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Le modèle d'Ahold-Delhaize ? Remplacer des emplois stables par des jobs étudiants

Ahold Delhaize, la multinationale dont fait partie Delhaize Belgique, a son siège social à Zaandam, aux Pays-Bas. C’est l’endroit où Ahold, la holding d’Albert Heijn, avait son quartier général auparavant. Ce n’est pas une coïncidence : lors de la fusion entre Ahold et Delhaize, la holding néerlandaise a reçu 61 % des actions et le PDG d’Albert Heijn est aussi devenu le PDG de l’entièreté du groupe. Depuis, ce sont surtout les Hollandais qui mènent la barque.

Jeudi 20 avril 2023

Delhaize veut vendre ses 128 supermarchés intégrés à des indépendants et mettre ainsi plus de 9 000 contrats de travail fixes à l’étalage. De cette manière, ils veulent économiser 1 milliard d’euros, argent destiné à un programme appelé share buyback pour les actionnaires. Bon gré mal gré, la direction prétend que la vente ne changera rien au nombre d’emplois, ou aux conditions salariales ou de travail. Dans une précédente étude, le PTB a déjà démontré que c’était totalement faux.

Mais alors, à quoi s’attendre ? Dans les magasins Delhaize qui ont été franchisés par le passé, souvent la moitié ou plus des jobs fixes ont été perdus. Les tâches ont souvent été reprises par des étudiants jobistes. Le service d’étude du PTB a continué à creuser et s’est intéressé au modèle d’Albert Heijn aux Pays-Bas.

« Nous voulions voir d’où sortait le modèle que la direction veut imposer en Belgique, déclare Nadia Moscufo, députée fédérale du PTB. Pour cela, nous sommes allés voir comment ça se passait chez Albert Heijn, qu’on peut comme qui dirait appeler la maison-mère de Delhaize, aux Pays-Bas. Quand vous faites votre shopping à Maastricht, vous voyez surtout beaucoup d’adolescents qui travaillent. C’est bien ça, leur modèle : quelques employés fixes, accompagnés de beaucoup d’étudiants jobistes. »

Cela donne une idée de jusqu’où le management est prêt à aller. Ils sont à la recherche du plancher de ce qui est accepté par la loi. Et quand ils le peuvent, ils abaissent encore un peu le plancher légal. Ces dernières années, les employeurs néerlandais dans le secteur du commerce ont toujours mis la pression dans le but de déforcer la CCT concernant les supermarchés. « Aux Pays-Bas, certaines pratiques déjà courantes seraient qualifiées de travail des enfants par chez nous », indique Nadia Moscufo.

« Saviez-vous que vous pouvez venir travailler chez nous dès l'âge de 13 ans ? » Chez Albert Heijn, ils ne s'en cachent pas et en font même la promotion sur leur site web. Par exemple, jusqu'à 70 % de mineurs travaillent dans un magasin Albert Heijn.

Le modèle de société qu'Albert Heijn a mis en place aux Pays-Bas conduit à une diminution des emplois fixes et à une augmentation des contrats précaires, mal payés et temporaires. Il fait travailler les étudiants du secondaire, dès leur plus jeune âge, dans le seul but de maximiser les profits des actionnaires. Vers un retour à Daens ?

Nadia Moscufo déclare : « Nous comprenons mieux les projets de Delhaize. Ils veulent échanger 9 000 emplois fixes contre un petit noyau de travailleurs, complété par des jobs étudiants précaires et peu coûteux. Comme le fait sa société mère Albert Heijn aux Pays-Bas. Grâce aux magasins franchisés, ils peuvent plus facilement passer à un modèle à bas salaires. Pour les employés, c'est un désastre ; pour les actionnaires, c'est le jackpot. Delhaize promet aux actionnaires une augmentation des dividendes de 10,5 %. »

La franchisation chez Delhaize ne va pour l’instant pas aussi loin que ce qu’on voit maintenant aux Pays-Bas, grâce aux limites légales sur le travail des enfants. Mais le plan annoncé est malgré tout un séisme dans le monde de la grande distribution. Ce modèle n’est pas seulement un vrai danger pour les conditions de travail des Delhaiziens, mais aussi pour d’autres salariés du secteur, et même au-delà. Nadia Moscufo : « C’est une course vers le fond qui menace de complètement dérailler, comme aux Pays-Bas. C’est pourquoi il faut vraiment mettre un coup d’arrêt aux plans de Delhaize. Il y en a marre de la casse du social. Nous voulons à nouveau des jobs décents, avec lesquels il est possible de construire une carrière et une vie. »