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En France, une journée de mobilisation pour les salaires et le droit de grève qui s'étend

Plus de 200 rassemblements, mouvements de grève et cortèges sont prévus par les syndicats CGT, FO, la FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse ce mardi 18 octobre partout dans lʼHexagone. Tant le public que le privé se mobilisent pour la hausse des salaires et le droit à lʼaction syndicale.

Mardi 18 octobre 2022

Les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et nucléaire, les organismes sociaux, les banque-assurances, les services informatiques, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie… La liste des secteurs touchés par la journée de grève de ce 18 octobre donnée par la Confédération générale du travail (CGT) est longue… et sans doute incomplète.

« Des années de non-partage des richesses, de non-reconnaissance du travail, de contrats précaires favorisés par la loi travail de Macron débouchent sur un ras-le-bol général, ce mardi, peut-être reconductible les jours suivants. » Cʼest ainsi que la syndicaliste Murielle Guilbert résume la journée dʼaction.

Il faut dire que la perte de pouvoir dʼachat de la classe travailleuse est nette : près de 3 % en moins au premier semestre de cette année. Soit la plus forte baisse depuis plus de 40 ans. Et lʼhorizon ne semble pas dégagé. Cette année, si les salaires vont en moyenne augmenter de 2,5 %, lʼinflation est de 6 %. Les prix de lʼénergie flamberaient de 22 % pour cette année, et de 10 % lʼannée prochaine.

Dimanche 16 octobre, à l'appel de partis de gauche, 140 000 personnes ont marché à Paris  « contre la vie chère et l’inaction climatique ». Une délégation du PTB était présente. (Photo Solidaire)

Pourtant, en France, les hausses de prix sont contenues par des mécanismes de blocage dont le gouvernement devrait s'inspirer ici. Comme le Royaume-Uni et la Grèce, par exemple – et contrairement à la Belgique – la France bloque les prix de lʼénergie. Lʼélectricité est trois fois moins chère et le gaz deux fois moins cher que chez nous. Mais ces mécanismes sont insuffisants. Car, du côté des salaires, ça coince.

Les prix explosent, pas les salaires

Pendant que les prix explosent, les salaires ne suivent pas. Car lʼindexation automatique des salaires – ce système imparfait mais protecteur qui existe chez nous, nʼen déplaise au patronat – nʼexiste pas en France. Cʼest aussi une revendication portée par la gauche. « Il est nécessaire de restaurer en France l’échelle mobile des salaires, qui indexe les rémunérations sur les prix. Cela a fonctionné jusqu’en 1983, sans pénaliser le plein-emploi et l’activité », explique lʼéconomiste Jonathan Marie dans le quotidien LʼHumanité.

Et alors que les salaires sont bloqués, les bénéfices des grands groupes sʼenvolent. « Les grandes entreprises ont maintenu, voire accru leurs marges pendant la période, et les salariés en supportent les conséquences », continue lʼéconomiste.

Dernier exemple en date : les 13,6 milliards dʼeuros de bénéfices quʼa fait TotalEnergies en 2021. Année où le PDG, Patrick Pouyanné, sʼest augmenté de 52 % (pour arriver à 6 millions dʼeuros par an). Il y a quelques semaines, 2,6 milliards dʼeuros de dividendes ont été versés aux actionnaires.

6 raffineries sur 8 bloquées, le gouvernement envoie les huissiers

Voyant ces gigantesques montants, et subissant lʼexplosion du coût de la vie, les travailleurs des raffineries de pétrole de Total (et dʼExxonMobile) mènent une grève depuis quatre semaines pour demander une augmentation de 10 %. Dans un premier temps, la direction nʼa pas daigné répondre. Mais, à mesure que la pénurie dans les stations-essence sʼétend, le gouvernement prend peur et lui demande de négocier avec les travailleurs. Une première victoire pour les grévistes.

Mais le gouvernement a surtout usé de la force pour tenter dʼatténuer les effets de la grève. Il a réquisitionné des travailleurs en grève. Une pratique illégale, condamnée par lʼOrganisation internationale du travail (OIT, organe de lʼONU), qui a renforcé la colère et lʼa propagé à bien dʼautres secteurs. Comme le précise la CGT, « la mobilisation gagne des secteurs de plus en plus nombreux dans le privé comme dans le public. Elles et ils obtiennent par leurs actions avec leurs organisations syndicales l’ouverture de nouvelles négociations et des avancées salariales significatives. (…) C’est pourquoi les organisations syndicales et les organisations de jeunesse signataires décident d’appeler ensemble les travailleuses et travailleurs et la jeunesse à la mobilisation y compris par la grève le mardi 18 octobre pour l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études. »

Un combat européen

On le voit, la classe travailleuse en France se bat contre des difficultés rencontrées ici aussi. Cʼest pourquoi ces journées dʼactions contre lʼexplosion du coût de la vie et pour faire payer les profiteurs de guerre sont importantes. Après la campagne Enough is Enough en Grande-Bretagne (voir ici la vidéo de la rencontre entre Chris Mitchell, un des leaders du mouvement, et Peter Mertens, député PTB), le mouvement social se développe en France. En Italie, en Allemagne ou encore en Espagne, les syndicats s'organisent aussi pour défendre le pouvoir d'achat et les salaires de la classe travailleuse.
Et, en Belgique, les syndicats ont déjà organisé diverses actions et appellent à une grève générale le 9 novembre prochain. Ils peuvent compter sur notre soutien.