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« Plus jamais le fascisme »

Ce vendredi 8 mai 2020, le Front de l'Indépendance, l’Anti Fascistisch Front (AFF) et le PTB ont tenu une cérémonie d’hommage devant la statue du Résistant, au Fort de Breendonk, à l’occasion du 75e anniversaire de la victoire sur le fascisme. Ensemble, ils ont plaidé pour que le 8 mai devienne un jour férié officiel. Lisez ici leurs discours.

Vendredi 8 mai 2020

Découvrez ici le discours de Peter Mertens, président du PTB : « Écoutez le petit tailleur Brucker, qui rit au nez du bourreau de Breendonk » 

Paulette De Coninck, fille de feu Albert De Coninck (dirigeant des partisans de Flandre) et feu Rachel Souritz (combattante juive de la résistance)

Je suis la fille de parents qui ont tous les deux risqué leur vie pour combattre le fascisme, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Avant même que cette guerre n’éclate, ils savaient ce que signifiait le fascisme. Ils ont fait l'expérience des méthodes fascistes pendant la guerre.
C'est grâce à leur combat que je suis en vie et que je suis ici aujourd'hui.

Ma mère juive m’a donné le nom de sa petite sœur, Paulette Souritz. Paulette Souritz a été dénoncée par des collaborateurs flamands en avril 1943 et emmenée en camion par la Gestapo à la caserne Dossin, puis déportée en train à Auschwitz. Elle a été arrêtée en même temps que son père (mon grand-père, donc). La première Paulette n’a pas survécu à la guerre. La seconde Paulette est née en 1952, sept ans après la libération.

La seconde Paulette a grandi parmi des gens qui parlaient de gens qui avaient subi les camps de concentration.

Quand j'avais 9 ans, j'ai visité cet endroit, le Fort de Breendonk, avec mes parents et d'autres camarades étrangers. Depuis, cela fait des dizaines d’années que je fais le même cauchemar. Dans mon rêve, j’avance dans un long couloir étroit, sur un chemin de gravier. Il fait sombre et froid. Il me semble que je marche sans fin.

Heureusement, je me réveille à chaque fois.

J'ai grandi avec la crainte existentielle que quelque chose de similaire se reproduise. Or, le fascisme n'a pas disparu du monde au lendemain de la guerre. Tandis que la nuit, je faisais ce rêve effrayant, le jour, on analysait comment le fascisme restait bien vivant dans d'autres pays. Nous avons dû ouvrir les yeux. Nous devons rester éveillés !

J'espère que le travail de « mémoire » initié par les médias se poursuivra. Ils ont déjà montré partiellement ce qui a été fait en termes de résistance, mais la résistance est allée encore plus loin. J'espère que l’on exposera aussi cette autre résistance.

J'espère surtout que l'analyse de cette guerre se poursuivra et que tout sera fait pour qu'une telle barbarie ne se répète pas. Sinon, un jour comme celui-ci et un lieu comme celui-ci n'ont pas de sens.

À nous toutes et tous de nous retrousser les manches et d’accomplir ce travail !

Stéphanie Koplowicz, petite-fille de déportés

« C'est très important, malgré les circonstances particulières, de célébrer cette journée du 8 mai. Aujourd’hui nous fêtons les 75 ans de la victoire contre le nazisme et le fascisme.

J'ai une pensée pour tous ceux qui ont souffert, sont morts, se sont battus pendant cette Guerre. J’ai une pensée énorme pour mes grands-parents, qui ont tous les deux, avec une grande partie de ma famille, connu l’enfer des camps, de la déportation.

Je pense surtout à ma grand-mère, que j’ai eu la chance de bien connaître car elle a vécu jusqu’à 100 ans. Elle m’a raconté un tas de choses sur sa vie en Pologne, sur sa vie dans les camps, sur le travail. Des histoires tellement horribles qu’il est presque difficile de les croire. Comment s’imaginer que l’être humain peut faire subir de telles choses à d'autres êtres humains ?

Et pourtant, avec les politiques de droite de plus en plus dures en Europe et ailleurs, j’ai peur. Quand je vois les discours racistes, le repli, la haine, j’ai peur que cela se reproduise. Car le racisme mène à la mort. On l'a vu il y a 75 ans. Et on le voit encore aujourd'hui.

Mais une autre partie de moi a aussi beaucoup d’espoir car aujourd’hui, en temps de crise, on voit la solidarité énorme dont les gens font preuve. Comme ça a été le cas pendant la 2ème Guerre, avec la Résistance et les organisations communistes, qui ont réussi à vaincre le nazisme et le fascisme en étant ensemble, en s’organisant.

À ma Grande-Mère, à mon grand-père et aux millions de morts causés par les régimes fascistes et nazis, nous devons promettre aujourd’hui que nous lutterons de toutes nos forces contre toutes les formes de haine et de racisme. Et qu’ensemble, on fera triompher un monde solidaire où chacun peut vivre en paix. »

Rudi Kennes, Front de l’Indépendance

« « Le Front de l’Indépendance a subi d’énormes pertes parce qu’il était toujours dans la ligne de feu des actions.

Le temps a maintenant fait son œuvre et de moins en moins de gens semblent connaître leur histoire. C’est pourquoi il est important de continuer à se souvenir de ce jour. Je pense que le meilleur moyen d’y parvenir est de faire de ce jour un jour férié officiel. Comme c’est le cas dans d’autres endroits.

Parce que la résistance en général n’a jamais eu la reconnaissance qu’ils méritaient pour leur engagement, souvent payé de leur propre vie. Au contraire, après la guerre, ils ont été étiquetés comme des criminels et les collaborateurs lâches comme des victimes.

En nous souvenant de ce jour, nous essayons d’honorer ceux qui ont payé le prix le plus élevé pour que nous puissions vivre en liberté.

C’est pourquoi nous demandons que le 8 mai devienne un jour férié officiel. Parce que la valeur d’un pays se mesure en fait à la mesure dans laquelle il respecte et traite ses plus grands défenseurs de la liberté et de la démocratie.

C’est pourquoi je suis très heureux d’avoir ici aussi une représentante de la jeunesse. Surtout en ces temps de réémergence du fascisme. Pour eux, j’ai un message d’avertissement de Bertoldt Brecht : "Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde." »»

Luc Van de Weyer, de l’Anti Fascistisch Front (AFF)

« Nous commémorons les victimes du nazisme, juifs, communistes, socialistes, syndicalistes, résistants, tziganes, francs-maçons et tant d'autres. Mes cheveux se dressent sur ma tête, et mon corps tout entier se raidit, quand j’entends parler Sam Van Rooy si près de nous, en tant qu’Anversois, lui, le porte-parole du Vlaams Belang. Renvoyé du Parti pour la Liberté de Geert Wilders, parce qu’il était trop radical.

En 2019 il a parlé des "racailles" de Bruxelles-Nord, et proposé qu'elles aillent nager au beau milieu de la Méditerranée, parce que d'autres réfugiés, tombés de leur bateau, y nagent. Récemment, dans un article du journal nationaliste flamand ‘t Pallieterke, il a dit, je cite : "l'islamisation nous obligera, en tant que société libre, à prendre des mesures que nous ne voudrions pas prendre, à juste titre."

Dans les années 1930, on comparait les Juifs à de la vermine, et que fait-on de la vermine ? On l’extermine. Comme dans les années 1930, Hitler disait aussi que la démocratie n'était pas capable de résoudre cela, et que d’autres moyens existaient pour le résoudre. C’est la même chose qui est dite ici.

C'est pour ça que nous sommes ici. C'est pour ça que je suis ici. »