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« Pas de panique, mais maintenant cette courbe doit vraiment descendre »

Peut-on parler de 2e vague ? Quelle est la situation concrète à Anvers mais aussi à Bruxelles et à Liège ? Faut-il paniquer ? Il y a beaucoup de questions mais une chose est sûre pour Anne Delespaul de Médecine pour le Peuple : « Les gouvernements sont défaillants sur trois points : le manque de tests et de suivi, le manque de communication claire et l’incapacité de créer des conditions permettant le suivi des mesures. Tout cela doit être amélioré. »

Samedi 8 août 2020

Anne Delespaul est médecin généraliste à Anvers et est en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Elle collabore au centre de dépistage et au suivi des contacts que Médecine pour le Peuple, le réseau de maisons médicales du PTB, a mis en place dans un des quartiers populaires d’Anvers. On ne se rend pas encore bien compte au Sud du pays mais le nombre d’infections par le coronavirus augmente de nouveau, en particulier à Anvers. « Depuis quelques semaines, le coronavirus nous donne en effet plus de travail », dit-elle. « De plus en plus de patients présentent des symptômes ou déclarent avoir été en contact avec une personne infectée. Nous constatons également que de plus en plus de tests du coronavirus sont positifs. Le virus est donc certainement en train de se propager de nouveau. »

Le fait que le nombre d’infections augmente est un signal d’alarme pour intervenir rapidement

Peut-on parler d’une deuxième vague ?

Anne Delespaul. D’un début de deuxième vague, oui. La grande différence avec la première vague de mars-avril est que les foyers sont désormais beaucoup plus localisés — à Anvers principalement mais aussi à Bruxelles ou à Liège — et moins étendus à l’ensemble du pays. Une autre différence est qu’à l’heure actuelle — heureusement — peu de personnes sont gravement malades. Cela frappe désormais principalement les jeunes, qui présentent des symptômes moins graves et qu’on doit donc moins souvent hospitaliser.

On teste par ailleurs beaucoup plus qu’au début de la première vague. Beaucoup des contaminations que nous décelons maintenant, nous ne les aurions pas détectées lors de la première vague. En détectant les infections plus tôt, nous pouvons les arrêter avant qu’elles n’atteignent des groupes plus vulnérables. Mais le fait que le nombre d’infections augmente maintenant est un signal d’alarme pour intervenir rapidement.

Nous ne sommes donc pas dans la même situation qu’à la fin du mois de mars ?

Anne Delespaul. Non. L’augmentation du nombre d’infections est plus lente, car depuis mars nous avons beaucoup adapté notre mode de vie. En gardant nos distances ou en portant des masques. Cela donne au virus beaucoup moins d’occasions de se propager rapidement. Pourtant, c’était spectaculaire de voir comment quelques petits foyers au début du mois de juillet ont pu très rapidement causer des centaines d’infections par jour à Anvers. Il n’y a donc aucune raison de paniquer, mais nous devons prendre la situation au sérieux et intervenir maintenant. Le 1er septembre, les écoles rouvrent et beaucoup de gens reviennent de vacances. Ensuite suivra la période de la grippe. Si nous n’avons pas d’ici-là mis en place les bonnes mesures, nous risquons de nouveau très vite une large contamination, avec de nouveau un grand nombre d’hospitalisations et de décès.

Les images du centre de dépistage que Médecine pour le Peuple a mis sur pied dans une église à Deurne ont fait le tour du monde. Pourquoi avez-vous créé vous-même un tel centre ?

Anne Delespaul. Grâce aux associations de médecins généralistes, il existe un certain nombre de lieux où les patients potentiellement infectés sont examinés et testés, mais souvent il n’y a pas assez de place. Et il y a aussi peu de soutien de la part du gouvernement. C’est pourquoi nous avons cherché un endroit pour examiner ou tester les patients potentiellement infectés. Et ç’a été l’église Saint-Roch, à côté de notre maison médicale. Nous avons un bon contact avec le curé et il a immédiatement voulu nous aider. Nous utilisons la chapelle de l’église. Nous la nettoyons chaque fois à fond et nous nous assurons également que les gens ne restent pas traîner dans l’église, afin que ça se passe en toute sécurité.

Le personnel de ces call centers a aussi principalement une fonction de contrôle, alors que nous voulons plutôt soutenir les gens

Vous avez également mis en place votre propre système de suivi des contacts. Pourquoi ?

Anne Delespaul. Là aussi, nous avons constaté que le système mis en place par le gouvernement lui-même n’était pas du tout efficace. Des call centers commerciaux à Bruxelles appellent des malades pour leur demander où ils sont allés, avec qui ils ont eu des contacts… Mais les gens ne leur font pas confiance. Le personnel de ces call centers a aussi principalement une fonction de contrôle, alors que nous voulons plutôt soutenir les gens. Nous demandons aux gens comment ils vont. Si toutes les informations sont claires. S’ils ont d’autres questions. S’ils ont besoin d’aide pour la mise en quarantaine. Et nous leur demandons alors avec qui ils ont été en contact. Nous leur expliquons également combien il est important de le savoir. Nous pouvons alors recontacter ces personnes directement et les tester si nécessaire. En étant proches des gens, nous pouvons travailler plus rapidement et plus efficacement pour les protéger. Nous connaissons notre quartier et cela rend les choses beaucoup plus faciles pour les gens. La disposition à coopérer est alors beaucoup plus grande.

L’assouplissement de ce qu’on appelle la bulle à 15 contacts pouvant changer chaque semaine était vraiment une erreur. À cette époque, il y avait encore 80 à 100 contaminations par jour

La résurgence de la pandémie était-elle évitable ?

Anne Delespaul. Nous aurions certainement pu la réduire plus rapidement. La levée de toutes les mesures de confinement a été à un certain moment fait trop rapidement. L’assouplissement de ce qu’on appelle la bulle à 15 contacts pouvant changer chaque semaine était vraiment une erreur. À cette époque, il y avait encore 80 à 100 contaminations par jour et le virus a recommencé à se propager plus rapidement. En outre, c’était une règle que les gens ne comprenaient pas bien, ce qui donnait l’impression que, soudainement, tout était de nouveau permis.

La deuxième raison, et la plus importante, était que le gouvernement n’était pas prêt. Le suivi des contacts n’est toujours pas au point, nous ne pouvons donc pas voir d’où viennent les contaminations et comment les maintenir au plus bas niveau possible. Il n’y a pas non plus assez de dépistage et on doit parfois attendre quatre jours avant d’avoir les résultats. Quatre jours ! C’est beaucoup trop tard. La situation est encore bien pire à Bruxelles avec la plupart des centres de dépistage qui ont été fermés durant le mois de juillet. Des patients présentant des symptômes sérieux attendent actuellement parfois une semaine avant d’être testés. C’est tout simplement irresponsable. On se demande ce que font les autorités. Si cela avait été mieux organisé, on aurait pu éviter une deuxième vague ou du moins la reporter et la limiter.

On parle aussi beaucoup de l’austérité imposée ces dernières années, notamment dans les services de prévention de la santé. Partagez-vous ce constat ?

Anne Delespaul. Absolument. Dans une société capitaliste, les firmes pharmaceutiques font des gigantesques profits grâce aux personnes malades. La prévention n’est pas intéressante pour elles, car si personne n’est malade, elles ne gagnent rien. Pourtant, chaque euro que nous investissons dans la prévention rapporte deux fois plus à la collectivité. C’est inacceptable qu’on y investisse aussi peu. Développer le suivi des contacts en première ligne, comme nous le faisons maintenant, peut être la base d’un travail de prévention plus important sur le long terme, même après le coronavirus. Pour un tel travail, il est absolument nécessaire de libérer des moyens et du personnel.

Quand le personnel des soins de santé peut reprendre son souffle, non seulement cette deuxième vague est à nos portes, mais on leur dit également que les coupes prévues l’année dernière se poursuivront

L’austérité dans les maisons de repos a également été néfaste...

Anne Delespaul. Oui, et c’est précisément à cause des politiques d’austérité appliquées par tous les gouvernements régionaux que la situation a été si dramatique lors de la première vague. Le personnel a fait ce qu’il pouvait, mais ils étaient trop peu nombreux, depuis longtemps déjà. Il a dû affronter la crise en sous-effectif, en manquant de matériel de protection, de tests, de tout. Aujourd’hui il est sur les rotules.

Pour l’instant, les maisons de repos sont encore épargnées par la deuxième vague, mais des infections au Covid-19 ont été détectées dans pas moins de 5 « clusters » (foyers) à Bruxelles la semaine dernière. On se demande où sont les ministres Alain Maron (Ecolo) pour Bruxelles et Christie Morreale (PS) en Wallonie. En mars déjà, lors de la première vague, ils ont couru après les événements, laissant les maisons de repos sans armes contre l’épidémie et dans le plus grand désarroi.

Et nous devons faire en sorte qu’elles puissent rester ouvertes. Pendant la première vague, les maisons de repos ont été obligées de se mettre en confinement. L’impact social et psychologique est vraiment lourd pour des gens pendant leurs dernières années de vie. Pour la qualité de vie des résidents, il est vraiment important de pouvoir recevoir des visiteurs. Mais pour cela, on a besoin de suffisamment de personnel et de matériel de protection.

Les jeunes sont souvent montrés du doigt. Ils auraient trop fait la fête et seraient donc responsables du début de la deuxième vague.

Anne Delespaul. C’est une généralisation grossière. La grande majorité des gens, y compris les jeunes que je connais, prennent leurs responsabilités et respectent les mesures. Pour Maggie De Block, il est facile de dire que la cause de la deuxième vague est à mettre sur le compte du peuple. Mais la réalité est que le gouvernement est défaillant. Les citoyens ont déjà montré en mars que nous prenons tous ensemble nos responsabilités lorsque c’est nécessaire.

Pointer du doigt les jeunes ou certains groupes est une stratégie délibérée visant à détourner l’attention des responsabilités des autorités

Parfois, on regarde de travers les quartiers populaires d’Anvers où vivent de nombreuses personnes issues de l’immigration et qui seraient des foyers du coronavirus. Avec raison ou non ?

Anne Delespaul. Non. Il est vrai que dans les quartiers populaires il y a plus d’infections. Cependant, la vraie raison est que les gens y vivent les uns sur les autres et n’ont pas de grandes maisons avec jardin. De plus, il s’agit très souvent de personnes qui ont un travail, qui doivent prendre les transports en commun et qui ne peuvent pas faire de télétravail. Donc, y compris dans le cadre de leur travail, ils entrent en contact avec d’autres personnes. Avec toutes les épidémies du passé, nous avons vu que les personnes vivant dans la pauvreté sont toujours plus touchées. Des études américaines montrent d’ailleurs que la population noire est aujourd’hui deux fois plus touchée. Mais c’est avant tout une question sociale. C’est lié aux conditions dans lesquelles les gens vivent et travaillent, et qui rendent le contrôle du virus beaucoup plus difficile.

Pointer du doigt les jeunes ou certains groupes est une stratégie délibérée visant à détourner l’attention des responsabilités des autorités. Les gouvernements ne parviennent pas à garantir un bon système de dépistage et de suivi des contacts.

Nous devrions soutenir les gens vivant dans de petits appartements autant que possible au lieu de les montrer du doigt et de leur infliger des amendes pouvant aller jusqu’à 1 600 euros s’ils sortent

La semaine dernière, certaines mesures très répressives ont été introduites, comme la quarantaine obligatoire et le couvre-feu à Anvers. Était-ce nécessaire ?

Anne Delespaul. Il y a beaucoup de contrôles et de sanctions sévères, mais il ne faut pas oublier qu’une telle quarantaine n’est pas facile à appliquer par tout le monde. Premièrement, si on est en quarantaine, on perd des revenus. Il est inacceptable que les gens aient des difficultés financières parce qu’ils restent chez eux pour protéger les autres. En mai déjà, nous avons présenté une proposition visant à garantir à toute personne devant être mise en quarantaine ses revenus. Il faut vraiment que cela se fasse de toute urgence si nous voulons arrêter ce virus dans les mois à venir. Deuxièmement, dans la pratique, il est souvent impossible de se mettre en quarantaine. Comment fait-on ses courses ? Que font les gens qui ont la charge d’autres personnes ? Et que faire des petits enfants ? Et plus encore maintenant, en pleine vague de chaleur. Je suis inquiète pour ceux qui devront rester dans de petits appartements pendant les prochains jours. Nous devrions les soutenir autant que possible au lieu de les montrer du doigt et de leur infliger des amendes pouvant aller jusqu’à 1 600 euros s’ils sortent.

Et le couvre-feu qui a été instauré sur Anvers n’a aucun sens au niveau sanitaire et il est un dangereux précédent au niveau démocratique (lire à ce sujet l’interview de la chercheuse de la VUB Karin Verelst dans Solidaire)

Si les gens ne comprennent pas pourquoi une mesure est nécessaire, ils ne la respecteront pas

Y a-t-il a un problème avec la communication gouvernementale ?

Anne Delespaul. Si les gens ne comprennent pas pourquoi une mesure est nécessaire, ils ne la respecteront pas.

Prenons la bulle, par exemple. On l’a d’abord réduite de quinze à cinq personnes, mais, tout à coup, un ministre passe à la télé en disant que nous pouvons aller boire un verre à dix personnes. C’est incompréhensible.

Et ces codes couleur pour les voyages à l’étranger ! Ils changent de temps en temps, sans explications claires. Il y a des gens qui reviennent d’une zone orange où ils n’ont fait que marcher dans les bois et, à leur retour, ils doivent se faire tester, après quoi ils arrivent à Anvers, qui est un foyer beaucoup plus important.

Vu que ce n’est pas clair — mais aussi parce qu’il n’y a parfois pas de logique — les mesures ne sont pas suivies. C’est compréhensible, mais cela fait disparaître aussi le soutien aux mesures réellement efficaces et nécessaires. Les gouvernements ont la très grande responsabilité d’assurer une communication claire.

J’ai entendu à la radio que la société avait déjà été contactée par les call center du gouvernement la semaine dernière. Si on a attendu jusque maintenant avant d’intervenir, on a perdu des jours précieux

Dans certaines entreprises, la situation devient alarmante. Par exemple, dans un abattoir de Flandre occidentale, 67 travailleurs sur 200 ont été testés positifs au Covid-19. La vigilance est-elle suffisante dans les entreprises ?

Anne Delespaul. La plupart des infections se produisent actuellement dans la sphère privée, mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas prêter attention aux situations professionnelles. La semaine dernière, j’ai reçu une patiente dont quatre collègues ont été contaminés. Elle travaille dans un magasin de prêt à porter. Il est tout de même peu probable qu’ils aient tous les quatre été infectés indépendamment dans leur vie privée. C’est qu’ils doivent se rapprocher trop près les uns des autres au travail et ne peuvent pas respecter suffisamment les mesures de sécurité.

Dans le cas de cette entreprise de Flandre occidentale, il est essentiel d’empêcher le virus de se propager encore plus. Et pour cela, il faut réagir vite et prendre les bonnes mesures. Mais j’ai entendu à la radio que la société avait déjà été contactée par les call center du gouvernement la semaine dernière. Si on a attendu jusque maintenant avant d’intervenir, on a perdu des jours précieux. Le patron et la fédération patronale ont freiné pour tester tout le monde car ils craignent surtout de mettre à l’arrêt la production. C’est inacceptable, la santé doit passer avant les intérêts économiques.

Les choses se passent bien dans de nombreuses entreprises, mais dans certains endroits, les gens travaillent encore trop près les uns des autres et il y a un risque réel qu’ils se contaminent mutuellement. Je me fais du souci par exemple pour les cueilleurs de fruits qui viennent d’arriver en masse et qui sont logés souvent à proximité les uns des autres.

Il faut davantage de personnel et plus d’espace. À Médecine pour le Peuple et avec le PTB, nous essayons de nous en occuper

Pendant longtemps, on a surtout pointé le manque de capacité de tests. Qu’en est-il maintenant ?

Anne Delespaul. Aujourd’hui, c’est surtout le manque de logistique pour pratiquer les tests qui fait défaut. Les médecins généralistes sont soumis à de fortes pressions pour faire passer un test à toute personne présentant des symptômes ou ayant été en contact avec une personne infectée. Cela nécessite davantage de personnel et plus d’espace. À Médecine pour le Peuple et avec le PTB, nous essayons de nous en occuper.

Avant l’été, Médecine pour le Peuple à Molenbeek, par exemple, s’est associée à la commune et à d’autres cabinets de médecins généralistes pour mettre à disposition une salle où des tests pourraient être effectués.

À Borgerhout, l’élu PTB Ben Van Duppen a mis sur pied un beau projet en collaboration avec les médecins généralistes. Ils ont mis en place un centre de dépistage dans le quartier où vivent de nombreuses personnes contaminées. Avant, ces personnes devaient toutes prendre un tram ou un bus pour se rendre au centre de dépistage de Deurne, ce qui est trop loin pour une zone aussi densément peuplée où il y a une épidémie majeure. Il faut dans tout le pays de nombreux endroits tels que celui-ci.

Un deuxième problème majeur est que les résultats des tests se font souvent attendre pendant deux à trois jours. C’est bien trop long, parce que c’est précisément pendant ces premiers jours que les gens sont les plus contagieux et transmettent le virus le plus rapidement. Nous proposons donc, d’une part, de retirer autant que possible des mains du marché la gestion des tests, car les laboratoires commerciaux travaillent trop lentement pour les besoins actuels, et, d’autre part, d’organiser le traitement des tests au plus près de la personne qui les effectue, afin d’obtenir les résultats le plus rapidement possible.

C’est une bonne chose que juste avant l’été, une victoire ait été remportée, mais ces moyens supplémentaires ne sont pas encore arrivés

Comment le personnel du secteur des soins de santé vit-il ce début de deuxième vague ?

Anne Delespaul. En première ligne, la pression est très forte. On le sent bien. Les travailleurs dans les hôpitaux et les maisons de retraite sont très inquiets de ce qui va arriver. Pour l’instant, ils ne voient pas vraiment d’augmentation importante de nouveaux cas de coronavirus, mais la première vague n’a pas encore été digérée. Cette semaine, j’ai parlé à un directeur d’hôpital. Il se faisait de gros soucis concernant la résilience du personnel. Il se demandait si les gens sont prêts à affronter une nouvelle vague. Tout le monde a beaucoup donné, alors que le secteur entier était déjà quasiment exténué à cause du manque de personnel et de considération.

C’est une bonne chose que juste avant l’été, une victoire ait été remportée, permettant d’augmenter les salaires et les effectifs dans les hôpitaux, mais ces moyens supplémentaires ne sont pas encore arrivés, alors que la deuxième vague s’amène déjà.

Si, avec le niveau actuel des contaminations, nous allons à la rentrée des classes, nous aurons un problème

Les écoles doivent redémarrer le 1er septembre. Tout le monde n’est pas convaincu que cela se passera bien. Comment voyez-vous cela ?

Anne Delespaul. Si, avec le niveau actuel des contaminations, nous allons à la rentrée des classes — et pas seulement ça, car toute la vie sociale passe à nouveau à la vitesse supérieure à partir de septembre —, nous aurons un problème. Le risque d’une hausse exponentielle de la propagation du virus est élevé. Même si les écoles se préparent méticuleusement pour que les enfants aillent à l’école en toute sécurité.

Il est important que les enfants ne soient pas obligés de rester à la maison pendant des mois encore, comme c’était le cas pour certains entre mars et juin. Nous savons qu’il y a peu de danger pour les enfants. Ils ne tombent pas gravement malades à cause du virus et ne le transmettent presque pas. Mais avec l’ouverture des écoles, bien sûr, il y aura aussi une augmentation des transports publics, des parents à la porte de l’école... Et c’est pour cela que nous devons à tout prix parvenir à avoir du contrôle sur ces contaminations.

Détecter toute contamination et s’assurer que tous ceux qui ont été en contact avec la personne contaminée n’infectent pas de nouvelles personnes. C’est l’idée qui sous-tend le principe « crush the curve » : passer à zéro infection

Cette fois, la devise est « crush the curve » (écraser la courbe) au lieu de « flatten the curve » (aplanir la courbe), comme dans la première vague.

Anne Delespaul. C’est exact. Cette fois-ci, l’objectif devrait être de faire plonger suffisamment la courbe. En mai-juin, nous avons trop assoupli les mesures à un moment où la courbe était trop élevée. Maintenant, nous devons tirer la courbe vers le bas jusqu’au bout. Détecter toute contamination et s’assurer que tous ceux qui ont été en contact avec la personne contaminée n’infectent pas de nouvelles personnes. C’est l’idée qui sous-tend le principe « crush the curve » : passer à zéro infection.

Avec Médecine pour le Peuple, nous poursuivons notre travail et voulons étendre à l’ensemble du pays le suivi des contacts de notre projet pilote à Anvers

Par où commencer ?

Anne Delespaul. Je commencerai par répéter ce qu’il est important que nous continuions à faire nous-mêmes : se laver suffisamment les mains, respecter les distances par rapport à des personnes en dehors de sa propre bulle, porter un masque si nécessaire et éviter les endroits très fréquentés.

Avec Médecine pour le Peuple, nous poursuivons notre travail et voulons étendre à l’ensemble du pays le suivi des contacts de notre projet pilote à Anvers. Nous étudions comment nous pouvons mettre en place quelque chose de similaire dans d’autres grandes villes comme Bruxelles, Charleroi et Liège.

Enfin et surtout, il est essentiel de maintenir la pression sur le gouvernement.

Aujourd’hui, le gouvernement est en défaut sur trois points : en matière de tests et de suivi, de communication claire et de création de conditions permettant de contrôler les mesures. Ces trois choses doivent être améliorées pour que la courbe amorce vraiment sa chute. Et il y a vraiment besoin d’avoir un seul poste de commande, et d’en finir avec l’absurdité de ces 9 ministres compétents.