Alors que le gouvernement fédéral affichait sa détermination d’aller jusqu’au bout de sa réforme – imposer ce qu’on appelle ici la pension à points, « le point d’orgue de toute réforme des pensions du gouvernement » selon le ministre libéral des Pensions Daniel Bacquelaine – il a fait marche arrière à mesure que les travailleurs marchaient dans les rues du pays...
La lutte de la pédagogie
Le 28 octobre 2017, le ministre des Pensions annonce : « J’introduis un projet de loi sur la pension à points avant la fin de l’année. » Très vite, les trois organisations syndicales du pays réagissent et le 19 décembre, une première manifestation en front commun est organisée à Bruxelles. Plus de 40 000 personnes battent le pavé de la capitale. Le jour même de cette première action d’envergure, le ministre effectue son premier rétropédalage : il annonce que, finalement, son texte sera introduit pour juin. Reculade encore en avril, lorsqu’il déclare : « Il ne faut pas absolument voter les textes avant la fin de la législature. Il y a d’abord un effort pédagogique à faire. » Sous-entendu : les gens auraient tort de se mobiliser contre une réforme qu’ils ne comprennent pas.
Mais les travailleurs avaient bien compris que le système de retraite à points transformait les retraites en tombola. C’est d’ailleurs un message que n’ont cessé de rappeler les syndicats et le PTB (Parti du Travail de Belgique). Une tombola que résumait de cette manière le député et porte-parole du PTB Raoul Hedebouw, en décembre 2017 déjà : « On vous donnera des points et plus des euros. Ces points seront calculés à la fin de votre carrière. Mais ils seront variables en fonction du budget de l’État, du coût de la vie et de l’espérance de vie. Donc, si l’espérance de vie augmente, notre pension va diminuer. S’il y a de nouveau une crise comme en 2008, c’est à nouveau les pensionnés qui vont payer, automatiquement. C’est une pension tombola. »1