Jean est né en 1942 à Froidchapelle, dans la province du Hainaut, dans une famille paysanne de 10 enfants. Il aimait rappeler qu’étudiant à l’université de Louvain, il passait les trois mois d’été à travailler dur dans la ferme de ses parents. De quoi garder les deux pieds bien ancrés sur terre, même quand on se passionne pour la physique des particules.
En 1964, il rencontre Maria, le grand amour de sa vie, avec qui il s’est marié et a eu trois enfants : Patrick, David et Benjamin. Il s’amusait à dire aux jeunes parents : « Vous verrez, ce n'est pas vous qui aller éduquer votre enfant, c’est lui qui vous éduquera ». Et au vu du parcours qu’il a eu, force est de constater que ses fils l’ont bien élevé. Jean était heureux et fier de ses enfants, de ses sept petits-enfants et de ses belles-filles. Il était heureux de voir les jeunes continuer, à leur façon, l’œuvre que sa génération avait entreprise.
De 1968 à 1970, jeune diplômé, Jean part aux États-Unis et travaille en tant que chercheur à l’université. Davantage que ses travaux en physique théorique, c’est surtout l’ébullition dans la société américaine qu’il aimait évoquer : les protestations massives contre la guerre au Vietnam, le mouvement des Black Panthers... Après son séjour aux États-Unis, il se rend au Mexique, où il enseigne durant deux années. Cette période l’a marqué à vie et forgé ses profondes convictions anti-impérialistes, dans une Amérique latine qui battait tout entière au rythme de l’Unité populaire du Chili. C’est là qu’il apprend à parler l’espagnol, bien que, comme le disait un de ses camarades, « Jean parlait français dans toutes les langues. Mais il le parlait avec tellement de conviction, de fougue et de cœur, que tous le comprenaient. »
Jean était un scientifique brillant, mais ne s’en vantait pas. Il voulait, dans la tradition de grands scientifiques communistes, partager son savoir avec des travailleurs, dont beaucoup n’avait pas eu la chance de pouvoir étudier, mais qui étaient assoiffés de connaissance. Il donna d’ailleurs d’innombrables conférences sur les sciences et le matérialisme dialectique, au cours desquelles il s’efforçait de vulgariser des concepts compliqués. Nombre de camarades lui en sont aujourd’hui très reconnaissants.
En 1972, il revient en Belgique et devient professeur de physique à l’Université de Louvain-la-Neuve, un poste qu’il conserve jusqu’à sa pension en 2002. Il se fait appeler « camarade Jean » par ses étudiants et parle avec plaisir de celles et ceux parmi eux à qui il a pu ouvrir les yeux sur la réalité sociale et aiguiller vers un engagement au service du peuple.