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Maartje De Vries : « Toutes les femmes veulent rentrer chez elles en sécurité »

Mercredi 20 août, Lisa, une adolescente néerlandaise de 17 ans, a été tuée alors qu’elle rentrait chez elle à vélo après une soirée avec ses amis. Depuis, une vague d’indignation traverse les Pays-Bas jusqu’à notre pays. Maartje De Vries, présidente de Zelle, le mouvement de femmes du PTB, livre son analyse.

Lundi 25 août 2025

Mémorial avec des fleurs et des peluches pour Lisa

Texte de Maartje De Vries, présidente de Zelle.

Je revendique la nuit.

Je revendique les rues.

Je revendique que la peur change de camp.

Je revendique vingt-quatre heures dans ma journée.

Je revendique que les filles de 17 ans rentrent chez elles en toute sécurité.*

* Traduction de la rédaction.

Ce poème, écrit par l'actrice et autrice néerlandaise Nienke ‘s Gravemade, a été largement partagé sur les réseaux sociaux suite au meurtre de Lisa. Avec ce poème, l'artiste exprime le sentiment d'insécurité auquel sont confrontées d'innombrables femmes. Elle revendique le droit à la nuit. Le texte est accompagné du hashtag #rechtopdenacht (#droitàlanuit).

Le hashtag devient viral. Les femmes partagent massivement leurs expériences de violences sexuelles, la peur qu'elles éprouvent à l'idée de sortir seules dans la rue le soir, leurs réticences à se déplacer librement dans l'espace public. En même temps, elles se montrent combatives et revendiquent le droit à la sécurité, le droit à profiter pleinement et entièrement des vingt-quatre heures de leur journée.

Les violences sexuelles : un problème pour toute la société

La réaction massive des femmes montre une fois de plus à quel point le sexisme et les violences sexuelles sont profondément ancrés dans notre société et quel impact ils ont sur leur vie. Aux Pays-Bas, dans le monde entier, et aussi chez nous. Une femme sur trois en est victime. On estime à 100 le nombre de viols commis chaque jour dans notre pays. C’est un problème structurel qui ne peut être imputé à un groupe particulier, comme tentent de le faire aujourd'hui Geert Wilders et Theo Francken. Ces violences touchent toutes les couches de la société et des personnes de tous horizons. Ils essaient de semer le racisme en pointant du doigt un seul groupe. Par là même, ils nient la gravité du problème et la nécessité d'une approche à l'échelle de la société.

Prendre les violences sexuelles au sérieux

Quand ça se produit, on se tourne encore trop souvent en premier vers la victime : où était-elle ? Que portait-elle ? Était-elle ivre ? Les victimes ne sont pas encore assez écoutées. Les violences sexuelles ne sont toujours pas prises au sérieux. Trop souvent, elles restent sans suite.

Il y a quelques mois, d’importantes actions avaient lieu dans notre pays contre la décision d’un juge de condamner un jeune étudiant en gynécologie pour viol, mais sans lui infliger la moindre peine sous prétexte qu’il serait « jeune et talentueux ». Entre-temps, son université, la KUL, a écouté le signal de la mobilisation et a décidé qu'il devait arrêter la spécialisation en gynécologie.

La société échoue à garantir la sécurité aux femmes, que ce soit dans l’espace public, à la maison ou au travail. C’est un choix politique. Les politiques ne proposent toujours pas d'approche ambitieuse pour lutter de manière structurelle contre les violences sexuelles (et intrafamiliales).

Face à l’échec des politiques, les citoyens se mobilisent

Oui, il y a eu du  progrès avec les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS), qui font du bon travail. Mais il reste encore tellement à faire en matière de protection et d'accueil des victimes, de formation de la police et de la justice, d'accompagnement des auteurs des violences, ou encore de prévention et de sensibilisation.

On peut aussi faire beaucoup même au niveau communal : par exemple, un meilleur éclairage des places et des rues. Dans le cadre de nouveaux projets de construction, on peut aussi réfléchir de manière proactive à la manière d'éviter les endroits à risque, etc.

Pour mener cette politique ambitieuse, il faut beaucoup plus de moyens et beaucoup plus de mains. Mais peu de progrès ont été réalisés de ce côté-là. Et quand les politiques échouent, les citoyens prennent eux-mêmes les choses en main. Après le meurtre de Lisa, une jeune femme a lancé un financement participatif pour mener une vaste campagne de sensibilisation autour du hashtag #rechtopdenacht (#droitàlanuit). Cette collecte a déjà permis de récolter plus de 530 000 euros.

Toutes les femmes veulent rentrer chez elles en sécurité.