Sander Claessens : « Le marxisme est plus d'actualité que jamais »

Interview réalisée par Gerrit Hoekman, parue dans le journal allemand Junge Welt le 20 juin 2025, traduction de la rédaction.

Début juillet, vous allez parler de marxisme pendant quatre jours à Bredene, en Belgique. Pourquoi ça ne sera pas mortellement ennuyeux ?

Parce que le marxisme est ce qu'il y a de plus passionnant ! Beaucoup de choses se passent dans le monde : un génocide à Gaza, des milliards investis dans la guerre et l'industrie de l'armement, des coupes dans les droits de la classe travailleuse à travers le monde... Il y a une énorme confusion parmi les gens sur ce que tout cela signifie, ce qui les pousse à se tourner vers des idées réactionnaires, l'extrême droite et les théories du complot. Pour comprendre notre monde qui bascule, il faut un cadre d'analyse. C’est ce qu’on veut offrir aux activistes, syndicalistes, travailleurs, jeunes et étudiants. C'est vraiment fascinant, car c'est très émancipateur. Quand on comprend le monde, on peut aussi le changer. C'est notre devise.

Que répondez-vous à ceux qui considèrent le marxisme comme dépassé ?

Le marxisme est un cadre d'analyse vivant, en constante évolution. Marx et Engels ont constaté au 19e siècle que les intérêts de la classe travailleuse et ceux des capitalistes sont diamétralement opposés, que la quête du profit domine tout et que nous devons nous y opposer. C’est évident que c’est toujours d’application aujourd'hui

Quel programme attend les participants de votre Marxist Summer School ?

Jörg Kronauer et Ulrike Eifler parleront de la militarisation en Allemagne. Le Sud-Africain Jonis Ghedis Alasow parlera de l'impérialisme aujourd'hui du point de vue du Sud global. Alex Gordon, président britannique des syndicats des chemins de fer, expliquera le Manifeste communiste et le replacera dans un contexte actuel. Peter Mertens, secrétaire général du PTB, parlera lors de la conférence d'ouverture de la nécessité du socialisme face à la militarisation actuelle. La députée du PTB au parlement belge, Nadia Moscufo, parlera de la fierté que la classe travailleuse doit retrouver. Il y aura même des tables rondes sur l'intelligence artificielle ou sur la lutte pour le climat et une conférence de la Britannique Mary Davis sur la libération des femmes. Le marxisme est donc plus actuel que jamais.

... mais ce n'est pas simple comme sujet. Comment rapprochez-vous les jeunes du marxisme ?

À 29 ans, je fais partie de ce qu’on appelle la génération Palestine. Nous descendons dans la rue parce que nous refusons un avenir où un État, soutenu par l'impérialisme et la complicité des États-Unis et de l'Europe, peut commettre un génocide en toute impunité. Pour être efficaces dans cette lutte, nous avons besoin d'un cadre. Nous devons reconnaître qu'il y a un lien avec notre système économique, le capitalisme. En fin de compte, toutes les contradictions et problèmes sociaux sont liés à lui. Nous vivons dans une société de classes, où les intérêts de la classe dominante entrent en collision avec les nôtres.

Qu'est-ce que cela signifie dans la pratique ?

Beaucoup de gens commencent une campagne avec de bonnes intentions, mais se retrouvent désillusionnés parce qu'ils n'ont pas de repères. Le marxisme offre un cadre pour trouver un ancrage, orienter sa lutte et vraiment changer les choses. D'innombrables mouvements sociaux et partis de gauche tout au long de l'histoire jusqu'à aujourd'hui ont utilisé le marxisme comme guide.

L'objectif de la Marxist Summer School est de découvrir les bases. Quelles sont, selon vous, les plus importantes ?

L'histoire comme lutte des classes, la philosophie marxiste, l'économie politique aujourd'hui, le caractère de l'État et l'impérialisme. Il y aura également une conférence d'Anton Jäger sur « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte » de Marx. Je recommande aussi le cours sur le Manifeste communiste ou sur Lénine et l'impérialisme.