Le PTB plus proche de toi et toi plus proche du PTB. Renforce la vague sociale.!

Télécharge notre app

Plus d’heures et de flexibilité, moins de protection et de salaire : les attaques que prépare le gouvernement contre les travailleurs cet été

Le gouvernement prépare en urgence – avant le 21 juillet – un projet de loi dont les mesures vont considérablement détériorer les conditions de travail. Derrière des termes techniques de l’accord de gouvernement comme « flexibilité » ou « adaptabilité » se cache une réalité brutale : les travailleurs devront accepter de travailler plus longtemps, pour moins d'argent, avec moins de protections.

Mercredi 18 juin 2025

Un homme dans la trentaine pose dans la rue, les bras croisés

Une attaque frontale contre le temps de travail

Le projet de loi prévoit une augmentation massive des heures supplémentaires « volontaires » autorisées. Actuellement limitées à 100 heures par an, elles pourraient passer à 360 heures, dont 240 heures payées au taux normal sans majoration. Dans le secteur de l'horeca, ce plafond serait même porté à 450 heures. C’est une perte mensuelle sèche pour tous les travailleurs et travailleuses qui font des heures supplémentaires pour arrondir les fins de mois. Et une exigence d’augmentation de la flexibilité des travailleurs de la part des employeurs.

Exemple : Jean a trouvé un boulot. Lors de son engagement, on lui demande de signer une annexe pour prester des heures supplémentaires « volontaires ». Le deal est assez clair : s’il ne signe pas l’annexe, pas de signature de contrat. L’annexe implique que la durée de travail hebdomadaire est augmentée à 45 heures par semaine en moyenne et l'employeur décide à quel moment les heures au-delà de 38 heures seront prestées chaque semaine. Jean a besoin de ce boulot, d’autant plus maintenant avec la limitation des allocations de chômage dans le temps. Il n’a donc d’autre choix que d’accepter de signer l’annexe. 

Autre élément inquiétant : les heures supplémentaires dites « involontaires ». Le texte permet désormais d'ajouter 143 heures supplémentaires par trimestre pour « surcroît extraordinaire de travail » ou en cas d’urgence, en plus des 143 heures déjà autorisées. Cela signifie qu'un travailleur pourrait se retrouver à effectuer 286 heures supplémentaires en trois mois, soit 14 heures de plus par semaine.

La fin des protections contre le travail de nuit

Jusqu'à présent, le travail de nuit est interdit et nécessite une dérogation. Le nouveau texte supprime cette interdiction, malgré les effets négatifs sur la santé démontré par plusieurs études, comme par exemple le risque accru de cancer.

Cela aura un impact sur de nombreux travailleurs. Par exemple, Joke est secrétaire dans un bureau d'avocats international. Les avocats préfèrent que le travail administratif soit fait en soirée, de manière à ce que le travail soit fait avant le lendemain matin. Avec l'interdiction du travail de nuit, les horaires étaient de 12h à 20h. Le bureau d’avocats pourra prévoir de changer les horaires des employés de 16h à minuit. Pour cette maman de deux enfants en bas âge, cela implique de perdre une grosse partie du temps passé avec eux. C’est aussi devoir trouver quelqu’un pour s’en occuper dès la sortie de l’école jusqu’à ce qu’elle rentre un peu avant 1h du matin. Il faut aussi espérer que les transports en commun jusqu’à chez elle roulent toujours à cette heure. Dans le cas contraire, elle devra envisager de s’acheter une voiture avec les nombreux frais que cela engendre. 

Dans les secteurs de la distribution au sens large, les primes de nuit sont supprimées entre 20h et minuit, ainsi qu'entre 5h et 6h du matin pour les nouveaux contrats. 

Kelly Leonardo Torres, déléguée (CSC) chez Delhaize explique : « Je travaille chez Delhaize depuis 22 ans, en équipe de nuit. Nous travaillons aussi le dimanche (le samedi est notre jour de repos), et parfois même les jours fériés. Pour ce travail de nuit, le week-end et les jours fériés, nous sommes recevons une compensation : un salaire à 200 %. Les heures que nous faisons entre 21h et minuit ne seront plus considérées comme du travail de nuit. Rien qu’à cause de cela, nous allons perdre 500 euros bruts par mois si le gouvernement met ses plans en œuvre. Maintenant – c’est une nouveauté – le gouvernement veut aussi retirer la prime entre 5h et 6h du matin. Cela nous ferait donc perdre près de 600 euros. Et nous n’avons même pas encore calculé ce que nous allons perdre si nos dimanches et jours fériés sont comptés comme des jours normaux.

Pourtant, travailler la nuit et le week-end, ce n’est pas facile. Je le fais depuis 22 ans, et cela a des conséquences sur ma santé : je souffre d’hypertension, d’un début de diabète, j’ai du mal à m’endormir.

Dans la logistique, beaucoup de travailleurs sont d’origines diverses. Le génocide à Gaza est un sujet de discussion récurrent. Le fait que le gouvernement veuille donner tellement plus d’argent pour les armes, cela marque profondément les travailleurs. On nous dit toujours que la situation économique est difficile, qu’il y a des pénuries, mais il y a toujours de l’argent pour la guerre. »

Un coup dur pour la négociation collective

Pour la première fois, le gouvernement interdit explicitement que les conventions collectives prévoient des dispositions plus favorables concernant la suppression d’une partie des primes de nuit dans le secteur de la distribution au sens large. Les employeurs pourront ainsi supprimer unilatéralement des avantages existants. C’est s’immiscer dans le principe de base qui existe en Belgique qui laisse les syndicats et les employeurs décider des mesures qui les impactent dans le cadre du travail. 

Suppression du temps de travail minimal hebdomadaire

Jusque présent, l’employeur a l’obligation de fournir un contrat de travail de minimum 13h par semaine et le règlement de travail doit indiquer quand et comment les travailleurs dont les horaires sont variables recevront leur horaire. De plus, l’horaire de travail doit être indiqué dans le règlement de travail (qui doit être avalisé par l’ensemble des travailleurs ou leurs représentants). Le projet de loi prévoit de supprimer cette durée minimum hebdomadaire de 13h ainsi que le fait que le règlement de travail doive mentionner les éléments énumérés ci-dessus. 

Par exemple, dans une entreprise, la délégation syndicale a toujours veillé à des heures de travail avec au minimum 6 heures par jour afin d’éviter la précarité des travailleurs. Avec cette loi, l’employeur pourra engager des travailleurs qui ne viennent que 3 heures par jour, uniquement pendant les heures de pointe. Et uniquement 2 jours par semaine. 

Autre exemple: Julie est exclue du chômage, elle est obligée d’accepter n’importe quel boulot pour compléter les revenus du ménage. Elle a trouvé un boulot de 3 heures par semaine. Malheureusement ce boulot n'aidera pas à constituer des droits pour être de nouveau admise au chômage.

Les travailleurs âgés licenciés plus facilement

La durée maximale du préavis sera réduite (pour ceux qui ont au moins 17 ans de carrière à partir de 2031), fragilisant particulièrement les travailleurs âgés. Ces mêmes travailleurs qui peuvent, certes, devenir un peu moins performants après 30 ans de carrière en entreprise. Et qui auront des difficultés à retrouver un emploi avec un certain âge sur le marché du travail. Pourtant, le gouvernement compte limiter les indemnités de chômage à 2 ans maximum, aussi pour ces personnes. 

Pourquoi cette offensive ?

Ce projet s'inscrit dans une logique patronale claire :

  • Augmenter la productivité au détriment de la santé des travailleurs

  • Réduire les coûts salariaux pour augmenter les profits des grosses entreprises

  • Affaiblir les syndicats en favorisant les accords individuels et en interdisant les accords collectifs

Le 25 juin, faisons entendre notre colère !

Face à cette attaque sans précédent contre nos droits, la mobilisation est plus que jamais nécessaire. Les syndicats organisent une mobilisation nationale le 25 juin à 10h à la Gare du Nord pour montrer que les travailleurs ne se laisseront pas retirer leurs droits chèrement acquis. Rendez-vous massivement dans la rue le 25 juin pour exiger le retrait de ce projet de loi antisocial ainsi que toutes les mesures inacceptables que prévoit le gouvernement Arizona. 

Ils veulent nous faire revenir 50 ans en arrière. Si nous ne nous battons pas maintenant, nos enfants connaîtront des conditions de travail bien pires que les nôtres

Pierre

Ouvrier métallurgiste, 54 ans

Cette loi, c'est un cadeau aux multinationales qui veulent flexibiliser à outrance leur main-d'œuvre. Nous ne pouvons pas laisser faire

Sophie

Déléguée syndicale dans la grande distribution

Le combat ne fait que commencer. Le 25 juin, montrons que les travailleurs ne sont pas une variable d'ajustement !