Le PTB plus proche de toi et toi plus proche du PTB. Renforce la vague sociale.!

Télécharge notre app

Comment les jeunes se lèvent contre l’Arizona

La jeunesse a toujours été un moteur de changement. C’était encore le cas lors de la grande manifestation syndicale du 14 octobre dernier. Explications avec l’expérience des groupes Jeunes du PTB dans le Hainaut.

Vendredi 14 novembre 2025

Par Kübra Yiğitoğlu, article écrit pour le magazine Solidaire

Dès le début de l’histoire du mouvement ouvrier belge, de nombreux jeunes ont participé à la création des syndicats, à l’organisation de grèves, etc. Plus tard, ils ont pris part à la résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Le PTB lui-même a été créé par des jeunes étudiants dans la foulée de Mai 68. Que ce soit pour le climat, pour la Palestine ou pour de meilleures conditions de travail, les jeunes ont souvent été parmi les premiers à dire non et à descendre dans la rue quand tout semblait figé.

Face à un gouvernement qui ne laisse aucune perspective d’avenir aux jeunes, de plus en plus rejoignent les groupes jeunes du PTB. C’était une nouveauté du Congrès de l’Unité de 2021, suite au constat que trop peu de jeunes travailleurs trouvaient leur chemin au PTB. Depuis lors, des groupes ont été créés à travers le pays, dont huit dans le Hainaut. Là, les jeunes découvrent que faire de la politique, c’est avant tout écouter, débattre, construire et passer à l’action ensemble. Petit aperçu de l’expérience hennuyère à travers le témoignage de plusieurs jeunes camarades.

Se mettre en action sur des sujets « jeunes »

Un problème a rapidement été mis sur la table. Les jeunes travailleurs ont des problèmes spécifiques. Emma témoigne : « Lorsque les gouvernements se formaient, on s’est rendu compte que les jeunes n’avaient pas les mêmes préoccupations que les autres. On leur a alors demandé ce qui les intéressait. Entre contrats précaires, loyers inabordables, coûts des transports en commun, peur de la guerre, etc. il ne nous manquait pas de matière ! » Un groupe local ne sait pas attaquer tous les sujets de front. Il était nécessaire d’identifier les combats les plus importants à mener. Depuis les élections d’octobre 2024, les groupes jeunes n’ont pas eu le temps de s’ennuyer. Avec notamment la campagne contre l’augmentation du coût du ticket de transport en commun en Wallonie, le combat pour Gaza, les actions pour des contrats stables.

Pour réussir la mobilisation pour la manifestation du 14 octobre dernier, plusieurs étapes étaient nécessaires.

Étape 1 - identifier les revendications

Après une participation en force aux dernières manifestations et grèves contre l’Arizona, les groupes jeunes avaient ensuite les yeux rivés vers le 14 octobre et la grande manifestation syndicale. La première étape, c’était d’identifier une revendication autour de laquelle se rassembler. Nicolas, intérimaire dans un magasin, explique : « Avant l’été, on a lancé une grande enquête : de quoi ont réellement besoin les jeunes aujourd’hui ? On est allé vers les jeunes lors de la manifestation du 25 juin à Bruxelles, puis vers nos amis, nos collègues… » L’enquête a permis de récolter des centaines de témoignages. 

Ensuite, à ManiFiesta, on s’est rassemblés dans la tente du Hainaut pour présenter nos résultats : les jeunes veulent un emploi stable et correct, des pensions correctes et la paix. On a également identifié les mesures du gouvernement qui mettaient le plus en colère : la flexibilisation du marché de l’emploi (flexi-jobs, intérim à vie…), les attaques contre les salaires (primes de nuit et de week-end, blocage des salaires…) et enfin le vol de nos pensions et des allocations. Abdel explique : « À partir de ce moment-là, c’était clair pour nous. On mobilisera pour le 14 octobre d’abord pour empêcher le gouvernement de faire passer ses mesures anti jeunes travailleurs, mais aussi pour exiger des emplois stables. Nos camarades étaient chaud boulette pour se battre avec nous. »

Étape 2 - préparer la manifestation

Après ManiFiesta, la question était : « Comment préparer maintenant la manifestation ? » Les réponses ?

1) Convaincre notre réseau de se mobiliser

« Ce n’était pas si facile au début de donner envie à mes collègues de se mettre en grève le 14 octobre, explique Eline. Je n’avais jamais fait ça. J’ai demandé à la réunion de groupe comment je devais faire. Comment répondre à ceux qui avaient peur ? Qui disaient que ça ne servait à rien ? Mes camarades m’ont beaucoup aidé. » Une jeune caissière indique que ce qui a été important pour elle, c’était de bien comprendre les mesures pour pouvoir les expliquer. Elle ajoute : « Au début, je pensais que tout avait déjà été voté. Quand j’ai compris que ce n’était pas le cas, je suis retournée vers mes amies pour leur expliquer. Ça leur a donné envie de venir aussi. »

À Charleroi, les groupes ont organisé un « forum jeune ». Lara explique : « On a invité nos membres et nos contacts à une présentation des mesures. On a aussi demandé à deux jeunes délégués syndicaux de venir. C’est vraiment riche ! Beaucoup ne connaissaient pas grand-chose des syndicats, c’était l’occasion d’apprendre ! »

À La Louvière, l’équipe jeune a été aux portes d’une usine. Un jeune témoigne : « Ce n’était pas facile de se lever à 5h du matin. Mais je voulais y aller. Ce sont les travailleurs qui font tourner la société. On a distribué un tract et on a proposé aux gens de nous rejoindre le 14 octobre. Il y avait beaucoup d’enthousiasme. »

2) Préparer le jour J

À Mons, Apolline et Yann ont organisé un atelier pancarte. « Si on veut être nombreux à Bruxelles le 14 octobre, c’est bien pour envoyer un message à Bouchez et De Wever. On voulait absolument se réunir pour discuter des slogans ainsi que pour faire nos pancartes. Le message est clair, la jeunesse ne se laissera pas faire ! »

À Charleroi, les groupes ont également décidé de participer au départ commun avec la Fédération des étudiants francophones (FEF), les jeunesses syndicales et politiques.

Étape 3 - débriefer la manifestation

Lors de la manifestation, les jeunes étaient en tête du cortège. Les 140 000 participants ont envoyé un message clair à ce gouvernement de la casse sociale.

La mission des groupes n’est bien sûr pas finie. Il faut maintenant prendre le temps d’accueillir les nouveaux, explique une responsable : « Pendant toute cette séquence, on a rencontré des nouveaux jeunes. Aussi bien lorsqu’on allait au marché, que lors de la manifestation ou encore lors de nos activités pancarte. On veut rencontrer ces jeunes pour leur proposer de rejoindre notre équipe. Demain, on veut être encore plus nombreux pour la suite du combat. »

Un jeune de Tournai est impatient d’être à la prochaine réunion : « J’ai hâte de pouvoir débriefer la manifestation avec mes camarades. Et évidemment de parler de la suite. Je me demande comment le gouvernement va réagir. »

La mobilisation du 14 octobre n’est qu’une étape. Les responsables syndicaux ont annoncé une suite à la mobilisation. Les jeunes savent que d’autres combats arrivent. Ils refusent les violences du capitalisme et continueront à se battre pour un système plus juste.

Les groupes jeunes du PTB - extrait du Congrès de l’Unité

« Nous construisons des groupes de base dans le monde du travail et dans les quartiers, avec toute la diversité de la classe travailleuse en termes de genre, d’origine, d’âge, etc. C’est très important, car nous aspirons à l’unité de toute la classe. Mais pour les jeunes, ce n’est pas toujours facile actuellement de trouver leur place dans un groupe de base. (...) Nous n’organisons normalement pas de groupes de base sur la base de l’âge, de l’origine ou du sexe. Avec ce congrès, nous voulons autoriser une exception temporaire à cette règle pour la période à venir : la possibilité de créer des groupes de base pour les jeunes. »

« C’est une des orientations principales du Congrès de l’Unité de rajeunir le parti, de devenir non seulement le parti de la classe travailleuse mais aussi le parti de la jeunesse. La mise en place - pour une période temporaire - de groupes de base jeunes fait partie de mesures qui ont été prises pour atteindre cet objectif. Depuis 4 ans, nous avons pu ainsi construire une trentaine de groupes jeunes dans tout le pays qui ont contribué à attirer de nouveaux jeunes et à dynamiser le parti. »