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Des activistes pour le climat participent à un rassemblement « Draw the Line » à Belém, au Brésil, où se tiendra la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP30), le 19 juillet 2025.

Climat, justice et paix : les grands enjeux de la COP30 à Belém

Du 10 au 21 novembre, Belém, au Brésil, accueille la COP30, la conférence mondiale sur le climat organisée par les Nations unies. Alors que la planète se réchauffe, les pays du Nord continuent de financer la guerre plutôt que le climat. À la COP30, les pays du Sud réclament des actes et une véritable justice climatique.

Vendredi 7 novembre 2025

Article par Mathieu Strale

« Off target », hors de la cible : c’est le titre du dernier rapport de l’ONU sur la situation climatique. Dix ans après l’Accord de Paris, qui visait à limiter le réchauffement à 1,5 C d’ici la fin du siècle, on est loin du compte. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et les politiques actuelles nous mènent vers un réchauffement de près de 3°C.

Alors que les États-Unis de Trump, premier pollueur historique et plus grand producteur de gaz et de pétrole au monde, ont claqué la porte des négociations climatiques, l’avenir d’un des derniers espaces de dialogue international est en jeu. Deux thèmes clés seront sur la table : le financement international de la réduction des émissions et de l’adaptation, et la révision des objectifs climatiques aux horizons 2035 et 2040.

Le symbole de Belém

Le président brésilien Lula veut faire de cette COP « le moment où les pays riches devront enfin faire face à leurs responsabilités », car « le Sud n’a pas créé cette crise, mais c’est lui qui en paie le prix». Le choix de Belém, aux portes de l’Amazonie, est symbolique. Cette région abrite la plus grande forêt du monde, essentielle pour absorber le CO₂, mais ravagée par la déforestation, l’agro-industrie ou l’extraction pétrolière et les sécheresses et incendies à répétition.

L’Amazonie est aussi un bastion de résistance : face aux multinationales et aux politiques impérialistes, des peuples et mouvements sociaux s’organisent. En parallèle de la COP, un Sommet des peuples rassemblera au même moment plus d’un millier d’organisations syndicales, ONG et représentants de la société civile du Nord et du Sud contre l’inaction des gouvernements et pour exiger la justice climatique et sociale.

L’ardoise impayée du climat

Les pays développés portent la responsabilité historique du dérèglement climatique : à eux seuls, les États-Unis et l’Europe sont responsables respectivement de 25 % et de 20 % des émissions depuis 1850. Et ces chiffres seraient encore plus élevés si l’on incluait les émissions générées dans les anciennes colonies ou par les multinationales du Nord.

Pourtant, ce sont les pays du Sud qui subissent de plein fouet sécheresses, inondations et pertes agricoles. L’ONU estime leurs besoins à 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour s’adapter au changement climatique et réduire leurs émissions.

Or, les pays du Nord n’en promettent qu’un quart - 300 milliards - souvent sous forme de prêts ou de financements privés. Autrement dit : de la dette, pas de la solidarité et des financements dont la direction sera dictée par des logiques de profits et pas en fonction des besoins.

L’argent pour la guerre, pas pour le climat

Cet argent introuvable pour le climat coule pourtant à flot vers la militarisation. En 2024, les pays de l’Otan ont dépensé à eux seuls près de 1 500 milliards de dollars pour la défense, et prévoient encore d’augmenter ces budgets.

Comme le rappelle l’économiste Sebastian Mang, « si les gouvernements peuvent augmenter leurs dépenses militaires jusqu’à 5 % du PIB, ils ne peuvent pas dire qu’il n’y a pas d’argent pour la planète ». Le manque d’argent pour le climat n’est pas une fatalité, mais un choix politique. 

En plus de détourner les budgets nécessaires, ce basculement vers la militarisation accroît les émissions de gaz à effet de serre. On estime que l’augmentation des budgets militaires des pays européens pour respecter la « norme Otan » va induire à elle seule une augmentation de 12 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Europe. Autant que les émissions dues au chauffage de tous les logements européens.

L’Europe : championne des discours, mauvaise élève de l’action

Tandis que Donald Trump n’enverra aucune délégation officielle à Belém et alimente le climato-scepticisme, l’Union européenne aime se présenter comme un « leader climatique mondial ». Mais ses actes contredisent ses paroles.

Le 5 novembre, les États-membres se sont enfin mis d’accord sur leurs objectifs 2035 et 2040. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne s’en est félicitée : « Les Européens sont prêts pour Belém ! » 

Sur le papier, l’Union européenne promet une baisse de 90 % des émissions d’ici 2040, en ligne avec ses engagements internationaux. En réalité, l’Union compte toujours davantage sur les « crédits carbone », ces mécanismes de compensation qui permettent d’acheter des droits de polluer ailleurs plutôt que de réduire ses émissions. De nombreuses ONG dénoncent ces dispositifs, qu’ils considèrent comme du greenwashing permettant à quelques entreprises privées de s’enrichir sans effets concrets pour le climat, et menant à des privatisations de terres et des expulsions dans les pays du Sud pour y créer des « projets verts ». Par ailleurs, si l’objectif 2040 est maintenu, celui de 2035 a été discrètement abaissé.

L’Union européenne limite aussi sa solidarité : ses financements climatiques stagnent depuis plusieurs années. Et pendant qu’elle parle de « sortie des énergies fossiles », elle importe massivement le gaz et le pétrole de schiste américains, remplissant les poches de Trump et des majors pétrolières – les grands compagnies pétrolières internationales.

La Belgique : la politique de la chaise vide et du service minimum

Pour la première fois depuis 2018, le Premier ministre ne fera pas le déplacement. Le signal est clair : l’urgence climatique n’est pas prioritaire.

Ce manque d’intérêt pour le climat se reflète aussi dans le Plan national énergie-climat (PNEC), qui fixe la répartition des efforts climatiques entre Régions et État fédéral. Il vise une réduction de 42,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, en dessous du minimum exigé par l’Union européenne (47 %). Le fossé sera à combler en bricolant des mécanismes de compensation. La Belgique a été l’avant-dernière à remettre son plan au niveau européen, juste avant la Pologne, et s’est abstenue lors du vote des nouveaux objectifs européens ce 5 novembre.

En plus d’être anti-sociale, la politique du gouvernement De Wever Bouchez est anti-climatique, comme le détaille Louis Droussin (doctorant en sciences politiques à l’Université de Namur, où il mène des recherches sur l’écologie d’extrême droite, et sur la manière dont les  mouvements sociaux articulent enjeux écologiques et enjeux socioéconomiques) dans un article récent. Les mesures des précédents gouvernements ne permettaient déjà pas d’atteindre nos objectifs climatiques. Les coupes budgétaires du Gouvernement fédéral actuel dans la SNCB, dans l’énergie verte, dans la recherche publique et dans la coopération au développement, associées aux coupes dans les budgets régionaux pour rénover les logements, vont aggraver la situation.

À Belém, une autre voie est possible et nécessaire

« Nous voulons que la COP30 soit celle du changement », voilà la déclaration commune des présidents colombien, brésilien et bolivien. « Un changement urgent et appelé par les peuples », renchérit le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. La crise climatique est le résultat d’un système qui sacrifie la vie et le climat aux profits des super-riches et à la guerre. Sortir de cette impasse exige un plan clair :

  • Reprendre le contrôle public de l’énergie : pour planifier la transition vers l’énergie de demain, décarbonée et à prix stable et investir dans les transports publics et l’isolation des logements.
  • Planifier la sortie des énergies fossiles : charbon, gaz, pétrole, avec garanties d’emploi et protection sociale pour les travailleurs, en faisant payer les géants des énergies fossiles.
  • Rompre avec la logique de guerre froide : chaque euro pour l’armement est un euro en moins pour le climat et un euro qui aggrave la crise.
  • Construire une solidarité internationale : basée sur le partage des technologies, l’annulation de dettes injustes, le financement public et solidaire de la transition et de l’adaptation, ainsi que la coopération scientifique entre Nord et Sud.

De Lula à Petro, des mouvements sociaux brésiliens aux syndicats africains et européens et aux ONG internationales, une autre voix s’élève : celle qui réclame une transition juste et solidaire. Tandis que l’Europe et les États-Unis détournent leurs budgets vers la guerre, cette mobilisation montre qu’un autre basculement est possible et nécessaire. Faisons payer la crise climatique à ceux qui l’ont provoquée et investissons dans notre avenir climatique et social.