public qu’il faut prendre les mesures les plus importantes, pour notamment baisser les prix sur le marché et diminuer l’écart grandissant entre le public et le privé. Pour beaucoup de communes, c’est impossible de créer des places en plus, construire une nouvelle maison de repos, c’est 100 000 euros par lit. Il faut que ça puisse rester à des prix abordables.

Nous entendons bien l’argument – repris par la ministre Morreale – qui veut renforcer les soins à domicile et l’autonomie pour éloigner le plus possible l’arrivée en maison de repos. C’est vrai que la plupart des personnes plus âgées préfèrent rester dans leurs meubles, dans la maison qu’elles ont parfois mis toute une vie à construire. Mais même pour cela, nous n’avons aucun objectif chiffré ni budget de la part du gouvernement.

Vieillir dans la dignité est un droit : cela ne doit pas être un luxe accessible seulement à certains ! Il s’agit de nos grands-parents, nos parents et de nous-mêmes dans quelques années.

Prendre ses responsabilités, c’est voter contre ce budget

Pour nous, prendre ses responsabilités, ça implique d’avoir une politique qui réponde aux besoins de la population, que ce soit en termes de logement, de mobilité, d’emploi ou de lutte contre la précarité.

Ne voyez-vous pas ce qu’il se passe ici et dans toute l’Europe ? Toutes les formations politiques au pouvoir depuis ces 30 dernières années sont sanctionnées. Les gens ne veulent plus soutenir ceux qui appliquent les mêmes recettes néolibérales, année par année, sans que cela n’améliore un tant soit peu leurs conditions de vie.

Le PTB va voter contre ce budget. Pas parce que nous sommes contre les investissements ou le combat au niveau européen. Que du contraire. Mais parce que nous ne pouvons pas donner notre confiance sur un budget de transition qui ne réponde pas aux besoins des gens. Et nous continuerons à nous battre ici à partir des bancs de l’opposition ou en dehors de ce parlement aux côtés des mouvements sociaux pour que le gouvernement wallon rencontre cette urgence sociale et écologique qui nous préoccupe. C’est notre définition d’une expression que je trouve souvent un peu galvaudée dans ce parlement : « prendre ses responsabilités ».

 

 

1En Wallonie, 44,7 % des locataires au prix du marché ont un revenu net équivalent inférieur au seuil de pauvreté : https://www.iweps.be/indicateur-statistique/taux-de-pauvrete-selon-statut-logement/.

2On observe une légère augmentation de la part du revenu net consacrée au loyer par les ménages locataires. En 2018, la moitié des ménages locataires consacraient plus de 26 % de leur revenu à leur loyer, un quart en consacraient plus de 37 % et un quart en consacraient moins de 20 %. En 2005, ces proportions étaient respectivement de 24 %, 32 % et 16 %. L’augmentation de cette part est plus importante et plus significative pour ceux qui consacrent une part importante (3e quartile) ou plus faible (1er quartile) du revenu au loyer que pour ceux situés dans une position médiane : https://www.iweps.be/indicateur-statistique/loyers-en-wallonie/.

3Part de la population vivant dans un logement humide : https://www.iweps.be/indicateur-statistique/part-de-population-vivant-logement-humide/.

4En termes financiers, si l’on se base sur les budgets prévisionnels des projets, cela représente plus d’un milliard de fonds publics et privés injectés dans la politique des pôles de compétitivité depuis son lancement, dont 82 % destinés au volet de la RDI, au cœur de la politique. Page 18 du rapport de l’IWEPS.

5A.B 31.12 et AB 01.13 du budget du ministre Borsus.

6Ibidem.

7https://sites.uclouvain.be/econ/DP/IRES/2015017.pdf Les pôles de compétitivité wallonsQuel impact sur les performances économiques des entreprises ? page 20.

8https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_poles-de-competitivite-10-ans-de-bon-travail?id=10215444

9Nous confirmons que les niveaux de subsides actuels semblent contribuer à des créations nettes d’emplois, mais d’ampleur relativement limitée et composées presque exclusivement d’emplois temporaires. De plus, le modèle de l’IWEPS montre que pour des taux de subsides plus élevés un impact négatif se fait ressentir sur les emplois permanents, on observe des pertes d’emplois permanents.

10Michel Meyer dans L’Écho du 06/04/18, compilation de données provenant de la BNB, du bureau national du plan et d’organismes régionaux.

11L’Avenir, 09/10/17.

12Michel Pierlot, délégué CGSP FOREM, cité dans La Meuse Luxembourg du 19/10/18.

13La Libre, 19/10/18.

14David Dupire.

15David Dupire.