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Accord historique : L’Ordre des médecins reconnaît la médecine sociale de Médecine pour le Peuple

Depuis près d’un demi-siècle, Médecine pour le Peuple milite pour une médecine sociale, accessible et de qualité. Pendant des années, l’Ordre des médecins a été l’un de ses plus farouches opposants. Aujourd’hui, le même Ordre reconnaît la valeur ajoutée de la médecine sociale de Médecine pour le Peuple. Un accord entre les deux organisations met fin à un conflit qui a parfois secoué tout le monde médical belge.

Vendredi 28 juin 2019

Dans une double interview publiée aujourd’hui dans l’édition néerlandophone du Journal du Médecin, Médecine pour le Peuple (MPLP) et l’Ordre des Médecins annoncent un accord historique. L’Ordre reconnaît le droit des médecins de MPLP à pratiquer la médecine gratuite – une pratique largement reconnue et répandue grâce aux maisons médicales au forfait - ainsi que le travail médical de qualité et l’engagement social de ses praticiens.

C’est aussi un beau signal pour les patients, qui voient leur droit d’aller sans argent chez leur généraliste confirmé. Les médecins progressistes de MPLP s’engagent pour leur part à payer dorénavant les cotisations à l’Ordre.

Pendant 40 ans, les médecins de MPLP n’ont en effet pas payé de cotisation à l’Ordre, en signe de protestation contre le caractère antidémocratique de celui-ci et sa vision libérale de la médecine et des soins de santé.

« Cet accord est le résultat d’années de lutte pour notre modèle de médecine sociale et pour des soins de santé plus démocratiques, où le médecin n’est plus tout-puissant, mais où l’intérêt du patient, la santé publique et les besoins sociaux passent avant tout », réagit Anne Delespaul, médecin généraliste et porte-parole de MPLP.

« Notre vision était diamétralement opposée à celle de l’Ordre, explique Anne Delespaul. Aujourd’hui, sa position a changé : le bien-être des patients et le bien-être général sont devenus plus centraux et la médecine au forfait est désormais reconnue à côté de la médecine à l’acte. Nous avons donc décidé de faire un pas vers l’Ordre et de payer nos cotisations à partir d’aujourd’hui. » L’Ordre s’engage à laisser tomber toutes les poursuites pour non-paiement.

Une lutte depuis toujours

« Ce changement ne s’est pas fait sans peine, ajoute Anne Delespaul. Notre lutte avec l’Ordre remonte aux premiers jours de notre organisation. Les tout premiers médecins du peuple ont été suspendus par l’Ordre parce qu’ils travaillaient à la médecine gratuite (ils travaillaient au tiers payant), qu’ils revendiquaient des conditions de travail saines, travaillaient sur un pied d’égalité avec les autres disciplines médicales et qu’ils combinaient engagement médical et politique. Autant de principes qui sont encore aujourd’hui au coeur du projet de Médecine pour le Peuple. »

Les tensions entre MPLP et l’Ordre ont atteint un pic lors de la grève des médecins à l’hiver 1979-1980. L’Ordre s’est pleinement engagé dans le camp de la médecine du fric. En conséquence, 300 médecins, dont ceux du MPLP, ont décidé de cesser de payer leur cotisation à l’Ordre. Celui-ci a réagi en intentant des poursuites allant jusqu’à envoyer des huissiers qui ont tenté de confisquer les biens des médecins. « Grâce à la mobilisation de nos patients et au soutien de l’opinion publique, nous avons pu empêcher ces saisies, qui ont été tentées régulièrement au fil des ans », poursuit Anne Delespaul.

L'Ordre évolue

Au cours des cinq dernières années, la relation s’était détendue, avec, en 2014, des excuses du Dr Michel Bafort, alors président du conseil provincial de l’Ordre de Flandre orientale. Peu après, le même Bafort avait soutenu la proposition du MPLP de remplacer le paiement à l’acte par un salaire fixe pour les médecins spécialistes. S’ensuivit une invitation à Médecine pour que le Peuple pour que l’organisation soumette des propositions pour réécrire le code de déontologie médicale. « Dans le nouveau code, l’Ordre tient compte de nos propositions. Cela a entraîné un changement dans leur organisation que nous ne pouvions ignorer », déclare Anne Delespaul.

Aujourd’hui, la déontologie se fonde davantage sur l’intérêt du patient, la santé publique et le bien-être général, a expliqué le vice-président de l’Ordre, le professeur Michel Deneyer, dans son communiqué de presse sur ce sujet.

« Nous restons critiques, précise Anne Delespaul. Trop souvent, le code d’éthique se limite aux "soins" et à la "protection" des patients, au lieu de leur donner leur propre place autonome, comme décrit dans la loi sur les droits des patients. Pour nous, le patient peut donc être encore plus impliqué dans l’ensemble du processus. »

Médecine pour le Peuple continue de plaider pour changer l’Ordre en tant qu’institut géré par des médecins par un Haut Conseil de Déontologie médicale composé de représentants de tous les groupes sociaux. Mais continuer à mener une grève des cotisations n’est plus nécessaire pour cela.

La lutte pour le droit à la santé continue

« Il y a des défis plus importants dans la lutte pour des soins de santé accessibles et de qualité pour tous, déclare Anne Delespaul. Ainsi, avec nos patients, nous continuerons à agir contre l’austérité, la commercialisation croissante des soins et le pillage de notre sécurité sociale par l’industrie pharmaceutique, vis-à-vis duquel la ministre de la Santé porte une grande responsabilité. »

Avec des médecins du peuple récemment élus pour le PTB, comme Sofie Merckx (Chambre) et Lise Vandecasteele (Parlement flamand), cette voix va aussi être portée dans les parlements. Elles seront un mégaphone de la lutte quotidienne que Médecine pour le Peuple mène sur le terrain. « Ceux qui continuent à faire obstacle à une médecine sociale, accessible et de qualité ne sont pas encore débarrassés de nous », conclut Anne Delespaul.