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On manque de tests, mais un labo va en France pour faire plus de profit

Synlab, l’un des plus grands groupes de laboratoire actifs dans notre pays, ouvre actuellement un centre de test géant à Lille, en France. Non pas parce que les besoins sanitaires y sont plus aigus que chez nous, mais bien parce que sa marge bénéficiaire y est plus élevée.

Jeudi 29 octobre 2020

« Cela montre qu’il est parfaitement possible de sortir de l’impasse dans lequel notre dispositif de testing se trouve actuellement. Mais le gouvernement doit prendre la stratégie de testing en main. Nous ne pouvons pas laisser le marché décider de la santé des gens », réagit la médecin et députée PTB Sofie Merckx.

La semaine dernière, la multinationale allemande Synlab a ouvert une gigantesque « usine à tests » à Lille, à la frontière belgo-française. En deux semaines, Synlab est parvenue à débloquer un million d’euros pour acheter de nouvelles machines et embaucher du personnel. Ce nouveau centre teste 1 000 personnes chaque jour, qui reçoivent les résultats de leurs tests dans les 24 heures.

« Cet exemple nous montre qu’il est possible d’augmenter la capacité de testing des laboratoires, mais aussi qu’à l’heure actuelle, c’est la chasse au profit qui détermine les priorités, constate Sofie Merckx. Qu’est-ce qui pousse cette multinationale à investir en France plutôt qu’à Liège ? Pas la situation sanitaire, puisque les indicateurs sont bien pires dans notre pays. Ce qui la motive, ce sont les avantages financiers : le tarif remboursé par l’assurance maladie est de 73,59 euros en France, comparé à 46,81 euros en Belgique. »

Sofie Merckx souligne le fait que les tarifs de remboursement en vigueur chez nous sont déjà très avantageux. « On évalue à 16 euros la marge bénéficiaire que les laboratoires empochent sur chaque test en Belgique. » Du 14 au 21 octobre, Synlab a réalisé en moyenne 2 600 tests par jour, ce qui représente un bénéfice de 41 000 euros par jour, soit plus d’un million d’euros de profit par mois.

« Apparemment, cela ne suffit pourtant pas, puisqu’il y a moyen de faire encore plus de profit ailleurs. Synlab n’investit pas là où les besoins sont les plus aigus, mais bien là où les tests lui rapportent le plus de bénéfices », dénonce Sofie Merckx.

Pour Sofie Merckx, cet exemple offre une perspective concrète au gouvernement pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve notre système de testing actuellement. « Le gouvernement doit revenir sur la décision qu’il a prise plus tôt cette semaine et déployer une stratégie de testing réellement ambitieuse. C’est tout à fait possible, pourvu que l’on sorte de la logique du marché. »

Le PTB propose donc un plan pour sortir de la crise du testing en Belgique.

Le PTB appelle tout d’abord le gouvernement à prendre en main la gestion du dispositif de testing avec des mesures contraignantes pour les laboratoires privés. « Le gouvernement doit obliger les laboratoires à embaucher du personnel et augmenter leurs capacités, demande Sofie Merckx. Cela permettra d’alléger la charge de travail du personnel et de raccourcir les délais d’attente des résultats des tests. Les grands laboratoires ont les moyens pour le faire. »

Deuxièmement, il faut de toute urgence mettre en place la plateforme de testing nationale. Cet été, le ministre en charge sortant, Philippe de Backer, avait annoncé le développement d’une capacité de 90 000 tests par jour au total. « À ce niveau-là, nous assistons à un échec politique, analyse Sofie Merckx. En août, tous les experts disaient qu’il fallait se préparer à une deuxième vague. Comment le gouvernement a-t-il pu ne pas prendre la mesure de la gravité de la situation ? C’est une erreur politique grave, qu’il s’agit de réparer de toute urgence en donnant sans plus attendre un coup d’accélérateur aux procédures. »

Il est grand temps de placer la santé avant le profit. « Ce dossier montre la faillite d’un système de soins de santé piloté par le libre marché et les multinationales. Les conséquences de cela sont bien visibles : c’est le profit qui prime sur la santé de la population. Cela ne peut plus durer. Nous avons besoin d’un système de soins de santé fort, au service des citoyennes et citoyens », conclut Sofie Merckx.