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Pour le climat et contre la militarisation, marchons  le 5 octobre

Nous répondons à l’appel des syndicats, mutuelles, ONG et associations regroupées au sein de la Coalition Climat : nous serons présents à la grande marche nationale pour le climat le 5 octobre à Bruxelles et invitons chacun à s'y rendre. Pour enfin investir des milliards dans la lutte climatique et sociale, pas dans la course aux armements.

Mercredi 24 septembre 2025

Des jeunes marchent pour le climat à Bruxelles.

Le gouvernement De Wever-Bouchez veut investir des milliards pour l'armement. Autant d'argent qu'il veut couper dans les pensions et les soins de santé et qui n'ira pas non plus dans des politiques climatiques dont nous avons besoin. D'autres choix sont possibles : investissons des milliards dans le social et le climat plutôt que dans des nouveaux F-35.

Rendez-vous le 5 octobre à 12h à la gare du Nord de Bruxelles.

Cliquez ici pour voir l'événement Facebook.

Article écrit par Mathieu Strale.

En novembre 2025, la COP30, la conférence internationale annuelle sur le climat organisée par les Nations Unies, se tiendra au Brésil. Dix ans après l’Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C a quasiment échoué. Si rien n’est fait, l’ONU prévoit une augmentation de 3,1 °C d’ici la fin du siècle. Un scénario insoutenable, alors que les événements climatiques extrêmes deviennent déjà plus fréquents et touchent en premier lieu les travailleurs et leurs familles. Comme on l’avait vécu lors des inondations de 2021 dans la vallée de la Vesdre, ou les incendies immenses dans le sud de l’Europe cet été.

Chaque année compte pour limiter le réchauffement de la planète. Chaque année, prendre des mesures drastiques devient de plus en plus urgent. Pourtant, les pays européens, à la suite des États-Unis, font passer la militarisation avant tout. Les budgets militaires explosent, tandis que les investissements verts ou les promesses de solidarité avec le Sud s’évaporent. Les moyens existent, mais ils sont aspirés par la logique de guerre.

Le basculement des financements vers la guerre

« Faisons basculer les financements. » Voici l’appel de la Coalition Climat (qui regroupe ONG, mutuelles, syndicats et une centaine de mouvements citoyens de toute la Belgique) pour rejoindre la marche climat le 5 octobre à Bruxelles. Pour relever le défi climatique, il y a urgence à investir dans des logements rénovés et isolés, dans des transports publics efficaces, dans une énergie propre et bon marché qui soutient la transformation de notre industrie.

Mais c’est à un autre basculement que l’on assiste. Les montants réclamés depuis des années pour la transition climatique et qui semblaient introuvables sont dégagés en quelques mois, mais pour une toute autre priorité : la militarisation tous azimuts. Ce revirement va à l’encontre de nos besoins climatiques et sociaux.

Tout d’abord, parce qu’un euro en plus pour l’armée est un euro en moins pour le reste. Ainsi, en Belgique, le même gouvernement De Wever-Bouchez qui annonce vouloir consacrer 34 milliards d’euros d’investissements dans la militarisation d’ici 2035, prévoit de couper dans le budget de la SNCB, dans les investissements dans les parcs éoliens et la transition énergétique de l’industrie, dans la recherche scientifique fédérale sur le changement climatique. Des coupes budgétaires qui ciblent aussi la sécurité sociale, à laquelle il faudrait préférer la « sécurité dure », militaire, selon les mots du ministre de la Défense Theo Francken.

Investir dans l’armement ou dans notre avenir climatique et social ? C’est face à ce choix de société que nous nous trouvons. L’Agence Internationale de l’Énergie a estimé les budgets nécessaires pour réaliser la transition climatique et énergétique à une somme équivalente à maximum 3,7 % du PIB. Pourtant aucune norme budgétaire climatique n’est envisagée, mais les pays européens membres de l’Otan se sont engagés pour la norme Trump de 5 % de leur PIB pour leurs budgets militaires. En 2024, Les budgets militaires des membres de l’Otan ont atteint 1500 milliards de dollars. Alors qu’ils entendent encore augmenter ces budgets militaires de plusieurs centaines de milliards, les pays du nord n’ont promis que 300 milliards de financements solidaires aux pays du Sud global pour financer les conséquences du changement climatique causée par le Nord global.

En plus de détourner les moyens, la militarisation pollue énormément. Par exemple, Un F35, en plus de coûter 130 millions d’euros pièce - soit de quoi acheter 30 trains ou isoler plus d’un millier de logements - consomme 5 000 litres de kérosène par heure de vol. Pour consommer autant de carburant, il faudrait dix ans à un travailleur effectuant quotidiennement un trajet de 25 kilomètres vers son entreprise avec sa voiture diesel ou essence. Si l’armée US était un pays, elle émettrait plus que l’Espagne ou la Suède.

Une étude récente estime que l’augmentation des budgets militaires des pays européens pour respecter la « norme Otan » de 5% de PIB va induire à elle seule une augmentation de 12 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Europe. Autant que les émissions générées par le chauffage de tous les logements européens.

Du Green Deal à RearmEurope

Derrière ce revirement militaire se trouve l’échec de la politique climatique européenne. Sous la pression des mobilisations du mouvement climat de 2018-19 dans toute l’Europe, les autorités avaient prétendu qu’elles avaient entendu le message, qu’elles allaient prendre en compte la protection du climat et de l’environnement.

Du gouvernement belge à la Commission européenne, tout le monde nous a vendu le Green Deal européen. La recette : des milliards de subsides publics inconditionnels aux géants privés pour financer la transition et une confiance dans les logiques de marché, en espérant que la concurrence et le marché du carbone allaient accélérer la transition en « donnant un prix à la pollution ».

Très vite, les résultats n’ont pas été à la hauteur. Les géants de l’énergie - qui sont aussi les plus grands pollueurs - de TotalEnergies à Shell, ont freiné des quatre fers. Les milliards de profits qu’ils peuvent encore faire avec les énergies fossiles priment sur tout. Leur durabilité c’est la « durabilité des dividendes », comme l’a dit Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies.

Ensuite est venue la guerre en Ukraine et la crise de l’énergie. Au lieu d’investir dans une énergie publique renouvelable, nos gouvernements ont décidé d’acheter du gaz de schiste états-unien, polluant et cher. Il nous est vendu trois fois son prix aux États-Unis. Résultat : une aggravation de la crise industrielle et un recul des politiques climatiques.

Aujourd’hui, l’Union européenne abandonne même l’objectif officiel du Green Deal de soutenir une « reconversion industrielle verte » et choisit une autre voie : la militarisation. Relancer la production par des commandes massives d’équipements militaires. Si l’industrie verte ne décolle pas, on passe à l’industrie de guerre.

Ce 18 septembre dernier, les États-membres de l’Union européenne n’ont pas réussi à s’accorder sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2040. La même présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen qui défendait en 2021 le Green Deal appelle aujourd’hui à sa mise en pause au profit du plan Rearm Europe de 800 milliards d’euros.

L’hypocrisie du gouvernement De Wever-Bouchez sur la taxe carbone

Du côté des travailleurs, les politiques menées au nom du climat sont impopulaires : leurs factures d’énergie ont explosé, ils doivent se séparer de leur vieille voiture, ils vont se voir obliger d’isoler leur logement sous peine d’amende et sans aides. Dans l’industrie, transition verte semble aller de pair avec mise en danger de l’emploi. La facture de la transition verte retombe sur leurs épaules et pas sur celles des vrais pollueurs ; et rien ne s’arrange pour le climat.

Alors, pour justifier leur revirement sur le climat, certains partis – comme la N-VA ou le MR en Belgique - expliquent qu’ils ont entendu la colère de la population, qu’il est temps de revenir à une « écologie raisonnable ». S’ils ont effectivement reporté ou supprimé les normes environnementales pour les grands pollueurs, ils ont par contre maintenu l’une des mesures les plus injustes pour les gens : la taxe carbone européenne - le dispositif ETS 2 dans le jargon européen - qui doit entrer en fonction en 2027.

La logique : augmenter le prix de l’essence de 0,10 € par litre, celui du diesel et du mazout de chauffage de 0,12 € par litre et celui du gaz naturel de 0,89 euro/Kwh. Concrètement, la facture d’une famille se chauffant au gaz ou au mazout augmentera de près de 150 à 200 euros par an. Pour un travailleur effectuant 30 000 km par an en voiture, ce sera près de 200 euros supplémentaires.

Malgré les déclarations de la N-VA ou du MR, le gouvernement De Wever-Bouchez défend la mise en place de cette taxe injuste, qui se retrouve dans l’accord de gouvernement et dans les tableaux budgétaires fédéraux. Ce sont encore les travailleurs et les familles qui paieront pendant que les décisions nécessaires - contrôle public de l’énergie, planification, normes sociales et environnementales encadrant la transformation de chaque secteur d’activité - sont repoussées, diluées ou abandonnées.

Un basculement au service des États-Unis de Trump

Ce virage vers la militarisation ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans la stratégie des États-Unis, qui poussent leurs alliés européens à augmenter massivement leurs dépenses militaires.

Et qui profite de ces milliards ? Principalement le complexe militaro-industriel américain. Près de deux tiers des achats d’armes réalisés par les pays européens vont directement aux entreprises des États-Unis. À cela s’ajoute la dépendance énergétique. Sous la pression de Washington, l’Europe a signé des contrats massifs pour importer encore plus de gaz de schiste américain. Pour les États-Unis, les priorités sont claires : sécuriser les débouchés de son industrie d’armement et son énergie fossile. Et maintenir l’Europe dans une dépendance énergétique, économique, politique et militaire.

Ainsi, l’Europe s’aligne sur les intérêts de Washington au moment où la Maison-Blanche est occupée par un président guerrier qui soutient le gouvernement génocidaire de Netanyahou, qui menace d’envahir Panama, le Groenland ou le Venezuela. Un président climato-sceptique qui a fait sortir son pays des négociations internationales sur le climat, bloque les investissements dans la sortie des énergies fossiles et met fin aux recherches scientifiques sur le climat. Le président d’un pays qui est le plus grand pollueur du monde et le premier producteur mondial d’énergies fossiles.

Le basculement vers la guerre est une impasse pour les peuples européens comme pour les peuples du sud. Au lieu de coopérer pour relever ensemble le défi climatique, on attise une nouvelle guerre froide qui ne profite qu’aux multinationales de l’armement et de l’énergie. Et quand ceux d’en haut n’entendent pas, il est temps de reprendre le chemin de la rue.

Change the system not the climate

La marche climat du 5 octobre est une étape importante pour faire entendre cette voix : celle de la solidarité, de la justice et de la lutte pour notre avenir commun. Ensemble, nous pouvons imposer le basculement dont nous avons besoin : des milliards, non pas pour la guerre, mais pour le climat et pour nos besoins sociaux.

Le vrai responsable de la crise climatique est connu : le capital. « Le changement climatique n’est que le reflet atmosphérique de l’accumulation du capital sur Terre, explique le président de gauche colombien Gustavo Petro. L’ouragan de l’accumulation de capital produit un ouragan de gaz à effet de serre dans notre climat. Et cela peut conduire à la fin de l’humanité. Il existe une contradiction antagoniste entre le capital et la vie sur terre elle-même. » Un pays dont le gouvernent entend planifier la sortie de l’exploitation des énergies fossiles dans les dix prochaines années, en collaboration avec les travailleurs du secteur et leurs syndicats pour développer d’autres activités à même de remplacer ce qui constitue aujourd’hui le premier produit d’exportation de la Colombie.

Si on veut résoudre la crise climatique, cela passe par un changement de logiciel et de qui pilote notre société. Ce n’est pas aux travailleurs à leur famille de payer la facture du climat, mais bien aux vrais responsables : les multinationales de l’énergie et de la finance, qui continuent à engranger des profits records tout en détruisant notre avenir.

Il s’agit de :

  1. Faire payer les grands pollueurs pour financer la transition ;

  2. Planifier démocratiquement la sortie des énergies fossiles avec une énergie dans les mains du public ;

  3. Investir massivement dans les services publics, les transports publics et l’isolation des maisons ;

  4. Piloter publiquement et avec les travailleurs la transformation de notre industrie ;

  5. Partager solidairement les technologies et investissements avec les pays du sud.