Ce 10 février, les syndicats avaient appelé tous les personnels des écoles à manifester. Une première depuis 11 ans. Et le succès était au rendez-vous. Selon Joseph Thonon, Président de la CGSP Enseignement : « C’était inespéré, on comptait sur 5 000 et on a eu 10 000 personnes, ça montre que l’exaspération est bien présente dans le monde de l’enseignement. » Son homologue de la CSC Enseignement, Roland Lahaye, le rejoint : « La manifestation a été un grand succès. Ça montre qu’il y a un grand malaise, qu’il est profond. On avertit le politique depuis longtemps, mais je n’ai pas l’impression qu’on nous croyait. Là, la démonstration est faite. »
Les raisons de la grève
« On nous demande toujours d’en faire plus avec moins de moyens. » Ce témoignage de Sarah, enseignante en secondaire, qui rappelle ce qu’on entend dans les autres services publics, résume les raisons de la grève de jeudi.
En effet, les choix politiques des différents gouvernements depuis 40 ans ont sans cesse réduit le financement. Résultat de cette austérité : manque de personnel et de moyens. Julien, instituteur primaire : « On nous dit qu'on doit prendre en compte les difficultés de tous les élèves. Et je trouve ça très bien. Mais comment je fais quand j’ai 25 ou 30 élèves devant moi ? Je voudrais bien les aider tous, mais ce n’est pas possible humainement ! »
D’autre part, les effets négatifs du Pacte pour un Enseignement d’Excellence se font concrètement ressentir : une des réformes qui concentre les mécontentements est le « Plan de pilotage » (un contrat qui fixe les objectifs que les écoles se donnent). Pourquoi pose-t-il problème ? Parce que, si une école n’atteint pas ses objectifs, la responsabilité retombe sur les enseignants. Témoignage de Nathalie, prof du secondaire : « Les résultats en math de mes élèves n’étaient pas bons l’année dernière. Du coup, on nous a dit que c’était de notre faute et on nous a sommés de trouver une solution. Mais on ne nous donne aucun moyen. Qu’est-ce qu’on doit faire, alors ? » D’autres décrets sont prévus dans les prochains mois et les enseignant.es redoutent que leur charge de travail s’alourdisse, en particulier dans les tâches administratives.
Si les conditions de travail sont de plus en plus difficiles pour les profs, les chiffres sont aussi très inquiétants du côté des élèves, dans la mesure où de plus en plus de jeunes quittent l’école sans diplôme. « En défendant nos conditions de travail, nous voulons aussi défendre la réussite de tous les élèves. Et se battre pour leur instruction et pour une école égalitaire, c’est un enjeu de société ! », nous dit encore Myriam.