Perturber des actions syndicales, se moquer des enfants affamés en Afrique, humilier les femmes, poser comme Hitler devant la tour Eiffel… La liste des faits et gestes de Schild & Vrienden (S&V), révélée grâce au reportage de l'émission de Pano de la VRT, est effarante. Avec quatre représentants des étudiants à l'Université de Gand, quatre membres au Conseil flamand de la Jeunesse, son propre site d'info Sceptr.be et plus d'une vingtaine de fonctions dirigeantes et de candidats à la N-VA, S&V avait déjà fait un bon bout de la « longue marche sur les institutions » qu'il s'était fixée comme objectif. Pour comprendre ce qu'est S&V et d'où provient ce groupe, il est nécessaire d'examiner son idéologie. Lorsqu'on analyse le discours et les actions de S&V, on observe en effet un certain nombres d'idées centrales récurrentes :
Le racisme. C'est le thème le plus marquant, qui se propage évidemment très bien à une époque où les partis de droite, des États-Unis à l'Europe, veulent faire de la migration LE problème de notre temps. S&V a saboté une action qui avait lieu au château des Comtes à Gand contre la politique répressive de l'Union européenne envers les réfugiés. Il n'a cessé de marteler sur les réseaux sociaux et dans des interviews que l'islam était l'ennemi n°1, et il a défendu le refrain raciste « Le Congo est à nous » que chantaient les auteurs d'une agression raciste au Pukkelpop. Le reportage de Pano a pu exposer au grand jour une communication interne d'un racisme des plus nauséabonds, allant de « blagues » se moquant d'enfants africains mourant de dénutrition à un appel à une « guerre des races ».
Le sexisme. Ces deux dernières années, S&V a perturbé le « piquet des femmes » que les syndicats de l'Université de Gand organisent chaque année avec le département Genre & Diversité lors de la journée internationale des Droits des femmes le 8 mars. En 2017, Dries Van Langenhove, le leader de S&V, est intervenu pour appeler à la suppression des études sur le genre et la diversité. Lorsqu'il a rencontré le chef d'État dictatorial hongrois Viktor Orban, Van Langenhove a déploré le fait que les femmes flamandes s'intéressaient trop à leurs propres hobbys et carrière et bien trop peu à fonder une famille. Dans une interview publiée par le journal De Morgen , il a exprimé sa répugnance pour le droit au divorce. Dans les groupes secrets de S&V, les membres partagent des cartoons d'un sexisme obscène et glorifient l'idéal masculin machiste. Lors d'une interview vidéo avec Lana Lokteff, une figure de proue de l'Alt-right, Van Langenhove explique que, selon lui, les femmes n'ont pas leur place en politique. Le fait que S&V n'ait pas de membre actif féminin n'a donc rien de surprenant.