Finalement, il faut responsabiliser les entreprises, comme en France. Le PTB propose de prélever une nouvelle imposition sur les entreprises, sur le modèle français de la taxe du Versement Transport (VT). Les employeurs des secteurs public et privé qui emploient au moins 11 salariés sont en effet assujettis à cette contribution en France, selon le nombre d’habitants vivant dans l’autorité organisatrice de la mobilité.
Cette taxe n’aurait rien de révolutionnaire : de nombreuses sociétés, surtout publiques, contribuent déjà au coût des transports en commun en remboursant à leurs employés leur abonnement TEC. Il s’agirait donc d’un glissement fiscal plus efficace et surtout plus juste puisque la mission des TEC participe au déplacement des employés vers leur société. Cette mesure permettrait également de générer des effets retours en termes d'entretien des voiries. La voirie sera moins usée si elle est moins chargée en voiture. Ce ne seront donc en aucun cas les ménages qui devront payer la gratuité.
En outre, les sommes à dégager ne sont pas démesurées non plus. On parle d’environ 8 millions d’euros pour Liège ou Charleroi. Plus, évidemment, si on prend une agglomération plus large. Les deux agglomérations pourraient jouer ensemble un rôle moteur et tirer le débat à l'échelle régionale et arracher un soutien régional au financement de la gratuité.
L'OTW (l'organisme qui gère les TEC) a estimé que la gratuité généralisée des bus wallons coûterait 59 millions d’euros par an (La Libre, 18 octobre 2018), soit 0,4 % des dépenses du budget de la Région wallonne. Un montant très raisonnable au regard des bénéfices générés en matière de santé, d'écologie, de mobilité et de justice sociale.
Sortir des préjugés, des dogmes et des contre-vérités pour oser innover socialement et écologiquement
« J'en ai entendu des florilèges de préjugés, de dogmes et de contre-vérités », a déclaré le maire de Dunkerque lors de la première rencontres des villes du transport gratuit (elles sont une trentaine rien qu’en France), organisées les 3 et 4 septembre dernier dans sa ville. Il a appelé à « élever le débat ». C'est l'appel que lance aussi aujourd'hui le PTB aux partis traditionnels. Il faut élever le débat et sortir des dogmes du marché, des contre-vérités sur la gratuité et des préjugés sur les idées radicales, celles qui prennent les problèmes à la racine. Nous en avons justement besoin, pour oser innover socialement et écologiquement. Qu’est-ce qu’on attend ?